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Pendant cette période extraordinaire, la place vie au rythme des lumières nocturnes.

Ouverture : L’éveil

Scène 1

… Sous une lumière crépusculaire … chatouillée par une brise d’autonome, la Place reconnaît ces pas pressés quotidiens, …ils passent tous les jours à la même heure, hâtant le mouvement…, ils se dépêchent pour rejoindre leurs lieux de travail… leurs amis… ou leurs familles… ou pour faire des courses… on hâte le pas …on se presse pour avoir une meilleure place au café,… ou pour ne pas rater le début du spectacle….C’est le Ramadan, les sorties nocturnes se diversifient…

Mais à cette heure si ce ne sont que des passants…personne ne vient s’installer ….

Les psalmodies du coran parvenant des boutiques déjà ouvertes, tirent la place de son assoupissement.

L’éveil est un peu lent mais très intense…

Peu à peu les pas se multiplient : flâneurs, épuisés ou pressés se défilent vers toutes les directions…

Scène 2

Vers dix neuf heures, toutes les boutiques sont ouvertes, leurs marchandises bien exposés et les cafés maures retrouvent déjà leurs habitués. La place revit.

Les agents de sécurité se raniment. On a même l’impression qu’ils se multiplient.

La fontaine est désactivée, et la lumière est un peu faible, les nouveaux projecteurs ne sont pas encore mis en marche.

Acte 1 : Les jeux et les loisirs

Scène 1

Les enfants se retrouvent sur la place,… à vélo on fait la course,… se faufilent entre les usagers, … contourne la porte et se pressent vers leur point de départ, devant les terrasses des cafés, … à qui mieux mieux !... on s’oppose, des cris… un léger différent à propos du gagnant…

Scène 2

Un groupe de trois filles, entre six et douze ans, assises sur les bords des bacs à fleurs du côté droit de la porte… elles bavardent… une autre fille arrive avec une poussette chargée d’un bébé de deux ans maximum…. elles se retrouvent, se dispersent, et se réunissent encore une fois… adossées à la porte elles jouent à pile ou face…

Je les sens déconnectées de ceux qui les entourent, leurs regards n’accrochent guère les autres usagers de la place, … on dirait qu’ils (les usagers) sont invisibles à leurs yeux… elles jouent au milieu de la foule sans se préoccuper…

10 Larbi CHOUIKHA, Rythme de vie et styles de l’usage des citadins de Tunis en période de Ramadan, In Les compétences des citadins dans le monde arabe, Penser, faire et transformer la ville, p193.

Elles quittent la place et y retournent au bout d’un moment, se dispersent et se retrouvent toujours aussi facilement.

Scène 3

Sur la placette devant les terrasses de cafés, un groupe d’enfants jouent au football, je crois même reconnaître certaines têtes… ceux qui jouaient avant la rupture du jeûne …

La placette est assez fréquentée en ce moment, … des passants de toutes les directions, mais ceux-ci ne gênent pas du tout les jeunes joueurs. Ils se comportent comme s’ils étaient sur un vrai terrain de foot, leur territoire imaginaire parait bien délimité. Ils parviennent même à communiquer entre eux à distance et à se faire comprendre dans tout ce vacarme.

Scène 4

« Am Ezzeddine, ah ! … Vous devez goutter à son café…Ah !... sur ce point il est le meilleur ça c’est sûr…. » nous confirme un commerçant.

Am Ezzeddine est le vieil homme qui vend le tabac sur la place ; Une caisse de bois en bleu lui sert de comptoir et de tiroir en même temps… Du tabac, des chwingums, des bonbons … on trouve de tout chez lui . Pendant le mois du ramadan, Am Ezzeddine se permet des activités supplémentaires : il propose du café turc et du thé vert suite à la rupture du jeûne. Son coin sous les arcades de l’ancien consulat britannique sert de « cafetière de coin », d’ailleurs je ne me rappelle pas avoir vue Am Ezzeddine seul, il est toujours entouré de ses fidèles « au bon goût de Am Ezzeddine ».

