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Les sources littéraires permettent de fournir un éclairage différent sur la réalité des faits et d’en préciser certains. Beaucoup de faits ne sont mentionnés que dans les chroniques et ces dernières ont donc une richesse particulière. L’apport des chroniques reste inégal, mais indispensable pour une véritable mise en perspective des faits. Elles permettent aussi de confronter les points de vue, anglais et français, sur certains événements. Nous avons donc procédé, pour certains moments cruciaux de notre étude où la chronologie des faits était fondamentale, à une étude comparée des chroniques : les tentatives de conquête du Poitou en 1346, la Bataille de Poitiers en 1356, la phase de reconquête sont autant de moments qui nécéssitent un croisement effi cace des informations fournies dans les chroniques.

On peut faire plusieurs distinctions : il faut tout d’abord séparer les chroniques locales des chroniques nationales. Ensuite, parmi les chroniques nationales, il faut faire une sélection entre les chroniques « anglaises » et les chroniques « françaises ». Le regard du chroniqueur, par défi nition contemporain des faits qu’il expose, est souvent conditionné par son appartenance à tel ou tel sensibilité. Les faits mentionnés le sont de manière différentes, et certains acteurs évoqués dans quelques textes, sont absents d’autres textes. Il est donc fondamental de confronter les regards, les opinions, les jugements, et de garder à l’esprit que la chronique, même la plus objective est un point de vue partisan sur un ensemble de faits.

A - Les chroniques nationales.

1) Le point de vue anglais.

a - La Chronique de Jean le Bel

La chronique de Jean le Bel est une des chroniques importantes du XIVe siècle concernant la

Guerre de Cent Ans, du point de vue anglais.

L’auteur de cette chronique serait né vers 1290, à Liège. On ne sait rien de sa jeunesse ou de sa formation. On sait seulement qu’il fut chanoine de Saint-Laurent de Liège en 1313.

Certains chroniqueurs, l’ayant connu, nous fournissent des renseignements sur Jean le Bel. Ainsi, Jacques de Henricourt en trace un portrait dans son Miroir des Nobles de Hesbaye. Jean d’Outremeuse nous apporte également quelques précisions sur sa vie : il affi rme ainsi que c’est Jean de Hainaut, dont il était l’un des familiers, qui l’engagea à écrire sa chronique. Ce dernier paraît avoir été également sa principale source : Jean le Bel n’aurait en effet utilisé que des sources orales.

« Je veul mectre paine et entente, quant je pourray avoir loisir d’escrire par prose ce que je ay veu et ouy recorder par ceulx qui ont esté là où je n’ay pas esté, au plus prez de la vérité que je pourray, selonc la mémoire que Dieu m’a presté, et au plus brief que je pourray, sans nulluy

placquier. »35

Son but est avant tout de raconter « la vraye hystoire du proeu et gentil roy Edowart. »36

Le style clair de l’auteur et son regard parfois sans complaisance pour le roi Edouard III font

35 J. Viard, E. Desprez (ed), Chronique de Jean le Bel, Société de l’Histoire de France, Renouard, Paris, tome 1, 1905, p. XIX.

36 J. Viard, E. Desprez (éd), Chronique de Jean le Bel, Société de l’Histoire de France, Renouard, Paris, tome 1, 1905, p. XXV.

de cette chronique, écrite en français, un document intéressant bien que sa chronologie soit parfois inexacte ou imprécise. L’intérêt de cette chronique est également d’avoir constitué pour Froissart un apport non négligeable pour la rédaction de ses propres chroniques. Ainsi, comme le soulignent Jules Viard et Eugène Desprez en introduction à leur édition de la chronique : « Froissart avait, on peut le dire, absorbé l’œuvre de Jean le Bel et l’avait fait passer toute

entière dans ses chroniques, qu’il prolongea jusqu’à l’extrême fi n du XIVe siècle ». 37

b - Les Chroniques de Froissart38

Né en 1337 à Valenciennes, en Hainaut, Froissart est issu d’un milieu de marchands. Il embrasse une carrière cléricale et rentre au service de Philippa de Hainaut, fi lle de Guillaume 1er de Hainaut et épouse d’Edouard III, en 1361. Il y restera jusqu’en 1369. Elle lui sert de protectrice et lui permet de fréquenter beaucoup de personnes qui lui serviront pour la rédaction de ses Chroniques. L’objectif de Froissart est de retracer pour le public noble « les grandes guerres » que connurent la France, l’Angleterre et d’autres pays de 1327 à 1400. Il a par la suite d’autres protecteurs comme Robert de Namur, Wenceslas de Luxembourg, duc de Brabant, et enfi n Guy de Blois.

