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7 La position de Reid

Dans le document La réalité des couleurs (Page 140-148)

Reid est sans doute le premier philosophe à avoir rejeté explicitement l’idée que la thèse de la révélation est une composante du concept commun de couleur. Pour Locke, le sens commun suppose que les sens l’informent sur la nature des couleurs et forge son concept en conséquence. Le philosophe doit réviser le concept du sens commun en fonction de ce que la science apprend : les objets ne sont pas colorés au sens où l’entend le sens commun. Pour Reid, la conception de la couleur du sens commun est compatible avec la science et n’a rien à voir avec la révélation. Selon lui, le sens commun défend plusieurs thèses :

Thèse de la permanence : la couleur est une propriété permanente des objets.

Thèse de l’indépendance : la couleur existe indépendamment de la perception qu’on en a.

Thèse de la responsabilité causale : la couleur est causalement responsable de la perception qu’on en a.

Aucune de ces thèses ne suppose la révélation, au sens de la compréhension des caractéristiques intrinsèques des couleurs. Autrement dit, elles ne supposent pas de réponses aux questions suivantes : qu’est-ce qui est permanent, indépendant et cause de notre perception ? À quoi cela ressemble-t-il ?

En effet, Reid ne pense pas que les sens nous trompent sur la nature des qualités secondes, mais simplement qu’ils ne nous informent pas à son propos :

[…] leur nature ne se révèle point au sens, elle peut-être un sujet de discussion1.

En d’autres termes, Locke admet que l’expérience paraît nous révéler la nature de la couleur, ce que Reid rejette, l’expérience indiquant seulement sa position et son existence. Il n’y a aucune erreur ou illusion dans la perception de la couleur. Le sens commun de Reid et celui de Locke paraissent reposer sur de toutes autres phénoménologies de l’expérience des couleurs.

Pour les départager, il faut déterminer si vraiment la perception des couleurs ne paraît jamais présenter la nature des couleurs, si, comme le pense Reid, le rouge ne nous paraît jamais être précisément ce qu’il semble être. La position de Reid est extrêmement radicale. Des physicalistes contemporains aussi robustes que David Armstrong, qui soutient que la nature des couleurs est compréhensible uniquement par la science et identifiable autrement que par l’expérience, pensent néanmoins que l’expérience des couleurs est partiellement illusoire et attribuent à la couleur

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1 Reid, T., Essays on the Intellectual Powers of Man, Brody B.,Edinburgh, Edinburgh UP,

2002, trad. partielle., Essais sur les facultés intellectuelles de l’homme, Paris, L’Harmattan, 2007, p. 127.

des caractéristiques qu’elle n’a pas, reconnaissant, au moins prima facie, un écart entre l’image manifeste et l’image scientifique du monde.

§ 7.1 La défense du sens commun

Reid prétend défendre le sens commun. Il affirme, comme ce dernier, que les objets sont colorés. À la différence de Berkeley, il pense que la science, entendue de façon réaliste, n’est pas incompatible avec le sens commun. À la différence de Locke, il soutient qu’elle ne nous oblige pas à réviser le concept ordinaire de couleur. Il est également insensé de nier que les objets soient colorés ou de refuser d’entendre la science de façon réaliste. Il est tout aussi invraisemblable de supposer une équivocité du concept de couleur et de dire que les objets sont, en un sens, colorés et, en un autre sens, ne le sont pas. Voici à quoi, selon Reid, ressemble le concept ordinaire de couleur :

Par couleur, tous les hommes, du moins ceux qui n’ont pas été instruits par la philosophie moderne, comprennent non une sensation de l’esprit, qui ne peut avoir aucune existence quand elle n’est pas perçue, mais une qualité ou une modification des corps, qui demeure la même, qu’elle soit vue ou non. Le rose écarlate qui est devant moi est toujours un rose écarlate quand je clos mes yeux, et l’était également à minuit, quand aucun œil ne le voyait. La couleur reste quand l’apparence cesse : elle reste la même quand l’apparence change. Car quand je vois ce rose écarlate à travers une paire lunettes vertes l‘apparence change, mais je ne pense pas que la couleur de la rose a changé. Pour une personne qui a la jaunisse, elle a encore une autre apparence ; mais il est facilement convaincu que le changement est dans son œil et non dans la couleur de l’objet. Chaque différent degré de lumière lui donne une apparence différente, et une obscurité totale supprime toute apparence, mais ne produit pas le moindre changement dans la couleur du corps1.

