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1 Présentation des personnes interviewées

Dans le document Td corrigé asile politique - HAL-SHS pdf (Page 121-124)

Le premier entretien a été mené avec une femme (mère au foyer) de nationalité tchétchène d’une quarantaine d’années, mère de quatre enfants de 13, 10, 9 et 1 ans. Après l’arrestation du mari (chauffeur) à Grozni, en provenance d’un camp de réfugié en Ingouchie pour se procurer des documents, ils décident de fuir et arrivent à Marseille après un long voyage en camionnette. Ils sont logés dans des appartements meublés d’octobre 2001 à mai 2002. Ils fréquentent les associations pour demandeurs d’asile à Marseille et obtiennent une admission au CADA d’ATE où ils entrent dans leur appartement, un T3, situé à l’Ariane, au mois de mai 2002. Obtenant une réponse négative de l’OFPRA, ils rédigent, avec l’aide d’ATE, une

93 Voir la quatrième partie de ce rapport pour une présentation plus détaillée des conditions concrètes d’organisation de cette phase de l’enquête.

94 Cet entretien en anglais fut mené auprès d’une personne serbo-croate. Parmi les non francophones, trois personnes étaient capables de s’exprimer en anglais mais de manière trop approximative pour mener un entretien. Les entretiens en français concernent deux personnes de nationalité algérienne et une personne de nationalité angolaise.

demande de recours dont ils attendent toujours la réponse. Les enfants sont scolarisés à l’école située dans le quartier et l’interviewée suit assidûment les cours de français donnés par l’association (de nombreuses phrases étant d’ailleurs échangées en Français).

Le deuxième entretien a été mené avec une femme de nationalité russe, originaire de tchétchénie, âgée de 48 ans, sans enfant, dont le mari a été arrêté, est retenu à Grozni et dont elle n’a toujours aucune nouvelle. Ayant un frère à Juan-Les-Pins, elle décide de se rendre chez lui et quitte son pays (voyage en camionnette) pour le rejoindre. Il l’accompagne dans toutes ses démarches (demande d’asile, demande d’admission en CADA…) et l’héberge pendant plusieurs mois avant son admission au CADA d’ATE où elle entre le 20 février 2003 dans un studio situé à l’Ariane. Elle est actuellement en attente de réponse de l’OFPRA. Elle suit les cours de français proposés par l’association et soigne la maladie dont elle souffre. Son frère, qui a obtenu le statut de réfugié, continue de la soutenir et lui présente de nombreuses personnes appartenant à la communauté tchétchène, lui permettant ainsi de nouer des relations sociales.

Le troisième entretien à été recueilli auprès d’un couple de palestiniens de 43 et 51 ans, parents de trois enfants, âgés de 10, 12 et 14 ans et accompagnés de leur grand-mère.

L’homme est soudeur et son épouse mère au foyer. Habitant à Bethléem au milieu des conflits, craignant pour leur vie, ils décident de fuir et de se rendre en Suède où résidait déjà un membre de leur famille. Cependant, la personne qui leur propose d’organiser le voyage n’obtient qu’un billet d’avion passant par Paris. Arrivés en Suède, tout se passe pour le mieux, hébergement de qualité, pécule pour acheter vêtements et nourriture, multiplication des relations sociales, début des cours de suédois, jusqu’à l’annonce de leur renvoi en France. On leur explique qu’en vertu de la convention de Dublin, étant passés par la France, c’est ce dernier pays qui doit prendre en compte leur demande d’asile. C’est alors que débute un long combat, la famille voulant absolument rester en Suède. Sous la contrainte, ils finiront par se rendre à Paris. Après une phase d’hébergement en meublé, leur demande de CADA acceptée, ils obtiennent une place à Nice, dans un T3 situé à l’Ariane où ils entrent au mois d’octobre 2002. Leur demande venant d’être récemment rejetée par l’OFPRA, c’est avec beaucoup de colère, de révolte, de violence qu’ils nous expliquent l’injustice dont ils ont été victimes, voulant absolument retourner en Suède, où, disent-ils, leur demande aurait été acceptée.

Le quatrième entretien a été mené avec une femme, de 30 ans, de nationalité angolaise. Ses parents sont morts pendant la guerre en 1992, son époux, ainsi que ses frères et sœurs ont disparu. Le mari faisant partie d’un groupe politique (ce qu’elle ignorait jusqu’ici), le couple et deux des quatre enfants qui se trouvaient avec eux furent kidnappés. Séparée de son époux, elle fut séquestrée et subit diverses formes de violences jusqu’au moment où, amenée à l’hôpital, elle put s’échapper et prendre l’avion pour la France grâce à un ami. Elle débarque donc à Paris, puis se rend à Strasbourg avec l’adresse d’une dame en poche qui l’amènera ensuite dans une association s’occupant des demandeurs d’asile. Elle est hébergée dans trois foyers successifs pendant, respectivement, 1 jour, 7 jours et 3 mois avant d’être acceptée en CADA à Nice, structure qu’elle intègre en juin 2000 (T3 situé à l’Ariane). Ses deux autres enfants la rejoignent peu de temps après. Après une réponse négative de l’OFPRA en juin 2002, une demande de recours en août 2002, elle obtient son statut de réfugié en juillet 2003.

Après des périodes très difficiles, elle commence désormais à avoir des projets et aimerait déménager à Paris où elle a de nombreuses relations et connaissances dès que cela sera possible.