On peut affi rmer que jusqu’aux années 1360, Froissart se sert principalement de la Chronique de Jean le Bel. Il utilise également des témoignages oraux, dont il dispose grâce à sa fréquentation de la cour d’Angleterre. Cette première partie pêche donc sur de nombreux points, car les témoins eux-mêmes, rapportant des faits vieux de plusieurs dizaines d’années, sont sujets à des confusions.

La deuxième partie de ses Chroniques bénéfi cient de sa propre expérience et de sa connaissance personnelle des faits. Froissart voyage en effet beaucoup dans le sillage de la reine Philippa, ce qui lui permet d’être le témoin oculaire de certains faits qu’il rapporte. Ses Chroniques ont une valeur littéraire et historique importante, bien que Froissart commette parfois des erreurs chronologiques. Il meurt vers 1404, non sans avoir procédé à de multiples remaniements de son texte.

Les Chroniques de Froissart sont une source de première importance pour la connaissance

générale du XIVe siècle et constituent donc un apport considérable à notre recherche.

c - La Chronica Johannis de Reading et Anonymi Cantuariensis39

Cette chronique (rédigée en latin), même si elle apporte peu de connaissances sur le confl it en Poitou, est néanmoins nécessaire à la connaissance de l’Histoire de l’Angleterre. On sait peu de choses sur son auteur qui apparaît sur les listes de l’Abbaye de Westminster pour la première fois en 1339-1340. Le brusque arrêt de la chronique en 1367 porte à croire que l’auteur serait mort vers 1368-1369.

Il semble qu’il avait acquis une place de choix dans son monastère, ce qui lui a sans doute permis d’obtenir de nombreux renseignements utiles à sa rédaction. Son style demeure confus et peu clair. Il se perd souvent dans des précisions anecdotiques.

Cette chronique est donc d’une importance secondaire par rapport aux précédentes.

37 J. Viard, E. Desprez (éd), Chronique de Jean le Bel, Société de l’Histoire de France, Renouard, Paris, tome 1, 1905, p. XXXV.

38 L’idéal est bien sûr de croiser les principales éditions de Froissart : Kervyn de Lettenhove (éd), les Chroniques de Froissart, 28 vols. , Bruxelles, 1867-1877 et Paris 1869-1875 ; S. Luce (éd), Chroniques de Jean Froissart, Société de l’Histoire de France, Renouard, Paris, 1869-1872. On peut également consulter G. T. Diller (éd) les Chroniques de Froissart, 4 vols. , 1991-1993.

d - Les autres chroniques anglaises.

Eulogium (Historiarum sive temporis) : Chronicon ab orbe condito usque ad annum

domini MCCCLXVI40.

Il s’agit d’une chronique en latin, classique dans sa forme, puisqu’elle reprend pour la majeure partie du texte, des sources variées, compilées, pour retracer l’Histoire de l’humanité. La dernière partie du travail, sans doute rédigé par un contemporain des événements décrits, aborde la fi n du

XIVe siècle et le début du XVe, pour la continuation qui en a été faite. L’auteur est vraisemblablement

un moine de l’abbaye de Malmesbury, ou un moin dont l’établissement religieux se trouvait sus l’autorité de cette dernière. Attribuée par erreur à un moine de Canterbury, la chronique comporte

plus de renseignements concernant Malmesbury41. L’apport de cette chronique est ponctuel, mais

permet d’éclairer certains faits de la fi n de notre période.

Chronicon Angliae temporibus Edwardi II et Edwardi III, par Geoffrey le Baker de

Swinbroke42.

