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Comment trouver la bonne distance critique, celle qui autorise l’élabo-ration tout en restant attentif à la nouveauté ? Ce point utopique, où l’on concilie la demande de sens de l’objet et l’exigence de la théorie, où l’on construit des théories cohérentes avec l’édifice existant et néanmoins adé-quates à l’objet nouveau pourrait bien être le lieu de rencontre des deux sé-miotiques. Ce qui se joue entre les deux sémiotiques est une certaine position épistémologique, une attente de vérité nouant ensemble l’objet et sa théorie. Elles offrent deux réponses différentes à l’unique question du sens.

NOTES

1Nous souhaitons rendre hommage ici aux chercheurs qui ont œuvré au rapprochement, en tout premier lieu à Yves Jeanneret et Jean-Jacques Boutaud.

2La section des sciences de l’information et de la communication a été créée en 1975 au Conseil national des universités.

3Le concept de transmission a fait l’objet des deux années de réflexion du Séminaire interna-tional de sémiotique de Paris en 2014-2015 et 2015-2016 ; celui de médiation était au centre de la réflexion du Congrès de l’Association française de sémiotique organisé à Luxembourg « Sens et médiation. Substances, supports, pratiques : matérialités médiatiques », en juillet 2015.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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SÉMIOTIQUE ET SCIENCES POLITIQUES

Denis Bertrand

Université Paris 8-Vincennes-Saint-Denis Amir Biglari

Université Paris-Sorbonne

Les sciences politiques, écrit Hannah Arendt, « ont pour vocation, selon l’acception la plus élevée du terme, de se consacrer à la recherche du sens et de répondre à la nécessité d’une véritable compréhension des faits poli-tiques » (2006 [1953] : 50). Dans cette affirmation, le cœur de l’objet reste non défini : « faits politiques » ou, plus succinctement, la « politique ».

Les perspectives abondent pour caractériser ces « faits » et cerner la no-tion de politique : perspective centrée sur le sujet, soit qu’on l’envisage en

sujet de quête lorsqu’on définit la politique comme « volonté de conquête

et de conservation du pouvoir » (Valéry, 1945 : 227), ou bien, en focalisant les valeurs visées elles-mêmes, comme « recherche de la liberté, de l’indé-pendance et des droits de l’être humain » (Bani Sadr, à paraître), soit qu’on l’appréhende comme sujet d’état dans sa dimension de « pluralité humaine » lorsqu’on considère que la politique « traite de la communauté et de la ré-ciprocité d’êtres différents » (Arendt, 1995 [1993] : 39)1; perspective cen-trée sur les objets et sur les pratiques qu’ils induisent, lorsqu’on définit la notion de politique à travers les régimes étatiques, les modes de gouverne-ment, les institutions publiques, depuis les idéologies jusqu’aux comporte-ments électoraux ; perspective centrée sur l’espace et son organisation, lorsqu’elle concerne la vie dans la cité, les rapports entre public et privé, la définition des relations sociales, les relations entre États ; perspective centrée enfin et surtout sur le caractère coercitif et violent du pouvoir, lorsqu’on dé-finit la politique comme relation entre « des hommes qui commandent [et]

d’autres qui obéissent » (Burdeau, 1949 : 132), comme « structure d’auto-rité » supposant « les divers modes de […] rivalité pour le pouvoir » (Aron, 1950 : 54)2, comme « la discrimination de l’ami et de l’ennemi » – distinc-tion « à laquelle peuvent se ramener les actes et les mobiles politiques » (Schmitt, 2009 [1932] : 64) –, ou même, plus sèchement, comme l’art de tromper les hommes (voir D’Alembert, 1770 : 104)3.

Quant à la « recherche du sens » dont parle Arendt, toutes les approches se la partagent :philosophique, anthropologique, sociologique, historique, économique, juridique, psychologique, etc. Parmi elles, la sémiotique a sa place. Ayant comme objet l’étude des structures signifiantes qui façonnent

nos discours et nos pratiques4, elle contribue à la compréhension des faits

filtrés par les langageset, plus généralement, à celle du monde qui nous en-toure ; elle intègre du même coup, naturellement, la dimension politique. L’approche sémiotique intervient alors à la croisée de l’analyse linguistique du discours politique (attachée au détail de l’observable, aux « formes » du discours), de l’analyse philosophique qui accompagne les sciences poli-tiques (étudiant les axiologies et les idéologies) et de la conception anthro-pologique et sociologique du fait politique (impliquant les différents régimes d’interaction, les rituels institués, les confrontations entre forces adverses,

et même les affinités électives).

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