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II La première phase du confl it.

A - Les prémices.

Les Anglais continuent leurs attaques visant à déstabiliser le pays par des raids ponctuels et des descentes sur les côtes. C’est dans ce contexte tendu que des tensions des affrontements ponctuels peuvent dégénérer en affrontements ouverts. Les Français et les Anglais s’affrontent en Guyenne lors de la Guerre de Saint-Sardos51. Le siège de La Réole, en 1324 constitue des préliminaires inquiétants et implique non seulement le sud-ouest, mais aussi plus généralement tous les pays de l’ouest. Ainsi, en Juin 1324, Charles IV le Bel octroie sa sauvegarde à l’évêque et au chapitre de Saintes quand la situation se tend au point d’en arriver à l’affrontement armé. Charles le Bel a en effet, à la suite de la Guerre de Saint Sardos, prononcé la saisine de la ville de Saintes. A l’automne 1324, la ville de Saintes est aux mains des Français. Le capitaine anglais de la ville, John Felton déplore dans sa correspondance le manque d’effi cacité de la défense qui devait être assurée par le comte de Kent52 depuis Bordeaux. Le problème des Anglais, à ce moment précis, est un contexte de politique intérieure particulier. En pleine révolte dynastique, ils négligent leurs possessions françaises53. Le comte de Kent débarque à 51 Dans la chronique d’Adam Murimuth, les responsabilités directes de l’entourage du roi de France ainsi que

le problème de la non prestation de l’hommage sont mises en cause« Circa hoc tempus rex Franciae misit dominum Karolum de Valoys, patruum suum, in Vasconiam cum magno exercitu, ad invadendum possessionem totius ducatus Aquitaniae, pro eo quod rex Angliae non venit ad faciendum homagium suum pro ducatu et comitatu Pontivi, quem seysivit ; ad quod faciendum fuit vocatus, sicut est superius expressum. Cui domine Karolo venit obviam Edmundus de Wodestock, frater regis Angliae et comes Canciae, (…), postea destinatis ; et in quantum potuerunt resistebant. Sed fi naliter, postquam dictus Karolus, nullo resistente, totam Agenam et illas partes equitaverat et seysivit usque ad villam de Regula, in qua fuit dictus comes Canciae tenens villam ad tempus, infra quod possent de pace tractare, et reddita illa villa, utraque pars ad propria remeavit. » E. Maunde Thompson (éd. ), Adae Murimuth continuatio Chronicarum Robertus de Avesbury de Gestis Mirabilibus Regis Edwardi Tertii , Londres, Eyre and Spottiswoode, 1889, p. 42. La Gesta Ewardi de Carnarvan, même si elle présente une chronologie inexacte, évoque les mêmes faits. La cause de la guerre est bien le défaut d’hommage : « Anno domini M°CCC°XX°IIII° orta est discordia inter reges Angliae et Franciae pro homagio ducatus Wasconiae, quod qui rex Angliae distulit facere, sicut fi eri consuevit, rex Franciae non modicam partem Wasconiae invasit, diversas villas et civitates ejusdem in regis Angliae praejudicium occupavit. […] Anno domini millesimo CCC°XX°Vt° missi sunt per dominum regem et magnates terrae ad Wasconiam, in protectionem et defensionem ejusdem, Edmundus comes Cantiae germanus regis, et dominus Johannes, comes Warennicae, cum multis equitibus et armatis ; sed valde modiam profuerunt. » W. Stubbs (éd), Gesta Edwardi de Carnarvan, dans Chronicle of the reigns of Edward I and Edward II, vol. 2, Londres, Longmann, 1882, p. 84. La place forte de Saint-Sardos appartient au prieur de Sarlat, mais est incluse dans la Guyenne du Plantagenêt. Charles IV, pour répondre à la non prestation d’hommage d’Edouard II, fait occuper Saint-Sardos, appartenant au prieur de Sarlat, incluse dans la Guyenne du Plantagenêt. Les agents d’Edouard II reprennent la place et font pendre les agents du roi de France. C’est le prétexte que le roi de France utilise pour pratiquer la saisine (qui, contrairement à la commise, est une saisie temporaire) du Duché de Guyenne, le 1er juillet 1324. Edouard II envoie alors son demi-frère Edmond de Woodstock (1301-1300), comte de Kent, pour mettre de l’ordre dans les affaires de Gascogne, puis ensuite sa femme Isabelle et son fi ls aîné Edouard, pour régler le problème de l’hommage. Adam de Murimuth met alors directement en cause le roi Edouard II, qui en suivant de mauvais conseillers, n’a pas pris au sérieux les menaces du roi de France, que les émissaires de celui-ci lui avaient pourtant faites en 1323 : « Super qua monitione sive citatione dictus dominus Andraes de Florencia, qui fuit notarius, fecit publicum instrumentum, virtute cujus rex Franciae fecit processum contra regem Angliae, et terras multas Vasconia seysiri, sicut inferius apparebit, et totum in poenam contumaciae regis Angliae, qui fuit informatus per malos consiliarios quod ipsum praefata citatio seu monitio non artabat. »

