Les activités éducatives générées par les milieux humides permettent à la population de se familiariser et d'acquérir des connaissances sur les sciences (écologie, biologie des espèces, botanique, ornithologie, etc.) liées à ces écosystèmes. Au cœur des finalités de ce service, on trouve le développement de nouveaux comportements individuels et collectifs nécessaires à une meilleure gestion de l’environnement «éco-socio-culturel ».
Les « savoirs éducatifs » en lien avec les milieux humides peuvent être véhiculés aussi bien par des vecteurs d’enseignements formels (organisés de manière structurée au sein par exemple d’un établissement scolaire) qu’informels (via des activités, planifiées ou non, relevant par exemple de la sphère des loisirs).
La dimension éducative en lien avec les milieux humides, lorsque ces derniers sont intégrés au sein de parcs naturels, peut s’exprimer au travers de parcours aménagés, de circuits pédestres, de points fixes d’observation, de visites guidées, etc. Sa valorisation passe également par la production de brochures ou plaquettes, de panneaux d’information sur la flore et la faune des écosystèmes, etc.
Caractérisation du service
Figure 113 – Schéma des éléments constitutifs du service « éducation »
La caractérisation de l’ampleur du service d’éducation propre aux milieux humides apparait comme complexe à établir du fait de la diversité des actions existantes et de l’absence de recensement exhaustif et régulier de celles-ci.
Quelques données disponibles sur certains événements et programmes précis, détaillés ci-après, permettent de rendre compte d’une partie de l’importance du service.
o Adopté en 2008, le programme de communication, éducation, participation et sensibilisation (CESP) de la Convention de Ramsar encourage la création de centres d’éducation aux zones humides, reconnaissant leur valeur pour la promotion des principes de conservation et d’utilisation rationnelle des zones humides. Ce programme regroupe aussi bien des centres à la pointe du progrès, conçus pour accueillir un grand nombre de visiteurs que des centres simples sans personnel et ouverts à un petit nombre de personnes (Ramsar, 2016). La France compte 6 centres intégrés au CESP : Maison de la nature du département - Grange nature (25 000 visiteurs en 2013), Parc du Marquenterre (170 000 visiteurs en 2014), Maison de la Baie de Somme (36 000 visiteurs en 2014), Maison du Lac de Grand-Lieu (3 500 visiteurs en 2014), Réserve ornithologique la Gabrière, Scamandre – Camargue Gardoise (15 000 visiteurs annuels dont 3 000 scolaires).
Ecosystèmes et biodiversité Bénéficiaires humains
Fonctions écologiques
• Ensemble des fonctions
des milieux humides
Avantages
• Acquisition de connaissances par la
population
• Développement de comportements de
meilleure gestion de l’environnement
Service
Education
o Toujours dans le cadre de la Convention de Ramsar, a été instaurée la Journée mondiale des zones humides, manifestation internationale qui met à l’honneur ces milieux au travers de nombreuses animations de sensibilisation du public. Organisées aussi bien par des associations, des gestionnaires d’espaces naturels ou des collectivités territoriales, ces animations sont coordonnées à l’échelle nationale par l’Association Ramsar France, les Pôles-relais zones humides, l’Onema, la Ligue pour la protection des oiseaux et la Société nationale de la protection de la nature. Comme en atteste son perpétuel développement depuis 2010, la déclinaison française de la Journée mondiale des zones humides suscite un véritable engouement de la population sur l’ensemble du territoire (cf. Encadré 22).
Encadré 22 – Eléments de bilan de la Journée mondiale des zones humides 2016 en France
(Association Ramsar France, Pôles-relais zones humides, Ligue pour la protection des oiseaux, Société nationale de protection de la nature, Onema, 2016)
Pour la Journée mondiale des zones humides
2016, 626 actions portées par 293 structures ont été proposées en France. Ce nombre progresse chaque année (282 actions en 2010, 551 en 2015). 88 % des animations labellisées en 2016 s’adressaient au grand public.
