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PRÉSENTATION DE L'ASSOCIATION 1, 2, 3, SCIENCES

LA CONSTRUCTION D'UN CONCEPT PHYSIQUE

MOTS-CLÉS : EXPÉRIMENTATION SCIENCE VÉCUE DÉMARCHES

1. PRÉSENTATION DE L'ASSOCIATION 1, 2, 3, SCIENCES

Créée il y a 3 ans par des praticiens concernés par la transmission des sciences, l’association 1, 2, 3,

sciences s’est fixée pour objectif de développer l’apprentissage de la démarche scientifique par les

enfants. Elle pratique la " didactique sauvage " en utilisant les procédures de la recherche : faire des propositions, les faire évoluer selon les observations et peu à peu dégager des généralisations, mises, ensuite, à l'épreuve.

Dans nos différentes pratiques d'enseignants, de scientifiques ou de journalistes, nous avons pu constater l’enthousiasme des enfants non seulement pour les activités expérimentales qui les mettent en contact avec le réel, mais aussi pour la réflexion qu’elles entraînent. Les conclusions auxquelles ils parviennent leur ouvrent les portes du monde : ils y sont très sensibles.

Nous avons constaté aussi la réticence des adultes pour penser les disciplines scientifiques comme partie intégrante de la culture, considérant qu’il s’agit de préoccupations de spécialistes. Ces mêmes adultes mentionnent souvent de mauvais souvenirs scolaires avec ces disciplines et se considèrent comme laissés pour compte de l’enseignement scientifique. Tout cela peut expliquer que les sciences étaient peu abordées à l’école primaire jusqu’à ces dernières années, malgré les Instructions Officielles.

Notre propos est de rendre la démarche scientifique familière, pour qu'elle ait une place dans la vie de tous les jours des enfants, mais aussi des adultes, avec, au rendez-vous, le plaisir et le jeu. Pour essayer de déterminer ce qui faisait blocage, nous avons réfléchi à l’objectif primordial de la démarche scientifique : la généralisation, conclusion locale provisoire réinvestissable, en nous permettant d’anticiper les conséquences de ce que nous vivons a paru un élément essentiel. Elle ne clôt pas le questionnement puisque le local et le provisoire demandent à être élargis, et que parfois, le réinvestissement ne s’avère pas probant.

Cependant, cette manière d’aborder les notions présente deux difficultés. En situant le point de départ dans la vie quotidienne, ce qui est sa force, elle peut être ressentie comme triviale, modeste, bien éloignée de l’image prestigieuse des sciences. Elle est aussi déstabilisante car le savoir ne vient plus d'un maître qui sait, mais du groupe producteur de savoir . Dans ce groupe qui réfléchit à voix haute, chacun est auteur, participant à la construction, et non plus seulement actif, réalisant les expériences préparées par le maître, voire acteur, improvisant selon sa pensée sur une trame proposée.

Cette implication personnelle forte, est gratifiée par le résultat. C'est ce que nous avons pu constater à La boîte à manip', dispositif mettant en œuvre cette approche. Il s'agit d'un lieu, à l'IUFM, accueillant des enseignants en poste ou en formation. Avec un animateur, et en utilisant du matériel de la vie quotidienne, le groupe vit des démarches expérimentales. Chacun des participants peut

ensuite les réutiliser dans sa classe selon le contexte et l'objectif particuliers, en ayant vécu ce qu'il transmet.

Ensuite, nous avons voulu mettre à l’épreuve ces hypothèses en dehors de l'environnement scolaire. Les Fols après-midi fonctionnent de facto selon une pédagogie différenciée : scientifiques et non- scientifiques construisent des notions, sans formalisme mathématique, ni gros mots scientifiques, grâce à un échange de compétences. Personne n’est là ès qualité et les scientifiques ne sont présents ni comme experts, ni comme maîtres. Cependant, nous veillons à ce que cela reste intéressant, captivant, ludique, pour tous. Le plaisir vient probablement de l’énigme à résoudre avec les seuls moyens de nos intelligences, de nos réflexions, de nos imaginations, et de l’observation des fonctionnements des uns et des autres.

Deux ou trois animateurs (des scientifiques) préparent un dispositif expérimental éprouvé, avec les objets disponibles à la maison ou à l’école, sans matériel spécialisé. Pendant le déroulement de l’après-midi leur objectif est de permettre au groupe d’aller le plus loin possible, à sa façon, dans une des directions qu’ils ont prévus (ou presque) et qu’ils ont déjà exploré pour eux-mêmes.

Le temps passe très vite, on n’a pas envie de dételer avant d’être parvenu à des réponses et à une formulation satisfaisante pour soi-même. Au bout de trois heures et demi, la moitié des participants argumentent encore. Souvent, ils emportent des éléments de leur questionnement à la maison ! Le lien avec la vie quotidienne se fait quasiment de lui-même. C’est la remarque " Mais alors, c’est la même chose quand je fais…" qui fuse tout d’un coup. Ce constat que la notion scientifique a un sens pour nous, pas seulement au laboratoire, nous entraîne à d’autres questions. Finalement les contenus élaborés sont vraiment ambitieux, par exemple, distinction entre chaleur et température, définitions de poids, masse, volume…, sans doute une illustration de la " zone proximale de développement " de Vitgosky.

Bien évidemment, cette remise en question de ce que l’on croit savoir, cette déstabilisation ne sont pas toujours faciles à accepter et entraînent des résistances : certains ne parviennent pas à entrer dans le jeu. Par ailleurs, il s’agit de faire ensemble le premier pas vers le plaisir des sciences, mais elles comportent aussi des connaissances, et notre démarche ne préjuge pas de la façon dont seront faits les pas suivants.

Nous avons aussi une forte interrogation pour trouver la forme des "traces" pour rendre ces moments transmissibles à d’autres qui ne les ont pas vécu. Le journal de l’association L‘agitateur est une tentative de solution. Il sert de lien et de lieu d’échange, mais cela ne répond pas complètement à la question.

À ce moment de notre réflexion, la proposition d’un atelier aux Journées de Chamonix était une forme de pari : expérimenter avec des " spécialistes " si nos savoirs sur la flottabilité (c'est le contenu-prétexte que nous avions choisi) sont fonctionnels, et si en regardant d’une manière plus

concrète, mais en formalisant ensuite nos observations, nous pouvions accéder à une connaissance plus facile à réinvestir.