E. Maunde Thompson (éd. ), Adae Murimuth continuatio Chronicarum Robertus de Avesbury de Gestis Mirabilibus Regis Edwardi Tertii , Londres, Eyre and Spottiswoode, 1889, p. 39.

52 voir arbre généalogique des Plantagenêts en annexes.

53 En effet la tension existant entre les hauts barons d’Angleterre et leur souverain a déjà éclatée en 1321. Edouard II a essuyé une première révolte qui a poussé la famille de son favori Hugh Le Despenser, hors du champ politique. Ce rejet n’a été que temporaire. La politique du roi d’Angleterre suscite de plus en plus d’hostilité et au sein de sa cour même certains de ses barons proclament hautement leur opposition. Ainsi, Roger Mortimer se révolte contre son roi, est emprisonné, s’évade et gagne le continent d’où il tente de rallier d’autres grands à sa cause. Le roi d’Angleterre a donc fort à faire en cette année 1324, et ne s’occupe pas véritablement de ses possessions d’Aquitaine pour lesquelles il a refusé de prêter hommage.

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Bordeaux le 3 octobre 1324, et remonte vers Saintes avec 40 hommes d’armes et 50 hommes de pied. La ville est perdue jusqu’aux portes du château. En janvier 1325, une attaque française est attendue. La garnison du capitole forte de 34 hommes d’armes, 20 hobelours (archers montés) et 60 hommes de pied, se défend. Pour affamer encore plus les Anglais, le maréchal français Mouton de Blainville interdit aux Saintais de vendre des vivres aux Anglais, sous peine de mesures de rétorsion exemplaires. La situation ne semble pas changer dans les deux ans qui suivent, mais à la suite d’un raid très destructeur sur Saintes, la ville est restituée, meurtrie, détruite, à son légitime seigneur le roi-duc.

La ville est également au centre des luttes consécutives à la confi scation de la Guyenne. La restitution de cette terre traîne en longueur. Le comte Charles d’Alençon, apparemment à son initiative personnelle décide de raser la ville. Edouard III proteste énergiquement, mais le messager de Philippe VI est arrivé trop tard selon le roi de France pour éviter la catastrophe. Il promet de verser une indemnité de 30000 livres tournois pour la destruction de la ville. Le 13 avril 1331, il ordonne de restituer « sans délai, le chastel et le bourg » au sénéchal de Gascogne. Le 4 Juillet 1331, la ville revient aux Anglais. En février 1332, le connétable de Bordeaux reçoit l’ordre de réparer le château. Pendant 38 ans et avant même le confl it « offi ciel » la ville de Saintes aura été reprise trois fois et sera restée une douzaine d’années sous l’autorité du roi de France. On peut voir à travers cet exemple que le temps de paix n’existe pas en ce qui concerne les Pays de l’Ouest. Ils sont non seulement au centre des intérêts de leur souverain, mais sont aussi en première ligne de la politique territoriale de l’époque.

