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Les précautions prises par Romain Rolland à l'égard de ses alliés

2.2 L’engagement de Romain Rolland et des réfugiés français à Genève pendant la guerre

2.3.1 Les précautions prises par Romain Rolland à l'égard de ses alliés

« J'ai eu à me défendre contre mes alliés, pendant la guerre, beaucoup plus que contre mes ennemis, et c'est je crois une aventure ordinaire. »161

Cette révélation de Romain Rolland au cours de la guerre est symbolique de sa volonté d'être seul et d'agir seul. Car cette « aventure ordinaire » fut une résistance constante à toute appropriation ou utilisation de son nom ou de ses paroles par un groupe ou mouvement pacifiste qu'il avait lui-même contribué à former.

Par exemple, dans sa relation au Carmel, Romain Rolland a dû prendre tout de suite des précautions avec Charles Baudouin, son directeur :

« D'autre part, Guilbeaux m'a dit que vous lui aviez parlé de ma collaboration à votre revue. Je ne suis pas collaborateur à votre revue, pas plus qu'à celle de Guilbeaux, ou à toute autre revue. […] Mais je n'ai jamais fait et ne ferai jamais partie d'aucun groupe, artistique ou politique. Je suis, par essence, indépendant irréductible, et tiens à le

161 Cité dans Monnier Philippe, « Romain Rolland et la Revue mensuelle de Genève », in Etudes de Lettres, Lausanne, Faculté des Lettres de l’Université de Lausanne, juillet septembre 1976.

86 rester d'autant plus, en une époque où sévit l'associationnisme, avec toutes les conséquences morbides d'une mentalité collective. »162

Baudouin tenta donc en vain de s'assurer la collaboration active de Rolland, ce dernier lui opposant un refus catégorique. Cette attitude de Romain Rolland sera caractéristique jusqu'au début des années 1930, Rolland craignant en effet toute association officielle limitant sa liberté d'esprit.

Henri Guilbeaux en fera aussi les frais. Dès le début de Demain, la revue se place sous l'égide de Romain Rolland et celui-ci en est agacé. Car dans la partie documentaire de Demain, le nom de Rolland revient très souvent. Une note sur son anniversaire apparaît ce qui ne plait guère à l'écrivain pour qui ce genre d'évènement ne comptait guère. Il analyse cette note comme de la publicité indiscrète et devra écrire à Guilbeaux pour que cesse ces mentions trop fréquentes du nom de Romain Rolland :

« Mon rôle est tout à fait secondaire ; et, en tout cas, il est passé. Il n'y a pas lieu d'y revenir sans cesse. Quand dix millions d'hommes s'égorgent, il est déplacé de parler autant d'un plumitif163. J'ai le droit de le traiter ainsi, puisque c'est moi ; et ce n'est rien de plus. Il a fait son devoir de conscience en septembre 1914. Un point, c'est tout. Passons à autre chose. A l'avenir, ne parlez donc plus de lui, à moins qu'il ne s'agisse de réfuter une calomnie précise et pressante »"164

Malgré les précautions, les attaques iront bon train et l'association sera rapidement faite entre l'internationalisme de Guilbeaux et l'écrivain Rolland.

Des précautions qui sont aussi prises à l'égard de La Revue mensuelle de Charles Bernard.

Cette revue avait publié entre janvier 1916 et mars 1917 une grande enquête sur l'attitude de Romain Rolland pour prouver que celui-ci n'était pas isolé et que ses vœux, angoisses, et espoirs étaient partagés. Cette enquête inédite et longue avait été dirigée par Romain Rolland lui-même. Mais une fois de plus, l'enquête était allée trop loin, avait trop parlé de lui, avait cité son nom trop souvent.

162 Lettre de Romain Rolland à Charles Baudouin, 10 février 1916, dans Correspondance entre Romain Rolland et Charles Baudouin, op.cit., p.36. Cette correspondance est présentée et annotée par Antoinette Blum qui analyse ainsi la relation de Romain Rolland à l’égard de la revue.

