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5 Trois objectifs de ce travail

Dans le document La réalité des couleurs (Page 64-71)

Ce travail a trois objectifs principaux.

Le premier, pour partie classificatoire, est de présenter et d’évaluer les théories philosophiques des couleurs, plus particulièrement celles qui sont actuellement disputées. Plus particulièrement, il s’agit d’examiner comment les théories se comportent relativement au caractère qualitatif/phénoménal, ou prétendument tel, des couleurs et les conclusions qu’elles en tirent quant à l’objectivité de la couleur. Je reviendrai sur l’histoire de la discussion philosophique sur les couleurs en l’examinant comme une dispute portant sur le statut de la thèse de la révélation, la défense ou le rejet de la révélation servant de critères partageant les théories de la couleur en deux camps.

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1 On pourrait imaginer que notre expérience des couleurs ne dépend pas causalement des

couleurs, mais ontologiquement, au sens où la couleur serait un des constituants de notre expérience, et non pas une cause de celle-ci. L’objection souvent entendue à cette thèse est : mais comment l’expérience pourrait-elle viser la couleur ? En ce cas l’expérience ne vise pas la couleur, puisque l’expérience n’est pas localisée dans l’esprit. On demandera alors, comment l’état cérébral vise-t-il l’expérience ? Mais il n’est pas nécessaire de dire que l’expérience est l’état cérébral et que l’état cérébral entretient un rapport causal avec la couleur. J’ai tendance à avoir de la sympathie pour cette conception de l’expérience et la conception événementielle défendue ici devra adopter une conception assez hétérodoxe de l’expérience, néo-réaliste ou profondément disjonctiviste. À ce sujet, voir les textes des néo-réalistes, notamment Holt E.B., The concept of consciousness, New York, Arno Press, 1914 et Holt EB ;, « The place of illusory experience in a realistic world », in Holt E.B., Marvin W.T., Montague W.P., Perry R. B., Pitkin W.B., Spaulding E. G., The new realism

: Cooperative studies in philosophy, New York, Macmillan,1912.Pour une présentation

extrêmement claire et une défense, voir Tonneau F. « Consciousness Outside the Head », Behavior and Philosophy 32 (1, 2000, pp.97-123. Pour une variante disjonctiviste, voir Martin M. G. F., « The Transparency of Experience »,Mind and Language 4 (4), 2002, pp; 376-425.

Même si certaines thèses ont été tenues à l’écart1, je me suis efforcé d’être

exhaustif, au moins quant aux types de théories défendues. Si je passe beaucoup de temps à examiner les thèses concurrentes, c’est aussi parce que, comme le dit Keith Campbell à propos de la conception des couleurs d’Armstrong :

[…] une position philosophique tire une bonne partie de ses attraits des difficultés manifestes de ses rivales2.

La présentation n’a donc pas uniquement valeur pédagogique. La partition des théories en deux camps permet de trancher entre les théories viables et les théories non viables de la couleur par une simple considération de la thèse de la révélation. Si la théorie de la révélation est vraie, alors toutes les théories qui la rejettent sont fausses, et vice versa.

Le deuxième objectif est de défendre une conception objectiviste, événementielle et physicaliste des couleurs, compatible avec la thèse de la révélation. En voici une caractérisation succincte :

Objectiviste – Les couleurs existent indépendamment de nous, dans le monde extérieur à notre corps. Ce ne sont pas des entités subjectives, qui se trouveraient d’une façon ou d’une autre dans nos cerveaux ou nos esprits, mais des propriétés objectives de différents types d’objets extérieurs. Cela est vrai de la plupart des couleurs, sinon de toutes, même si certaines couleurs peuvent prêter à discussion, notamment les couleurs de l’arc-en-ciel ou du ciel, mais surtout celles produites par les reproductions en quadrichromie ou les téléviseurs à écran cathodique, les couleurs hallucinées, celles des images rémanentes ou celles qui surgissent quand on se tapote l’œil3.

