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Pourquoi acheter un système de traite automatisé ?

Chapitre 1. Modèles agricoles et domestication à travers l’histoire

1.3 Lien entre l’animal et la machine en agriculture : la traite robotisée

1.3.3 Pourquoi acheter un système de traite automatisé ?

L’implantation d’un tel robot implique un changement complet de la dynamique de la ferme, et nous pouvons donc supposer qu’il faut des arguments très convaincants pour réussir à faire changer les pratiques profondes d’un agriculteur, considérant que le coût de ces machines n’est pas non plus à négliger dans cette prise de décision. En effet, à cause de la stabulation libre nécessaire au fonctionnement du robot, son implantation implique de modifier les infrastructures à l’intérieur des bâtiments. De plus, cette nouvelle routine instaurée par la machine impose une réorganisation considérable de la ferme. L’agriculteur doit être conscient que non seulement lui devra s’adapter à la machine, mais aussi ses

210 Lely. (27 octobre 2014). [EN LIGNE], https://www.lely.com/ca/fr/actualites/2014/10/27/lely-installe-le- 20-000e-robot-de-traite-lely-astr/

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Lely. (2019). https://www.lely.com/fr/sur-lely/notre-entreprise/innovation/Consulté en ligne.

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animaux : « Furthermore, the dairy manager would need to be willing to commit extra time to training his/her herd as a whole to use an AMS, as well as individual animals as they enter the system for the first time. Transitioning a herd from a conventional parlor to an AMS takes approximately three to four weeks of intense labor to achieve a success rate of 80 to 90% cows using the system voluntarily »213. Bref, recourir à un robot de traite représente un changement presque définitif qui demande beaucoup de temps et d’engagement à l’éleveur.

En revanche, l’argument majeur incitant les agriculteurs à se munir de robot est définitivement que ce dernier changera leur mode de vie, et ce, autant en termes d’économie de temps que de réduction de tâches physiques. Les éleveurs peuvent aussi chercher à avoir plus de flexibilité et de souplesse dans leur travail. Les analyses démontrent que ces robots de traite permettraient de gagner deux heures trente par jour214. Le temps libéré peut par exemple être destiné à accorder un meilleur soin aux ruminants. Puisque la production de lait augmente, certains agriculteurs décident même de se départir de quelques vaches pour avoir plus de temps à consacrer à celles qu’il garde215

, alors que d’autres préfèrent consacrer ce temps libre à leur famille. Ainsi, plusieurs éleveurs ne se procureraient pas un robot de traite dans le but d’intensifier l’élevage, mais plutôt pour d’alléger leur tâche de travail216

.

En poursuivant, les compagnies vendant les robots de traite utilisent l’argument du bien- être animal217. En effet, c’est en donnant des soins individualisés à chaque vache et en offrant une connaissance approfondie de chacune d’elles à l’éleveur que leur bien-être serait favorisé. Le système de traite s’inscrit dans cette méthode dans la mesure où il permet de recueillir les données individuelles afin d’offrir des soins personnalisés à chaque vache. Des capteurs automatisés arrivent à repérer la santé du pis, la production de lait, le poids de

213 Op cit., Jacobs. p.2. Elle s’appuie sur Rodenburg, J. (2002). Robotic milkers: what, where...and how

much!!?? Proc. Ohio Dairy Management Conference, December 16-17.

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Parent Marie-Josée. (16 mars 2016). « Bilan de l’utilisation du robot de traite », dans LE BULLETIN DES AGRICULTEURS, [EN LIGNE], http://www.lebulletin.com/elevage/bilan-de-lutilisation-du-robot-de-traite- 77712

215 Op cit., Veysset, Wallet et Prugnard. p.55. 216

Ibid., p.54.

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la vache, etc218. Un éleveur attentif est donc en mesure de détecter à l’avance les infections mammaires, ce qui était impossible auparavant219. Aussi, le robot adapte l’alimentation de la vache à son niveau de production et à son âge220. Avec les robots, les bâtiments sont conçus autour du confort, de la propreté de l’animal et de sa prise de décision autonome, puisqu’elle va se faire traire selon sa volonté, tout comme elle décide quand boire ou manger. De surcroît, Lely affirme que la libre circulation des vaches concorde avec leur « rythme naturel »221 tout en les rendant plus productives. Enfin, elle cherche à engendrer des animaux en santé afin d’épargner aux agriculteurs les coûts reliés à une vache malade et donc moins productive222.

En outre, les capteurs peuvent également cibler les états reproductifs des vaches, de sorte que les éleveurs peuvent mieux contrôler les naissances. Ils peuvent étaler les gestations et éviter les vêlages groupés de sorte à correspondre aux capacités du robot. Dans ces cas, un nombre plus élevé de vaches en phase plus productive veulent se faire traire simultanément et elles ont donc globalement moins d’occasions de se rendre au robot souvent accaparé, ce qui les rend moins productives223. Bref, recueillir de l’information sur les animaux permet de prendre un meilleur soin des vaches, mais aussi de mieux les contrôler.

Un atout supplémentaire du robot est qu’il permet une réduction du personnel au sein d’une entreprise. Il est d’ailleurs démontré que le robot est parfois acheté dans le but de pallier le départ d’un employé224

. De plus, le robot de traite garantit une augmentation de la productivité des vaches laitières, car il permet de traire la vache plus de deux fois par jour. Cet argument convaincrait les agriculteurs souhaitant être compétitifs dans un contexte de libéralisation de l’industrie laitière225

.

218 Op cit., Jacobs. p.4 219 Ibid., p.4.

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Auteur non mentionné. (29 octobre 2016). « Lait : défis de l’alimentation à l’heure de la traite robotisée », dans LE BULLETIN DES AGRICULTEURS, [EN LIGNE], http://www.lebulletin.com/elevage/lait-defis-de- lalimentation-a-la-traite-robotisee-81956

221 Lely. (2019). https://www.lely.com/ca/fr/solutions/traite/astronaut-a5/ Consulté en ligne. 222

Lely. (2019). https://www.lely.com/ca/fr/solutions/batiment-et-soins/ Consulté en ligne.

223 Op cit., Veysset, Wallet et Prugnard. p.59. 224 Ibid., p.53.

225 Haehnsen Erick, Kan Eliane. (24 février 2014). « Pourquoi les robots envahissent nos campagnes ? » dans

LA TRIBUNE, [EN LIGNE], http://www.latribune.fr/technos-medias/innovation-et-start- up/20140224trib000816827/pourquoi-les-robots-envahissent-nos-campagnes-.html

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Somme toute, plusieurs motifs animent l’intérêt des éleveurs pour les robots de traite qui vont de l’amélioration de la productivité au souci pour le bien-être animal individualisé. Cependant, c’est l’allégement de la tâche qui constitue l’attrait principal de la machine, car ce produit bonifie directement la qualité de vie des éleveurs. Réduire la lourdeur du travail humain en agriculture s’inscrit d’ailleurs parmi les attraits souvent présents dans les améliorations techniques en agriculture. Toutefois, le robot de traite représente un grand changement pour la routine d’un producteur agricole qui comporte aussi des désavantages que nous verrons dans les prochains paragraphes.