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AMENITES PAYSAGERES Présentation du service

Le service d’aménités paysagères renvoie à l’intérêt paysager des milieux humides et au plaisir qui en est retiré par les individus.

Défini par la Convention Européenne du Paysage comme une : « partie de territoire telle que perçue par les populations, dont le caractère résulte de l’action de facteurs naturels et/ou humains et de leurs interrelations », le paysage est de par sa nature même très divers selon les grands types d’écosystèmes et au sein même d’un grand type d’écosystème. Il apparait ainsi impossible de considérer un seul et unique paysage de milieux humides. Le traitement du paysage dans une perspective d’évaluation semble donc devoir se faire de manière individualisée.

Si le service d’aménités paysagères est appréhendé individuellement au sein du présent exercice, il entre en interactions avec de nombreux autres services culturels (tourisme fluvial, baignade, promenade, pêche de loisir, chasse de loisir, etc.) et avec la notion de patrimoine naturel.

Caractérisation du service

Figure 119 – Schéma des éléments constitutifs du service « aménités paysagères »

D’un point de vue économique, la dimension paysagère joue un rôle crucial. Elément d’attractivité d’un territoire, les paysages peuvent être directement à l’origine de visites sur site ou encore de pratiques d’activités récréatives. À cet effet, l’utilisation de paysages dans des campagnes publicitaires comme gage de qualité d’un espace ou d’une région est une pratique courante.

D’un point de vue social également, la dimension paysagère revêt un enjeu important, notamment lors de la construction d’aménagements anthropiques au sein de paysages considérés comme préservés jusque-là par une frange de la population. De nombreux exemples nationaux et internationaux de conflits, d’affrontements et de processus de conciliation permettent d’étayer cette problématique. Cette dernière renvoie par ailleurs aux caractéristiques intrinsèques du service d’aménités paysagères et dans la subjectivité dans la perception qu’en ont les différents individus d’une même société. Ainsi, un paysage pourra être source d’aménités plus ou moins importantes selon les individus considérés.

Principaux déterminants du niveau de service

Liens avec l’état et le fonctionnement des écosystèmes

Figure 120 – Déterminants du niveau de service en lien avec la biodiversité

Aspects de la biodiversité qui renforcent le service Aspects de la biodiversité qui réduisent le service

o Diversité des espèces et des habitats

Plusieurs fonctions écosystémiques permettent de façonner les paysages au cours du temps. La fonction de production primaire donne lieu à la production et à la reproduction de la faune et de la flore. La formation des sols détermine les caractéristiques de la biomasse (nature, densité, etc.) (Asconit, Biotope, Crédoc, 2009).

Ecosystèmes et biodiversité Bénéficiaires humains

Fonctions écologiques

• Qualité des paysages

• Biodiversité

Avantages

• Bien-être tiré de la jouissance

des paysages de milieux humides

Service

Aménités paysagères

Liens avec les pratiques de gestion

Figure 121 – Déterminants du niveau de service en lien avec les pratiques de gestion

Pratiques de gestion qui renforcent le service Pratiques de gestion qui réduisent le service

o Mesures de protection des milieux humides o Valorisation des espaces

o Pollution des milieux humides par les activités anthropiques

o Atteintes diverses aux habitats et espèces propres aux milieux humides

o Pratiques anthropiques à l’origine d’une uniformisation des espaces

Eléments résultant initialement d’une combinaison de facteurs pouvant être qualifiés de naturels (végétation, sols, relief, etc.), les paysages ont été façonnés depuis plusieurs siècles par les activités humaines. Ainsi, au niveau national, il apparait actuellement impossible de considérer que certains paysages de milieux humides ont été et sont toujours totalement préservés des activités humaines et résultent exclusivement de phénomènes naturels. La jouissance de paysages propres à ces milieux par la population peut donc être conditionnée par ce passif et les pratiques de gestion passées ou actuelles. Ainsi, une dégradation anthropique des milieux avec un impact sur les habitats et les espèces pourra réduire l’intérêt paysager de ces espaces. À l’inverse, la mise en place de mesures de protection ou de valorisation au travers de programmes reconnus pour permettre la préservation de paysages emblématiques ou typiques et donc de renforcer le service afférent.

Evaluation monétaire du service

Les interactions existant entre le service d’aménités paysagères en milieux humides et les autres services culturels à dimension récréative peuvent alors rendre complexe l’évaluation de ce service et générer des doubles-comptes. La pratique de la chasse ou de la pêche de loisir peut ainsi être motivée en partie par la dimension paysagère des sites visités.