La chronique qui, classiquement, remonte aux origines et se termine à la Bataille de Poitiers. Pour le règne d’Edouard II, il s’agit plus ou moins d’une copie de la chronique de Thomas de la More. Geoffrye de Swinbroke affi rme d’ailleurs lui-même que son travail serait une copie en latin de la chronique de Thomas de la More, rédigée quant à elle en français. L’auteur est sans doute natif de Swinbroke, à côté de Burford, dans le Oxfordshire. Il était vraisemblablement chanoine d’une maison religieuse de Oseney. L’apport de sa chronique est surtout important pour la description des batailles et de leur déroulement.

Chronicon Adae Murimuth et continuatio chronicarum Robertus de Avesbury de gestis

mirabilibus Regis edwardi Tertii43.

L’auteur primitif, Adam Murimuth, est né vers 1274-1275. Il meurt en 1347. Il a sans doute fait ses études à Oxford et est docteur en droit civil dans sa 36 ème ou 37 ème année. Il a été envoyé en 1311 en mission en Avignon, et à partir de cette date fait des allers-retours réguliers entre la cour papale et Londres. Il a sûrement commencé sa rédaction en 1325, lorqu’il était chanoine de Saint-Paul. Sa chronique couvre une période allant de 1303 à 1347. Même si elle offre un intérêt limité pour le début de la période et aussi parce qu’il est assez lacunaire sur certains renseignements, la fi n de sa chronique est particulièrement intéressante. Elle porte sur les campagnes militaires se déroulant en France, et bien que son travail soit diffi cile à manier, puisqu’il fait commencer toutes les années à la Saint-Michel et se trouve donc en décallage avec la datation en vigueur, cette chronique apporte des renseignements intéressant.

La chronique de Robert de Avesbury représente quant à elle un intérêt spécifi que quoique limité. Apportant peu de précisions sur les affaires écclésiastiques, il s’agit d’une histoire militaire précise du règne d’Edouard III jusqu’en 1356. Bien qu’incomplète (quelques feuillets de la plus ancienne copie ont été perdus), on y trouve des renseignements intéressants, notamment la liste

des prisonniers et des morts, consécutifs à la Bataille de Poitiers44.

40 F. S. Aydon (éd), Eulogium (Historiarum sive temporis) : Chronicon ab orbe condito usque ad annum domini MCCCLXVI a monacho quodam Malmesburiensi exaratum accedutn continuations duae quarum una ad annum MVVVVXIII, altera ad annum MCCCCXC perducta est, Londres, 1858-1860.

41 F. S. Aydon, op. cit. , p. XXXV.

42 J. A. Giles, (éd), Galfridi le Baker de Swinbroke, Chronicon Angliae temporibus Edward II et Edwardi III, Londres, 1847.

43 E. Maunde Thompson, Chronicon Adae Murimuth et continuatio chronicarum Robertus de Avesbury de gestis mirabilibus Regis edwardi Tertii, Londres, 1889.

Chroniques portant sur les règnes d’ Edouard Ier et Edouard II :

Nous avons trouvé nécessaire de compléter certains faits par l’étude de chroniques portant sur les règnes des deux rois précédant Edouard III. Les Annales Londonienses et les Annales Paulini fournissent ainsi des renseignements ponctuels sur les deux règnes mentionnés. Il semble que le premier soit l’œuvre d’Adam Murimuth, alors que le deuxième texte serait l’œuvre d’un homme d’Eglise ayant eu accès à une chronique dont on trouve des extraits dans son texte. La chronique se termine en 1341. Elle couvre donc les premières années du règne d’Edouard III. D’autres chroniques portant sur Edouard II apportent des compléments ponctuels et utiles sur quelques

événements d’importance45.

e - Life of the Black Prince by the herald of sir John Chandos46.

L’auteur de ce poème est Chandos, le héraut de Jean Chandos. Il nourrit deux buts particuliers : décrire les faits, et faire l’apologie du prince, en mettant en avant sa prouesse et sa piété. Le héraut aurait vraisemblablement pris ses fonctions quand Chandos a reçu le rang de banneret (avec le territoire de Saint-Sauveur-le-Vicomte) en 1360. Il aurait été ensuite investi du « tabard » du comte de Buckingham et serait sans doute la personne mentionnée en 1382 comme « king of arms of Ireland, Chandos by name ».

