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4 Autres arguments lockéens pour l’absence de ressemblance

Dans le document La réalité des couleurs (Page 125-135)

Les autres arguments de Locke sont l’argument du porphyre (II, 8, §19) et l’argument de l’amande pilée (II, 8, §20). Je laisse de côté deux autres arguments, celui tiré des considérations sur la chaleur et la douleur (II, 8, §16), celui sur les deux mains dans le seau (II, 8, §21), qui ne portent pas sur la couleur1.

Ces deux arguments présupposent que les qualités premières ressemblent à leurs idées. Ils ne visent donc pas à montrer une différence entre les deux types d’idées, mais se consacrent spécifiquement aux qualités secondes.

§ 4.1 Stratégies argumentatives

L’argument présenté dans la section précédente, en plus d’établir la différence entre les idées de qualités secondes et les qualités secondes, montre pourquoi il ne peut pas y avoir de ressemblance entre l’idée de couleur et la couleur objective, compte tenu de la nature du processus physique sous-jacent à la perception. Les caractéristiques ressemblantes doivent pouvoir être transmises à travers le medium physique qui sépare le sujet percevant et l’objet perçu.

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1 Les deux arguments portent sur la chaleur, qui est un mouvement et non une propriété

permanente ou une texture, comme la couleur. En outre, elle est liée au toucher, non à la vision.

Les deux arguments semblent montrer que les caractéristiques de l’idée de chaleur dépendent d’un processus interne au corps et pas seulement de la chaleur externe au corps. Si la chaleur est un mouvement externe, elle est aussi un mouvement interne au corps. Lors de la production de l’idée, le mouvement interne interfère avec la chaîne causale provenant du mouvement externe. C’est le cas quand on établit une certaine température dans les mains (argument du seau), mais aussi le cas quand il y a une douleur, qui est objectivement causée par un mouvement interne au corps (la déchirure d’un tissu par exemple). Dès lors la cause proximale de l’idée intervient dans la nature de l’idée perçue, ce qui fait qu’on peut avoir deux idées de chaleur différentes incompatibles sur la même eau, ce qui n’est pas le cas avec les idées de qualités premières (pour les qualités premières, même si nous pouvons avoir deux idées différentes, par exemple quand nous occupons deux positions différentes on peut retracer objectivement leur production grâce à la géométrie projective ; et les idées tactiles ne diffèrent pas, ce qui montre que le milieu interne n’intervient pas dans leur perception).

Locke explique que le feu peut causer l’idée de chaleur et l’idée de douleur, selon la distance à laquelle on se trouve. L’idée de douleur étant dépendante de l’esprit et ne pouvant se trouver dans le feu, Locke en conclut que, comme il y a continuité, l’idée de chaleur ne se trouve pas dans le feu. L’idée, même si elle paraît localisée à distance, ne s’y trouve pas. Les deux idées doivent dépendre du même type de cause proximale, un mouvement dans les nerfs, même si elles n’ont pas la même cause distale (la douleur n’a pas, d’ailleurs, de cause distale : un couteau peut causer une blessure et, par là, une douleur, mais la cause de la douleur n’est pas le couteau, mais la blessure).

L’argument s’appuyait sur deux types de considérations :

– un examen des conditions matérielles de la perception, qui supposait que, la causalité mécanique étant une condition nécessaire de la perception, la ressemblance n’est possible que pour des qualités pourvues de structures spatiales, les seules susceptibles d’être transmises par le biais de processus mécaniques à travers le medium (ne serait-ce que parce que les formes sont les frontières d’étendue où se produisent des processus mécaniques différents).

– un examen des couleurs telles qu’elles sont présentées dans la perception, à savoir dépourvues de structures spatiales transmissibles par un processus physique mécanique.

