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Deuxième séance Ouverture : La place se prépare à la fête

Scène 1

La journée s’annonce belle… Il est déjà 10 h et la place fait encore sa grâce matinée… Elle paraît paisible dans son silence, malgré le mouvement qui ne s’arrête jamais…

Les passants baillent, traînent les pieds…. On entend à peine parler… Pas de radio,… Pas de psalmodies coraniques ni de cris publicitaires… On dirait la place en crise somnambulique : on voit bouger, mais on n’entend rien.

Cependant, les klaxons et les bourdonnements des voitures nous empêchent de bien profiter des murmures de la fontaine jaillissante.

Les commerçants commencent à peine à ouvrir leurs portes… On peine à exposer sa marchandise…. Les articles de cérémonie prennent place à l’extérieur des magasins… On

avance encore plus que d’habitude… On occupe carrément le passage. Le vendeur accroche quelques articles... Elles tombent… Embarrassé, il les remet à leur

place et elle retombe…. Et cela s’éternise… Il paraît anéanti… C’est le Ramadan. « Les gents sont affaiblies par le Ramadan » nous dit un interviewé.

Scène 2

Comme tous les fêtards, la place veille et peine à se réveiller. Il est déjà onze heure passé. La place met sa plus belle parure… Les lampadaires restants sont déguisés, revêtues d’une couverture en rose fluo…. Ceux qui escortaient l’arc ont été amputés il y a deux jours ; En contre partie, trois poteaux s’élèvent hauts, comportant chacun six projecteurs : Deux d’entre eux se font face au centre de la place et un à droite de l’arc.

Même dépeuplée, la place, ne peut s’en passer de ses garde-corps, tout comme ses lampadaires. Les agents de sécurités sont éparpillés de la même façon réfléchie et bien étudiée : sur la placette adossé au poteaux d’éclairage public, ou adossé au mur des terrasses de café devant l’arc, du côté des boutiques d’articles de cérémonie et devant l’ancien consulat. On contemple les passants, on sourit aux belles filles et on interpelle quelques uns pour ‘vérifier leur identité’. «Ils n’ont rien d’autre à faire » comme le dit certains interviewés.

Scène 3

Ce n’est que vers douze heures que la place retrouve son activité quotidienne : le mouvement qui ne s’arrête pas, les petites masses cubiques sont occupées, les bords des bacs à fleurs aussi, on s’installe même sur les marches des terrasses des café désertes.

On retrouve les klaxons des voitures, les cris des louagistes, les bourdonnements des passants….

Seuls les restaurants et les cafés restent discrets. Le spectacle diurne s’avère populaire. Les « sièges » en orchestre sont totalement occupés, tandis que les balcons et les baignoires demeurent réservés aux spectacles nocturnes.

Ceci dit, les acteurs se faufilent dans les coulisses, les cafés maures accueillent discrètement leurs habitués ; Les rideaux baissés, on ne peut voir ce qui se passe, mais on peut remarquer des entrants et des sortants.

Cependant, le réveil tardif de la place ne l’empêche pas de retrouver ses scènes quotidiennes.

Acte 1 : L’attente et le rendez- vous

Scène 1

Deux jeunes filles, d’une vingtaine d’année, voilées, assises sur les bords des bacs à fleurs devant l’ancien consulat. Elles bavardent,… contemplent les passants,... admirent la fontaine,… Une demi heure après elles changent de positions et s’installent du côté droit de la porte, ‘ un regard frontal de la place’ .Un entretien avec l’une d’entre elles, révèle que l’une est algérienne, habite les environs, et devrait rentrer dans quelques heures ; et que son amie habite Elmourouj et est venue pour la « saluer ».

Je les retrouve vers douze heures sur les bords des bacs à fleurs devant l’ancien consulat… Puis je les vois s’embrasser et chacune s’en va d’un côté, … Comme quoi la place fut leurs lieux de rencontre et d’adieux.

Scène 2

Deux jeunes filles installées sur les bords des bacs à fleurs devant l’ancienne consulat, une petite valise entre les pieds, elles jouent avec, bavardent entre elles, et regardent à droite et à gauche…puis voilà qu’il surgit…ils s’embrassent, s’enlacent et repartent à la direction de l’avenue Eldjazira…

Scène 3

Une femme d’un certain âge, se tient debout devant la porte. Face à la fontaine, le regard perdu, un couffin débordé à ses pieds, elle ne voit pas le temps passer.

