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EXPERIMENTATION, SCIENCE Présentation du service

Le service d’expérimentation et de science renvoie à la possibilité de mettre en œuvre des programmes de recherche quant au fonctionnement et à l’évolution des milieux humides. Cela recouvre des approches scientifiques allant de l’acquisition de connaissances sur les processus sous-tendant le fonctionnement de ces écosystèmes et des populations animales et végétales inféodées à de la recherche-action aboutissant à des programmes de réhabilitation, de restauration, de gestion ou de création de milieux. Si le secteur public porte plus particulièrement le volet plus fondamental de cette recherche, les secteurs associatif (comme les conservatoires) et privé (bureaux d’études, grandes entreprises

d’aménagement) peuvent être fortement impliqués sur le volet plus appliqué, généralement en partenariat avec la recherche publique, en particulier dans le domaine de la restauration de zones humides et de l’évaluation environnementale.

Caractérisation du service

Figure 116 – Schéma des éléments constitutifs du service « expérimentation, science »

La recherche peut concerner l’ensemble des milieux humides et couvrir des disciplines très diverses. Toutefois, certains milieux revêtent un intérêt plus prégnant, notamment d’un point de vue historique et patrimonial.

Ceci est le cas des tourbières qui, grâce à l’anoxie qui les caractérise, et par l’intermédiaire de la matière organique fossile qu’est la tourbe, peuvent conserver pendant des milliers d’années des archives naturelles et des objets archéologiques dont l’analyse renseigne sur l’évolution du climat et l’utilisation successive des milieux. L’analyse de macrorestes fossiles en tourbières peut ainsi apporter des informations sur : « 1) les différentes communautés qui ont occupé la tourbière, notamment les

végétations turfigènes qui ont construit l’édifice tourbeux, 2) les changements dans le temps de la répartition des communautés, qui peuvent être mis en relation avec des facteurs allogènes et autogènes, 3) l’évaluation de l’impact des perturbations comme le feu, le piétinement, etc. et l’évaluation de la résilience du système face à ces perturbations ». Les tourbières jouent ainsi un rôle central pour des domaines de recherche particuliers tels que la reconstitution des paléoenvironnements (Bernard, 2017).

Si des données sont disponibles pour permettre de rendre compte de l’ampleur économique et sociétale des travaux de recherche au niveau national, il n’existe, pour l’heure, aucun référentiel permettant d’isoler les travaux se concentrant uniquement sur les milieux humides.

Principaux déterminants du niveau de service

Liens avec l’état, le fonctionnement des écosystèmes et les pratiques de gestion

Figure 117 – Déterminants du niveau de service en lien avec la biodiversité

Aspects de la biodiversité qui renforcent le service Aspects de la biodiversité qui réduisent le service

Ecosystèmes et biodiversité Bénéficiaires humains

Fonctions écologiques

• Ensemble des fonctions

des milieux humides

Avantages

• Création de connaissances

• Conduite de programmes de

recherche fondamentale ou appliquée

Service

Expérimentation, Science

Apports (capital, travail)

Cistude d’Europe (Gard, 2010) © Laurent Mignaux - Terra

Figure 118 – Déterminants du niveau de service en lien avec les pratiques de gestion

Pratiques de gestion qui renforcent le service Pratiques de gestion qui réduisent le service

o Pratiques anthropiques à l’origine d’une uniformisation des espaces

o Exploitation et destruction de ressources fossiles (tourbe) jouant le rôle « d’archives » et de « mémoire scientifique » des milieux

Contrairement à la plupart des autres biens et services écosystémiques produits par les milieux humides, le service d’expérimentation et science recherche n’est pas nécessairement conditionné par un état de préservation spécifique. Tant que ces milieux existent, les champs de la recherche pourront étudier leurs évolutions, que celles-ci soient positives ou négatives (Asconit, Biotope, Crédoc, 2009). Ceci étant, il est possible de considérer que le maintien d’une diversité importante d’écosystèmes et des espèces qu'ils abritent permet l’expression d’un large champ de recherche. Une uniformisation des espaces peut donc conduire à une réduction de service. Par ailleurs, la dégradation de certains types d’écosystèmes particuliers peut conduire à la perte de « matière première » en termes de recherche scientifique. Comme décrit précédemment, ceci est notamment le cas de la tourbe.