Il s’agit sans doute d’une personne de discernement possédant adresse et expérience, ainsi qu’une certaine éducation.

Son poème, écrit en français, est constitué de 4280 vers. On peut distinguer deux parties:

- La première partie portant sur les campagnes françaises,

- La deuxième partie concernant l’épisode espagnol.

Les sources dont a disposé le héraut sont surtout orales : pour certains événements, il n’était pas lui-même présent et prenait donc ses renseignements auprès des nombreuses personnes de son entourage susceptibles de le renseigner.

Le poème n’offre aucun élément nouveau concernant l’histoire de la période avant la bataille de Poitiers (1356). La description de la bataille par contre est fort intéressante, car le héraut en est un témoin oculaire.

La deuxième partie du poème est d’un grand intérêt : le héraut fut le témoin des faits qu’il décrit et la manière dont il a travaillé accentue encore la qualité de cette partie. En effet, certaines listes de noms de combattants ont sans doute été faites sur le coup, ce qui donne à son témoignage une valeur particulière. Froissart se serait d’ailleurs inspiré de cette partie pour décrire la campagne

d’Espagne. 47

Néanmoins, on peut quand même émettre certaines réserves sur ce poème. L’auteur, malgré une certaine impartialité, nourrit en quelque sorte un but hagiographique. Il porte donc un regard indulgent sur les faits et gestes du Prince Noir. Par ailleurs, il commet de graves fautes de chronologie.

45 W. Stubbs (éd), Chronicles of the reigns of Edward I and Edward II, vols I et II, Londres, Longmann, 1883. Le deuxième volume contient surtout la Gesta Edwardi de Carnarvan, écrite par un chanoine du prieuré augustinien de Bridlington, dans le Yorkshire, et un autre chronique intitulée Vita et Mors Edwardii II, au but plus hagiographique.

46 M. K. Pope et E. C. Lodge (éd), Life of the Black Prince by the herald of sir John Chandos, Clarendon Press, Oxford, 1910. On peut aussi citer l’édition et la traduction en anglais du poème, présentée par Richard Barber, dans son étude de la vie et des campagnes du Prince Noir qu’il appuie sur des lettres, et sur des chroniques : R. Barber, The life and campaigns of the Black Prince, Londres, The Folio Society, 1979.

Malgré ces réserves, on peut dire que le poème du héraut Chandos est d’un intérêt considérable pour notre étude, car il offre parfois des précisions sur des faits ou des personnages d’importance

secondaires mais qui sont capitaux pour notre étude48. Il fournit ainsi une liste d’hommes

employés par le Prince en Gascogne, qui apporte des précisions d’un très grand intérêt. 49

2) Le point de vue français.

a - La Chronique du religieux de Saint–Denys50.

Cette chronique ne porte pas sur la totalité des événements nous concernant. Elle concerne exclusivement le règne de Charles VI, de 1380 à 1422.

Les différents travaux portant sur cette chronique démontrent avec une quasi certitude que

l’auteur de cette chronique serait Michel Pintoin, chantre de l’Abbaye de Saint-Denis51. On situe

sa naissance vers 1349. On ignore par contre de quelle région il est originaire : les précisions importantes qu’il donne dans sa chronique concernant les chevaliers picards amènent à penser qu’il serait originaire de Picardie. Les éléments concernant sa jeunesse sont inexistants. : On connaît par contre les différentes étapes de sa carrière :

- En 1368, il est moine à Saint-Denis,

- En 1381, ses responsabilités dans l’administration du temporel de l’abbaye le mènent

à Londres

- en 1394, il est prévôt de la Garenne (offi ce important de l’abbaye)

- en 1400, à la mort de Guillaume de Roquemont, il lui succède au poste de chantre.

