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CHAPITRE I: PROBLÉMATIQUE

CHAPITRE 3: MÉTHODOLOGIE

5. ARTICLE 1

5.2 Problématique

Le rendement interne de l’enseignement supérieur béninois est très faible, notamment au premier cycle universitaire. Le Conseil Africain et Malgache pour l’Enseignement Supérieur (CAMES, 2009, p.15) a fait un constat général «des taux d’échec élevés».

Les statistiques publiées par le Forum National sur le secteur de l’Education en 2006 à Cotonou par l’Etat, sous l’égide de l’UNESCO, révèlent que, entre 1993 et 1998, les taux de réussite et de redoublement en première année étaient respectivement de 30% et de 36%. Quant au taux d’abandon, il

23 Le rapport est intitulé “The ICT Impact Report: A review of studies of ICT impact on school

in Europe”, décembre 2006.

24 Voir Bernier et Karsenti, que pensent nos étudiants de l’usage des TIC dans l’enseignement

était de 25% en première année, de 10% en deuxième année. Selon les mêmes sources, le taux actuel de redoublement en première année est de 31% puis 20% pour la deuxième année. On estime alors à 59% le taux actuel de réussite en première année. Ce qui au sens du plan décennal (MCE, 2006, p. 14) traduit une «évolution».

Si les écoles et les instituts de formations universitaires sont moins concernés, les facultés classiques de formations sont les plus touchées par le faible taux de réussite des apprenants. Le rendement académique des étudiants de la faculté de droit et de science politique de l’Université d’Abomey-Calavi, la première et la plus grande université du pays, est à ce sujet illustratif. Le taux d’échec y est galopant notamment au niveau du premier cycle comme en témoigne le tableau suivant.

Tableaux XII. Synthèse des taux d’inscriptions et des taux de réussite de l’année 2004-2005 à la FADESP/UAC Années Nombre des Inscrits Nombre des Défaillants Nombre ayant composé Nombre des Ajournés Nombre des Admis Taux % de Réussite SJ1 (1er Année) 3828 1694 2134 1766 368 17 SJ2 (2e Année) 1555 403 1152 765 387 33 SJ1 (1er Année) 3482 1595 1887 988 899 47 SJ2 (2e Année) 1160 236 924 313 611 66

Source : Secrétariat principal de la Faculté de Droit et de Sciences Politiques (FADESP) de l’Université d’Abomey-Calavi (décembre 2006).

Notes explicatives sur le tableau

Défaillants = désignent les apprenants auxquels il manque de notes dans une ou plusieurs

matières

Ayant composé = se réfère aux apprenants ayant régulièrement répondu présents aux examens

et qui ont composé dans toutes les matières au programme.

Ajournés = pour désigner ceux des apprenants qui ont régulièrement composé mais qui n’ont

pas réuni le nombre total de points et donc la moyenne exigée pour être déclarés admis. Ces statistiques provenant du secrétariat principal de la faculté de droit et de sciences politiques de l’Université d’Abomey-Calavi montrent clairement que le rendement académique des étudiants de cette entité de formation est

faible. Les taux de réussite en première année et en deuxième année sont ainsi respectivement de 17% et de 33% au titre des examens de la première session (les taux de 47% et 66% représentent les résultats de la seconde session). Il suit qu’avec ces contre-performances, l’objectif de démocratisation de l’enseignement supérieur, visé par le gouvernement béninois et qui se retrouve bien inscrit dans le Plan Décennal de Développement du Secteur de l’Education 2006-2015 (MCE, 2006) du Bénin ne saurait être atteint.

Diverses solutions peuvent être envisagées pour corriger le mauvais rendement des apprenants. Par exemple, les technologies de l’information et de la communication (TIC) constituent l’une de ces approches de solution. Elles sont utilisées dans l’éducation depuis quelques décennies dans les universités nord-américaines puis européennes et, depuis peu, en Asie et en Afrique. La littérature scientifique retient en général que, quand les TIC sont bien utilisées, elles peuvent favoriser la motivation et la réussite chez l’apprenant. Or, comme l’ont fait remarquer Karsenti et Tchameni Ngamo (2007) à l’instar d’Anzalone et al. (2002), il existe très peu de recherches sur les TIC en Afrique, aussi bien en ce qui regarde l’efficience de leur présence à l’école que leur impact potentiel sur l’amélioration de la qualité de l’éducation dans les pays africains.

Par ailleurs, en dehors de travaux exploratoires réalisés par Karsenti (2003) et qui ont bien précisé la quasi-inexistence de recherches sur l’intégration pédagogique des TIC en Afrique Sub-saharienne, quelques études significatives en la matière viennent d’être achevées. Il s’agit notamment du Projet des écoles pionnières-TIC en Afrique25 réalisé sous la co-coordination du Réseau Ouest et Centre Africain de Recherche en Éducation (ROCARÉ) et de la Chaire de recherche du Canada sur les TIC en Éducation de l’Université de Montréal.

Cependant, ces rares études existantes ne concernent que les secteurs primaire et secondaire. Il n’existe pratiquement pas d’études spécifiques susceptibles de conduire à des actions concrètes en vue d’une appropriation des TIC par le monde universitaire en Afrique voire au Bénin. D’où la nécessité et l’opportunité de la présente étude. Elle vise à franchir le pas, combler un vide en posant la problématique du potentiel motivationnel et de réussite académique ou non des TIC en contexte africain en général et béninois en particulier, face aux taux d’échec exponentiels des apprenants. En d’autres termes, il importe de savoir quel peut être l’impact des technologies de l’information et de la communication sur la motivation et la réussite des apprenants universitaires en Afrique. Que sait-on d’une part, sur les rapports entre l’utilisation des TIC et la motivation, et d’autre part sur la réussite? Les TIC peuvent-elles servir de levier pour faire croître la motivation ainsi que la réussite des apprenants à l’Université d’Abomey-Calavi? Quelle est la perception réelle des apprenants de la faculté de droit de l’UAC sur la question? Ce sont en substance ces questions qui ont véritablement justifié le présent article. Il se situe dans la perspective des préoccupations relatives à l’impact des TIC sur la réussite académique. Il s’inscrit dans les efforts déployés pour mieux comprendre si l’utilisation des TIC en éducation peut induire un meilleur potentiel de motivation chez les apprenants et produire un impact positif sur leur rendement académique.