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3 La philosophie, la science et les couleurs

Dans le document La réalité des couleurs (Page 49-63)

A-t-on vraiment besoin de philosophes pour comprendre la nature de la couleur ? Les sciences ne répondent-elles pas à toutes les questions à leur sujet ? Que peuvent faire les philosophes que les scientifiques ne feraient pas déjà ? Peuvent-ils produire des connaissances ou un résultat utile qui ne puissent être fournis par les sciences elles-mêmes ?

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1 Il est dès lors difficile de croire en ses arguments a priori en faveur de sa distinction. Où

l’on constate de nouveau que les évidences des uns ne sont pas celles des autres.

2 Vu les difficultés qui frappent la théorie classique, une théorie alternative peut se

permettre d’en rencontrer quelques-unes ou de traiter ses difficultés l’une après l’autre. Ainsi, ce travail cherchera à montrer que les qualités peuvent exister indépendamment du sujet percevant, mais vous ne trouverez pas ici de théorie de la perception, ce qui serait nécessaire pour établir définitivement la théorie des couleurs proposée ici. Une théorie de la perception devra de toute façon être ontologiquement sérieuse, ce qui n’est pas le cas des théories australiennes de la perception hormis, peut-être, la théorie des sense data de Jackson F., Perception, Oxford, Oxford UP, 1977, qu’il a abandonnée depuis. Chez Smart et Armstrong, on trouve beaucoup de vocabulaire épistémologique et sémantique non clarifié. L’Ecole d’Iowa et les disciples de Bergmann, notamment Grossman, sont plus sérieux sur cette affaire. Voir, par exemple, GrossmannR.,The fourth way, Indiana, Indiana

Les conceptions du rôle de la philosophie dans la compréhension des couleurs sont très diverses et dépendent du rôle accordé à la science, qui dépend de l’importance accordée à la révélation. Je distingue quatre conceptions : deux conceptions ambitieuses, une conception modeste, la dernière conception affirmant l’inutilité de la philosophie. Je défends une conception ambitieuse. Les trois autres conceptions me semblent passer à côté du problème et changer de sujet.

§ 3.1 La première conception ambitieuse du rôle de la philosophie

Les deux conceptions ambitieuses de la philosophie découlent de l’argument suivant :

[1] Les sciences ne tirent pas de conclusion métaphysique. [2] La philosophie tire des conclusions métaphysiques.

[3] La compréhension complète des couleurs nécessite de tirer des conclusions métaphysiques.

! La philosophie est indispensable pour la compréhension des couleurs. Le problème est de montrer en quoi le problème des couleurs est métaphysique et quel genre de compréhension offre la philosophie. Les deux conceptions se distinguent sur ce point.

J’ai proposé un explanandum pour la philosophie des couleurs : il s’agit d’expliquer pourquoi notre expérience nous présente des qualia de couleur. Je prétends que cela assure à la philosophie une place importante dans la compréhension des couleurs. Je défends alors une conception ambitieuse du rôle de la philosophie :

Conception ambitieuse (I) : La philosophie s’attache à développer une théorie ontologique de la couleur telle qu’elle est présentée dans l’expérience et/ou de l’expérience de la couleur.

L’argument en faveur de la conception ambitieuse est le suivant : [1] La couleur est une qualité.

[2] La couleur est un aspect de la réalité ou semble être un aspect de la réalité

[3] Les sciences s’occupent de quantités, mais pas des qualités.

[4] La philosophie est nécessaire pour rendre compte des aspects de la réalité ou de ce qui semble être un aspect de la réalité dont les sciences ne s’occupent pas.

! La philosophie est nécessaire pour rendre compte des couleurs et/ou de l’expérience des couleurs.

