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Chapitre 1 : la répartition sociale des rôles

III. Hommes et femmes dans l’espace public en France et au Gabon

1. Présentation générale des deux pays et tour d’horizon des lois en faveur de

1.1. En France :

Composé d’environ 66,6 millions d’habitants (dont 51 % de femmes et 49 % d’hommes), la France est un pays dont l’histoire est fortement nourrie d’une multitude de luttes entre les différentes classes sociales. Hommes et femmes y entretiennent des relations de hiérarchie sociale dans lesquelles les uns ont souvent dominé les autres. Depuis la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne en 1791 par Olympe de Gouges8, jusqu’au vote de la loi pour une égalité réelle entre les hommes et les femmes9, nous pourrions penser à une amélioration de la situation des femmes. Le constat est plutôt désolant. En effet, ce n’est qu’au cours de ces dernières décennies que les choses ont véritablement évolué, même s’il reste encore beaucoup à faire. La multitude de lois et ordonnances allant dans le sens de la lutte contre les discriminations faites aux femmes dénote d’une certaine volonté des institutions de mettre un terme aux inégalités hommes femmes.

L’histoire des femmes est jalonnée de combats pour l’obtention de droits : droit de vote, droit de travailler, etc. Ces droits leur étaient refusés à cause de leur statut de femme, alors réduite à n’être qu’une propriété de l’homme, et n’ayant donc aucune existence propre. Dans un monde logiquement masculin, où l’homme représente la norme, la catégorie générique, la référence, le genre qui l’emporte sur l’autre lorsqu’il y a un pluriel mixte (Tavris, 1992), la femme était relayée au second plan. Il a donc fallu pour ces dernières, catégorie inférieure et dominée, de se battre pour obtenir la reconnaissance en tant qu’être humain à part entière, capable de réfléchir, de travailler toute seule et de disposer de son existence. Ce n’est qu’après différentes luttes qu’elles obtiennent certains droits. En France, nous avons par exemple l’obtention du droit de vote et d’éligibilité en 1944, ou bien plutôt, en 1924 avec l’uniformisation des programmes scolaires hommes et femmes avec la création d’un

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Ligue des droits de l’Homme : http://www.ldh-france.org/1791-DECLARATION-DES-DROITS-DE-LA/ 9

Adoptée en 2014 sous le numéro : LOI n° 2014-873 du 4 août 2014 pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes. Et consolidée au 27 septembre 2016.

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baccalauréat unique. Grâce à ces avancées historiques, nous pouvons observer aujourd’hui la progression du taux de scolarisation des jeunes filles, avec leur accès à certaines professions réservées à la base aux hommes (Conducteurs de machines de construction, ouvrier du bâtiment, pompier, électricien, etc.). Des améliorations qui interviennent après une série de contestations et de revendications des femmes elles-mêmes (avec l’aide des hommes qui avaient pris conscience de la nécessité de les intégrer dans la vie active de la société).

Plus récemment, plusieurs lois ont été votées par les autorités françaises afin d’améliorer la situation des femmes et cela dans plusieurs domaines d’activités. C’est notamment le cas en politique, avec la loi constitutionnelle de 2008 sur la parité dans les responsabilités professionnelles et sociales. Cette loi favorise, entre autres, l’égal accès des hommes et des femmes aux mandats électoraux et aux fonctions électives. Dans le monde de l’entreprise, le décret n° 2012-1408 du 18 décembre 2012, relatif à la mise en œuvre des obligations des entreprises pour l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes, renforce la pénalité qui pèse sur les entreprises qui ne respectent pas leurs obligations en matière d’égalité professionnelle pour tous10. Toutes ces mesures ne sont pas mises en place uniquement pour faciliter la promotion des femmes dans les espaces de la vie quotidienne, il s’agit aussi d’appliquer une sanction à ceux-là qui ne les respecteraient pas. La notion d’obligation de faire fait donc son apparition, même si nous sommes tentée de nous demander pourquoi en arriver à cet état des faits pour des choses qui devraient pourtant être appliquées sans la peur d’une éventuelle sanction. Telle est la situation qui prévaut encore de nos jours dans le contexte français.

1.2. Au Gabon

Peuplé de près de 1,8 million d’habitants (dont 51 % de femmes et 49 % d’hommes en 2015), le Gabon est un pays situé au centre ouest de l’Afrique. Son histoire est étroitement liée à celle de la France en tant qu’ancienne colonie française. Ses institutions manifestent jusque-là la volonté de lutter contre les discriminations faites aux femmes car elles représentent une grande partie de la force vive de la nation Gabonaise. En effet, elles sont légèrement plus nombreuses que les hommes, il est donc nécessaire de leur offrir un environnement socio-économique propice à leur épanouissement. Conscientes de cette

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Ministère des Familles, de l’Enfance et des droits des femmes (en ligne) http://www.familles-enfance-droitsdesfemmes.gouv.fr/le-nouveau-decret-sur-legalite-professionnelle-est-paru-au-journal-officiel/

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situation, les autorités gabonaises ont, à l’instar de la France, mis en place un dispositif légal constitué de plusieurs lois, ou de textes en faveur de la promotion de la femme.