Pour isoler la stricte composante paysagère d’une visite en milieux humides, le recours aux méthodes à préférences déclarées apparait alors comme la plus adéquate. Cette méthodologie a ainsi fait l’objet de plusieurs applications pratiques au niveau local via la conduite d’études spécifiques, notamment sur le site du Parc naturel régional des marais du Cotentin et du Bessin (cf. Encadré 26).

Encadré 26 – Evaluation économique des services rendus par les zones humides – Enseignements méthodologiques de monétarisation (CGDD, ACTeon, EcoVia, Cemagref, 2011)

Afin d’évaluer les aménités paysagères du Parc naturel régional des marais du Cotentin et du Bessin, une étude pilotée en 2011 par le CGDD a fait le choix d’enquêter directement la population via la méthode dite de l’analyse conjointe.

Dans le but d’éviter les doubles-comptes générés par les interactions entre ce service et les autres services à dimension récréative s’exprimant sur ce même site, la dimension paysagère a été couplée, au sein de l’analyse, à la notion d’accessibilité au site. Via le classement de différents scénarios qui leur étaient présentés, les individus interrogés donnaient alors une valeur uniquement au paysage qu’ils pouvaient visiter.

En moyenne, la population interrogée a accordé une valeur de 15 euros annuels aux aménités paysagères qu’elle retirait du site du Parc naturel régional des marais du Cotentin et du Bessin.

Le recours aux méthodes à préférences révélées pour évaluer monétairement ce même service d’aménités paysagères pourra également être possible via l’identification et la quantification des différents dispositifs de protection du paysage existants (Natura 2000, Patrimoine mondial de l’Unesco, etc.). Toutefois, ces dispositifs de protection concernent généralement des paysages remarquables ou exceptionnels. L’évaluation ne permettrait alors pas de capter l’ensemble du service d’aménités paysagères au niveau national.

Recherche d’un chiffrage national du service

Si le recours aux méthodes à préférences déclarées apparait comme pertinent pour évaluer monétairement le service d’aménités paysagères des milieux humides, il apparait hasardeux d’avoir recours à une extrapolation pour l’ensemble des milieux humides à partir de données issues d’une étude locale telle que celle développée dans l’Encadré 26. En effet, plusieurs types de paysages distincts existent selon les types de milieux humides. La valeur accordée à chacun d’entre eux par la population peut ainsi être considérée comme potentiellement variable.

La recherche d’un chiffrage national pour ce service semble donc devoir passer par la définition de paysages caractéristiques des différents types de milieux humides et par la conduite d’une enquête nationale auprès de la population permettant de déterminer à quel niveau monétaire sont valorisés ces différents paysages. Durant la conduite de cet exercice de

chiffrage national, il conviendra de prendre en compte les limites quant à la multiplicité des valeurs attribuées aux différents paysages de milieux humides et à leur imputation à une population donnée. En effet, si un individu considère qu’il est prêt à payer annuellement une somme X pour préserver un paysage de marais, une somme Y pour préserver un paysage propre à un cours d’eau et une somme Z pour un paysage propre à un lac, il apparait en revanche incertain de considérer que ce même individu sera prêt à payer l’ensemble de ces sommes (X + Y + Z) annuellement pour préserver les paysages sur lesquels il a formulé une réponse au sein de l’enquête.

Fiche récapitulative

Présentation du service Fonctions écologiques

Qualité des paysages Biodiversité

Formation des sols

Service

Aménités paysagères

Avantage

Bien-être tiré de la jouissance des paysages de milieux humides

Caractérisation du service

Pratiques anthropiques permettant l’expression du service

Mise en place de mesures de valorisation des paysages

Aspects économiques liés au service

En tant qu’élément d’attractivité d’un territoire, les paysages peuvent être directement à l’origine de visites sur site ou encore de pratiques d’activités récréatives

Déterminants du niveau du service Déterminants en lien avec la biodiversité

Diversité des espèces et des habitats

Déterminants en lien avec les pratiques de gestion

Mesures de protection des milieux humides Valorisation des espaces

Pollution des milieux humides par les activités anthropiques

Atteintes diverses aux habitats et espèces propres aux milieux humides

Pratiques anthropiques à l’origine d’une uniformisation des espaces

Evaluation monétaire du service Pas de données chiffrées

Orientation des futurs travaux à conduire pour l’évaluation monétaire

Conduire une étude nationale permettant d’évaluer monétairement le service d’aménités paysagères des milieux humides. Cette étude pourrait consister en une évaluation nationale sur la base de préférences déclarées à partir de scénarii définissant un ensemble de paysages propres aux différents types de milieux humides présents en métropole et en outre-mer.

Chapitre 9

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Patrimoine naturel