163 Un plumitif est un écrivain médiocre ou, plus rarement, employé aux écritures.

164 JAG, op.cit., p.663.

87 Dès le 11 août 1916, Rolland alerte Bernard :

« Il me semble qu'on a déjà trop longtemps parlé de moi. Il ne faut pas abuser de la patience du public. »165

Car en effet, de nombreuses lettres de soutien à Romain Rolland étaient parvenues à La Revue mensuelle et avaient été présentées comme des documents historiques. Bientôt emporté par son enthousiasme, Charles Bernard sera amené à les publier et à dire des choses sur Romain Rolland qui ne seront pas fondées :

« Vous racontez que … C'est absolument faux … Comment pouvez-vous annoncer un fait qui n'a rien de fondé ? »166

On le voit, la précaution se transforme en défense et résistance de la part de Rolland qui doit en plus se défendre et calmer ses alliés et amis. Bernard reprochait par exemple à Rolland de lui préférer d'autres revues comme Le Carmel. Il lui reprocha aussi la publication de l'article « Aux peuples assassinés » dans la revue Demain. Romain Rolland a du donc aussi démontrer à ses alliés qu'ils n'étaient pas rivaux les uns des autres :

« Les idées sont entièrement différentes. Demain est franchement, violemment révolutionnaire. »167

Et voici que Romain Rolland s'érige en conciliateur entre ses différents camarades. Leurs actions individuelles les amènent à faire des choix qui déplaisent aux uns et aux autres.

C'est au tour de Guilbeaux et de Jouve d'être en désaccord :

« Je passe des jours à empêcher ces compagnons de lutte de s'entre-déchirer.

Guilbeaux est bien intolérant, mais Jouve est bien inconséquent ; et tous deux aussi susceptibles et aussi hypersensibles, ont de constant malentendus, qui frisent la guerre déclarée … Tous d'eux m'écrivent, chaque jour, m'exposant chacun les choses avec son

165 Cité dans "Romain Rolland et La Revue mensuelle de Genève", op.cit.

166 Romain Rolland à Charles Bernard, ibid.

167 Romain Rolland à Charles Bernard, ibid., juin 1917.

88 tempérament propre : Guilbeaux, implacable, mais droit et ferme ; Jouve, gémissant et vibrant, comme des roseaux sous le vent. »168

Des querelles éditorialistes aux méfiances des uns vis-à-vis des autres, Romain Rolland est au centre, arbitre des divisions et incompréhensions des membres du groupe des réfugiés français que lui-même avait plus ou moins contribué à former.

Cette résistance ne fut pas prévue au départ par Rolland. Il savait que son appel et ses paroles de 1914 susciteraient des critiques et attaques, mais ignorait sans doute qu'il aurait dû, aussi, se défendre de ses alliés.

De même, un projet de « Société des amis de Romain Rolland » fut avancé.

Pierre-Jean Jouve lui rappelle ce projet :

« C’est encore moi. Je vous écris pour vous transmettre une idée de Dupin sur sa demande.

Vous savez qu’il avait pensé, il y a deux ans, à fonder « Société des amis de Romain Rolland », et qu’il avait renoncé de cette idée sur le conseil de votre mère et de votre sœur.

Or il y repense en ce moment, et cela lui tient à cœur. Il me prie de vous exposer la manière dont il conçoit la chose.

Il ne s’agirait à aucun degré d’une société militante, mais simplement d’un groupe amical.

Son caractère serait plus exactement traduit par l’appellation : « Groupe des admirateurs de Rolland ». Son seul rôle pratique serait de réfuter les erreurs ou les calomnies des journaux, au seul point de vue des faits. Son service serait d’être un phare pour les isolés dont la pensée obscure ne sait où se diriger pour prendre corps et s’affirmer. Cela ne serait donc qu’une sorte d’hommages envers vous, qui ne vous engagerait en rien. Voilà, aussi fidèlement que possible, la pensée de Dupin. Il y tient beaucoup, et craint vos objections qu’il voit d’ailleurs. Mais le caractère purement platonique de la chose lui semble une réponse anticipée à ses objections.

Il vous aime du fond du cœur. En soutenant cette idée, il me disait hier : « Il faut le défendre. Lorsqu’on l’attaque, j’en souffre plus qui si l’on m’attaquait moi-même. » Un jour, il me disait aussi : « Rolland c’est la conscience de notre époque, c’est autour de lui seul que nous pouvons nous grouper … »

Je comprends ce qui le pousse. Je comprends aussi la valeur de son idée.