Dans l’argument du porphyre et l’argument de l’amande pilée, Locke procède un peu différemment : il ne s’intéresse pas à la transmissibilité des caractéristiques ou au processus perceptif, mais seulement aux relata de la relation de ressemblance. Il cherche à montrer : (1) que les couleurs externes ne pouvant exister objectivement, la ressemblance est impossible, puisque, en tant que relation, elle suppose l’existence de ses relata ; (2) que les couleurs objectives et les couleurs telles qu’elles sont présentées par les idées étant de natures différentes, la relation de ressemblance est impossible. Dans chacun des passages, je propose donc de distinguer deux arguments, le premier montrant que les couleurs en tant qu’idées, ne se trouvent pas dans les choses, ce qui interdit une ressemblance des idées à la qualité qui les cause, le second montrant que les couleurs présentées par l’idée ont une nature différente de celle de leur cause, ce qui interdit une ressemblance entre elles1.

Ces arguments ne visent pas à nier toute réalité aux couleurs, seulement à montrer qu’elles ne sont pas, dans l’objet, ce que l’on croit qu’elles sont. En fait, Locke montre à chaque fois que les couleurs sont objectivement des textures.

§ 4.2 L’argument du Porphyre

Il existe des reconstructions plutôt sophistiquées de l’argument du Porphyre2, souvent dans le cadre d’une théorie dispositionnaliste – comme si l’argument présupposait ou entraînait, d’une façon ou d’un autre, cette thèse. Or, dans ces passages, Locke ne parle jamais des pouvoirs, même implicitement. Voici le passage :

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1 Le premier argument est celui qui est exposé par Locke. Le second est implicite

2 Voir Jacovides M., « Locke’s Distinction between Primary and Secondary Qualities », in

Newman L., Locke’s “Essay concerning human understanding”, Cambridge, Cambridge UP, 2007, pp. 101-129, « Fifth distinction » et Jacovides M., « Locke's Resemblance Theses. », Philosophical Review 108 (4), 1999, pp. 461-496 ; Jacovides M, « Cambridge Changes of Color ». Pacific Philosophical Quarterly 81 (2), 2000, pp. 142-164. La reconstruction de Jacovides a une faiblesse : il suppose que Locke défend une prémisse selon laquelle les couleurs sont des dispositions et in fine des propriétés de Cambridge, puisque la couleur d’un objet peut changer ou la couleur disparaître en raison d’un changement dans une autre chose. Mais il faut lire la thèse comme une thèse physique, pas comme une thèse métaphysique.

Considérons les couleurs rouges et blanches du porphyre. Empêchez la lumière de l’éclairer et ses couleurs disparaissent, il ne produit plus de telles idées en nous ; au retour de la lumière, il produit à nouveau ces manifestations : peut-on penser qu’une altération se produise sur le porphyre par la présence ou l’absence de lumière et que ces idées de blanc ou de rouge sont réellement dans le porphyre éclairé quand il est évident qu’il n’a aucune couleur dans le noir ? Il a, de fait, de nuit comme de jour, une configuration de particules telle que, grâce aux rayons de lumière qui rebondissent sur certains éléments de cette pierre dure, il est capable de produire en nous les idées de rouge, et grâce à d’autre, l’idée de blanc. Mais le blanc et le rouge ne sont jamais en lui qu’une texture qui a le pouvoir de produire en nous une telle sensation1.

La dernière phrase affirme clairement que le blanc et le rouge en tant qu’ils sont dans les choses sont des textures permanentes.

Voici pour le premier argument :

[1] Le porphyre apparaît coloré à la lumière du jour, mais n’apparaît pas coloré dans le noir (constat). {« coloré » doit être entendu ici au sens ordinaire, comme si l’objet était coloré tel qu’il apparaît dans la perception, comme si les idées de couleurs étaient des propriétés objectives. Locke lui parle des idées de couleurs comme si elles étaient elles-mêmes des qualités objectives.}

[2] Ces couleurs telles qu’elles se présentent dans les idées sont causées par la lumière (hypothèse).

[3] Ou bien, elles sont des altérations objectives du porphyre causées par la lumière qui tombe sur le porphyre, ou bien elles sont des sensations causées par la lumière qui rebondit sur le Porphyre sans lui causer aucune modification (hypothèse).

[4] La lumière rebondit sur le porphyre (hypothèse physique).