Ces régions ne connaissent pas la paix. Elles représentent un enjeu économique, territorial et légal ce qui les place au centre du confl it.

Les Pays de l’Ouest servent par ailleurs véritablement à Edouard III. Lors de la Guerre de Saint Sardos, ils ont permis de déstabiliser le pouvoir paternel contre lequel sa mère serait ensuite en révolte54. Ensuite, ils lui servent de détonateur à un confl it plus général. Ils sont un pion dans une logique d’affrontement entre les deux souverains, un prétexte usé et utilisé par l’un ou l’autre, une menace utile qui sert de plus grands desseins.

B - Les débuts du confl it.

Le confl it renaît en 1336, le roi d’Angleterre tente de déstabiliser son ennemi le roi de France en Flandre.

Il prépare le confl it en déstabilisant la Flandre en obligeant les Flamands à choisir un camp ou un autre. Les laines anglaises ne sont plus transmises en Flandre dès la fi n de 1336, et les ouvriers étrangers se retrouvent dotés de privilèges pour venir s’établir dans les villes anglaises. L’importation de draps étrangers est interdite. Les Anglais tiennent leur blocus. De plus, en mettant ainsi les villes fl amandes sous pression ils sont en train de se constituer des soutiens et des alliances indispensables. Le roi d’Angleterre creuse un fossé entre les villes drapantes elles-mêmes et crée également une tension artifi cielle. Le roi de France tente aussi de déstabiliser son ennemi et utilise son point faible l’Ecosse, en massant sa fl otte au niveau des côtes écossaises et en relançant les oppositions existant contre Edouard II dans ce pays qui pose problème aux Plantagenêts depuis la fi n du XIIIe siècle.

C’est ainsi que l’on peut mieux appréhender la problématique de la Guerre de Cent Ans.

54 Isabelle de France, 1292-1358, sous le prétexte de négocier avec son frère les conditions de prestation d’hommage, se rend en France en 1325 et se met, ainsi que son fi ls Edouard sous la protection de son frère le roi de France.

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Il ne s’agit pas seulement d’une opposition autour des Pays de l’Ouest, même s’ils sont au centre de l’opposition entre les deux rois. Il s’agit d’une opposition plus large, plus générale des deux pays. Chacun utilise la politique étrangère de l’autre pour pouvoir le déstabiliser : la Flandre et la Bretagne55 pour le roi de France, l’Ecosse pour le roi d’Angleterre. Les deux souverains jouent donc un jeu habile mais utilisent leur lien féodal comme prétexte pour créer l’affrontement. C’est donc sur le territoire commun, la Guyenne, que vont se cristalliser les confl its. L’absence totale de conscience nationale empêche les deux souverains d’aller jusqu’au bout de leur logique de déstabilisation. Ils pourraient en effet évoquer la politique des alliances de leur adversaire pour pouvoir justifi er leurs confrontations. Mais le fait est qu’ils n’ont pas le sentiment de constituer des nations, même s’il y a un début de logique qui se met en place dans ce sens. Les rois réagissent encore en grands féodaux et pas encore en représentants d’une entité territoriale animée par les mêmes desseins.

Le 24 mai 1337, Edouard III est condamné puisqu’il a refusé de comparaître devant la Chambre des Pairs pour répondre de ses actes. Philippe VI prononce alors la commise du fi ef.

La tension extrême qui couvait depuis la confi scation des territoires par Charles IV le Bel éclate véritablement en 1337. A la Toussaint l’évêque de Lincoln est porteur d’une lettre destinée à « Philippe de Valois, qui se dit roi de France »56. Le terme est en lui-même une déclaration de guerre. C’est une remise en cause de la légitimité de Philippe VI. Ce n’est pourtant qu’une pure provocation. Jamais auparavant le roi d’Angleterre n’avait revendiqué la couronne de France. Même si la jeune dynastie des Valois n’est pas encore bien établie, jamais il n’est apparu comme possible ou même envisageable que le roi d’Angleterre hérite aussi de la couronne de France au nom des droits que pouvait posséder sa mère en tant que fi lle de Philippe IV. Le Parlement lui débloque des fonds pour une expédition qui devait avoir lieu fi n 1337. Mais cette dernière est ajournée. La raison évoquée est une trêve réclamée par le pape. Cette dernière est néanmoins rompue au printemps 1339.