Il dirige la bibliothèque de l’abbaye et continue d’écrire son œuvre, commencée sans doute au début du règne de Charles VI, à l’initiative de l’abbé de Saint-Denis, Guy de Monceaux. « En composant une nouvelle Chronique de France, il s’inscrit dans la tradition séculaire de

l’école dionysienne. »52

Ses infl uences sont diverses et constituées par les ouvrages du fond de la bibliothèque de Saint-Denis, comme les œuvres de Suger, ou celles de Rigord et de Guillaume le Breton. La forme de sa chronique est des plus classiques : utilisant le latin, il décrit les faits, année après année. Son style est relativement neutre, il veut décrire les événements sans en omettre un seul :

« Je ne me contenterai pas d’un récit fi dèle ; je dirai tout ce que la voix de ma carrière aura dicté à l’oreille de mon cœur ; je ne cacherai rien de tout ce qui, en ce règne, a été digne

d’éloge ou de blâme. »53

Ses sources sont de deux types : tout d’abord les informations qu’il a pu recueillir en personne 48 Ainsi, il donne des renseignements sur Guichard d’Angle, M. K. Pope et E. C. Lodge (éd) Life of the Black

Prince by the herald of sir John Chandos, p. 35-36, vers 1190-1200. Le texte est retranscrit en annexes.

49 M. K. Pope et E. C. Lodge (éd), Life of the Black Prince by the herald of sir John Chandos, p. 131-132, vers 4190 à 4252. Le texte est retranscrit en annexes.

50 Cette chronique a été retranscrite en latin et traduite par Louis Bellaguet en 1842. Elle a fait l’objet d’une réédition commentée par Bernard Guenée : Chronique du religieux de Saint-Denys, édition du Comité des Travaux historiques et scientifi ques, 1994. (s. l)

51 Nicole Grévy-Pons et Ezio Ornato, « Qui est l’auteur de la chronique latine de Charles VI, dite du religieux de Saint-Denis ? », in Bibliothèque de l’Ecole des Chartes, 134 (1976), p. 85-102.

52 L. Bellaguet (éd) , Chronique du religieux de Saint-Denys, Collection des documents inédits sur l’Histoire de France, Paris, Crapelet, 1839-1852, p. XIII.

et ensuite les informations fournis par des membres de la chancellerie royale, comme par

exemple Gontier Col54. Les lacunes de sa chronique portent surtout sur les événements auxquels

il n’a pas assisté, comme par exemple la bataille d’Azincourt, en 1415. Ainsi, les dix premières années de la chronique manquent de sérieux et de précision car Michel Pintoin ne bénéfi ciait pas d’une documentation intéressante. Par contre, les années suivantes sont nettement plus dignes de foi, car à partir de 1390 sa documentation est de qualité.

L’intérêt de cette chronique pour notre étude est donc d’offrir à la fois une connaissance générale des faits de la fi n de notre période et un regard français sur les événements.

b - La Chronique des Quatre Premier Valois (1327-1393) 55.

L’intérêt de cette chronique est d’offrir un regard français sur les mêmes événements que ceux mentionnés dans la chronique de Froissart, bien qu’aucune comparaison littéraire ne puisse être faite entre ces deux textes.

Des erreurs très nombreuses dans la narration en limitent par ailleurs l’intérêt.

L’auteur serait vraisemblablement un membre du clergé de Rouen, mais nous disposons de peu de renseignements sur lui. Ecrite en français, sa chronique est marquée par la modération quoiqu’il exprime parfois son opinion, par exemple sur le Traité de Brétigny «dont de fut grant

domaige pour le royaume de France. »56

L’intérêt pour notre étude n’est pas dans les précisions apportées par l’auteur sur les événements, mais plutôt dans le point de vue français qu’elle nous fournit.

c - La Chronique de Bertrand du Guesclin 57.

Cette chronique en vers sert de base à beaucoup de récits portant sur Du Guesclin. Ces différents récits sont contrairement à cette chronique, en prose. En effet, c’est sous cette forme plus accessible qu’elle a été transmise. Le style en est particulièrement ardu, ce qui explique que

ce soit la version en prose qui ait été retenue. Son premier éditeur, Claude Ménard, au XVIIe

siècle, est d’ailleurs dans sa présentation assez clair : « Le manuscrit n’a pour argument de sa recommandation que le simple narré des actions qu’il entreprend ; car par ailleurs sa rudesse