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Principaux déterminants du niveau de bien

Liens avec l’état et le fonctionnement de l’écosystème

Figure 67 – Déterminants du niveau de bien en lien avec la biodiversité

Aspects de la biodiversité qui renforcent le bien Aspects de la biodiversité qui réduisent le bien

o Abondance et diversité des espèces o Compétition et prédation entre espèces réduisant la diversité des espèces prélevables

o Transmission de parasites entre espèces induisant une réduction des espèces prélevables

La pêche en eau douce concerne de nombreuses espèces pour lesquelles, au-delà de la zone de prélèvement, un ensemble d’autres milieux jouent un rôle primordial, notamment en tant que zones de reproduction ou d’alimentation. C’est donc le bon fonctionnement de l’ensemble de ces milieux qui revêt un caractère essentiel pour l’expression du bien considéré.

De nombreux services, liés notamment à la régulation des débits d’eau, jouent un rôle prépondérant pour l’expression du bien « animaux ». À titre d’exemple, le brochet a un mode de reproduction spécifique lié aux débordements des rivières dans les vallées alluviales. Cette espèce a en effet besoin d’un support végétal pour déposer sa ponte. Les brochetons consomment ensuite du plancton pour se développer avant de devenir piscivores. Au moment de la reproduction, de février à avril, seules les zones de débordement sur prairies permettent de répondre à ces exigences car, à cette époque de l’année, les cours principaux des rivières ne présentent pas de végétation et ne produisent pas en quantité et en qualité le type de plancton nécessaire. Sans débordement des rivières sur les zones de prairies, le brochet ne peut donc pas se reproduire. De plus, c’est la qualité des débordements qui est importante car ils doivent se dérouler à la bonne période mais surtout sur une durée suffisamment longue, environ un mois.

La pérennité des prélèvements d’animaux propres aux milieux humides et de la diversité de ceux-ci est tributaire des relations entre les différentes espèces. La présence d’espèces envahissantes peut ainsi entraîner des risques de compétition, de prédation et de transmissions de maladies et parasites qui peuvent, à terme, réduire le niveau de bien. Le cas des écrevisses américaines (cf. Chapitre 5 du présent rapport) en est un des exemples les plus probants pour les milieux humides. Celles-ci ont ainsi contaminées les espèces autochtones avec un champignon qui a, in fine, décimé ces populations.

Le sandre constitue également un exemple d’espèce pouvant entraîner une diminution de la diversité biologique via la transmission d’un parasite (de type trématode digène). Celui-ci peut ainsi contaminer un grand nombre de poissons (brème, chevesne, gardon, rotengle, barbeau, ablette, goujon et hotu) et provoquer chez eux des lésions qui réduiront leur vitesse de nage et en feront des proies plus faciles pour les carnassiers (Comité national de la pêche professionnelle en eau douce).

Liens avec les pratiques de gestion

Figure 68 – Déterminants du niveau de bien en lien avec les pratiques de gestion

Pratiques de gestion qui renforcent le bien Pratiques de gestion qui réduisent le bien

o Participation à la gestion piscicole via une adhésion à une association de pêcheurs professionnels o Mise en place de quotas de pêche

o Opérations de rempoissonnement, pacages o Lâchers d’individus issus d’élevage

o Mauvaise gestion de la régulation des niveaux d’eau dans les étangs piscicoles (mises en eau, assecs, vidanges, etc.)

o Introduction d’espèces exotiques envahissantes o Pisciculture intensive (apports en fertilisants,

surexploitation, destruction d’habitats naturels, dégradation des berges, etc.)

o Pollution des milieux humides par les activités anthropiques

o Prélèvements excessifs ou non respectueux des règles en vigueur par des usagers professionnels et non- professionnels

De manière globale, ce sont les pratiques de gestion qui vont guider la pérennité des activités de pêche professionnelle, de pêche non-professionnelle et d’aquaculture dans de bonnes conditions pour les milieux. Ainsi, si la pêche en eau douce et la pisciculture intensive peuvent entraîner la dégradation des berges par du piétinement et une sur-fréquentation, mais aussi provoquer la disparition de certaines espèces d’oiseaux par la destruction de leurs habitats naturels (roselières, tapis de nénuphars, etc.), voire l’introduction d’espèces exogènes et la pollution génétique des populations du milieu, à l’inverse une pratique durable et responsable de ces activités peut concourir à la préservation des zones humides.

Pour exercer leur activité, les pêcheurs professionnels en eau douce doivent détenir une licence (délivrée par le préfet, après avis de la commission de bassin, pour une durée de 5 ans) et un droit de pêche et adhérer à une association de pêcheurs professionnels, agréée au niveau départemental ou interdépartemental. Par cette adhésion, les pêcheurs s’engagent à participer à la gestion piscicole, à tenir un carnet de pêche (dans lequel ils déclarent les espèces et quantités capturées, chaque année) et à consacrer au moins 600 heures par an à la pêche professionnelle en eau douce.