Les mers connaissent, ainsi que les côtes, les premiers assauts des combattants. La peur règne sur les côtes de Gascogne, du Sussex, du Devonshire. Chacun des souverains a pour but de déstabiliser l’autre. Les actes de piraterie et les affrontements navals émaillent les premières années du confl it. En plus de ces affrontements en mers, on constate la multiplication des « raids », qui consistent en de brefs débarquements, des incendies, comme ceux que connaissent Blaye, Portsmouth, Southampton, Plymouth…Les villes anglaises ne sont en effet pas épargnées, pas plus que les soutiens des Anglais sur le continent. En Flandre, cinq des plus belles galées anglaises sont coulées en 1340.

La mer et ses abords ont un rôle prépondérant dans cette phase du confl it. En effet, les deux belligérants cherchent l’un à interdire l’accès aux côtes et au royaume, l’autre à franchir cet obstacle. La formation des fl ottes s’appuie sur la participation active des habitants des régions côtières de chacun des deux belligérants, ainsi que cela est précisé dans la Chroniques des 55 La guerre de succession de Bretagne est un excellent moyen de déstabiliser durablement le roi de France sur son sol. Jean III n’a en effet pas d’enfant légitime. Il a le projet de laisser la Bretagne au roi de France, mais rencontre l’opposition des Bretons. Face aux deux héritiers présomptifs, Jeanne de Penthièvre, fi lle de Guy de Penthièvre, second frère de Jean III, et Jean de Montfort, son autre frère, le roi de France soutient Jeanne de Penthièvre. La crise est ouverte en 1341, lors de la mort de Jean III. Jean de Montfort refuse de se soumettre, met à pied des barons bretons récalcitrants et qui auraient plus intérêt à avoir une duchesse faible, pour maintenir leur pouvoir intact. Il ne tente même pas de prêter hommage à Philippe VI, mais va directement à Windsor pour prêter hommage à Edouard III. Convoqué à son retour devant la cour des pairs, il s’enfuit, mais est à nouveau fait prisonnier par le jeune duc Jean. En 1342, Edouard III mène une première intervention en Bretagne. Après la mort de Jean IV en 1345, les Anglais prennent le duché sous tutelle et se servent de la Bretagne comme tête de pont avancée pour leurs actions en France, d’autant que la veuve de Jean IV perd peu à peu la raison. M. Jones, la Bretagne Ducale, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 1998.