Evaluation monétaire du service

Les études récentes d’évaluation des biens et services écosystémiques produits par les milieux humides menées au niveau national n’ont que très rarement proposé un chiffrage pour le service de recherche et de science. L’étude pilotée par le CGDD sur le Parc naturel régional des marais du Cotentin et du Bessin a eu recours au transfert de valeurs à partir d’une analyse conjointe intégrant une dimension « recherche et éducation » dans les attributs de questionnaire d’enquête (cf. Encadré 25). Issu d’une étude conduite en Grèce, ce recours au transfert de valeur n’apparait pas comme pleinement satisfaisant au final. Dans l’idéal, l’application d’une méthode à préférences révélées apparait comme la plus robuste. Elle se heurte toutefois à l’absence de données permettant de la décliner aussi bien au niveau local que national.

Encadré 25 – Evaluation économique des services rendus par les zones humides - Enseignements méthodologiques de monétarisation (CGDD, ACTeon, EcoVia, Cemagref, 2011)

Compte-tenu de l’absence de données au niveau local permettant d’appréhender à la fois la valeur éducative et la valeur scientifique des zones humides du Parc naturel régional des marais du Cotentin et du Bessin, l’étude pilotée par le CGDD a eu recours à la technique du transfert de valeurs à partir d’une approche originale de Birol

et al. (2005) qui ont réalisé une analyse conjointe sur les zones humides du Cheimaditida (lac de 168 km2 situé

en Grèce). La recherche et l’éducation sont intégrées dans les attributs par les auteurs au même titre que la biodiversité, la superficie de lac non-couverte par des roselières ou encore le nombre d’agriculteurs et de pêcheurs formés à des pratiques environnementales. La valeur accordée à une meilleure exploitation des potentialités éducatives et scientifiques du site, notamment par son aménagement (passage du niveau faible au niveau élevé) est alors comprise entre 8,2 et 9,2 euros par personne interrogée (selon le modèle utilisé). En extrapolant ce chiffrage à la population concernée au sein du Parc naturel régional des marais du Cotentin et du Bessin, le service est évalué au final dans une fourchette allant de 470 000 à 720 000 euros par an.

Outre les limites de l’étude elle-même (pas de précision quant à la nature annuelle ou forfaitaire des consentements à payer obtenus), l’utilisation des valeurs de cette étude pose la question de la pertinence de sa transposition d’un site étranger à un site français. Son applicabilité à l’EFESE est par ailleurs rendue caduque par le fait que Birol et al. considèrent dans une même composante les dimensions éducatives et scientifiques du site étudié. Ces deux composantes sont en effet abordées comme deux services écosystémiques culturels distincts au sein du cadre conceptuel de l’EFESE.

Recherche d’un chiffrage national du service

L’évaluation à l’échelle nationale du service de recherche et de science lié aux milieux humides est rendue particulièrement complexe pour l’heure en raison de l’absence d’un référentiel regroupant l’ensemble des travaux de recherche menés dans le domaine sur le territoire. La construction d’un

tel référentiel permettrait d’isoler le nombre de chercheurs concernés, aussi bien dans le domaine public que dans le domaine privé, ainsi que les budgets associés.

Fiche récapitulative

Présentation du service Fonctions écologiques

Ensemble des fonctions des milieux humides

Service Expérimentation, Science Avantages Création de connaissances Conduite de programmes de recherche fondamentale ou appliquée Caractérisation du service

Pratiques anthropiques permettant l’expression du service

Mise en place d’actions de recherche fondamentale et appliquée

Aspects économiques liés au service

La recherche peut avoir une visée à destination commerciale

Déterminants du niveau du service Déterminants en lien avec la biodiversité

Diversité des espèces et des habitats

Déterminants en lien avec les pratiques de gestion

Pratiques anthropiques à l’origine d’une uniformisation des espaces

Exploitation et destruction de ressources fossiles (tourbe) jouant le rôle « d’archives » et de « mémoire scientifique » des milieux

Evaluation monétaire du service Pas de données chiffrées

Orientation des futurs travaux à conduire pour l’évaluation monétaire

Construire un ensemble de référentiels et d’indicateurs permettant de caractériser l’importance à l’échelle nationale de l’effectivité du service de recherche et de science en lien avec les milieux humides. Ce travail devra permettre d’isoler le nombre de chercheurs concernés, aussi bien dans le domaine public que dans le domaine privé, ainsi que les budgets associés.

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