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CHAPITRE I: PROBLÉMATIQUE

CHAPITRE 3: MÉTHODOLOGIE

5. ARTICLE 1

5.8 Discussion

L’objectif de cette recherche était double: mieux comprendre en contexte universitaire béninois, selon la perception des étudiants et des enseignants, d’une part, les liens entre la motivation et l’apprentissage avec les TIC et, d’autre part, les liens entre TIC et rendement académique. Les résultats de cet article tendent, en général, à appuyer les conclusions d’autres recherches relatives à l’impact positif des technologies de l’information et de la communication sur la motivation et la réussite en éducation.

Ainsi, il ressort de la perception des répondants un effet positif et un impact significatif de l’utilisation des TIC sur la motivation des apprenants. La majorité des répondants, aussi bien les étudiants que les enseignants, reconnaissent aux TIC un potentiel de motivation. Ce qui confirme les constats faits dans la littérature. Becta (2002) ainsi que Balanskat, Blamire et Kefala

(2006) dans leur méta-rapport ont souligné l’effet motivationnel des TIC en éducation. Aussi avons-nous noté que dans la littérature scientifique, un consensus est établi sur le fait que le recours aux TIC a des effets positifs sur la motivation générale des apprenants, leur intérêt pour les diverses matières, leur autonomie dans l’apprentissage et le développement de la coopération. Il ressort ici nettement que la perception que les étudiants et les enseignants de la faculté de droit de l’Université d’Abomey-Calavi ont de l’impact des TIC sur la motivation en général est positive, même s’ils n’arrivent pas à expliciter concrètement le «comment». Ils en parlent davantage en des termes euphoriques ou encore comme une nouvelle découverte séduisante et captivante. Cela se justifie bien car, les TIC ont la caractéristique de séduire. Cependant, il convient de transcender cet effet pour mettre réellement les technologies au service de l’apprentissage.

D’un autre point de vue, les résultats montrent, sans ambages, les trois grands éléments de la motivation selon la théorie de Pintrich (2003) retenue dans le cadre de référence. Il s’agit des attentes (le sentiment d’autoefficacité et de contrôle [Je me trouve bon quand j’utilise les ordinateurs et l’Internet pour étudier = 5,2 score moyen], la valeur (l’orientation intrinsèque ou extrinsèque des buts [Je le fais en sachant que je serai mieux préparé pour réussir = 5]) et la

valeur de la tâche (fondée sur l’importance, l’utilité et l’intérêt [Je le fais parce

que j’ai de meilleures notes quand j’utilise l’ordinateur et l’Internet = 3,8]). La perception de l’effet motivationnel des TIC pour l’apprentissage est donc une réalité chez ces apprenants même si, à l’arrivée, la valeur de la tâche ne semble pas encore suffisamment prégnante chez eux. Mais la dimension «utilité» des TIC est nettement ressortie à en juger par les scores inversés qui montrent dans le tableau que «correspond assez» et «correspond fortement» sont en tête. De même, se trouve vérifiée la motivation intrinsèque qui, selon Karsenti, Goyer, Villeneuve et Raby (2005), fait référence aux pensées et aux émotions générées par l’individu et fait intervenir un sentiment de plaisir et de satisfaction lors de l’exécution volontaire d’une tâche à l’ordinateur.