En affirmant que la couleur n’est pas une sensation, Reid condamne la thèse selon laquelle les couleurs sont telles qu’elles apparaissent. Pour Reid, la caractéristique principale de la couleur est sa permanence. Ce qu’il appelle son apparence est, quant à elle, impermanente :

Le langage commun de l’humanité montre manifestement que nous devons distinguer entre la couleur du corps, qui est conçue comme une qualité permanente et fixe du corps, et les apparences de cette couleur pour l’œil, qui peut varier de milliers de manières, par une variation de la lumière, du milieu ou de l’œil lui- même. La couleur permanente du corps est la cause, qui, par l’intermédiaire de différents types ou degrés de lumières, et de divers corps transparents interposés, produit cette diversité des apparences. Quand un corps coloré est présenté, il y a une certaine apparition à l’œil, ou à l’esprit, que nous avons appelé l’apparence de

la couleur. M. Locke l’a appelé une idée ; et il est effectivement approprié de

l’appeler ainsi2.

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1 Reid, T., Essays on the Intellectual Powers of Man, Brody B., Edinburgh, Edinburgh UP,

2002, trad. partielle., Essais sur les facultés intellectuelles de l’homme, Paris, L’Harmattan, 2007,VI, sect.. V, l

2 Reid, T., Essays on the Intellectual Powers of Man, Brody B., Edinburgh,Edinburgh UP,

2002, trad. partielle., Essais sur les facultés intellectuelles de l’homme, Paris, L’Harmattan, 2007, VI, sect.. V, l.

L’apparence est la sensation causée en nous par la couleur et elle dépend avant tout de notre constitution, mais également de l’illumination ou des filtres qui s’interposent entre nous et l’objet. Il n’y a pas d’apparence privilégiée : l’apparence de rouge écarlate au soleil ne présente pas plus l’écarlate tel qu’il est que l’apparence du rouge écarlate à travers des verres fumés. Le lien entre l’apparence et la couleur est contingent et il est clair que chez Reid l’apparence de l’objet ne peut être constitutive de sa réalité. La thèse de Thomas Reid ne tient aucun compte de considérations phénoménologiques dans la définition des couleurs autres que la permanence, la causalité (la couleur est conçue comme la cause des sensations de couleur) et la localisation1. Il suppose toutefois que les différences phénoménologiques (celle d’une fleur qui paraît rose sur le fond vert de l’herbe) correspondent à des différences de couleurs.

Reid est sans doute l’un des premiers auteurs à avoir accepté consciemment et explicitement de considérer que la couleur n’avait rien à voir avec son apparence. Cette position de Reid suppose de nier qu’il existe prima facie quelque chose comme des caractéristiques qualitatives ou phénoménales des couleurs, ces dernières étant des caractéristiques exclusives des sensations. Cela revient à dire que les couleurs ne se présentent pas, dans la perception, comme des entités qualitatives, que les couleurs ne sont pas ce qu’elles semblent être et que l’apparence des couleurs, l’expérience, n’est pas un guide pour la compréhension de leur nature.

C’est ce qui amène Reid à défendre une théorie physicaliste des couleurs selon laquelle ces dernières sont des propriétés physiques des surfaces. Les propriétés physiques des surfaces sont, selon lui, permanentes. La thèse de Reid semble anticiper la théorie australienne des couleurs, selon laquelle ces dernières sont des qualités premières, des qualités existant indépendamment du sujet percevant et figurant dans le mobilier ontologique de la science du temps. La thèse de Reid paraît toutefois plus radicale quant à la conception de l’expérience.