Avant d’aborder les aspects des différents textes, il nous semble judicieux de faire un bref rappel historique sur l’évolution du travail des femmes au Gabon. Le but est de montrer qu’à l’instar de leurs homologues occidentales (Françaises), les Gabonaises sont passées par plusieurs étapes afin d’obtenir aujourd’hui ce statut de salarié, cette autonomie, et cette indépendance qui sont les leurs aujourd’hui. Leur histoire est fortement liée à l’évolution des sociétés, elle passe d’une vision traditionnelle et rurale à une vision plus moderne. Dans la perception traditionnelle et rurale, il ressort que la femme occupait principalement le rôle d’épouse et de mère et le père était pourvoyeur de ressources. Il faut dire que « les sociétés traditionnelles sont des sociétés où l’organisation du travail et la production de richesses matérielles sont destinées à la subsistance, avec des portions réservées aussi bien à l’alimentation qu’à la récolte prochaine, aux différentes cérémonies qu’à l’échange. Dans ces communautés, le fruit du travail de chacun est perceptible, ce qui confère au travail un caractère (re)valorisant » (Mayila Gawandji Oloundigolo, 2012, p.95). Chacun avait donc son rôle à jouer dans cette organisation.

La propension à la division sexuelle du travail est donc fortement intégrée, l’homme a ses prérogatives et la femme a les siennes. Cette division du travail se ressent encore aujourd’hui à travers les difficultés d’ascension professionnelle de la femme gabonaise aux charges domestiques de l’activité familiale. Sa part de responsabilité est restée très longtemps considérée comme du non-travail car non rémunérée. Le lien social était constitué à travers ces différents rôles et attribuait ainsi à chacun sa place dans le groupe. Au fil du temps, de nouvelles formes d’organisation se sont imbriquées dans la façon de faire des populations, entraînant ainsi de nouveaux comportements. Les jeunes filles ont obtenu leur accès à la scolarisation et par conséquent, leur intégration dans l’espace professionnel public les poussant très souvent à abandonner certains dogmes liés à la tradition comme la soumission et la dépendance à l’homme et en adopter d’autres comme l’émancipation et l’indépendance. En 2010, la signature de la déclaration de l’engagement à respecter la promotion des droits des femmes par les autorités gabonaises (par les membres des deux chambres du parlement), en collaboration avec le Fond des Nations Unies pour la Population (l’UNFPA), dénote du retard accumulé par le Gabon sur cette problématique. Cette action avait pour principal objectif de mettre un coup d’accélérateur dans la gestion des mesures promouvant la non-discrimination des femmes, par conséquent, le respect de leurs droits, de manière à établir une

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certaine égalité avec les hommes. Un ministère est spécialement dédié à la promotion des droits des femmes. Il a été créé grâce aux Organisations Non Gouvernementales (ONG) féminines regroupées afin de lutter pour une cause commune. Elles ont, suite à cela, mis en place un observatoire des droits des femmes et de la parité, dans le but de relever les exactions commises sur ces dernières et de les dénoncer par la même occasion pour une action plus efficace.

Les institutions gabonaises ont, au regard de tous ces éléments, la charge de mettre en place des conditions favorables au respect des droits des femmes et intégrer ainsi la dimension « genre » dans les programmes de développement. Il s’agit d’être en accord avec par exemple l’article 2 de la constitution gabonaise qui met en avant « l’égalité de tous les citoyens devant la loi, sans distinction d’origine, de race, de sexe, d’opinion ou de religion 11». Hommes et femmes devraient jouir des mêmes droits en tant que citoyens, mais cela semble être difficile à appliquer. Dans la perspective de gommer cet écart, plusieurs textes ont été votés, partant de la convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF) ratifiée en 1982, jusqu’au protocole relatif aux droits des femmes en Afrique de la charte africaine des droits de l’homme et des peuples en 2011. Ce texte adopté en juillet 2003 se focalise sur l’engagement des États africains à mettre un terme aux discriminations et violences faites aux femmes. Un autre objectif est également visé par ces différents textes de loi, ils s’inscrivent dans le cadre des politiques et programmes pour assurer l’autonomisation des femmes et une plus large participation de ces dernières dans la vie publique. Tout comme en France, ces mesures ont été mises en place dans divers domaines d’activités, notamment au niveau politique, législatif, économique et social.12 Il s’agit donc de promouvoir l’indépendance et l’épanouissement des femmes à travers une législation solide en termes de réglementations. Toutefois, nous remarquons malgré cela qu’il existe encore de gros écarts entre les hommes et les femmes dans plusieurs sphères de la vie sociétale. Ces écarts sont observables au niveau de la répartition des hommes et des femmes dans l’espace public français et gabonais.