• Aucun résultat trouvé

Section 1. Des processus mal connus

A. Un problème d'aménagement du territoire

1). Problème méthodologique d'évaluation de la "mobilité régionale" du visiteur

a). Un problème d'évaluation global des déplacements

Nous connaissons, grâce à des enquêtes nationales et à des outils de suivi100, les destinations en

été et en hiver, région par région, la durée moyenne des séjours, le nombre de nuitées. Si ces connaissances sont suffisantes pour évaluer les grands traits d'une activité et son impact économique au niveau national et des grandes régions, elles sont toutefois très insuffisantes quant à la connaissance de la consommation touristique d'un espace régional nécessaire pour appréhender les impacts plus fins des pressions touristiques sur l’espace (impacts environnementaux, circuits pratiqués, transformation du réseau par l’apparition de nouveaux sites fréquentés, taux de remplissage des parkings).

Or actuellement, la principale source de données des fréquentations de visiteurs d’un territoire se fait sur des bases et des hypothèses de comptages de vacanciers ou bien par des comptages routiers qui ne différencient pas l’origine des flux. Pour exemple citons les données et études publiées par des organismes spécialisés (CCI, DRT, CRT, CDT, OT) ou le Secrétariat d'Etat du Tourisme concernant les fréquentations qui se révèlent être, pour la plupart, des études sur la capacité d’hébergement et le taux de remplissage, le recensement des entrées des activités possédant une billetterie ou toute autre redevance et pour certains sites ouverts de quelques comptages routiers sur les accès. La difficulté à évaluer les formes de déplacements touristiques sur un territoire semblent venir du fait que l’on considère souvent les quantités présentes comme étant de simples vacanciers puisque est considéré comme touriste, toute personne qui passe au moins une nuit hors de son domicile.

Il est alors difficile de voir apparaître les chiffres d'une fréquentation liée aux pratiques de temps libre des populations locales qui ne consomment pas les produits touristiques liés à l’hébergement.

b). Un flou quant à l'évaluation des visiteurs sur un territoire

Citons un exemple précis : le Secrétariat d'Etat au Tourisme et l'Observatoire National du Tourisme101, évaluent à 287 millions le nombre de nuitées sur les régions méditerranéennes

(Languedoc Roussillon, PACA et Corse) pour 1997 et la Direction du tourisme102 estime le

nombre de nuitées à 192.5 millions sur le même territoire en 1998. Que veut dire cette différence ? Finalement, pas grand-chose, tant il est difficile d'obtenir les protocoles de comptages et les définitions. Nous voulons bien croire qu'il peut exister des fluctuations d'une année à l'autre mais jamais dans ces proportions et sur une telle étendue. Mais ces résultats traduisent une chose, l'incapacité des pouvoirs publics à évaluer un phénomène de mobilité sur leur territoire. Une des raisons tient au fait que le tourisme et, par extension, les déplacements, ne sont analysés que sous l'angle économique. On tient absolument à évaluer l'impact économique du nombre d'individus passant au moins une nuit sur un territoire.

L'évaluation des fréquentations touristiques sur les Bouches du Rhône103, réalisée par le CDT,

est un autre exemple car il montre bien que l'on ne compte ni les populations locales (bien que l'on fasse allusion aux 1,8 millions d'habitants du département) ni les vacanciers qui occupent un hébergement sur le département. La méthode est basée sur des comptages des flux entrants et sortants du département (route, fer et air) associés à deux enquêtes de fréquentation, la première sur les hébergements qui permettent un suivi de l'activité hôtelière, la seconde sur des sites, musées, monuments, festivals, office du tourisme et point d'information touristique du département. Cela veut dire que l'on considère le touriste immobile dès qu'il a choisi le département. Comment classe-t-on un nîmois qui va en Camargue ? Comment différencie-t- on un Allemand qui réside sur le département et qui utilise ce lieu comme point d'attache pour visiter le littoral et l'arrière-pays? Connaître les quantités sans avoir d'information sur les modes de déplacements internes des vacanciers ou des résidents n'apporte rien de plus que de dire, "on a 3 millions de visiteurs et ils dépensent tant sur le département", nous serions tentés de dire : et alors ? Ce qui nous paraît intéressant, c'est justement de connaître la répartition des flux de visiteurs et leurs motivations de déplacement sur une journée au départ de certains points du territoire.

