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5. SYNTHÈSE DES TROIS ARTICLES

5.3 Portrait des mères québécoises

avec l’alimentation de son enfant. Selon l’Enquête de nutrition auprès des enfants québécois de 4 ans (Desrosiers, 2005), la mère québécoise serait active sur le marché du travail. Elle confierait son enfant à un milieu de garde où il y prend quelques repas et collations. En effet, 7 enfants sur 10 fréquentent régulièrement un milieu de garde à l’âge de 4 ans. Dans l’Étude longitudinale du développement des enfants du Québec (ELDEQ, 2004), c’est 8 enfants de 4 ans sur 10 qui fréquentaient un milieu de garde en 2002. Selon l’Enquête de nutrition auprès des enfants québécois de 4 ans (Desrosiers, 2005), la mère québécoise serait encore majoritairement responsable de la planification et de la préparation des repas de la famille. Dans la majorité des questionnaires de l’Étude, c’est la mère qui a répondu aux questions s’adressant à « la personne qui connaît mieux l’enfant » pour ses comportements alimentaires.

Toujours selon l’enquête de nutrition auprès des enfants québécois de 4 ans, les mères québécoises considèrent la santé de leur enfant comme excellente ou très bonne (91,2%) et 96,9% d’entre elles jugent que leur enfant a un degré d’activité physique égal ou supérieur aux enfants du même âge et du même sexe. Les mères québécoises perçoivent les habitudes alimentaires de leur enfant comme bonnes (31%), très bonnes (47%) ou excellentes (15%). Seules 7,2% des mères considèrent les habitudes alimentaires de leur enfant comme moyennes ou mauvaises. Plusieurs mères perçoivent leur enfant comme difficile (16%), comme mangeant à des heures irrégulières (11%) ou comme mangeant trop ou trop vite (23%). Il est à noter que 3% des mères jugent que leur enfant mange rarement ou jamais suffisamment. Plusieurs mères (18%) nourrissent fréquemment ou très fréquemment leur enfant avec des repas au restaurant ou livrés.

Quant à l’ambiance, 31% des mères considèrent le repas comme un moment qui n’est pas agréable et 16,1% comme un moment de disputes. Possiblement pour calmer l’ambiance, 41,6% des enfants consomment leurs repas devant la télévision fréquemment ou très fréquemment (Desrosiers, 2005).

À l’égard du poids, les mères québécoises ne remarquent pas le surpoids de leur enfant. En effet, près des trois quarts des parents d’enfants de 6 ans

présentant un surpoids les considéraient de poids normal (Desrosiers, Dumitru, & Dubois, 2009).

Malgré les différences importantes entre la présente thèse (échantillon homogène, plutôt riche, non représentatif de la population) et les grandes enquêtes mentionnées précédemment, il est possible de tracer un certain parallèle entre ce que les enquêtes rapportent au sujet des mères québécoises et les stratégies parentales utilisées dans la présente thèse. Tout d’abord, l’usage de PAP pour faire manger l’enfant explique probablement la perception du repas comme un moment non agréable où il y a des disputes. Cette confrontation parent- enfant par l’application de PAP peut aussi naître du fait que la mère juge son enfant difficile au plan alimentaire, elle essaierait donc possiblement par plusieurs moyens de lui faire manger ce qu’il refuse. La mère qui considère que son enfant ne mange pas suffisamment va probablement aussi utiliser les PAP pour le faire manger davantage. L’usage de ces PAP pourrait détourner l’enfant de ses signaux internes de faim et de satiété, ce qui pourrait expliquer que certaines mères jugement que leur enfant mange trop ou trop vite.

Finalement, comme la majorité des mères québécoises travaillent, que le repas est souvent une source de stress, elles trouvent des moyens pour simplifier l’heure du repas : la télévision, les mets livrés ou la restauration. Ces méthodes contribuent à alléger les fins de journées au sein des ménages. Elle se méfie peu des effets potentiellement négatifs de ces comportements sur les attitudes, les apprentissages et aussi sur la santé de son enfant, d’autant plus qu’elle ne voit pas le surpoids de son enfant, elle le considère en bonne santé et considère qu’il est suffisamment physiquement actif.

Vu la complexité de la relation alimentaire mère-enfant, il n’existe pas de facteur unique à cibler dans un but de promouvoir de saines habitudes alimentaires chez l’enfant. Une approche clinique voulant améliorer la relation mère-enfant-alimentation devrait donc s’attarder à plusieurs facteurs de réussite. Ces facteurs maternels, à la lueur de la présente thèse, seraient : témoigner de la sensibilité face aux besoins de l’enfant en général et spécifiquement au contexte

alimentaire, présenter un niveau moyen d’exigences face à la conduite alimentaire de l’enfant (exigences qui se traduisent par des encouragements plutôt que par des obligations) et bannir l’usage de pression à manger, de récompenses et de restrictions alimentaires.

Les mères bénéficieraient d’être mieux outillées pour faire face à l’heure des repas. Elles devraient non seulement connaître les comportements à bannir de leur répertoire, mais aussi avoir de saines alternatives. En effet, de mère en fille, les comportements se transmettent et sont difficiles à changer. Les mères ne doivent donc pas seulement connaître les bons comportements à adopter, mais aussi être aux faits des effets néfastes des comportements et attitudes à exclure. Ainsi, un guide indiquant de bons gestes à adopter lors des problématiques alimentaires les plus fréquentes (ex. L’enfant refuse de manger, l’enfant refuse un aliment, etc.) pourrait aider les parents à poser les bons gestes. Comme les PAP s’enracinent dans les SPA et les SP, la promotion de la saine alimentation des enfants devra s’attarder à recadrer les exigences et la sensibilité face aux besoins de l’enfant, généraux et spécifiques à l’alimentation, à des niveaux optimaux.

En étant toutes corrélées entre elles, les PAP ayant des effets moins désirables sur l’alimentation de l’enfant ont tendance à se manifester auprès d’un même enfant. Ainsi, ces stratégies sont à surveiller, car elles ne se présentent pas seules. Puis, des exigences alimentaires élevées sont associées à une augmentation de l’usage des trois PAP, alors qu’une sensibilité alimentaire élevée est associée à une diminution de l’usage de ces trois PAP. Ces relations significatives sont intéressantes, car elles suggèrent qu’un changement de style entraînerait un changement dans l’usage des PAP. De plus, une relation statistiquement significative existe entre la sensibilité comme SP et la sensibilité comme SPA. En extrapolant, on peut émettre l’hypothèse suivante : en rendant le SP plus sensible, on rendrait le SPA plus sensible, ce qui pourrait avoir comme effet de diminuer l’usage néfaste des PAP.

Les résultats présentés suggèrent une approche clinique qui tiendrait compte des trois variables (SP, SPA et PAP). Ainsi, une approche globale ne

corrigerait pas uniquement les stratégies parentales alimentaires sans s’intéresser aux SP et aux SPA qui influencent les comportements présents lors du repas. Les études futures devront explorer davantage l’impact de ces trois variables sur l’alimentation et la possibilité d’intervenir efficacement auprès des parents pour les modifier. En effet, le SP est un contexte dans lequel les SPA et les PAP s’expriment. Il est donc impératif d’en tenir compte (Darling N, 1993; Darling & Steinberg, 1993).