Les résultats du présent article ont aussi montré une distinction des perceptions que les étudiants et les enseignants de la faculté de droit de l’Université d’Abomey-Calavi ont de l’impact des TIC sur la réussite. En effet, les premiers ont affiché une perception en général positive, même si l’analyse quantitative donne un score moyen de 4 (correspond assez) sur 7 (correspond très fortement) d’avis favorables. Les apprenants ont émis des opinions un peu mitigées sur les correspondances entre l’utilisation des TIC et la réussite en ce qui ressort de l’analyse des données quantitatives. Notons que les résultats à ce niveau corroborent bien des conclusions d’études sur l’utilisation des TIC et le rendement académique dans la littérature scientifique. En effet, à la question de savoir si l’utilisation des TIC en contexte scolaire produit peu ou prou un effet positif sur la réussite, la recension des écrits montre qu’il y a une tendance forte générale affirmative. La tendance favorable majoritaire et celle plus prudente minoritaire de l’effet des TIC sur la réussite, relevées dans la recension des écrits se trouvent ainsi confirmées par les résultats. Il y a sans doute des explications à cette perception mitigée qu’ont les apprenants en droit de l’Université d’Abomey-Calavi sur l’impact positif de l’utilisation des TIC sur le rendement. Il peut s’agir de la faiblesse de l’intégration pédagogique des TIC au Bénin en général et dans les universités publiques béninoises en particulier. Nous ne saurions également occulter l’importante fracture numérique du Bénin et les récurrentes difficultés énergétiques et techniques qui découragent toutes les velléités d’une bonne intégration pédagogique des TIC dans ce pays. Mieux, comme noté dans la littérature, il n’était pas possible de souligner en Amérique du Nord et en Europe les premières années de l’adoption pédagogique des TIC, une tendance majoritaire de l’impact positif de l’utilisation des TIC sur le rendement à la lumière de ce montrent de plus en plus maintenant les études recensées par Becta (2002) et par Balanskat et al. (2006). C’est dire que le temps doit aussi faire son œuvre. C’est une dimension importante pour observer des changements en éducations.

Pour leur part, les enseignants ont montré une perception beaucoup plus nuancée de l’effet positif de l’utilisation des TIC sur la réussite. Ils ont en effet indiqué clairement que les TIC ne doivent pas être considérées comme une panacée (Karsenti, 2004), conditionnant alors l’effet positif des TIC sur le rendement aux usages que les apprenants en feront.

Ces résultats corroborent ainsi ceux de nombreuses études et montrent, en somme, une convergence de perception tant en contexte africain qu’en contexte occidental sur le lien entre la motivation et les TIC et sur l’effet des TIC sur la réussite. Ici comme là-bas, on note une perception, en générale, positive du lien entre TIC et motivation. En revanche, la perception est quelque peu mitigée quant à l’effet positif direct des TIC sur la réussite. Ces résultats sont plutôt encourageants car, même si les TIC existent depuis 39 ans (Karsenti, 2009) leur avènement au Bénin ne se situe qu’autour de 1995.

Les données recueillies ont, par ailleurs, mis en évidence que l’effet motivationnel des TIC pour l’apprentissage est beaucoup plus perceptible et plus visible que ne l’est l’effet positif des TIC sur la réussite. En effet, bien des auteurs (Balanskat et al., 2006; Becta, 2002; Gauthier, 2006) ont reconnu que la simple présence des TIC dans une classe suffit à mettre en évidence la motivation des apprenants. Au contraire, il faut tout un processus pour constater l’effet des technologies sur le rendement. Ainsi, les résultats montrent que si l’effet des TIC sur la motivation peut être clairement perceptible, il est plus subtil en ce qui regarde le rendement académique.

Une autre révélation des résultats de cette étude est, qu’en dépit de la fracture numérique qui recule quand même progressivement, les apprenants et les enseignants africains ne sont pas en marge de la dynamique de changement induite par les TIC. Néanmoins, de pareils résultats ne doivent pas masquer la réalité. Il ne s’agit ici que de la perception des apprenants et des enseignants. Certes leurs perceptions sont, en général, positives mais, dans la pratique d’importants défis restent encore à relever. En ce sens, les résultats invitent à penser la formation des apprenants à l’utilisation des TIC comme moyen et

soutien à l’apprentissage. En d’autres mots, il faut apprendre aux apprenants à apprendre à utiliser les technologies pour apprendre; et les résultats semblent indiquer qu’ils ont prêts. C’est l’une des principales leçons à tirer de l’analyse des données quantitatives et qualitatives présentée ici.