Répartition par types et par départements des animations organisées en France pour la Journée
mondiale des zones humides 2016 (Association Ramsar France, Pôles-relais zones humides, Ligue pour la protection des oiseaux, Société nationale de
En 2016, la Société nationale de protection de la nature et le Pôle- relais Mares, zones humides intérieures et vallées alluviales ont lancé la Fête des mares. Cette fête propose de nombreuses animations sur l’ensemble du territoire national (sorties nature, expositions, conférences, chantiers, etc.). Elle est l’occasion de mieux faire connaître ces milieux spécifiques et de sensibiliser la population à l’intérêt de les préserver (cf. Encadré 23).
Encadré 23 – Bilan de la première édition de la Fête des mares en quelques chiffres (Société
nationale de protection de la nature et le Pôle-relais Mares, zones humides intérieures et vallées alluviales, 2016)
Pour la première édition de la Fête des mares, qui s’est déroulée du 30 mai au 5 juin 2016, 133 manifestations ont été proposées, réparties sur 50 départements. 60 % de ces manifestations étaient portées par des associations. Au moins, 2 276 personnes ont assisté à celles-ci, dont 893 jeunes de moins de 18 ans.
Principaux déterminants du niveau de service
Liens avec l’état et le fonctionnement des écosystèmes
Figure 114 – Déterminants du niveau de service en lien avec la biodiversité
Aspects de la biodiversité qui renforcent le service Aspects de la biodiversité qui réduisent le service
o Abondance et diversité des espèces et des habitats o Compétition et prédation entre espèces réduisant la diversité des espèces observables
o Transmission de parasites entre espèces induisant une réduction des espèces observables
Aucune fonction écosystémique spécifique n’est à proprement parler à l'origine des activités éducatives liées aux milieux humides. C'est la variété des écosystèmes, leur fonctionnement ou encore la richesse des espèces qu'ils abritent qui vont en faire des supports pédagogiques intéressants. Le simple fait que les écosystèmes existent, avec leur richesse et leur diversité, justifie l'existence de ces activités éducatives.
Liens avec les pratiques de gestion
Figure 115 – Déterminants du niveau de service en lien avec les pratiques de gestion
Pratiques de gestion qui renforcent le service Pratiques de gestion qui réduisent le service
o Organisation d’événements éducatifs autour des milieux humides
o Conduite de programmes de valorisation des milieux humides
o Pollution des milieux humides par les activités anthropiques
o Atteintes diverses aux habitats et espèces propres aux milieux humides
Le service d’éducation est étroitement corrélé aux pratiques de gestion qui l’accompagnent. La conduite de programmes de valorisation et l’organisation d’événements autour des milieux humides et de leur biodiversité, notamment au travers des exemples décrits dans la section précédente (Journée
Visite et présentation de sites Natura 2000 par les agents ONF en forêt de Fontainebleau (Ile-de-France, 2007) © Laurent Mignaux – Terra
mondiale des zones humides, Fête des mares), contribuent ainsi directement à l’expression du service. À l’opposé, les différentes atteintes d’origine anthropiques à ces mêmes milieux, espèces et habitats ayant pour conséquence une diminution de leur richesse et de leur diversité rendra moins attrayant ces espaces pour des activités éducatives.
Evaluation monétaire du service
L’analyse de la littérature permet de constater que le recours aux méthodes à préférences déclarées pour chiffrer le service d’éducation des milieux humides se heurte à quelques difficultés méthodologiques, notamment le fait pour les individus enquêtés de parvenir à isoler avec précision la seule dimension éducative offerte par ces écosystèmes.
Au sein des méthodes à préférences révélées, le recours à la méthode des coûts de transports peut également se heurter à la même difficulté. Il apparait en effet complexe d’isoler uniquement la dimension éducative propre à une visite sur site.
L’utilisation de la méthode des prix de marché apparait potentiellement comme la plus robuste et facile à mettre en œuvre. Elle a pu être déclinée au niveau local sur plusieurs cas d’études, notamment sur le bassin Loire-Bretagne (cf. Encadré 24). La principale limite de cette méthode est de ne faire apparaitre une valeur que dans les cas où le site dispose d’une offre permettant d’exploiter sa dimension éducative. Les visites effectuées directement par la population sur des sites ne disposant pas de ce type d’offres sortent ainsi du champ de l’évaluation.