! Les couleurs telles qu’elles se présentent en idée ne sont pas des altérations objectives du porphyre par la lumière, mais seulement des sensations.

[5] La ressemblance entre les idées et leur cause suppose l’existence objective de ces couleurs.

! Il n’y a pas de ressemblance entre les idées et leur cause.

Ce que veut dire Locke est qu’on ne trouve pas dans les objets des couleurs telles qu’elles sont présentées par les idées. Il nie donc l’existence d’un des relata nécessaires pour qu’il existe une relation de ressemblance.

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Il montre ensuite que ces couleurs ne ressemblent pas à leur cause, la relation de ressemblance ne pouvant exister entre deux entités de nature différente1. Voici le second argument :

[1] Si elles sont des altérations, elles sont produites par la lumière qui tombe sur le porphyre, si elles sont des idées, elles sont produites par la lumière qui provient du porphyre.

[2] La lumière rebondit sur le Porphyre sans l’altérer2.

! Les idées sont produites par la lumière qui suit le porphyre.

[4] La lumière qui provient du porphyre a été modifiée par le porphyre pour produire deux rayons différents [hypothèse].

[3] On peut supposer que la différence entre les deux lumières est liée à deux textures qui modifient différemment le mouvement des rayons lumineux [hypothèse physique : seule une texture peut modifier le mouvement des rayons].

[5] Or les idées de couleur ne ressemblent pas à une texture.

! Les idées de couleurs ne ressemblent pas aux couleurs du porphyre. On notera que Locke identifie le rouge et le blanc à une texture dotée d’un certain pouvoir, mais pas à une disposition ou à un pouvoir, ce qui va dans le sens de la thèse de Martin-Heil.

Notons également que Locke refuse que la lumière produise une altération sur le porphyre, ce que nous accepterons quand nous défendrons la thèse événementielle. Cela tient à sa supposition mécaniste que la lumière rebondit sur l’objet, ce qui écarte la possibilité d’une altération objective et mène à la thèse selon laquelle les couleurs objectives sont permanentes. En effet, si les couleurs étaient des altérations objectives, elles apparaîtraient ou disparaîtraient en fonction de la lumière. Locke suppose donc que les couleurs objectives ont une forme de permanence et que seules les sensations sont variables, en raison de la variabilité de la lumière notamment. Les thèses de Locke sur la permanence sont dues, au moins pour une part, à des considérations physiques3. Elles sont liées à ces considérations et une modification de la physique devrait permettre de revenir sur les arguments de Locke. Les arguments de Locke ne sont pas seulement philosophiques, mais partent de considérations de physique. Dès lors, ils ne

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1 On parle ici comme s’il existait une distinction entre les couleurs phénoménales et les

couleurs physiques ; Locke parle des couleurs comme idées et comme textures. Ce n’est pas tout à faire correct si l’on suit notre interprétation présentée plus haut, mais cela facilite les choses.

2 Un argument phénoménologique est disponible pour cette prémisse : la lumière ambiante

ne produit pas ces idées. Si l’on se place entre la source lumineuse et le porphyre et qu’on regarde en direction de la source, on ne perçoit pas les couleurs du porphyre.

3 Berkeley, qui renonce à la permanence des couleurs, voit bien ce point chez Locke. C’est

parce qu’il a une certaine physique que Locke admet la permanence des couleurs. Si l’on renonce à cette physique, on n’est pas tenu de défendre la permanence des couleurs.

relèvent pas de la philosophia perennis, mais sont liés à des thèses physiques particulières. Si ces thèses sont fausses, les arguments sont incorrects.

§ 4.3 L’argument de l’amande pilée

L’argument du porphyre s’intéresse à un changement apparent. Le porphyre semble changer lors du passage de l’obscurité à la lumière, mais, en fait, il demeure le même. Ce qui ne signifie pas qu’il n’est pas coloré, mais sa couleur n’a pas la nature qu’elle semble avoir.

L’argument de l’amande pilée s’intéresse à un changement réel. La couleur de l’amande change réellement quand elle est pilée, puisque sa texture est modifiée. Cela montre encore une fois que la nature de la couleur n’est pas celle qu’on croit et que le changement dans les idées correspond bien à un changement objectif, mais à un changement de texture.