Scène 5

La musique provenant du café Le Pacha m’empêche de bien discuter avec un usager de la place ; « Un café chantant » me dit un interlocuteur, « c’est tous les jours la fête chez le café Le Pacha » m’informe une jeune interviewée, et elle ajoute « ma mère y veille tous les jours jusqu’au matin ». Par-dessus des balcons je peux distinguer un couple de jeunes les têtes tournées vers l’intérieure, absorbé par le spectacle. Je peux même voir ceux qui entrent par la porte située à l’entrée des souks mais pas de sortants à cette heure-ci. Il est vingt deux heures, le spectacle vient juste de commencer.

Scène 6

Les cafés maures grouillent de gens. Des habitués et des visiteurs

Mon interlocuteur s’avère un visiteur, il vient attendre un ami sur la terrasse du café La Médina, et se plein de l’ambiance sonore « je n’arriverai même pas à déchiffrer ce que mon interlocuteur me dira dans une telle ambiance » me dit-il.

Sur la terrasse les tables ne sont occupées que pour un moment, c’est des passants occasionnels, tout comme mon interlocuteur. Ici on sert la Chicha, le café, les sodas… Mais à l’intérieur on vous offre de plus la convivialité. Les habitués du café ne s’installe qu’à l’intérieur, on peut les voir de l’extérieur absorbés par une partie d’échecs ou plongés dans une discussion intense à propos de la partie de cartes perdue hier….

Scène 7

Deux enfants, assis sur les marches des cafés entrain de boire des sodas, ils en finissent, rendent les bouteilles vides aux serveur, et reprennent le jeux avec leurs copains,… je ne les voix pas payer…c’est peut être les enfants d’Elhouma !

Acte 2 : Le Commerce

Scène 1

Vers vingt deux heures les marchands ambulants exposent leurs articles ; Ils paraissent suivre les illuminations. Ils se posent aux alentours des lampadaires, devant la porte du côté gauche, mais ce n’est qu’une minorité.

La majorité expose à l’entrée des souks : sous les arcades de l’ancien consulat britannique ou aux pieds du restaurant Le Pacha ; je demande à certains d’entre eux pourquoi avoir choisi cette position et on me répond « ici on attire mieux l’attention des usagers des souks, et on peut facilement fuir les agents de sécurité vers les souks ». Ils proposent des jouets, des habits, des montres, des ballons…

Acte 3 : La violence

Scène 1

Une bagarre se déclanche dans un groupe d’adolescents, devant l’entrée de la rue de l’église, les échanges verbaux violents se transforment vite en échange de coups. Les badauds se rassemblent, et l’atmosphère devient un peu agaçante. Quelques commerçants viennent se mêler à la foule et la dirige sous l’arc et puis retrouvent leurs postes respectifs … ‘voilà maintenant : on peut travailler tranquillement’.

Le commerçant ambulant, avec qui je discutais sur le moment, me ‘rassura’ «Il y a deux jours des enfants se sont bagarrés et se sont agressés avec des couteaux ».

Acte 4 : L’oisiveté et la flânerie

Scène 1

De « Ceux qui n’ont rien à faire », comme le dit un interviewé, il y en a plein sur la place Bab Bhar. Depuis dix neuf heures on peut remarquer des jeunes hommes allongés sur les sacs de sable disposés aux pieds des nouveaux poteaux d’éclairage.

On est assis, allongé… on change de posture mais pas de position.

Scène 2

Des femmes assises à bavarder entre elles pendant des heures, je n’en ai pas vu pendant la journée. Cette scène parait typiquement ramadanesque. Car sur la place pendant toute la soirée on peut voir des femmes rassemblées sur la grande masse cubique du coté droit de la porte, ou assises sur les bords des bacs à fleurs entrain de bavarder et rien que ça. Certaines mêmes emmènent leurs enfants avec elles pour qu’ils jouent et courent un peu partout.

Clôture

Vers une heure du matin les marchands se retirent, les boutiques ferment leurs portes… Le spectacle touche à sa fin et les spectateurs quittent la salle progressivement…. Les habitués des cafés sont les derniers à rentrer

Les premières lueurs de la journée commencent déjà à se manifester…. La première séance est close et la seconde enchaîne….

……….Deuxième séance……….