Expliquer pourquoi notre expérience nous présente des qualia de couleurs ne suppose pas qu’on accepte l’existence de tels qualia larges. Il suffit de reconnaître leur nécessité pour décrire la phénoménologie de l’expérience, voire pour rendre

compte de l’hétérophénoménologie de l’expérience1. Il faut néanmoins expliquer

pourquoi nous avons de telles expériences ou pourquoi nous faisons de tels comptes-rendus. Le plus simple est effectivement de postuler l’existence de tels qualia, mais il est possible de nier leur existence, ou encore de montrer que les couleurs ne sont pas des qualia et que la compréhension des couleurs ne doit pas faire appel à l’expérience – même si cela paraît extrêmement invraisemblable. Si l’on rejette la nécessité, au moins descriptive, de telles entités qualitatives et qu’on ne se préoccupe pas d’expliquer l’apparence, alors on change de sujet. S’il y a lieu, il importe donc de justifier l’écart entre sa théorie et la phénoménologie ordinaire des couleurs.

Autrement dit, il y a deux façons de résoudre le problème : (i) développer une ontologie des qualia larges et de l’expérience (ce qui revient à défendre le réalisme naïf) ; (ii) développer une ontologie de l’expérience (en vue de défendre une théorie de l’erreur subjectiviste ou éliminativiste). Réduit à sa plus simple expression, le problème est donc le suivant :

Les couleurs telles qu’elles sont révélées dans la perception sont-elles objectives, subjectives ou inexistantes ?

Toute théorie qui ne prend pas position sur le caractère qualitatif des couleurs n’est pas une théorie complète et manque ce qui est au cœur du problème des couleurs. Il est difficile de voir ce que les sciences de la couleur peuvent nous apprendre sur la couleur si l’on n’a pas une précompréhension de ce qu’elle est2. Les sciences

elles-mêmes avaient, au moins au départ, ce genre de précompréhension : c’est ainsi que s’est présenté le phénomène à expliquer. Peut-être les sciences permettent-elles de ruiner cette idée de départ, mais il importe de tenir compte de notre compréhension intuitive des couleurs. On comprendra que je me range dans la catégorie de philosophes qui pensent que la philosophie peut produire des théories spécifiquement philosophiques pour répondre à des problèmes qui ne peuvent trouver de réponses ailleurs, comme l’idéalisme. Les théories

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1 Je rappelle que l’hétérophénoménologie consiste à collecter les discours de sujets sur leur

expérience. L’hétérophénoménologie rejette l’introspection. La phénoménologie n’est pas, dès lors, la description de notre expérience, mais la collecte de ce que nous disons et croyons spontanément sur notre expérience. Voir Dennett D., La conscience expliquée, Paris, Odile Jacob, 1993; De beaux rêves, Paris, L’Éclat, 2008. Si la voie prise par Dennett est souvent utile, il me semble possible d’adopter une voie phénoménologique à même de fournir des descriptions plus précises. Après tout, les espaces de couleur sont des résultats de la psychologie descriptive introspectionniste.

2 En philosophie de l’esprit, que l’on compare souvent à la philosophie des couleurs, les

protagonistes s’entendent au moins sur quelques marques du mental, notamment l’intentionnalité, si bien que l’on sait ce qui doit être expliqué, voire éliminé. S’agissant des couleurs, il n’y a pas d’entente à ce sujet, de telle sorte qu’on ne voit pas toujours de quoi il est question. À tel point qu’on peut même se demander, en lisant certains textes philosophiques sur les couleurs, si l’auteur parle bien de ce dont il prétend parler. La seule chose sur laquelle les philosophes s’entendent est le lien entre la couleur et la vision, ce qui est bien peu de chose, puisqu’ils ne s’accordent ni sur la nature de ce lien, ni sur celle de la vision. Partir de la phénoménologie de la couleur permet d’orienter la discussion. Il est bien entendu possible de disputer de la phénoménologie.

philosophiques peuvent s’opposer au réalisme scientifique si cela leur semble nécessaire et vrai. Elles peuvent aussi proposer des théories pour compléter les théories scientifiques si elles estiment que leurs réponses sont incomplètes. La science et ses résultats sont, si l’on est réaliste scientifique, une contrainte, mais ils n’épuisent pas toute la vérité (les théories de la causalité, de l’identité, de la ressemblance, etc. ne sont pas des théories scientifiques, mais des théories philosophiques). Prendre la science au sérieux ne doit pas mener au scientisme. Les sciences qui posent le plus de difficulté pour la philosophie des couleurs sont la psychologie et les sciences cognitives, qui paraissent écarter de facto des théories philosophiques non matérialistes et non réalistes et se substituer à la philosophie, notamment en prétendant résoudre des problèmes relevant de l’épistémologie1.