Événementielle – Contrairement à une thèse habituellement soutenue, les couleurs ne sont pas des propriétés, mais des événements. C’est une thèse sur le genre de choses qu’est une couleur, sur la catégorie à laquelle elle appartient. Cette thèse soutient que les couleurs ne sont pas permanentes, mais transitoires.

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1 La principale raison est que, si les types de théories sont limités et relativement bien

identifiés, il existe un très grand nombre de théories particulières, différant subtilement les unes des autres, et dont il était impossible et inutile de faire la revue. Ce qui importe ici, c’est que, si des objections portent contre des caractéristiques communes à toutes les variantes d’un même type, alors il porte contre toutes les théories de ce type. Même si les types s’avéraient des airs de famille, il suffit qu’une théorie porte un des traits douteux pour être rejetée.

2 Campbell K., « David Armstrong and realism about colour », in « Ontology, Causality

and Mind: Essays in Honour of D. M. Armstrong », J. Bacon, K. Campbell, and L.

Reinhardt (édd.), Cambridge: Cambridge University Press, 1993, p. 267.

3 Pour une bonne part, les difficultés, pour une théorie objectiviste concernent les couleurs

physiologiques de Goethe. Voir Goethe J.W., Traité des couleurs, Paris, Triades, 1980. Goethe lui-même, en découvrant les couleurs physiologiques, a dû revoir pour partie sa théorie. Voir, sur ce point, Sepper D.L., Goethe contra Newton, Cambridge, Cambridge University Press, 1988, p. 88-90

Physicaliste1 – Les couleurs sont physiques. Cela ne veut pas dire que les couleurs

soient des entités dont les descriptions des sciences physiques actuelles ou d’hypothétiques sciences futures pourraient nous donner une connaissance complète. Cela signifie simplement que l’explication des couleurs ne suppose pas de postuler des entités d’un type radicalement nouveau, dont ne traiteraient pas les sciences actuelles, notamment la physique. Dès lors, pour savoir ce qu’est une couleur, il n’est pas inapproprié de lire un livre de physique, comme l’excellent livre de Kurt Nassau2. Néanmoins, défendre le physicalisme, ce n’est pas endosser

l’idée que la science peut tout nous apprendre sur la couleur et qu’une Marie enfermée dans une chambre en noir et blanc pourrait tout savoir des couleurs en lisant des livres. En effet, il faut également la voir.

Compatible avec la thèse de la révélation – Les couleurs sont plus ou moins ce que l’on croit ordinairement qu’elles sont quand nous ne nous occupons pas de philosophie ou de science. Elles possèdent également la plupart, sinon toutes les caractéristiques que nous serions prêts à leur attribuer sur la base de notre expérience ordinaire, et elles ont à l’espace le rapport qu’elles paraissent avoir, occupant, chacune à sa façon, des volumes, des surfaces ou tout autre type d’étendue où nous voyons des couleurs. Autrement dit les couleurs sont ce qu’elles semblent être. Les couleurs sont des entités pour lesquelles il n’y a pas de différence entre l’apparence et la réalité, comme les douleurs. Cela ne signifie pas que leur apparence épuise toute leur réalité, mais il suffit qu’elle en épuise une partie. Cette thèse endosse, sous une certaine forme, la thèse de la révélation3.

La thèse centrale de la théorie est la thèse événementielle, qui consiste à catégoriser la couleur. Catégoriser est une tâche proprement philosophique. Ce travail suppose donc que la philosophie a un rôle spécifique à jouer dans la compréhension des couleurs, qui ne relève d’aucune science. J’essaierai de montrer que les problèmes attenants au fossé explicatif sont liés au fait qu’on aborde les