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Quatre Premiers Valois : « mille hommes de la mer de la côte de Normandie et de Picardie », composent la base de la fl otte française57. Si les fl ottes sont préparées activement, on se concentre assez peu sur les fortifi cations côtières. Cette attitude est révélatrice de la confi ance que le commandement capétien met dans sa puissance et montre également un certain aveuglement, car les places fortes côtières ne sont pas assez bien défendues. Elles sont en danger, et les batailles à venir vont le démontrer de cruelle manière. Lors des premiers engagements, ce sont d’abord les iles qui subissent les attaques. Elles sont le théâtre des premiers affrontements, des premiers « tests » auxquels se livrent Anglais et Français. Ces débarquements préliminaires confi rment que les deux puissances navales font jeu relativement égal, dans cette première phase de la guerre. L’insécurité en mer est palpable, maintenue par la guerre de course primitive que se livrent Anglais et Français aux dépens de leurs marchands respectifs. Le Parlement anglais se trouve ainsi de nombreuses fois saisi de pétitions émanant de marchands et doit prendre des mesures leur interdisant la navigation pour pouvoir les mettre en sécurité58. C’est pourtant de la mer que viendra la première défaite française. Le 24 juin 1340 a lieu la bataille de l’Ecluse. La fl otte du roi de France quitte Harfl eur et le Crotoy dans les derniers jours de mai. Au début du mois de juin, 200 bateaux bloquent l’avant-port de l’Ecluse et bloquent donc Bruges. L’idée est de barrer la route aux Anglais. Tous les navires sont donc amarrés. Seules quatre nefs sont libres. Il n’y a pas dans cette bataille de tentative de bataille navale. C’est l’erreur fondamentale que font les Français. Ils ne voient dans les galées que des moyens, des outils ce qui limite fortement leur utilité. On le constate effectivement en s’intéressant à la composition des équipages. La même chronique, après avoir donné un aperçu de la composition de la fl otte du roi de France détaille les hommes qui en constituent l’équipage : ce sont « des hommes d’armes, des arbalestriers »59spécialisés dans l’assaut terrestre. Le bateau n’est donc qu’un lieu de combat pour le souverain médiéval. Le navire n’est pas un outil du combat : c’est un prolongement du sol. La bataille de l’Ecluse montre bien la limite de cette conception. L’armée anglaise arrive par la mer et est également mise en « barrage ». Le héraut Chandos est tout à fait explicite : le roi d’Angleterre a mis « une armée sur la mer »60. Les différentes chroniques fournissent des précisions sur la composition des états-majors : l’armée française est dirigée par Charles de la Gouvande, Hue Quierest, Nicolas Béhuchet, monseigneur Pierre d’Estelaus61, et Barbevaires62. Les Anglais sont, quant à eux, menés par leur roi, qui engage auprès de lui le comte de Hautonne, le comte de Gloucester, le comte de Warwick, les comtes de Lincoln, d’Arrundel, et de « Lousciere », sûrement Lancastre. L’armée française est donc plus professionnalisée, même si on peut voir dans l’insistance de l’auteur de la Chronique des Premiers Valois à citer les noms prestigieux des combattants anglais, un moyen de limiter la portée de la défaite française. Cette dernière devient dès lors moins honteuse, puisque l’armée

57 S. Luce (ed. ), Chronique des Quatre Premiers Valois (1327-1393), Société pour l’Histoire de France, Renouard, Paris, 1861, p. 9. M. Russon, les Côtes Guerrières. Mer, guerre et pouvoirs au Moyen Ag. France-Façade océanique (XIIIe-XVe), Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2004, p. 47.

58 « Item, que mandez soit tote portez ces Amyrals, q’il facent areter totes les autres Niefs qui purront passer la Meer, q’il ne aillent pas sur meer pur doute des Enemys. Et de garnir ceux a qi les Niefs sount, q’il amenent ou facent amener les dites petites Niefs es Havenes & lieux ou eles purront mieltz estre salvetz des Enemys. », 1339, 13 Ed. III, Rotuli Parliamentorum ut et Placita in Parliamento tempore Edwardi Regi III, tome II, Londres, 1767- 1783, page 108, texte 14.

59 Chronique des Quatre Premiers Valois, op. cit, page 9.

60 F. Michel (éd), Le Prince Noir, poème du Héraut d’armes Chandos, Londres, J-G Fotheringham, 1883, vers 478, p. 31.

61 Chronique des Quatre Premiers Valois, op. cit. , p. 10.

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adverse était formée de seigneurs de haut rang, qui étaient aussi des combattants de choix63. Toutes les chroniques insistent sur « l’engagement » des combattants. Pour l’auteur de la Chronique normande, la bataille était « grande et merveilleuse »64.

Quant au héraut Chandos, sa description de la bataille tient en trois vers, lapidaires : « Maint bon home mort,

Mainte nief gaignée,

Mainte prise et maint percée »65

L’auteur de la Chronique des Quatre Premiers Valois insiste là aussi très fortement sur les lourdes pertes que subit le côté anglais (« quatre comtes, plus de vingt-quatre barons et plus de cent chevaliers… »). Il insiste aussi particulièrement sur le personnage de Pierre d’Estelaus, qui tue de sa main (il est, selon les mots de l’auteur, « aussi fort qu’un géant »), plus de cent Anglais. Ces précisions sont, là encore, à double sens. L’auteur préfère décrire des exploits