Mais on peut montrer que leurs résultats les plus intéressants sont compatibles avec différentes théories métaphysiques et que leurs autres résultats sont imprégnés de métaphysique et méritent donc d’être traités comme des résultats métaphysiques et

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1 Je distingue ici la philosophie des sciences cognitives. Certains pensent que la philosophie

fait partie des sciences cognitives. Ils pensent généralement que la philosophie doit contribuer à la naturalisation de la connaissance. Il n’y a rien de condamnable dans cette attitude, mais on peut également penser que la philosophie puisse remettre en cause les présupposés liés à la naturalisation et défendre l’idéalisme sans pour autant relever de la mauvaise philosophie (H. Robinson me paraît être un excellent philosophe). Des questions se posent également.

Par exemple, un philosophe qui défend l’existence d’une âme non matérielle substantielle et la théorie de l’évolution (comme Swinburne), fait-il des sciences cognitives ? Brentano, quand il défendait l’existence de l’âme, faisait de la psychologie, mais on peut penser que les sciences cognitives sont liées à un programme métaphysique particulier, matérialiste voire mécaniste.

Également, la philosophie doit-elle disparaître et être remplacée par les sciences cognitives, qui seraient une manière scientifique de poursuivre son projet de compréhension de la connaissance, ou bien a-t-elle un rôle propre à jouer au sein de ces sciences ? On peut penser qu’elle a un rôle propre à jouer, mais si elle est ainsi rattachée aux sciences cognitives, elle ne peut que partir de ces sciences et les défendre philosophiquement en mettant à jour leurs présupposés métaphysiques, sans pouvoir véritablement évaluer ses présupposés. Peut-on imaginer qu’un philosophe travaillant au sein des sciences cognitives puissent montrer que le programme est erroné. Dans ce cadre, la philosophie peut être falsifiée par les sciences, mais la philosophie ne peut pas falsifier les sciences, au seul sens minimal où elle pourrait montrer qu’elles ne rendent pas compte d’un objet. Par exemple, les théories philosophiques disjonctives de la perception semblent montrer que quelque chose ne va pas dans l’approche causale de la perception classique. On n’est pas obligé de conclure qu’elles sont vraies, mais elle montre au moins que quelque chose ne va pas avec la conception de la causalité classique.

Chalmers a essayé de montrer que les sciences cognitives ne rendaient pas compte des

qualia et de la conscience phénoménale. Searle, que le problème de l’intentionnalité ne

pouvait pas être traité indépendamment du problème de la conscience. Leurs théories sont- elles des théories philosophiques ou appartiennent-elle aux sciences cognitives ? Ces dernières sont-elles prêtes à accueillir le foisonnement de théories et d’approches propres à la philosophie.

La conclusion est que les choses sont en réalité plus emberlificotées que dans les divisions disciplinaires institutionnelles.

non comme des résultats scientifiques. .

Ce qui est commun à tous ceux qui accordent une place robuste à la philosophie suppose que la philosophie s’intéresse de près à des questions phénoménologiques1. Quelles que soient les théories développées, leur objectif est

de faire en sorte que le monde tel qu’il est conçu philosophiquement rende compte du monde tel qu’il est vécu2. On peut produire une révision radicale de nos

conceptions ordinaires, mais elle doit être ontologiquement capable de rendre compte de la phénoménologie et ne pas nous conduire sur de fausses pistes épistémologiques3.