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1 En général, on reproche à l’adjectif physique son manque de clarté. De ce fait, beaucoup

ont critiqué la pertinence de la thèse physicaliste. Si l’on ne sait pas très bien ce qu’est une entité physique, on ne voit pas non plus très bien ce que défend un physicaliste ou en quoi consiste une thèse physicaliste. Smart (Philosophy and Scientific Realism, London, Routledge, 1963), dit que les propriétés physiques sont les propriétés « scientifiques », au sens où ce sont des propriétés dont les sciences parlent ou qui sont réductibles à de telles propriétés. Ces propriétés sont physiques puisque toutes les sciences sont réductibles aux sciences physiques. En ce sens, la charge électrique est physique, mais pas la force psi, supposée permettre la télékinésie et étudiée par la psilogie, une activité qui n’a rien de scientifique. La difficulté avec cette thèse est que si la physique change, les propriétés physiques ou ce qui compte comme une propriété physique peut changer. Smart restreignait l’appellation physique aux propriétés de la science actuelle et n’invoquait pas une future nouvelle physique hypothétique. En réalité, un physicaliste est quelqu’un qui essaie de résoudre des problèmes physicalistes en supposant la seule existence des entités de la physique.

2 Nassau K., The physics and chemistry of color, New York, Wiley Interscience, 2001. 3 Sur la révélation, voir Johnston M., « How to speak of the colors », Philosophical

Studies 68, repris dans Readings on Color, vol. 1, 1992, pp. 221-63.Voir également le

problèmes en utilisant la catégorie des propriétés, qu’il vaut mieux réduire à quelque chose se rapprochant des prédicats.

Le troisième objectif, le cœur de ce travail, est de montrer en quoi les couleurs posent un problème philosophique et dans quelle mesure la philosophie peut contribuer à notre compréhension des couleurs.

Je tiens cet objectif pour extrêmement important. C’est le lot de la philosophie d’affronter des problèmes dont toutes les solutions paraissent invraisemblables : les unes sont intuitives, mais ne résistent pas aux arguments, tandis que les autres sont étayées par des arguments puissants, mais ne résistent pas aux intuitions. Mais cela se vérifie particulièrement pour la philosophie des couleurs, un champ d’investigation où il est extrêmement difficile de parvenir à un résultat satisfaisant, à savoir un accord au moins minimal sur une caractérisation de l’objet de l’enquête. Il me semble que cela soit dû précisément à l’absence d’un problème et d’un explanandum clairs. Malgré la diversité des approches et des méthodologies, l’explanandum est toujours la couleur telle qu’elle est révélée dans l’expérience. Si la théorie présentée ci-dessus est fausse, j’espère au moins que cette partie du travail permettra de mieux comprendre les difficultés philosophiques posées par la couleur et de mieux saisir ce qui distingue les théories en lice.

Je suis convaincu que les couleurs posent un problème qui ne peut être résolu par les sciences, mais qui relève de la métaphysique, entendue comme une discipline qui résout certains problèmes en postulant des entités appartenant à certaines catégories (par exemple une substance divine ou des propriétés universelles) ou bien en catégorisant des entités connues par ailleurs, afin de comprendre leur manière d’être, leur façon de changer1, etc. J’essaierai de montrer que le problème

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1 Il est difficile de trouver des traits communs aux problèmes métaphysiques. Aristote déjà

avait du mal à rendre compte de l’unité de ce qu’il appelait philosophie première, la divisant en théologie et en science de l’être en tant qu’être, plus tard appelée ontologie. On peut toutefois proposer une liste de tâches et de problèmes, sans prétendre à l’exhaustivité et montrer qu’ils font tous appel, ultimement, à une ontologie.

A. Étudier la nature des entités postulées ou présupposées par le sens commun ou les sciences afin de comprendre notre conception ordinaire et notre image scientifique du monde. Par exemple, se demander ce qu’est un objet matériel, un trou, une ombre, une personne, un changement, une valeur, un nombre, une norme, la causalité, une institution, l’argent, les états mentaux, l’action, le temps, l’espace, la matière, une onde, un électron, une couleur, etc. On se demandera notamment quels sont leurs modes d’existence. Il ne s’agira pas de dire quelle est la fonction de l’argent ou de retracer son histoire, mais de montrer que son existence tient à sa fonction et de déterminer comment apparaît cette fonction. Pour l’électron, il ne s’agira pas de dire quelle est sa charge électrique, mais de spécifier quels sont ses critères d’identité, de voir s’ils sont les mêmes que ceux des objets macroscopiques. Pour la croyance, il ne s’agira pas de dire ce qui la distingue du savoir, mais de déterminer s’il s’agit d’un état cérébral, par exemple.