168 JAG, op.cit., p.1406.

89 Mais je comprends aussi – je devine – vos objections. La pleine liberté que vous aimez, qui est votre raison d’être, vous semble menacée à la seule idée que l’on pense à cristalliser une des phases de votre incessant renouvellement intérieur. […] Naturellement, je ne suis pas opposé à l’idée de Dupin, dans la mesure où elle écarte les dangers possibles. Mais je ne peux m’empêcher de les envisager. »169

On devine aisément la réponse que Romain Rolland fit en rapport à ce projet :

« Cher Jean de Saint-Prix

Je suis bien en retard avec vous ; mais je sors d’une bronchite qui m’a fait perdre du temps ; et j’en ai toujours si peu ! Merci de vos affectueuses lettres. Vous aurez su par G.D. et par M.M. que je ne serai jamais des Amis de R.R. Vous vous en doutiez bien, je suppose ! Non, vous n’aurez jamais à craindre cela de moi. Pas plus que de me voir quémander à la porte d’une Académie. J’aime trop ma liberté, et je n’arrive jamais à en avoir assez. Pas de parc à moutons ! »170

Le combat que Romain Rolland dut mener contre ses propres alliés, combat incessant à l’égard d’articles, de pensées, de prises de positions de ses amis qui tentaient de poursuivre la bataille morale lancée par ce dernier, fut donc une épreuve redoutable à laquelle Romain Rolland ne s’attendait pas. Contraint de se défendre afin de préserver l’authenticité et la nature même de ses propres prises de position, nous comprenons aisément la difficulté pour ses alliés et amis de capter l’homme et le message.

Romain Rolland insistait beaucoup à l’égard de ses amis pour que ces derniers ne le catégorisent pas ni ne l’instrumentalisent. Il fut très difficile pour ces derniers de bien appréhender comment user du nom de Romain Rolland pour leurs actions, leurs revues, leur combat.

169 Cahiers Romain Rolland 25, op.cit.

170 Ibid., il s’agit probablement de Gustave Dupin et de Marcel Martinet.

90 2.3.2 L'affaire du Bund Neues Vaterland (BNV), exemple de son « aventure ordinaire »

Cette association allemande avait été fondée en novembre 1914 pour combattre l'impérialisme allemand et travailler pour le salut commun du libéralisme européen.

Mouvement moral, le BNV se proposait de rapprocher les efforts des libéraux de France et d'Allemagne contre la coalition des forces impérialistes. Ce mouvement trouva évidemment la sympathie de Romain Rolland qui, déçu de l'Adresse des 93 intellectuels allemands171, espérait une telle prise de position morale de la part de l'Allemagne :

« Je n'ai pas besoin de vous dire la sympathie que j'ai pour un tel mouvement moral, d'où qu'il vienne, d'Allemagne, de France, ou d'Angleterre »"172

Mais il précisa aussi :

« Je n'ai jamais fait parti du BNV. A aucun titre. Ni comme membre adhérent, ni comme membre associé. J'ai commencé de connaître cette association allemande, vers la fin de janvier 1915 »"173

Comme souvent, on reprocha en France à Romain Rolland de témoigner sa sympathie à l'égard du BNV. Des précautions durent donc être prises par l'écrivain français.

Romain Rolland fut mis au courant des activités du BNV par une lettre que le secrétaire général (Lili Jannasch) lui envoya pour lui préciser son but : « combattre le chauvinisme et préparer l’opinion publique dans la direction d’une paix qui respecte l’honneur national de tous les partis combattants. »174

Bien que reconnaissant sa sympathie envers le mouvement, Romain Rolland marqua sa protestation assez rapidement, dès le 9 février 1915 :

« Je sympathise avec tout mouvement qui tend à combattre l’impérialisme, chez quelque peuple que ce soit, et j’approuve vos efforts dans ce sens, d’autant plus qu’ils me semblent particulièrement courageux et méritoires. Mais l’impérialisme allemand est pour nous, Anglo-Français, un danger plus pressant que l’impérialisme russe ; et ce danger que

171 Adresse en forme d’Appel aux nations civilisées que les intellectuels allemands avaient publié collectivement au tout début d'octobre 1914. Rolland reprochait à cet appel d'être l'union entre le militarisme et la culture allemande.