À la différence des australiens, Reid conserve une distinction épistémologique entre les qualités secondes et les qualités premières : la nature des qualités secondes n’est pas révélée dans la perception. Soit :

Qualités premières reidiennes : qualités physiques objectives dont la nature est révélée dans la perception.

Qualités secondes reidiennes : qualités physiques objectives dont la nature n’est pas révélée (ni ne semble être révélée2) par la perception et dont la nature doit faire l’objet d’une investigation scientifique.

En effet, nous ne savons pas ce qu’est une couleur en la voyant. À propos de la distinction entre les qualités premières et les qualités secondes, il écrit en effet :

Cette distinction est-elle fondée ? Les qualités primaires ont-elles quelque caractère commun qui n’appartienne pas aux qualités secondaires ? Quel est ce caractère, s’il existe ? […] Je réponds que la distinction me semble avoir un

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1 Il n’est même pas certain que sa permanence soit phénoménologique. Voir plus bas. 2 Cela permet de distinguer Reid et Locke.

fondement réel ; et ce fondement le voici : nos sens nous donnent une notion directe et distincte des qualités primaires, et nous apprennent en quoi elles consistent ; au lieu que la notion qu’ils nous donnent des qualités secondaires est obscure et purement relative, ils nous apprennent que ces qualités nous affectent d’une certaine manière, ou, en d’autres termes, produisent en nous certaines sensations ; mais que sont-elles en elles-mêmes ? Nos sens ne nous le disent pas ; ils nous laissent là-dessus dans les ténèbres.

[…] La notion relative d’une chose n’est point, à proprement parler, la notion de cette chose ; elle est seulement la notion d’un de ses rapports avec une autre chose. […] Toutes les relations que nous découvrions entre l’inconnu et le connu sont des notions relatives de l’inconnu […].

La distinction entre les qualités secondes et les qualités premières est donc la distinction entre deux types de qualités qui sont ontologiquement semblables. La distinction ici est épistémologique. Les qualités existant indépendamment de nous sont plus ou moins accessibles à notre compréhension et les couleurs comptent parmi les moins accessibles. Nous savons seulement que ce sont des propriétés qui produisent en nous un certain effet. À chaque effet distinct correspond une propriété distincte, localisée là où nous percevons la source de cet effet. Il peut ainsi affirmer que la nature des qualités secondes est l’objet de la science :

La nature des qualités secondes est un sujet propre à l’étude philosophique ; et la philosophie a fait quelques progrès à ce sujet. On a découvert que la sensation olfactive est occasionnée par les effluves des corps ; celle des sons par leur vibration. La disposition des corps pour réfléchir une certaine quantité de lumière occasionne la sensation de couleur. De très curieuses découvertes ont été faites sur la nature de la chaleur et un vaste champ de découvertes demeure sur ces sujets1.

§ 7.2 Sensation et perception

La thèse de Reid est fondée sur sa distinction entre sensation et perception : Sensation : acte de l’esprit qui n’est pas dirigé vers un objet ; est l’effet interne, mental, d’un objet externe, mais ses caractéristiques dépendent principalement de la constitution interne du sujet ; son apparence constitue son essence.

Perception : acte de l’esprit dirigé vers un objet indépendant de lui comprenant une conception de l’objet perçu et une croyance en son existence qui n’est pas le résultat d’une inférence.

