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Les politiques publiques visant à garantir la sécurité alimentaire en Afrique

I- La sécurité alimentaire en Afrique : un droit et non un luxe réservé aux populations exposées à la

I.2- Les politiques publiques visant à garantir la sécurité alimentaire en Afrique

devoir des Etats membres d’assurer la fourniture d’une alimentation adéquate, d’eau potable […] et d’adopter des programmes de nutritions en faveur de l’enfant. Le protocole 2 de la Charte relatif aux droits de la femme (2001) quant à lui garantit un droit à la sécurité alimentaire dans son article 5. Il est important de préciser que le système africain des droits de

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l’homme et le système universel portent un intérêt particulier sur les catégories spécifiques que sont les femmes et les enfants69. Et ce, d’autant plus que les premières victimes de la

famine sont les femmes et les enfants. Une reconnaissance de leur droit à l’alimentation ne suffit pas sans l’accès aux ressources et aux cercles de décisions.

Dans le contexte africain, les femmes et les enfants n’ont pas accès aux ressources suffisantes et leurs conditions de vie sont précaires. Même si la consécration du droit à l’alimentation est louable, elle nécessite une attention particulière, notamment en termes des mesures politiques à prendre en vue d’un impact positif sur le terrain. Les mesures à prendre peuvent être liées à la promotion du travail de la femme afin qu’au travers de la rémunération, elle puisse disposer de moyens économiques lui permettant de se procurer des denrées alimentaires nécessaires. Dans cette perspective, la sécurité alimentaire fait partie des solidarités planétaires en ce sens qu’elle envisage un intérêt commun de toute l’humanité (Attar 1994).

Aujourd’hui, tous les acteurs sont interpellés par l’évolution atypique du continent africain. Comment faire pour inventer le scénario tendanciel de stagnation, voire de régression et, au finish, amorcer un meilleur processus de développement durable qui satisfasse les besoins des populations au 21ème siècle ? Voilà une question qui, formulée à notre manière, avait permis à

un certain nombre de dirigeants et politiques africains (en particulier les présidents Abdoulaye Wade et Thabo Mbeki) de relever le défi à travers des initiatives économiques et politiques : Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique (NEPAD) et Union Africaine (UA). Le développement du continent semble enfin s’inscrire dans les agendas de la communauté internationale. Parmi les programmes issus de ce partenariat70, on note : le Programme détaillé

69 Le droit à l’alimentation des femmes et des enfants est consacré de manière spécifique relativement à leur physiologie, leurs conditions sociales, etc. Le droit de la femme à l’alimentation est protégé dans la convention internationale pour l’élimination de toute forme de discrimination à l’égard des femmes. Elle indique que dans les situations de pauvreté, les femmes aient un minimum d’accès à l’alimentation (cf. la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, en 1979). Les droits de l’enfant sont particulièrement codifiés et font l’objet au niveau universel de la Convention relative aux droits de l’enfant qui consacre le droit à l’alimentation. La convention engage les États membres, dans l’article numéro 24, à prendre des mesures appropriées pour lutter contre la maladie et la malnutrition grâce à l’utilisation de techniques disponibles et à la formulation d’aliments nutritifs (cf. les Conventions relatives aux droits de l’enfant, en 1989).

70 La plateforme de partenariat est un processus qui a permis au PDDAA de contribuer à une participation plus

active de tous les acteurs de la planification sectorielle, d’augmenter la priorité accordée à l’agriculture et de définir des politiques agricoles incitatives, plus détaillées et orientées sur les résultats palpables. La majorité des Communautés Economiques Régionales (CER) ont avancé dans l’établissement de pactes régionaux du PDDAA et celui de la CEDEAO est déjà mise en œuvre.

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pour le développement de l’agriculture en Afrique (PDDAA) dont le but vise à réduire la faim, la malnutrition et la pauvreté par l’intermédiaire de l’agriculture. Un espace qui permet à chaque pays membre d’exposer son plan agricole et ses expériences. La mobilisation de ressources étant l’autre enjeu majeur sans lequel un développement agricole ne peut être une réalité71.

Dans le cadre de l’exécution du Programme détaillé pour le développement de l’agriculture en Afrique, plusieurs dirigeants africains souhaitaient voir – à l’horizon 2015 – se déployer : des marchés agricoles dynamiques entre les pays et régions africaines ; des agriculteurs engagés dans l’économie de marché et le continent africain s’était donné comme objectif de devenir un exportateur des produits agricoles72 ; une répartition équitable de la richesse au profit surtout

des populations paysannes ; l’Afrique comme partenaire stratégique en science et technologie agricoles ; une production agricole sans danger pour l’environnement et une culture de gestion durable des ressources naturelles en Afrique.