172 Romain Rolland cité dans Paul Grappin, Le Bund Neues Vaterland (1914-1916). Ses rapports avec Romain Rolland, Lyon et Paris, IAC, 1952, p.38.

173 JAG, op.cit., p.572.

174 In Kempf Marcelle, Romain Rolland et l’Allemagne, Paris, Nouvelles éditions Debresse, 1962, p.136.

91 vous combattez est loin d’être conjuré… Quant aux tentatives que vous faites pour détacher la France de l’Angleterre, elles sont vaines. Nos démocraties de France et d’Angleterre sont trop intimement unies par l’amour et le besoin commun de la liberté, cette liberté qui est pour nous le premier bien du monde, plus précieux mille fois à nos peuples… que la discipline, le savoir, la prospérité matérielle, l’organisation imposante dont l’Allemagne, à tort ou à raison, s’enorgueillit. »175

Une nouvelle mise au point allait intervenir quelques jours plus tard, le 18 février, signe de cette aventure ordinaire qu’il connut tout au long de la guerre :

« Je suis ennemi de tous les impérialismes. Je crois, comme vous qu’aucun peuple n’a le droit de délivrer un autre peuple, contre la volonté de celui-ci. Il a seulement le droit de le mettre dans l’impossibilité de nuire à ses voisins. »176

L’activité du BNV fut ensuite interrompue par la censure et les communications coupées avec la Suisse. En juin 1915, le docteur Eduard Fuchs177 de Berlin rend visite à Romain Rolland afin de le convaincre de la sincérité et de la force du mouvement social entrepris en Allemagne. L’intellectuel français décide alors de prendre quelques distances avec le mouvement allemand du BNV, comprenant que la récupération de son nom pourrait nuire à son image et suscitait de nouveau des prises de positions radicales en France sur l’action de Romain Rolland avec l’Allemagne. Il suspecte le BNV de chercher dans l'établissement de ses contacts un moyen d'accroître son autorité.

De plus, le BNV publia une lettre du pacifiste français dans un journal suisse de Berne, le Bund, lettre amputée de l'avis mitigé de Rolland sur l'efficacité de l'association.

Le BNV fait aussi figurer son nom sans son assentiment parmi la liste officielle de ses membres. Le journal Le Temps publie aussitôt l’adhésion de Romain Rolland à ce groupement allemand.

Cette mention déchaîna sur lui les accusations des nationalistes français et allemands d'autant que Rolland avait ensuite pris la précaution d'envoyer au BNV pour publication une lettre dans laquelle il précisait :

175 Romain Rolland, Mémoires et fragments du journal, op.cit.

176 Ibid

177 Ecrivain et journaliste allemand, rédacteur en chef d’un journal satirique allemand à la fin du XIXème siècle, il apparait au moment de la Grande Guerre comme un pacifiste partisan d’un mouvement social prônant la démocratisation de l’Allemagne.

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"Je n'adhère à aucune ligue allemande. C'est une idée qui ne me vient même pas à l'esprit."178

Cette lettre de rectification avait été aussi envoyée à Humblot afin de relater ses mises au point avec le Bund :

« J’ai seulement approuvé les efforts courageux pour combattre le militarisme et l’impérialisme allemands. Je les approuve encore plus aujourd’hui, car j’ai pu constater la loyauté persistante de ces efforts depuis dix mois. Ce faisant, je crois mieux remplir mon devoir de bon Français et de bon Européen (je ne distingue pas l’un de l’autre) que ceux qui confondent, dans leur animosité, l’Allemagne libérale et l’Allemagne impérialiste, pour le plus grand profit de cette dernière… »179

Cette lettre ne fut pas insérée. Cependant, quelques mois auparavant, une de ses mises au point avait tout de même été publiée dans le Bund et Romain Rolland clôturait cette affaire en ces termes :

« Que ces allemands aient cherché à se servir de mon nom, en jouant d'une équivoque (voir leurs premières listes), je n'ai pas à répondre de leurs actes, j'ai à répondre des miens … Je n'ai rien à dire de plus. »180

Depuis, on avait reconnu en France que Romain Rolland n'avait jamais appartenu à ce groupe. Même sans griefs nouveaux, on prend conscience que la mode était de ressasser les anciens griefs, l'accusant à un moment de ne plus écrire puis à un autre lui reprochant de trop écrire.