Le cinquième entretien a été recueilli auprès d’un couple, un homme de nationalité pakistanaise, commerçant, âgé de 37 ans et son épouse de nationalité russe, musicienne (conservatoire) âgée de 31 ans. Fuyant la Russie après des menaces, la destruction d’une de leur maison, et l’arrestation de l’époux, ils arrivent à Nice en juin 2001 avec leur enfant âgé de 10 ans. Le mari se fait alors arrêter dès le premier jour et amené en centre de rétention, pendant que sa femme enceinte, mal en point, se retrouve à l’hôpital. Quelques jours plus tard, les deux époux se retrouvent et vont déposer leur demande d’asile à la préfecture. Ils se rendent ensuite au Secours Populaire qui leur obtient une chambre d’hôtel, dans laquelle ils resteront hébergés pendant un an et demi, période durant laquelle la femme perdra son enfant.

Ils sont admis au CADA ALC en novembre 2002 dans un T3 situé en centre ville où naît leur fille. Après un refus du dossier OFPRA, ils constituent un dossier pour la Commission des Recours dont ils attendent toujours, avec angoisse, la réponse.

Le sixième entretien a été mené auprès d’une femme de nationalité russe, commerçante, originaire de Tchétchénie, âgée de 30 ans et ayant quatre filles. Sa famille engagée dans la défense des droits de l’homme, son frère, son père et son cousin ayant été torturés et abattus, le couple et les enfants décident de fuir la Tchétchénie. Mais son époux est arrêté en Biélorussie, durant le voyage en camionnette de Moscou jusqu’à Nice. Elle arrive à Nice avec ses quatre filles, en février 2003, se rend à la préfecture puis au secours populaire et obtient après quelques difficultés un hébergement en hôtel durant six mois avant d’être admise au CADA ALC Les Oliviers dans un T3 situé en centre ville. Ayant été convoquée à l’OFPRA, elle est actuellement en attente de la décision. Elle a pour projet de reprendre des cours de droit et de fonder une association qui viendrait en aide aux personnes tchétchènes qui arrivent à Nice.

Le septième entretien a été recueilli auprès d’un homme Lesgin du Kirghizstan, âgé de 38 ans.

Dans un contexte de conflits, suite à une agression perpétrée par la police et à un dépôt de plainte pour agression qui ne fera qu’envenimer la situation, le couple d’agriculteurs et ses deux enfants décident de fuir et arrivent, après un voyage en camion, à Nice fin décembre 2002. Ils se rendent ensuite à la préfecture pour déposer leur demande d’asile, rencontrent un personne russe qui les emmène dans différentes structures associatives. Ils obtiennent un appartement meublé en centre ville le lendemain dans lequel ils sont encore actuellement hébergés. Ils attendent actuellement la réponse de la procédure OFPRA.

Le huitième entretien a été mené avec un homme, de nationalité algérienne, âgé de 37 ans, élève officier, déserteur, porte-parole d’une association, ayant perdu quatre membres de sa familles (assassinés), il décide de quitter l’Algérie et de se rendre en France. Ayant obtenu un visa touristique, il arrive à Marseille en avion en 2000 où il dépose sa demande d’asile politique qui est refusée, puis son dossier auprès de la commission des recours, refusé à son tour, puis une procédure auprès du tribunal administratif. Il est actuellement en demande d’asile territorial, procédure dont il attend la réponse. Pendant deux ans à Marseille, il fréquente l’Armée du Salut, fonde une association avec d’autres personnes fréquentant l’association. Il rencontre ensuite une femme habitant Menton et décide de se rendre à Nice où il se retrouve seul et est hébergé à l’accueil de nuit.

Le neuvième entretien a été recueilli auprès d’un homme, de nationalité algérienne, âgé de 28 ans, hébergé à l’accueil de nuit. Petit-fils de Harki et faisant partie de la garde communale, devant effectuer des « ratissages95 », craignant pour sa vie, il décide de quitter l’Algérie pour la France en 2001. Il arrive à Limoges où il est suivi par le Secours Catholique et suit une

95 En français dans le texte, le terme désigne les opérations anti-terroristes menées par l’armée en Algérie.

formation de menuisier. Il effectue alors plusieurs démarches qui sont toutes refusées, (demande de nationalité par filiation, demande d’asile territorial) et est finalement arrêté à la préfecture. Il doit alors prendre l’avion Limoges-Strasbourg, Strasbourg-Nice, Nice-Algérie et est arrêté à Nice au centre de rétention où il effectue une demande d’asile politique qui est immédiatement refusée. Après son séjour en prison, il est libéré et dort actuellement à l’accueil de nuit, ne sachant comment continuer à vivre dans cette situation d’illégalité.

Le dixième entretien a été mené avec un homme, de nationalité serbo-croate, âgé de 35 ans.

Officier dans l’Armée Nationale yougoslave, déserteur, sa maison ayant été brûlée, sa femme et ses deux fils ayant été assassinés, étant recherché pour des opérations militaires en Croatie, il décide de fuir la Yougoslavie et le Kosovo en passant par la Macédoine puis la Grèce où il se réfugie dans un monastère pendant six mois. Il participe ensuite à des opérations militaires secrètes pour différents gouvernements avant d’arriver en France. A Nice, il contacte Amnesty International où il est aidé quant à la rédaction du dossier OFPRA. Il attend actuellement la réponse et est hébergé à l’accueil de nuit.

Dans le document Td corrigé asile politique - HAL-SHS pdf (Page 121-124)