Voici le passage :

Pilez une amande et la couleur blanc-clair deviendra sale, le goût doucereux se changera en un goût huileux. Quel changement réel peut produire en un corps l’usage du pilon, si n’est le changement de texture1 ?

Il s’agirait bien d’un argument et non d’une explication. Je suppose que c’est à peu près l’argument suivant :

[1] Je peux modifier la couleur d’une amande en la pilant. [2] En la pilant, je modifie uniquement sa texture (hypothèse).

[3] Les couleurs telles que les présentent les idées ne sont pas des textures. ! Les couleurs telles que les présentent les idées ne sont pas objectives. [5] La ressemblance entre les idées et leur cause suppose l’existence objective de ces couleurs.

! Il n’y a pas de ressemblance entre les idées et leur cause. Voici le second argument :

[1] La couleur objective est une texture.

[2] Les idées de couleurs ne sont pas des idées de texture. ! Les idées de couleurs ne ressemblent pas aux couleurs.

§ 5

Berkeley a-t-il compris Locke ?

Des historiens de la philosophie affirment que Berkeley n’a pas compris Locke2. Selon eux, Berkeley soutient que les qualités secondes sont, pour Locke, des

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1 Locke J., Essai, II. 8, §20

2 Voir, par exemple, Jackson R., «Locke’s distinction between primary and secondary

qualities » (1929), in Armstrong D. M., Martin CB. (édd.), Locke and Berkeley, London, Melbourne, Macmillan, 1968, pp. 53-77; Mackie J. L., Problems from Locke , Oxford: Oxford University Press, 1976 ; Mandelbaum, M, « Locke’s Realism », in Philosophy,

sensations, tandis que, en réalité, ce dernier les tient pour des pouvoirs possédés par les objets. On trouve en effet chez Berkeley des formulations qui vont en ce sens, comme celle-ci :

Ceux qui affirment que la figure, le mouvement et les autres qualités premières ou originelles existent effectivement hors de l’esprit, dans des substances non pensantes, reconnaissent en même temps qu’il n’en va pas de même des couleurs, des sons, de la chaleur, du froid, etc. Ces dernières, nous dit-on, sont des sensations existant dans l’esprit seul ; elles dépendent de, et sont occasionnées par les différences de taille de texture, de mouvement, etc., des petites particules de la matière1.

Dès lors, les attaques de Berkeley contre la distinction des qualités premières et des qualités secondes manqueraient leur cible, car Berkeley attribuerait à Locke sa propre thèse ou une version de celle-ci pour faciliter son affaire et soutenir que les qualités premières étant tout aussi relatives que les qualités secondes, la distinction est caduque, les qualités premières devant elles aussi être des sensations2 et dépendre de l’esprit.

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Pour une défense de Berkeley, voir Stroud B., « Berkeley v. Locke on Primary Qualities »,

Philosophy 55, 1980, pp.149-166 ; Atherton M, « How Berkeley Can Maintain That Snow

is White », Philosophy and Phenomenological Research 67 (1), 2003, pp. 101–113 ; Barnes W. H.F., « Did Berkeley Misunderstand Locke ? », in Armstrong D. M., Martin CB. (édd.), Locke and Berkeley, London, Melbourne, Macmillan, 1968, pp. 78-85. Je n’examinerai pas complètement l’affaire, ce qui nous mènerait trop loin, mais Berkeley conteste la permanence des couleurs.

Pour une position nuancée, voir Wilson M. D., « Did Berkeley Completely Misunderstand the Basis of the Primary-Secondary Quality Distinction in Locke? », in Turbayne (ed.), Berkeley: Critical and Interpretive Essays (Manchester University Press), 1982.