En 2003, lors de la conférence tenue au Mozambique, les Chefs d’Etats et des gouvernements africains promettent d’allouer 10% (et plus) du budget national (à chaque année budgétaire) afin d’accroître la politique alimentaire et d’assurer la sécurité alimentaire dans les différents pays. Quatorze ans après la déclaration de Maputo, bon nombre de pays africains peinent à respecter leurs engagements afin d’atteindre les résultats préconisés. Environ seize sur vingt- neuf (29) pays ayant signé leur pacte de partenariat (en 2012) n’ont pu atteindre le seuil d’allocation à la promotion agricole en Afrique. Autant dire que beaucoup reste à faire sur la stratégie à adopter pour une mise en œuvre efficiente de ce programme conçu par les africains pour la promotion agricole et la lutte contre la famine et l’insécurité alimentaire en Afrique subsaharienne.

71 Conformément à l’obligation de donner effet au droit à une nourriture saine et suffisante, un nombre important

d’organisations nationales et internationales présentes sur le terrain, travaillent en commun accord avec les populations et fournissent des renseignements complémentaires en vue de préciser celles obtenues par les Etats dans leur rapport.

72 Il est indispensable de rappeler que les objectifs du Programme détaillé pour le développement de l’agriculture en Afrique ont été revus par certaines institutions internationales au travers de rencontres des chefs d’États et des gouvernements. L’exemple qui nous revient présentement à l’esprit est celui des décisions prises par certaines structures des Nations unies (FIDA, PNUD, FAO) en lien avec la lutte contre l’insécurité alimentaire en Afrique subsaharienne, à travers l’actualisation du document du Programme détaillé de développement de l’agriculture de l’Afrique.

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Encadré 3. La signification du terme de la malnutrition

Disons que la malnutrition joue un rôle déterminant dans la moitié au moins des décès d'enfants en particulier et des personnes âgées dans le monde de façon générale et en Afrique subsaharienne, ce qui est plus que n'importe quelle maladie contagieuse (VIH/sida, infections pulmonaires, paludisme, maladies diarrhéiques et maladies infantiles) et pourtant elle n'est pas une infection. Longtemps tenue pour une conséquence de la pauvreté, elle est de plus en plus considérée comme une de ses causes. Il s’agit là d’une crise qui, à l’échelle planétaire, ne laisse personne indifférent y compris les institutions internationales.

La « malnutrition »73 est définie comme « la condition pathologique provoquée par la carence en l’un

ou plusieurs des nutriments essentiels que le corps ne peut pas produire et qui sont nécessaires à la survie de l’individu, à sa croissance et à sa reproduction, ainsi qu’à sa capacité de travailler, apprendre, occuper une fonction sociale » (Berg 1987). C’est une situation dans laquelle les besoins nutritionnels d’un groupe ou d’un individu ne sont pas correctement satisfaits par des apports adéquats en nutriments indispensables.

La distinction entre les deux notions de malnutrition et de famine tient donc à la différence entre l’absence de quelques-uns des 40 éléments nutritifs (nutriments) nécessaires à la sauvegarde de la santé et l’impossibilité totale d’accéder à la nourriture. La famine (déjà définie plus haut) se caractérise par une longue période d’inanition généralisée par opposition à la malnutrition dite chronique. Finalement, la famine est un cas extrême de malnutrition temporaire. Si l’absence de disponibilités alimentaires est un facteur décisif dans le déroulement des événements menant à la famine, ce n’est une condition ni nécessaire ni suffisante pour conduire à son apparition (Jan Kat et Aliou Drop 1985).

73 Parmi tant d’autres formes de malnutritions, nous pouvons retenir ici : la malnutrition chronique qui se caractérise par la permanence d’un régime alimentaire déficient en certains nutriments (dont les protéines et les vitamines le plus souvent citées) nécessaires à une activité physique normale. On parle aussi de situation d’insécurité alimentaire chronique pour décrire les groupes (des populations) souffrant en permanence d’un régime alimentaire déficient ; la malnutrition saisonnière, se caractérisant par une déficience temporaire. A ce niveau, on peut parler d’une insécurité alimentaire temporaire pour décrire l’impossibilité temporaire de certains groupes à accéder à des régimes alimentaires adéquats. Le phénomène de soudure est un exemple capital capable de nous permettre d’illustrer ce type de malnutrition. Les populations qui subissent une situation temporaire d’accès aux denrées peuvent également être confrontées à une famine ; la malnutrition quotidienne et fluctuante, caractérisant certains groupes des populations urbaines dans nombre de pays en développement. Ces groupes souffrent principalement de fluctuations de leurs revenus. Le faible niveau de salaire ou l’instabilité de l’emploi constituent les facteurs à l’origine de la malnutrition. En Afrique subsaharienne, la croissance de l’urbanisation et l’insuffisance des niveaux d’emploi peuvent conduire (en zones urbaine et rurale) à l’apparition à côté de cette malnutrition fluctuante et quotidienne d’une véritable malnutrition chronique.

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