Une grande part des données sur le tourisme est à l'image de cet exemple. Lorsque l’on

101 Carreno (M.), Marchand (F.), "Evaluation par les flux : outil d'analyse touristique territorial", Analyses et perspectives

du tourisme, n°56, Observatoire du Tourisme, 1999. p. 103.

102Direction du Tourisme, Secrétariat d'Etat au Tourisme, "Mémento du tourisme", Obsernatoire National du

pratique des estimations de fréquentations d’un espace naturel "homogène"104 qui sont le plus

souvent des fourchettes allant du simple au double, on reste surpris par les quantités que l’on estime105.

P. Cuvelier106 montre que l'analyse économique a surtout été utilisée pour évaluer les

retombées économiques sur un territoire. De ce fait, le marché économique a privilégié une entrée par la demande. Or pour bien comprendre le phénomène économique en jeu, il faut cerner ce qu'est un produit touristique. En reprenant des travaux de F. Munoz de Escola, le touriste est un individu qui établit "un plan de programme de déplacement" qui répond à la combinaison de trois éléments :

• La détermination du ou des lieux de destination en fonction d'un itinéraire routier et de la spécification de la route,

• La connaissance du temps de séjours et du temps de déplacements,

• L'estimation du nombre de dépenses et de la répartition de celles-ci selon les différents postes de consommation (logement, services, activités...).

Au regard des différentes études sur le phénomène touristique en vue d’aménager l’espace, on constate pour la grande majorité d’entre elles, qu’il ne s’agit que d’un constat qui porte seulement sur les formes de consommation d'un produit vénal. C'est-à-dire que les processus de répartition des visiteurs sur un espace ne sont pas abordés dans la perspective de connaître les causes des répartitions, à savoir les déplacements, mais ne sont que des radiographies de l’état d’une fréquentation touristique à un moment donné. L’exemple le plus probant peut s’illustrer avec la façon dont les observatoires du tourisme sont élaborés et n’aboutissent qu’à être des catalogues de la consommation de produits touristiques types (hébergements, musées, principaux sites possédant une billetterie...).

c). Un territoire fragmenté

Les territoires touristiques s’étendent souvent sur plusieurs départements et régions. Ces différentes entités territoriales n’ont pas toutes les mêmes objectifs de développement, ce qui a ____________________________________________________________________

103 Carreno (M.), Marchand (F.), "Evaluation par les flux... op.cit. p. 75.

104 Espace ou entité géographique possédant une offre du produit touristique homogène.

105 A titre d'exemple, l'estimation du Plan de Protection et de Mise en Valeur des Hautes Vosges (PPMVHV) a

pour conséquence de ne pas traiter les problèmes spatiaux de la même façon. Le traitement de l’information diffère donc en fonction des enjeux territoriaux (stratégie territoriale).

Figure 15 : Attractivité touristique du territoire français d'un "expert"107.

Il en résulte une multiplicité d’informations difficilement exploitables car elles ne se placent pas sur les mêmes échelles de temps et d’espace et répondent rarement aux mêmes protocoles d'observations.