§ 3.2 La seconde conception ambitieuse du rôle de la philosophie

Le problème est rarement compris ainsi et a perdu la clarté qu’il avait chez les Australiens. La philosophie des couleurs est le plus souvent conçue comme consistant à tirer les conséquences ontologiques de théories scientifiques récentes, comme la théorie des processus antagonistes de la perception des couleurs ou la théorie rétinex de Land. La science peut falsifier des théories philosophiques, mais elle permet également de développer des théories philosophiques, en nous aidant à obtenir des conclusions ontologiques. L’argument en faveur de cette seconde conception est à peu près le suivant :

[1] Les sciences ne tirent pas de conclusion métaphysique. [2] La philosophie tire des conclusions métaphysiques.

[3] La compréhension complète des couleurs nécessite de tirer des conclusions métaphysiques.

! La philosophie est indispensable pour la compréhension complète des couleurs.

La première conception montrait simplement que les sciences écartaient un aspect de la réalité. Ici, la stratégie est différente. Selon cette stratégie, les sciences ne négligent aucun aspect de la réalité, mais elles ne tirent pas toutes les conclusions qu’elles contiennent. Notamment, elles ne se préoccupent pas de tirer des conclusions métaphysiques, bien qu’elles impliquent de telles conclusions. La tâche de la philosophie est donc de dégager les engagements métaphysiques des sciences.

On voit que la compatibilité de la philosophie avec les sciences est comprise ici de façon très étroite. Si la métaphysique est compatible avec la science, c’est qu’elle tire ses résultats de la science elle-même et en est un simple prolongement. Dans la première conception, la philosophie produisait ses propres théories, indépendamment des sciences dont les résultats étaient des contraintes pesant sur la

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1 Cela est valable en philosophie de la religion, en éthique et partout ailleurs.

2 Et cela est vrai des théories philosophiques qui paraissent les plus saugrenues, comme

l’idéalisme. L’idéalisme essaie de sauver le monde manifeste et de contrer le scepticisme. C’est ce que fait Berkeley.

3 Les philosophes modernes les plus révisionnaires, comme Leibniz ou Berkeley,

théorie, puisqu’ils étaient des phénomènes à expliquer par la théorie métaphysique1. La métaphysique pouvait, par exemple, postuler des entités non

physiques, voire nier l’existence des faits physiques pour en faire des constructions logiques; par exemple, ici, les résultats métaphysiques sont en quelque sorte, contenus dans les sciences elles-mêmes. Les sciences étant physicalistes, les théories métaphysiques doivent être physicalistes2. Les contraintes ne consistent

pas simplement en une liste de faits dont il faut tenir compte. La science définit le type de faits qui existent. Elle dit quelles catégories de choses existent. C’est en ce sens qu’elle contient des conclusions métaphysiques. C’est une conception très différente de la tâche de la métaphysique et du lien entre métaphysique et science. Généralement, les partisans de cette approche, parmi lesquels, à mon sens, Larry Hardin et David Hilbert, pensent que le problème des couleurs consiste simplement à déterminer si elles sont subjectives ou objectives. Le problème qu’ils soulèvent est donc apparemment le même que dans la première conception. Mais ce n’est qu’une apparence. Dans la première conception, la couleur est conçue, au moins phénoménologiquement, comme un quale, alors qu’ici, le flou le plus total règne sur le point de départ, hormis sur le fait qu’une bonne théorie doit être physicaliste puisque la science est physicaliste. La question est donc de savoir s’il faut adopter une théorie physicaliste objectiviste ou une théorie physicaliste subjectiviste. Il s’agit de savoir à quoi il faut réduire les couleurs. La question qu’il partage, s’il y en a une, est celle de savoir s’il existe, pour chaque couleur distincte, une entité physique distincte à laquelle la réduire. Les subjectivistes prétendent qu’il n’existe pas d’entité physique objective, mais un processus physique subjectif pour chaque couleur, tandis que les objectivistes rétorquent qu’il y a bien une qualité physique objective pour chaque couleur.