Les sensations ne sont pas intrinsèquement intentionnelles. Elles sont l’effet que nous fait une chose extérieure et dépendent pour une bonne part de notre propre constitution, ce qui fait qu’une sensation est un état de nous-mêmes, agréable ou désagréable, plus rarement neutre. Les sensations sont toutefois corrélées avec leur cause, distinctes les unes des autres, ce qui permet de leur conférer une fonction de signe : on pourrait leur attribuer une intentionnalité dérivée, tandis que la perception aurait une intentionnalité intrinsèque. Reid écrit :

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1 Reid, T., Essays on the Intellectual Powers of Man, Brody B.,Edinburgh, Edinburgh UP,

2002, trad. partielle., Essais sur les facultés intellectuelles de l’homme, Paris, L’Harmattan, 2007, §. 4

L’odeur agréable que je sens, considérée en elle-même, et sans aucune relation à la rose, est la sensation proprement dite ; elle m’affecte d’une certaine manière, et cette affection n’a rien de commun avec la rose, ni avec aucun autre objet. La sensation est uniquement ce que j’éprouve ; son essence consiste à être sentie ; quand elle cesse de l’être, elle n’est plus ; en un mot, il n’y a aucune différence entre la sensation et ce que sent l’esprit qui en est affecté. C’est pour cela que nous avons dit ailleurs que le fait de sensation ne renferme point d’objet distinct de l’acte de l’esprit qui sent, et cela est vrai de toutes les sensations possibles. Examinons maintenant la perception que nous avons en flairant une rose. Toute perception a un objet hors de nous, et cet objet, dans le cas présent, est la qualité que mon odorat discerne dans la rose. L’expérience apprend que la sensation est excitée par la présence de la rose, et qu’elle s’évanouit quand la rose s’éloigne ; les principes de ma nature me font conclure de là qu’il y a dans la rose une qualité qui est la cause de la sensation. Cette qualité de la rose est l’objet perçu, et l’acte de mon esprit, par lequel je crois à son existence, et ce que nous appelons ici

perception1.

Dans la perception, le rapport à l’objet est lié à une conception et à un jugement d’existence :

Si nous examinons cet acte de l’esprit que nous appelons la perception d’un objet extérieur, nous trouverons dans cet acte trois choses : 1° quelque conception ou notion de l’objet perçu ; 2° une conviction irrésistible et une croyance ferme de son existence actuelle ; 3° cette conviction et cette croyance sont immédiates et non l’effet du raisonnement2.

Une conception, chez Reid, n’est pas nécessairement le produit d’une analyse ou d’une abstraction. Ce n’est du moins pas le cas de la conception impliquée dans la perception. Il en rend compte négativement, en la distinguant du jugement et de la peinture3 notamment, mais il est difficile de dire précisément de quoi il s’agit. Ce qu’on peut en comprendre et importe ici est que la conception est un acte de l’esprit qui appréhende la chose telle qu’elle est en fait (qualité première) ou telle qu’on peut la concevoir à partir des sensations (qualité seconde)4. Dans la

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1 Reid, T., Essays on the Intellectual Powers of Man, Brody B.,Edinburgh, Edinburgh UP,

2002, trad. partielle., Essais sur les facultés intellectuelles de l’homme, Paris, L’Harmattan, 2007, p. 115-116

2 Reid, T., Essays on the Intellectual Powers of Man, Brody B.,Edinburgh, Edinburgh UP,

2002, trad. partielle., Essais sur les facultés intellectuelles de l’homme, Paris, L’Harmattan, 2007, p. 87

3 La peinture produit un objet distinct d’elle. Quand on sent, la sensation et l’acte de sentir

se confonde, tandis que dans la perception l’objet préexiste à la perception. Reid rejette la thèse selon laquelle on peut comprendre la perception par le biais du concept d’image, même s’il reconnaît que la métaphore est utile. Toutefois, comprendre la perception comme la perception d’une image interne impliquerait que nous ne percevions pas l’objet lui- même. Reid avance beaucoup d’arguments pour montrer que nous n’avons pas de raison de supposer l’existence d’images matérielles ou immatérielles. L’objet de la perception est l’objet externe.