Lorsque l'on tente de dresser une liste des organismes qui s'occupent de développement touristique qui trouve-t-on ? L'ensemble des collectivités, des chambres consulaires, des associations de gestion d'espaces naturels protégés et bien sûr l'Etat. En résumé tout le monde, un foisonnement qui rend d'autant plus difficile une gestion cohérente des loisirs sur

____________________________________________________________________

106 Cuvelier (P.), "Anciennes et nouvelles... op. cit.

107 Premier Ministre, Commissariat Général au Plan, Secrétariat au Tourisme, Direction du Tourisme "Réinventer

les vacances. La nouvelle galaxie du tourisme", Rapport du groupe d'experts "Prospective de la demande touristique à l'horizon 2010", présidé par J Viard, La Documentation Française, Paris, 1998.

un territoire. L'exemple le plus probant tient seulement en une carte.

Figure 16: Des attractivités régionales variables108

Au regard de cette carte, on s'aperçoit que les acteurs des régions voisines n'ont pas tous la même image de l'attraction touristique de l'espace. Dans ce cas comment penser que les

politiques d'aménagement liées au développement du tourisme et des loisirs puissent être cohérentes si les acteurs, gérant le développement touristique, possèdent une grande disparité des perceptions des attractivités de leurs territoires.

d). Le cas français

Le phénomène touristique / loisirs a surtout connu un développement monolithique orienté sur les retombées économiques du tourisme sur un territoire. Nous pensons que cet état provient du fait que la France n'a jamais dû faire un effort sur l'attractivité de son territoire et développe son économie touristique comme une "ressource naturelle" en abondance. Le patrimoine naturel et historique de la France est jugé unique de par sa diversité d'offre sur un si petit territoire, cinq massifs montagneux, 3000 kilomètres de côtes, plusieurs climats différents. Occupés et exploités de façons différentes par les groupements régionaux, ils produisent une multitude d'espaces avec des caractéristiques territoriales très marquées. Cette densité représente en elle-même une attractivité.

Le "Got in Frankreich"109 marque la politique du tourisme et des loisirs dans notre pays, on

gère une abondance. On part à la pêche aux touristes ; comment capter les Européens du nord qui traversent la France pour aller en Italie ou en Espagne. Alors on équipe le territoire, on aménage sans pour autant connaître les processus de déplacement des touristes, on sait qu'ils passent sur certaines routes et on pense que la création d'un équipement sera suffisante pour capter le touriste. On parle même d'une "économie de cueillette"110. Une certaine désinvolture

marque les politiques de développement touristique, et cela est vérifiable pour les collectivités locales qui pensent qu'il suffit d'avoir un quelconque patrimoine pour en faire un haut lieu du tourisme.

Les exemples des états nord américains (USA et Canada) et de l'Australie sont diamétralement opposés. Ces pays sont relativement excentrés par rapport au grand foyer émetteur qu'est l'Europe et ont dû développer des stratégies commerciales basées sur des travaux de recherche plus approfondis afin de comprendre les motivations des touristes et les processus de déplacement. Si pour un Allemand le déplacement en France est facile, aller aux Etats-unis est un voyage qui ne s'improvise pas, les distances s'inscrivent plus sur des échelles mégamétriques. Pour ces pays, développer le tourisme, c'est avant tout comprendre ce que le ____________________________________________________________________

108 Ibid.

109 Expression allemande qui signifie, "Heureux comme dieu en France".

touriste vient chercher, les formes de déplacements et la façon dont il consomme afin de pouvoir affiner son produit en fonction d'un visiteur qui habite à plusieurs milliers de kilomètres et qui va se déplacer sur de vastes étendues.

2). Le déplacement n'est pas l'objet étudié

Lorsque l'on s'intéresse aux phénomènes spatiaux liés au tourisme et aux loisirs, nous restons surpris par le caractère singulier des approches et de la démarche d'évaluation de ces phénomènes. On s'aperçoit rapidement que l'analyse de cette activité est compartimentée en plusieurs niveaux.