1 Berkeley G., Principes de la connaissance humaine (1710), trad. par D. Berlioz, Paris,

Flammarion, coll. GF, 1991, §10

2 La thèse attribuée à Berkeley ici n’est pas nécessairement celle qu’il défend, mais bien

celle qu’on lui attribue. Je ne crois pas que Locke tienne les couleurs ou les formes pour des sensations. Et je ne pense pas que son objectif soit d’établir que tout est sensation. Il me semble plutôt que bon nombre de ses arguments sont ad hominem et visent à montrer que les partisans de la distinction ne peuvent à la fois soutenir que les objets sont colorés et que les couleurs ne sont pas ce qu’elles semblent être. Je ne m’intéresserai pas à ces questions ici, qui exigeraient un examen détaillé de l’argumentation berkeleyenne. Je me contenterai de montrer sur quoi Berkeley et Locke sont en désaccord et identifierai une question qu’ils partagent et à laquelle ils apportent des réponses différentes. Il s’agit d’une reconstruction des présupposés de leur discussion qui me paraît éclairante.

Il semble toutefois que Berkeley ait très bien compris la thèse de Locke sur les pouvoirs, ce que montrent ses Notebooks1 et ses premières thèses propres, par lesquelles ils défendaient une ontologie des pouvoirs. Il importe toutefois de comprendre la controverse entre Berkeley et Locke sur le plan philosophique et de montrer qu’elle ne repose pas sur un malentendu de Berkeley.

§ 5.1 En quel sens les objets sont-ils colorés ?

Il importe de comprendre que la cible de Locke n’est pas la distinction entre les qualités premières et les qualités secondes en tant que telles, mais en tant qu’elle implique, selon Berkeley, que les objets ne sont pas colorés2. Pour sa part, Berkeley rejette la thèse lockéenne, mais il ne tient pas pour autant les qualités secondes pour des propriétés des sensations, plutôt pour des objets des sensations, les idées, qui sont aussi les constituants des choses physiques3 : des chevaux, des tables, de la neige, etc. Si l’on s’en tient aux couleurs, ce qui importe, de son point de vue, c’est que les choses ont bien les couleurs qu’elles paraissent avoir. Les propriétés physiques que Locke identifie aux couleurs ne sont que de simples « causes instrumentales » des couleurs, ce qui signifie que Berkeley accepte plus ou moins une corrélation entre certains processus physiques et certaines couleurs, mais refuse d’identifier ces dernières aux premiers, qu’ils qualifient souvent d’idées tactiles4.

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1 L’article de W.H. Barnes (« Did Berkeley Misunderstand Locke ? », in Armstrong D. M.,

Martin CB. [édd.], Locke and Berkeley, London, Melbourne, Macmillan, 1968, pp. 78-85), cite des textes des Notebooks de Berkeley qui indiquent sans l’ombre d’un doute la pleine compréhension de Locke par Berkeley. Beaucoup font référence à une position que Berkeley a soutenue avant l’immatérialisme, inspirée de Locke, consistant à dire que les corps sont des agrégats de pouvoirs. Je renvoie à Barnes sur ces points.

2 Pour des conséquences que Berkeley affirme contraire au sens commun et, dans une

certaine mesure, dénuées de sens.

3 Sur la « réification » des idées chez Berkeley, voir Glauser R, Berkeley et les philosophes

du XVIIe siècle: perception et scepticisme, Bruxelles, Mardaga, 1999.

4 On connaît la distinction berkeleyenne entre les idées visuelles et les idées tactiles, en

particulier l’espace visuel et l’espace tactile, constitués de qualités incommensurables reliées par des liens sémiotiques. Il pourrait y avoir un argument de ce genre : [1] Les couleurs sont des visibilia ; [2] Les couleurs de Locke sont des tangibilia ; [3] Il y a une distinction stricte entre les visibilia et les tangibilia ; !La thèse de Locke est fausse. Berkeley doit établir que les couleurs sont des visibilia et, pour ce faire, il défend la thèse de la révélation de la nature des couleurs par l’expérience visuelle. Il serait intéressant ici de montrer pourquoi il ne peut y avoir de révélation tactile des couleurs en s’attachant à la conception berkeleyenne des sensibles propres et de l’incommunicabilité des sens. Ajoutons que, si une idée ne peut ressembler qu’à une idée, notamment par son mode

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