Face à la disparition progressive de populations lacustres depuis les années 1960 (omble chevalier, truite de lac) due à des phénomènes d’eutrophisation, des opérations de pacage ont été menées à partir de la fin des années 1980 dans le lac Léman et le lac du Bourget. Durant plusieurs années, des alevins en quantités très importantes ont été déversés dans ces milieux et ont permis une remontée des populations concernées (Comité national de la pêche professionnelle en eau douce).

Pour certaines espèces, des quotas de pêche existent. Pour le cas des civelles, le Ministère de l’environnement publie ainsi chaque année, après consultation du public, des arrêtés fixant les quotas de captures. Pour la saison 2015-2016, ceux-ci étaient de 7,5 tonnes pour la pêche en eau douce (cf. Figure 69).

Figure 69 – Quotas de captures de civelles des pêcheurs professionnels en eau douce pour la saison 2015-2016 (Légifrance)

Unités de gestion de l’anguille Secteurs ou groupes de pêcheurs Quota (en kg)

Artois-Picardie 0

Seine-Normandie 0

Bretagne 0

Pêcheurs adhérant à l'organisation de producteurs « Estuaires » 1 524 Loire, côtiers vendéens et Sèvre

niortaise Pêcheurs n'adhérant pas à l'organisation de producteurs « Estuaires » 1 351

Charente 575

Garonne-Dordogne-Charente-

Seudre-Leyre Garonne et Dordogne 1 150

Adour 2 300

Adour - Cours d'eau côtiers

Cours d'eau côtiers 575

Total 7 475

Pour la grenouille rousse, seule espèce de grenouille autochtone pouvant être commercialisée, des quotas ont également été établis. Outre le fait que sa capture est soumise à autorisation préalable, plusieurs niveaux de prélèvements ont été définis. Ainsi, en dessous de 500 individus prélevés, le ramassage des grenouilles est considéré comme une pratique dont l’objectif est une consommation dite « familiale » et non-commerciale. Au-delà de 500 grenouilles prélevées, la consommation est toujours considérée comme « familiale » et non-commerciale mais l’individu préleveur doit être en mesure de répondre à certaines prescriptions comme posséder un plan d’eau, des bassins de ponte et de grossissement des grenouilles, tenir un registre côté et paraphé par le préfet ou son représentant. Enfin, au-delà de 1 500 grenouilles prélevées, le demandeur doit être en mesure de répondre à certaines prescriptions comme posséder un plan d’eau, des bassins de ponte et de grossissement des grenouilles, tenir un registre côté et paraphé par le préfet ou son représentant. À partir de ce nombre la capture est considérée comme ayant un but commercial et le demandeur devra être en mesure de justifier ses ventes avec des factures en cas de contrôle (Région Bourgogne- Franche-Comté, 2016).

Sur le cas particulier des étangs, la gestion piscicole consiste à réguler les niveaux d’eau (mise en eau, vidange, assec), la production piscicole (empoissonnement, pêche) et la végétation (faucardage

ou pâturage), avec des apports restreints de fertilisants minéraux ou organiques. En métropole, les plus fortes concentrations d’étangs se trouvent dans les régions Centre (Sologne, Brenne), Rhône- Alpes (Dombes, Forez) et Lorraine (ONMH, 2014).

La pisciculture extensive peut contribuer à la gestion durable des étangs comme en atteste la diversité biologique importante présente au sein de ceux-ci. Par exemple, l’assec estival est une pratique qui permet de limiter le comblement de l’étang et d’améliorer le rendement piscicole les années suivantes. Elle permet également la minéralisation des vases et l’installation d’espèces végétales pionnières contribuant à l’augmentation de la biodiversité. En revanche, les phases de vidange, si elles sont mal gérées, peuvent avoir des impacts négatifs sur le reste du réseau hydrographique aval. En effet, une exportation plus ou moins importante de sédiments de l’étang vers le milieu récepteur peut avoir lieu, entraînant le colmatage du lit du cours d’eau dans lequel l’étang se vide directement, avec une détérioration de son fonctionnement naturel et la dégradation des frayères des espèces affectionnant les substrats de gravier ou de sable pour y déposer leurs œufs. Certaines espèces de l’étang (faune et/ou flore) peuvent aussi s’échapper dans le milieu récepteur et avoir des effets négatifs sur les autres espèces (compétition ou prédation), surtout s’il s’agit d’espèces invasives. Ces impacts négatifs peuvent être réduits ou évités avec la mise en place d’aménagements adaptés : grilles et filtres à pailles ou sur sable pour éviter le passage des espèces, écoulement lent pour éviter un relargage de sédiments trop important, mise en place de fossés pour éviter le déversement direct dans les cours d’eau, etc.