4 Il précise qu’elle ne suppose pas une connaissance antérieure de l’objet, puisque les

perception qu’on en a, les qualités secondes sont en effet conçues comme les causes objectives permanentes de certaines de nos sensations :

Conception des qualités secondes mobilisée dans la perception : causes physiques objectives permanentes de certaines sensations.

Cette conception est relative, puisque nous concevons les qualités par rapport aux sensations, mais pas en elles-mêmes.

Cela a apparemment des conséquences phénoménologiques. En effet, c’est la façon dont nous conceptualisons les couleurs dans la perception qui fait que nous prêtons plus attention aux sensations de couleurs et donc qu’elles ont un poids phénoménologique plus important :

On voit pourquoi les sensations qui appartiennent aux qualités secondaires fixent toujours notre attention, tandis que celles qui appartiennent aux qualités primaires ne sont pas remarquées.

Celles-là ne sont pas seulement les signes de l’objet perçu, elles entrent encore pour une grande part dans la notion que nous nous en formons. Comme l’objet n’est pour nous que la cause de la sensation, nous ne saurions penser à lui sans penser à la sensation ; elle est le seul caractère par lequel nous le connaissions. La pensée d’une qualité secondaire nous ramène donc toujours à la sensation qui nous la révèle, et de là vient que nous donnons à ces deux choses le même nom, et que nous sommes sujets à les confondre1.

On comprendra mieux la place des sensations dans la perception des qualités secondes en examinant leur place dans la perception des qualités premières :

Mais nous n’avons pas besoin de recourir à nos sensations pour concevoir les qualités primaires : la nature nous en donne une notion directe et distincte. Dans la perception des qualités primaires, la sensation conduit immédiatement la pensée à la qualité dont elle est le signe, et à l’instant nous l’oublions : aussi est-elle à peu près pour nous comme si elle n’était pas sentie. C’est le cas de toutes les sensations qui accompagnent la perception des qualités primaires ; nous ne les remarquons que lorsqu’elles sont assez pénibles ou assez agréables pour attirer notre attention2.

Cela semble signifier que, s’agissant des propriétés spatiales de l’objet, par exemple, nous occultons les sensations : nous n’avons pas conscience, par exemple, que la pièce vue d’ici produit quelque chose comme une sensation elliptique, mais nous la concevons immédiatement comme ronde. Ce n’est qu’en quelque occasion que nous pouvons prendre connaissance des sensations de

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Edinburgh, Edinburgh UP, 2002, trad. partielle., Essais sur les facultés intellectuelles de

l’homme, Paris, L’Harmattan, 2007.

1 Reid, T., Essays on the Intellectual Powers of Man, Brody B.,Edinburgh,Edinburgh UP,

2002, trad. partielle., Essais sur les facultés intellectuelles de l’homme, Paris, L’Harmattan, 2007, p. 128

2 Reid, T., Essays on the Intellectual Powers of Man, Brody B.,Edinburgh, Edinburgh UP,

2002, trad. partielle., Essais sur les facultés intellectuelles de l’homme, Paris, L’Harmattan, 2007, p. 128

qualités premières. Ce n’est pas le cas avec les sensations de qualités secondes. Comme nous avons de ces dernières une conception relative, nous n’avons pas une conception claire de leur nature et nous avons conscience de la sensation.

§ 7.3 Équivocité ou univocité du concept de couleur ?

La perception comprend à la fois une conception et un jugement d’existence. Le désaccord principal de Reid avec Locke est que Reid pense que la couleur est une propriété intrinsèque objective des choses et que le concept de couleur est univoque ; même s’il reconnaît qu’il y a habituellement une équivocité linguistique, celle-ci ne doit pas exister quand on fait de la philosophie :

Mais il faut remarquer que la sensation que j’éprouve, et la qualité que je perçois, sont définies dans la langue par les mêmes termes, Et appellent également l’odeur de la rose. Le mot odeur est donc équivoque ; il a deux significations. Or il suffit

Dans le document La réalité des couleurs (Page 140-148)