Les organismes traitant des loisirs et du tourisme étudient le phénomène en le décomposant soit en temps de séjours, soit en fonction des transports et de l'échelle du déplacement (déplacement international, national, régional, local à partir d'une station), soit en fonction des activités liées à un type d'espace (montagne, campagne, littoral). A chacune de ces approches correspond un marché économique, celui de la vente des séjours, celui des transports (aérien, ferroviaire, location de véhicules...), celui des stations touristiques et des pratiques de loisirs liées à des équipements.

Nous avons un produit économique consommé par des individus qui optimisent une fonction d'utilité, en somme une approche déterministe, où le caractère global est ramené à sa plus simple expression : le jeu de l'offre et de la demande où deux composantes brillent par leur absence : l'espace et le comportement.

L'offre existante sur un espace, est réduite à une simple enveloppe des activités et la demande, segmentée en fonction des CSP, où l'on apprend qu'il existe des comportements sociaux des vacanciers dépendant de critères de coûts et de pouvoir d'achat. Il ne faut pas être grand devin pour prévoir que l'on ne retrouve pas beaucoup d'ouvriers et d'employés dans les hôtels de la Croisette à 4 000 francs la nuit. Comme toute industrie, les politiques de développement dites touristiques ont souvent une stratégie commerciale bien établie (enquêtes clientèles, marketing et développement stratégique d'un produit). On part de la demande et on essaye de trouver un lieu où celle-ci peut être accueillie. Il est alors tout à fait normal de constater que les études de développement touristique, s'apparentent plus à des études de marché, que l'on parle plus de marketing et de concurrence que d'aménagement du territoire. Elles ont pour but de vendre un produit à des consommateurs que l'on aura attirés en les faisant se déplacer.

les professionnels du tourisme s'attachent aux 35 % de part de marché des 10 % d'individus qui font cinq séjours à l'année. R. Spizzichino111 fait remarquer que 75 % des pratiquants

sportifs disent dépenser moins de 1000 francs par an pour leur activité et que les Français n'ont pas l'habitude de payer pour des loisirs qu'ils estiment appartenir à l'espace public.

Pour des biens de consommation, les lieux de vente se localisent là où résident les populations, pour l'activité touristique, toute la difficulté consiste à faire venir les consommateurs sur le lieu de vente.

C'est-à-dire que le déplacement est intégré alors comme une contrainte de dissuasion sur le produit, il n'est pas analysé comme étant le moteur de la visite. Le développement de l'activité touristique n'apparaît pas comme la mise en valeur d'un territoire possédant un patrimoine, mais comme une activité qui tente de localiser et d'exploiter sur un territoire un bien suffisamment attractif pour compenser le coût du déplacement des touristes sur le lieu de consommation.

L'attraction de l'espace est première par rapport à l'exploitation économique qui se greffe dessus, même si elle se développe par effet de "feedback" (cf. Création des lieux touristiques, un projet économique, page 56). Il est donc d'autant plus nécessaire à l'analyse qu'elle reste globalement méconnue.

De plus, nous pensons que l'analyse spatiale quantitative des comportements de déplacements sur les espaces naturels est fondamentale pour comprendre les répartitions des visiteurs sur les espaces naturels. Ces déplacements gênèrent des pressions anthropiques qui dégradent les milieux naturels si aucune action d'accompagnement n'est entreprise.

3). Enjeux environnementaux a). Une politique de préservation

Le problème des impacts de la récréation sur les milieux naturels ne s’est posé que récemment en France, dès que l’on s’est aperçu de l’engouement des visiteurs pour la découverte des espaces naturels.

Un premier constat peut être avancé sur le sujet tel qu’il a été traité en France en comparaison

avec ce qui a été fait chez nos voisins britanniques. Une explication peut être trouvée dans les deux politiques distinctes de préservation des milieux naturels développées par les deux Etats.