Au bout d’un long moment elle change de position et vient s’adosser au grand bac à fleurs devant les boutiques des articles de cérémonies. Elle parait attendre quelqu'un mais ne s’impatiente pas, … elle balaye les passants d’un regard insouciant… encore une fois elle ne voit pas le temps passer….

Elle avance vers le milieu de la place, regarde un peu partout, mais ne cherche pas à connaître l’heure, je ne vois entre ses mains ni portable ni montre et je ne la vois aborder personne,… et elle ne voit pas le temps passer…

Je flâne des yeux, je remarque une autre femme, d’un autre genre, plus jeune et plus moderne, sous l’arc. Elle ne peut tenir en place, regarde un peu partout, s’empare du portable… elle parait très impatiente… décidément celle là bouge trop sur la même place...

Je flâne encore une fois des yeux, je cherche la première femme et je ne la retrouve pas…. cette fois ci c’est moi qui ne vois pas le temps passer….

Scène 4

Assis sur le bord du grand bac à fleurs devant les boutiques des articles de cérémonie, il contemple les passants, un regard,… un sourire,… « Salut Am Hmed », « Mazelt Elbarka »,… « Salut Khouya, ça va »…, Il paraît un habitué de la place.

Derrière lui, sous le palmier un grand sachet noir… c’est sa marchandise …il attend que les agents de sécurité disparaissent… ou en faire semblant… ou de lui faire signe. Il veut exposer sa marchandise, …mais ceci traîne encore … il m’interpelle… et je lui fais un entretien.

Il attire mon attention sur ses deux oncles, l’un assit sur les petites masses cubiques, l’autre adossé à un chariot devant les toilettes publiques. Tous deux attendent ‘la miséricorde devine’.

C’était vers onze heure à peu près… je rentre vers quatorze heure et je les laisse derrière mois dans le même état…

Acte 2 : La détente et le repos

Scène 1

Sur les marches des terrasses à cafés trois hommes sont assis, je ne sais pas s’ils sont arrivés ensemble ou à tour de rôle… ils bavardent, et promènent leurs regard et ils passent la matinée ainsi,… je ne sais même pas quand ou vers quelle direction ils ont quitté la place…

Scène 2

Une dame paraît épuisée, trois filles l’entourent sur les bords des bacs à fleurs devant l’ancienne consulat,… des sachets noirs à la main,… la tête baissée… le regard fixe sur le sol… à savoir ce qui lui passe par la tête … ‘ C’est bientôt l’Aid…’

La scène ne dure que peu de temps et elles reprennent le chemin en direction des souks.

Acte 3 : La découverte

Scène 1

Un groupe de touriste arrive sur la place, ils entourent leur guide… on est attentif à tous ses gestes et ses paroles…il prononce ses sacrés paroles à propos de la place, sa porte et son historique puis leur fait signe de ‘disposer’…ils se dispersent,… se prennent en photos devant la porte, ou devant la fontaine jaillissante… en groupe ou en solo… puis flânent vers les souks…les négociations commencent déjà avant d’y pénétrer…

Le temps s’écoule et les touristes se retrouvent sur la place de nouveau, certains qui paraissent avoir oublié de se prendre en photos, se rattrapent maintenant… le guide arrive et ils reprennent le chemin vers une nouvelle découverte…

Scène 2

Des enfants avec leurs parents, les yeux fixées sur la fontaine : on admire, ou on découvre l’eau qui jaillit de ‘nulle part’… on se détache difficilement… ‘C’est drôle cette eau qui parvient du sol’… On aimerait bien jouer avec mais les parents sont toujours pressés…

Certains enfants, dont les parents sont moins pressés, se prennent même en photos devant la fontaine ; D’autres profitent du moment de pause de leurs mères pour jouer autour.

Clôture : La pause

Vers seize heures, la scène se dépeuple,… les boutiques ferment leurs portes, … les passants se font très rares,… dans une heure c’est la rupture du jeûne… des enfants surgissent de toutes parts, se départagent en deux équipes et entament un match de football qui ne s’arrête qu’à l’heure de l’appel à la prière du Moghreb

Soudain la place qui toute à l’heure grouillait de gens se déserte et retrouve un moment de calme éphémère.