Il s’agit par là d’élaborer une image du monde tenant compte des différentes sciences. Se demander, par exemple, s’il y a des niveaux de réalité, si les organismes sont réductibles aux entités physiques qui les composent, si la vie est explicable matériellement, si les entités postulées par la psychologie sont réductibles à celles de la physique, si la causalité est la même en biologie et en physique, si les faits sociaux sont des phénomènes naturels,

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s’il y a des phénomènes émergents, si tout est matériel, existant dans l’espace et le temps, etc.

Il faut également examiner la compatibilité du sens commun avec la science. C’est une version du problème de l’apparence et de la réalité. La science allant souvent au delà des apparences (un exemple simple : la Terre tourne autour du soleil et non le soleil autour de la terre, comme nous le voyons), on peut se demander si cela implique des changements dans notre compréhension de nous-mêmes et du monde. La question est cruciale, par exemple, quand il semble y avoir une incompatibilité entre l’image manifeste et l’image scientifique du monde.

La science peut indiquer l’existence d’objets qui ne semblent pas avoir de place dans le monde ordinaire. Platon notait par exemple la différence entre le changement incessant et l’imperfection du monde visible et la perfection et l’immuabilité de nos connaissances mathématiques et de leurs objets, ce qui le conduisit à postuler l’existence d’un monde parfait et sans changement constitué d’entités mathématiques au-delà du monde sensible. D’ordinaire, nous croyons également en l’existence de certaines choses dont la science paraît indiquer qu’elles n’existent pas ou ne sont pas ce qu’on croit qu’elles sont. Parmi les problèmes de ce genre, on compte celui de la compatibilité entre le déterminisme et la liberté, celui de la nature du temps et de l’espace après la relativité générale ou celui de la nature des couleurs et de leur place dans le monde après la mathématisation et la mécanisation du monde physique chez Galilée.

B. Garantir la possibilité de la connaissance (par exemple, chez Aristote, justifier le principe de non-contradiction, chez Descartes, garantir que nos représentations correspondent à la réalité extérieure, chez Platon et les médiévaux, résoudre le problème des universaux). Kant a souligné la difficulté de cette tâche : la métaphysique prétend elle-même être une connaissance, mais qu’est-ce qui la garantit ?

C. Chercher à expliquer par le biais d’entités suprasensibles l’existence ou l’ordre du monde. La métaphysique, en ce cas, doit prouver l’existence de l’entité explicative, qu’il s’agisse des idées platoniciennes, de Dieu, etc. On trouve donc ici la question des arguments en faveur de l’existence de Dieu, la recherche des causes premières* et la fameuse question : pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?

Il semble toutefois que pour distinguer la métaphysique des autres investigations, il faille insister sur la façon dont elle procède.

D. Postuler des entités pour expliquer certains phénomènes, des entités dont il n’est pas question en science. Par exemple, postuler des universaux pour expliquer les ressemblances entre les choses ; postuler des sense data pour expliquer les illusions, les hallucinations et la perception ; postuler des états mentaux non physiques, postuler des couleurs sui generis, etc.