L'avis général était celui de Romain Rolland déserteur et fuyant son pays, collaborateur éditorial de toutes les initiatives intellectuelles et pacifistes étrangères et dans la mesure du possible des initiatives contre la France afin d’alimenter le débat depuis Paris. Il incarnait pourtant malgré lui une autorité morale, ce qui contribua à alimenter les discussions et critiques à l’égard du cas Romain Rolland.

178 Lettre du 12 juillet 1915 envoyée au BNV et au journal suisse Le Temps. Cette lettre ne fut jamais publiée, cité dans Le BNV. Ses rapports avec Romain Rolland, op.cit.

179 Mémoires et fragments du journal, op.cit.

180 JAG, op.cit., p.573.

93 2.3.3 Romain Rolland, incarnation d’une autorité morale malgré lui

Les exemples mentionnés au cours de ces dernières pages montrent la très grande ambiguïté du phénomène que Romain Rolland déclencha au début de la guerre.

Poursuivant son activité d’écrivain et profitant de l’occasion d’une présence en Suisse au moment où la guerre éclate pour y rester, il devient rapidement le symbole d’un combat contre la haine des nations et dont l’un des objectifs est la défense de valeurs humaines menacées.

Son message prend rapidement une telle ampleur et un tel rayonnement181 qu’il se retrouve prisonnier de son image en Suisse. Ce message devient tout à la fois : message pacifiste, humain, moral, politique, destiné à l’ensemble des acteurs en présence.

Romain Rolland est d’abord écouté, puis entendu et rejoint par d’autres acteurs qui souhaitent avec lui poursuivre la tentative intellectuelle de grouper des voies dissidentes à travers l’Europe. Il apparait alors comme le symbole et le chef désigné de cette volonté partagée, rôle qu’il refuse d’endosser ou qu’il n’est pas prêt à jouer.

Dépassé par l’autorité morale qu’il contribuait lui-même à véhiculer, il est alors perçu comme l’incarnation de cette autorité morale :

1. « Nous pouvons, aujourd’hui, affirmer que Romain Rolland n’est pas un « isolé » et que ses paroles, au lieu d’être déprimantes, sont allés au cœur des hommes et ont allégé leurs misères. » Gaston Thiesson

2. « C’est pourquoi la noble attitude de Romain Rolland est non seulement réconfortante à un moment où il n’y a pas seulement de la noblesse et de l’héroïsme dans les spectacles qui nous entourent, mais encore significative de la seule paix qui vaille le poids d’or de la réalité perdue, et que nous retrouverons si nous nous acheminons vers elle avec la largeur d’âme et d’esprit qui convient. » Soldat L.B

3. « Je pense que parmi les intellectuels de chez nous qui écrivent pendant cette guerre et sur cette guerre, Romain Rolland apparait comme l’un des mieux français et dignes de la France. Sa passion héroïque de la vérité, la liberté, la limpidité de sa conscience, cette noblesse, cette intelligence du cœur, tout cela est bien de chez nous, et surtout de chez nous. Son article Au-dessus de la Mêlée, qu’un pédant petit pion voulut éplucher et salir avec une haine bien catholique, et qu’il ne réussit qu’à heureusement propager, me fut, quand il me parvient ici,

181 La portée du message de Romain Rolland sera analysée et discutée par ailleurs.

94 comme une bouffée d’air pur dans l’âcre et pesante atmosphère de guerre. Ce fut, dans l’angoisse d’un orage nocturne, le morceau de ciel profond et étoilé qui témoigne qu’il ne faut pas désespérer de la clarté. » Caporal Ch.V.

4. « Je salue un frère d’armes dans l’homme qui a tendu ses forces vers ce but : la

4. « Je salue un frère d’armes dans l’homme qui a tendu ses forces vers ce but : la