La difficulté est donc qu’il est difficile de savoir ce qu’elles cherchent à réduire. Elles n’ont pas de compréhension partagée de la couleur : ils n’ont aucun explanandum commun clair3. La difficulté provient du fait que ces philosophes

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1 La métaphysique peut par exemple expliquer ce que sont des lois de la nature, ce que sont

des relations causales. Mais elle n’est pas obligée de se cantonner aux phénomènes postulés par les sciences. Elle peut s’occuper de Dieu, des esprits, des anges ou plus simplement des entités macroscopiques ou des qualités.

2 Tous les physicalistes ne le dérivent pas de la science. Armstrong pense que le

physicalisme est la théorie métaphysique la mieux à même de rendre compte des résultats des sciences et du reste. Mais son physicalisme est conçu comme une théorie métaphysique qui s’oppose à d’autres théories métaphysiques (par exemple le phénoménisme), et non pas simplement comme le fait de tirer les engagements ontologiques des sciences. Je crois qu’Armstrong pense que la science s’explique le mieux si l’on adopte le réalisme et le physicalisme, mais il comprend qu’on puisse adopter une théorie idéaliste et instrumentaliste. Les partisans du physicalisme lié à la seconde conception sont des réalistes aveugles. Ils le sont parce que la science l’est et non pour des raisons philosophiques plus profondes. On comprend mieux pourquoi les Australiens savent prendre les problèmes au sérieux.

3 On le retrouve grâce aux objections que se font les partisans des approches scientifiques

les uns reprochant aux autres de ne pas rendre compte de leurs caractéristiques préférées, mais on ne comprend pas la logique qui préside à la discussion.

accordent explicitement la priorité à la science sur la phénoménologie, mais que, dans les faits, on ne peut se dispenser de la phénoménologie et que celle-ci reprend implicitement sa priorité. Dès lors, ils font appel, le plus souvent implicitement et de façon injustifiée, à une précompréhension phénoménologique de la couleur. Les discussions vont consister à déterminer si l’on a ou non tenu compte de certaines caractéristiques phénoménologiques des couleurs. Comme chacun tient pour plus importante l’une ou l’autre caractéristique de la couleur phénoménologique, sans que cela soit jamais justifié, on a un dialogue de sourds.

Certains, comme Hardin, privilégient les données phénoménologiques relatives aux relations de ressemblance et de différence entre les couleurs comme la distinction entre les couleurs uniques (par exemple le rouge et le jaune) et les couleurs binaires (l’orange), ou celle entre les couleurs opposées (le bleu et le jaune). Ils ne tiennent pas compte des données relatives à la localisation des couleurs. Cela facilite l’adoption d’une thèse subjectiviste, selon laquelle les couleurs sont des entités mentales : c’est la structure du système perceptif qui est supposée produire la structure de l’espace des couleurs.

Les autres considèrent que ce que les subjectivistes prennent pour des couleurs, ce sont en fait des effets de celles-ci sur le système perceptif ; les couleurs sont bien objectives, mais elles ne sont pas du tout ce qu’elles semblent être ou presque pas – au mieux, l’expérience nous révèle où elles se trouvent1. Ils insistent sur les

données relatives à la localisation de la couleur et à sa constance.

Les premiers donnent l’impression de préserver des caractéristiques phénoménales de la couleur, l’idée que les couleurs sont ce qu’elles semblent être, mais on peut se demander en quoi ils parlent encore des couleurs : en effet, la plupart des couleurs semblent qualifier des objets qui se situent dans l’espace. On peut aussi se demander où sont les apparences de couleur dans un cerveau.

Les seconds cherchent à préserver l’objectivité de la couleur, son indépendance à l’égard de l’observateur, mais on peut se demander ce que serait une couleur qui n’aurait pas l’apparence d’une couleur. Si l’apparence d’une couleur n’est pas une

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