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Points de convergence et de divergence du texte « The Capacity to be Alone » par rapport à la dynamique cyclique de la Centering Prayer

PREMIÈRE PARTIE Purification

SILENCE INTÉRIEUR ET DÉSTRUCTURATION DU FAUX SELF INTRODUCTION

3.3 La compatibilité de la pratique du silence intérieur avec la pensée de Winnicott

3.3.1 La capacité d’être seul

3.3.1.6 Points de convergence et de divergence du texte « The Capacity to be Alone » par rapport à la dynamique cyclique de la Centering Prayer

Points de convergence

1 – Absence de stimulations

Précisons d’emblée que la capacité d’être seul dont parle Winnicott, c’est-à-dire d’accéder à un état de non orientation et de relaxation qui permet d’accepter et de tolérer temporai- rement dans le silence et en présence de quelqu’un l’absence de stimulations extérieures, est essentielle dans la pratique du silence intérieur.

2 – Non pas un état de retrait.

La solitude dont parle Winnicott n’est pas un état de retrait, de même que l’état mental propre au silence intérieur. En effet, dans la première étape du cycle propre à la Centering Prayer, même si l’orant accueille tout ce qui accède à sa conscience, il évite de réagir émotivement et priorise plutôt le détachement des pensées.

3 – Accompagnement silencieux et sans empiètement

L’enfant développe la capacité d’être seul grâce à un accompagnement silencieux et sans empiètement de sa mère, qui sait comment lui procurer un environnement rassurant. Pour ce qui est de la Centering Prayer, les débutants sont accompagnés par des initiés capables d’instaurer un climat de confiance par leur seule présence calme et silencieuse, dans le

respect des convictions et du cheminement spirituel de chacun. En facilitant ainsi aux dé- butants l’accès à cette forme d’intériorisation, ces initiés effectuent, sur le plan spirituel pour des adultes, un accompagnement analogue à celui de la mère423 avec son enfant. 4 - Effets positifs du silence

Soulignons les effets positifs (« an achievement…to be alone ») résultant de l’accès à une phase silencieuse chez les patients de Winnicott, et parallèlement le bien-être et le calme ressentis dans la seconde étape de la dynamique cyclique de la Centering Prayer. Winni- cott parle, en effet, d’un état de détente tant pour l’enfant que les patients adultes qui n’ont plus à être en réaction à des stimuli; ce qui correspond au bien-être et à la paix associés au sentiment de retour chez soi, « a sense of coming home, of well-being » mentionné par Keating.

5 - Support de la présence silencieuse

Winnicott indique que l’enfant est en situation propice à une « id expérience », soit un contact avec ses pulsions. L’auteur souligne l’importance capitale, à ce moment-là, du support de la mère424 dans la relation au moi avec son enfant, qui commence à ressentir

plus personnellement les émotions, alors que s’effectue la défusion maternelle.

Parallèlement, dans la troisième étape de la dynamique cyclique de la Centering Prayer, surviennent les remontées de l’inconscient et leur évacuation dans la quatrième étape, alors que l’orant peut bénéficier, par le seul fait de leurs présences silencieuses, d’un sup- port du facilitateur ou des autres priants.

6 - Référence à de bons objets intériorisés

Mentionnons aussi que la capacité d’être seul, selon Winnicott, se développe à mesure que l’individu intériorise de bons objets, et que parallèlement la pratique du silence inté-

423 Il ne s’agit pas du tout pour le facilitateur de materner l’autre. Il n’y a pas vraiment de débutants et de

vétérans dans la relation à Dieu. Chaque personne a une aventure unique avec Dieu puisqu’il s’agit d’amour.

On peut voir aussi une convergence avec le rôle du psychanalyste envers son patient, mais dans ce cas, le faux self du patient est plus ancré et le rôle de l’analyste diffère, – nous y reviendrons plus loin avec le pro- chain texte de Winnicott– ; le patient peut entrer en régression grâce à la mise en place par l’analyste d’une situation qui le met en confiance, et lui rappelle l’accompagnement sans empiètement de la mère suffisam- ment bonne.

424 L’enfant peut sentir le support de la mère seulement par le fait de sa présence calme et silencieuse ou

rieur utilise également, par l’usage d’un mot « sacré » choisi par le priant, une référence plus ou moins directe425 à ses bonnes expériences relationnelles intériorisées.

7 - Diminution graduelle des appuis sur de bons objets intériorisés

Dans la relation au moi avec son bébé, la mère apporte un support essentiel à son déve- loppement, alors que l’enfant ne dispose pas encore suffisamment de bons objets intériori- sés. Par la suite, la mère suffisamment bonne diminue graduellement son support. Elle évite ainsi la formation d’une personnalité soumise, et favorise le développement de l’autonomie de son enfant face à la découverte du monde.

Parallèlement, au cours du cheminement spirituel avec la pratique de la Centering Prayer, le support de la somme des expériences spirituelles de diverses cultures ou traditions reli- gieuses avec leurs représentations du divin peut être apporté, mais cet encadrement doit aussi être relativisé pour laisser place graduellement et librement à l’inédit de la relation personnelle de chacun avec la Transcendance426.

8 – Reconnaître en soi-même sa bonté fondamentale et sa capacité d’aimer

On peut voir finalement une certaine convergence à propos du sentiment d’abandon éprouvé par l’enfant relativement à la scène primitive. On se souvient que la capacité d’être seul de l’enfant se développe davantage s’il peut s’identifier à chacun de ses parents sur le plan érotique grâce à l’amour reçu d’eux.

L’orant peut éprouver aussi une aridité sur le plan de sa spiritualité affective et se sentir abandonné de Dieu. Ce sentiment peut s’amplifier davantage lorsqu’il reçoit par exemple, le témoignage de priants qui ont une intense relation amoureuse à Dieu.

Le dialogue et l’amitié avec ces témoins de la foi en l’amour infini de Dieu pourrait susci- ter le goût de connaître leur expérience dans le silence intérieur, et favoriser ainsi la dé- couverte en soi-même de ce potentiel transcendant, dont parle Keating, pour aimer et se laisser aimer de Dieu.

425 Même si le mot sacré peut faire référence parfois à l’affection envers des personnages bibliques, sur le

plan psychologique c’est l’amour ou le bien-être ressenti et intériorisé au cours du holding et du handling, et plus tard projeté sur ces personnages, qui est à la base de cette affectivité et de la capacité d’être seul.

426 L’intérêt et l’engagement de Thomas Keating au niveau du dialogue intra et interreligieux vient confir-

Point de divergence

La dynamique diffère un peu.

L’inconscient de l’enfant est beaucoup moins chargé de souvenirs traumatisants que celui de l’adulte. Le développement de la capacité d’être seul de l’enfant peut donc se faire beaucoup plus facilement, puisqu’elle ne nécessite pas une phase de purification de même importance.

3.3.1.7 Points de convergence et de divergence du texte « The Capacity to be