E. Expliquer des faits en faisant appel à des catégories. Cette dernière caractérisation est

fondamentale puisque c’est elle qui distingue une explication métaphysique ou une

proposition métaphysique de tout autre explication ou proposition. Une religion peut dire que Dieu a créé le monde, mais seul le métaphysicien dira que Dieu est une substance immatérielle causa sui ou qu’il existe nécessairement. De même, les scientifiques pourront décrire le cerveau, mais ils ne pourront pas dire, avec les moyens de la science, que l’esprit est le cerveau, seulement établir une corrélation entre certains états mentaux et le cerveau. Deux tâches dévolues à l’ontologie sont dès lors nécessaires :

des couleurs relève de cette deuxième tâche : il faut les catégoriser correctement. C’est à cette condition que l’on pourra comprendre pourquoi le discours scientifique, même pris en un sens réaliste, ne rend pas entièrement compte de la

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des transcendantaux, Husserl d’ontologie formelle). En effet, toutes les choses existantes possèdent certaines caractéristiques : elles existent, se ressemblent, diffèrent, ont une certaine unité, entretiennent certaines relations et sont non contradictoires.

Ensuite, établir la liste de ce qui existe (Aristote), voire de ce qui pourrait exister (Wolff) ou de ce qui est pensable, même si cela est impossible (Meinong).

Il y a divers types de choses. Le but de la théorie des catégories est de répertorier ces types. Elle n’est ni une liste d’objets particuliers : la guitare de Karim, le godemichet de Monique, le marteau de Michel, etc., ni une liste de types d’objets : guitare, godemichet, marteau, etc. Elle est une liste des types les plus généraux : substances, propriétés, événements, relations, objets naturels, objets sociaux, etc. Généralement, les catégories sont entendues comme les genres suprêmes, sous lesquels tombent des genres subordonnés : les couleurs sont des

propriétés, les animaux des substances, les actions des événements, par exemple. Une

ontologie établit également les relations possibles entre les catégories et les caractéristiques propres à chacune.

Cette liste n’est pas simplement descriptive. Elle vise à rendre compte des différents modes d’existence et à expliquer certaines choses inexplicables par les autres sciences (ce qu’est la causalité ou comment une entité persiste dans le temps, par exemple). Le choix des entités de la liste dépend dès lors de la pertinence descriptive et explicative des entités.

Tous les métaphysiciens ont une ontologie, y compris Descartes, pour qui la métaphysique est science des premiers principes de la connaissance. En effet, parmi les vérités éternelles figurent un certain nombre de « notions communes » qui relèvent de l’ontologie (être, nombre, substance, accident, définition de la causalité) et qui sont présupposés dans son argumentation. Si, pour Descartes, elles sont justifiées par leur évidence et non par leur pouvoir explicatif, elles constituent in fine des principes d’intelligibilité du réel. Même Kant n’est pas en reste. S’il nie la possibilité de toute métaphysique spéciale et de toute métaphysique transcendante (portant sur des objets au-delà de l’expérience), restreignant ce qu’il appelle la métaphysique critique à l’étude de notre représentation du réel, il expose une table des catégories, conçues comme des conditions de possibilité d’une expérience objective et de l’objectivité.

La métaphysique s’intéresse donc à tous les objets, notamment aux objets les plus ordinaires et elle n’est pas confinée, comme beaucoup le croit, à l’étude d’objets

suprasensibles. Les matérialistes sont des métaphysiciens. Elle répond rationnellement à

des questions sur la structure du monde, son origine et sur la place de l’homme en son sein. §2. METHODE

Parmi les différentes méthodes attribuées à la métaphysique, il faut sans doute faire un choix. Parmi l’analyse du langage (Russell), l’intuition intellectuelle (Schelling), l’intuition tout court (Descartes, Bergson), l’argumentation transcendantale (Kant, Strawson), le raisonnement sur des prémisses analytiques a priori (Leibniz), certaines paraissent louches et peu rationnelles, en particulier celles réservées au seul métaphysicien.

Il est préférable d’utiliser les méthodes qui ont court dans les sciences empiriques, formelles ou les autres branches de la philosophie : inférence à la meilleure explication, rasoir d’Occam, description des critères d’identité des entités postulées, expérience de pensée, équilibre réfléchi.

couleur. La science est descriptive et nous entretient de quantités et de structures,

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