Encadré 24 – Amélioration des connaissances sur les fonctions et usages des zones humides : évaluation économique sur des sites tests – Le cas du marais breton (Agence de l’eau Loire-
Bretagne, ACTeon, EcoVia, 2011)
Le territoire du marais breton dispose de structures dynamiques permettant d’organiser des activités d’éducation à l’environnement.
La Maison de la Nature et de la Réserve a notamment accueilli 19 800 visiteurs (entrée gratuite) en 2007 et près de 25 000 en 2005, dont 15 % participent à la visite de l’exposition permanente payante. Des visites accompagnées payantes sont également proposées en saison avec 600 participants en 2006. Par ailleurs, 7 structures proposent des animations nature au sein du Parc de la Brenne. Le nombre d’animations est passé de 64 en 1999 à 147 en 2007. 966 personnes se sont inscrites en 2007 à ces animations payantes. Enfin, le Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement propose des stages scientifiques et artistiques d’une semaine en collaboration avec le Parc. En 2006, 142 personnes avaient participé aux 16 stages proposés.
Pour évaluer l’ensemble du service d’éducation sur le site, l’étude pilotée par l’Agence de l’eau Loire- Bretagne a considéré le coût des moyens humains nécessaires à la réalisation de ce service. En considérant une fourchette de 5 à 10 équivalents temps, les dépenses engagées annuellement sont alors comprises entre 90 000 et 420 000 euros.
Recherche d’un chiffrage national du service
L’évaluation à l’échelle nationale du service d’éducation lié aux milieux humides est rendue particulièrement complexe pour l’heure en raison de l’absence d’un référentiel regroupant l’ensemble des actions menées dans le domaine sur le territoire.
La construction d’un ensemble de référentiels et d’indicateurs permettrait de caractériser l’importance à l’échelle nationale de l’effectivité du service d’éducation des milieux humides. Pour ce faire, une des approches possibles pourrait consister à recueillir les données disponibles en termes de fréquentation à visée pédagogique dans les centres d’accueil du public situés dans des milieux humides35.
35 Il conviendra toutefois de noter que les données recueillies ne permettront d’établir qu’une borne basse de l’évaluation du service d’éducation. En effet, les visiteurs ne transitant pas par des centres d’accueil ne seront pas comptabilisés par cet intermédiaire.
Fiche récapitulative
Présentation du service Fonctions écologiquesEnsemble des fonctions des milieux humides
Service Education Avantages Acquisition de connaissances par la population Développement de comportements de meilleure gestion de l’environnement Caractérisation du service
Pratiques anthropiques permettant l’expression du service
Mise en place d’actions d’enseignement formel ou informel
Aspects économiques liés au service
La population peut consentir à des dépenses pour enrichir son savoir et ses connaissances des milieux humides (visites de parcs naturels, etc.)
Déterminants du niveau du service Déterminants en lien avec la biodiversité
Abondance et diversité des espèces et des habitats
Compétition et prédation entre espèces réduisant la diversité des espèces observables
Transmission de parasites entre espèces induisant une réduction des espèces observables
Déterminants en lien avec les pratiques de gestion
Organisation d’événements éducatifs autour des milieux humides
Conduite de programmes de valorisation des milieux humides
Pollution des milieux humides par les activités anthropiques
Atteintes diverses aux habitats et espèces propres aux milieux humides
Evaluation monétaire du service Pas de données chiffrées
Orientation des futurs travaux à conduire pour l’évaluation monétaire
Construire un ensemble de référentiels et d’indicateurs permettant de caractériser l’importance à l’échelle nationale de l’effectivité du service d’éducation des milieux humides. Pour ce faire, une des approches possibles pourrait consister à recueillir les données disponibles en termes de fréquentation à visée pédagogique dans les centres d’accueil du public situés dans des milieux humides.