En France la création des parcs nationaux s'est faite selon un objectif de préservation strict d'un espace naturel en veillant tout particulièrement à ce qu'ils ne soient pas habités112 (sauf

pour le parc des Cévennes) alors que la création des parcs nationaux et régionaux, au Royaume Uni, s’est faite sous un double vocable: “conservation and recreation policies”. En d’autres termes les parcs ont la caractéristique, pour un certain nombre d’entre eux, d’être aux portes des centres villes et d’adopter une politique de conservation des milieux naturels tout en l’ouvrant à la fréquentation du public, c'est-à-dire que ces parcs sont devenus de véritables espaces récréatifs confrontés à de très fortes pressions anthropiques. Cette politique a induit, dès la fin des années 60, une somme considérable d’études sur les impacts des activités récréatives sur les espaces naturels.

Ces études ont fourni un ensemble de bases de données sur la quantification des impacts en fonction de la quantité mais aussi du type de déplacement afin d’aménager ces territoires113.

Figure 17 : Impacts sur les sentiers des flux de visiteurs114

La méthodologie tirée de l’écologie des plantes et des animaux ainsi que des sciences sociales a fait place à des méthodes originales d’analyses et d’enquêtes sur le terrain afin de quantifier les caractéristiques des ressources des milieux naturels et de la demande et établir des relations

112 C'est aussi pour cela que la visite de ces espaces ne peut se faire que si l'on possède un moyen de locomotion

individualisé et motorisé (voiture particulière ou bus).

113 Satchell, "Les effets de la récréation sur l’écologie des paysages naturels", Collection sauvegarde de la nature n°

11,Conseil de l’Europe -1976.

entre elles.

Les résultats pratiques de ces études peuvent se lire au travers de guides usuels d’aménagement de sentiers et autres fascicules destinés à l’entretien des espaces naturels115.

b). Impacts des fréquentations sur les milieux naturels

Si le sujet n'est pas de traiter des impacts sur l'environnement, il n'en reste pas moins, qu'ils représentent un des éléments fondateurs de la réflexion que nous menons sur les déplacements des visiteurs sur les espaces naturels. Car comment peut-on évaluer des impacts si l'on ne connaît pas la quantité et les formes de répartition des populations sur nos milieux naturels. Les impacts sont de deux ordres. Le premier est évident, le site porte tatouées les quantités de visiteurs accueillis. Les effets sur la faune et la flore dépendent de la densité et des périodes de fréquentations des visiteurs par rapport aux périodes et aux temps nécessaires à la reproduction des populations animales et végétales. Les seconds sont plus insidieux car ils ont trait à l'organisation du territoire et aux politiques qu'ils induisent.

La gestion des flux de visiteurs sur les espaces naturels doit se faire sur deux niveaux. Le premier consiste à évaluer la répartition des quantités de visiteurs sur un territoire, et à partir des résultats obtenus, il devient alors possible, dans un second temps, de mener des études d'évaluation environnementales en traitant par corrélations statistiques des impacts observés et les comptages réalisés sur les milieux.

• Gestion des répartitions sur les sites d'un secteur géographique

Gérer la répartition des visiteurs suppose deux choses. La première de connaître le territoire à partir d'un diagnostic. Ceci peut apparaître simpliste, mais relève d'une méthodologie rigoureuse qui consiste à répertorier de façon exhaustive, sur le territoire en question, l'ensemble des sites fréquentés, les parkings (officiels et sauvages), les sites naturels et de procéder à une typologie de site afin d'effectuer des comptages (routiers, sentiers, parkings) et des enquêtes sur les lieux qui ont fait l'objet de comptages. La seconde consiste à partir des résultats obtenus, sous la forme d'un observatoire des fréquentations, de mener des études prospectives, dont l'objectif est de tester des partis d'aménagement en vue de réorienter des flux afin de délester certains sites de la pression touristique. Ces opérations d'aménagement

peuvent prendre diverses formes : action sur des sites (création d'une UTN116), action sur les

parkings (calibrage du nombre de place, relocalisation, suppression), action sur le réseau routier (fermeture et ouverture de routes, pour réorienter les flux sur un site plus résistant,