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PREMIÈRE PARTIE Purification

LES NOTIONS DE VRAI SELF ET DE FAUX SELF KEATINGNIENS À L’ÉPREUVE DES OBSERVATIONS DE WINNICOTT

2.2 Compatibilité du faux self keatingnien avec la pensée de Winnicott

2.2.1 Une fonction défensive

245 Il n’y a pas, à notre avis, sur ce point, de contradiction avec Winnicott qui voit le moi comme un poten-

tiel de rationalité qui réalise son développement en simultanéité avec celui du self et les distorsions dues aux carences et empiètements. Keating avec l’expression « pré-rationnel » fait référence à l’enfant avant « l’âge de raison ». Il écrit: « By the time we come to the age of reason and develop full reflective self-

consciousness around the age of twelve or thirteen, […] ». Cf., T. KEATING. Invitation to Love […], p. 7. 246 Ce qui peut expliquer l’efficacité du silence pour favoriser un démantèlement du faux self parce qu’il

Nous utiliserons quatre textes winnicottiens qui nous paraissent plus pertinents. Les stra- tégies défensives du faux self keatingnien nous amènent à référer d’abord au texte: « Ego Distortion in terms of True and False Self » (1960).Winnicott écrit:

It would appear to me that the idea of a False Self, which is an idea which our patients give us, can be discerned in the early formulations of Freud. In par- ticular I link what I divide into a True and a False Self with Freud's division of the self into a part that is central and powered by the instincts (or by what Freud called sexuality, pregenital and genital), and a part that is turned out- wards and is related to the world247.

L’auteur affirme que le moi, cette partie de la psyché que Freud considère tournée vers l’extérieur et établissant des rapports avec le monde, subit une distorsion pour croître si- multanément avec le self, en partie selon un vrai self, et en partie selon un faux self, c’est- à-dire d’une dimension de la personnalité établie en faisant des compromis entre les pul- sions du ça et les impératifs de la vie en société. Le moi subit, en se tournant vers l’intérieur, l’influence des instincts, et en se tournant vers l’extérieur, l’influence des rela- tions au monde. Cette instance ou aspect du self qu’est le moi peut donc se développer en même temps selon un vrai ou un faux self248. Le moi agit donc comme une instance régu-

latrice entre les pulsions du ça, les influences de l’environnement, et, plus tard, les restric- tions du surmoi lorsqu’il est constitué, afin de construire une défense, le faux self, qui permet de mieux vivre en société, mais qui ne correspond pas au noyau du self et de ses pulsions.

À propos de cette nature défensive du faux self winnicottien, considérons une affirmation de Keating concernant le rôle majeur des blessures ou traumatismes de la prime enfance dans la formation du faux self. Keating écrit:

In the first years of life, there is no consciousness of a self, but there are needs and our emotional responses to them, all faithfully recorded in the bio com- puters of our brains. Already these computers are developing emotional pro- grams for happiness—happiness at this stage meaning the prompt fulfillment of our instinctual needs.[…]The most crucial instinctual needs in the first year

247 D. W. WINNICOTT: « Ego Distortion in Terms of True and False Self […], p. 140. [p. 116.] 248 Ibid., p. 141-142. [p. 116.]

of life are survival and the sense of security. […] The infant’s whole concern is the prompt fulfillment of his needs, the chief of which, along with food, is affection. […]Along with this development of a body-self, the child begins to want his own way, manifesting the instinctual needs for power and control […] In any case, the fragile emotional life of the child, if there are any nega- tive influences, begins to develop compensatory needs to offset the frustration of its instinctual needs, or to repress painful memories into the unconscious249.

En parlant de programmes émotionnels compensatoires développés dès la prime enfance en réaction à des carences dans les soins, relativement aux besoins de sécurité, de contrôle et d’estime de soi, Keating rejoint Winnicott dans toute l’importance que ce dernier ac- corde à la qualité de la relation mère-nourrisson, et aux soins qu’elle se doit de prodiguer à son enfant, afin de lui assurer un développement optimal de son vrai self.

Utilisons en second lieu l’article « Primitive emotional development » (1945), où Winni- cott mentionne que souvent le self ne peut se développer en gardant un bon équilibre entre le physique et le psychique, suite à une trop grande défaillance des soins. L’auteur donne quelques exemples de comportements pathologiques surprenants où il y a absence d’une intégration normale. Ces cas font ressortir une caractéristique du faux self, c’est-à-dire que certains selfs peuvent se développer en ne conservant qu’un faible contact avec le corps. Winnicott parle d’une psychotique en analyse qui en vint à reconnaître que, lors- qu’elle était enfant, elle pensait que son jumeau à l’autre bout du landau était elle. Elle était même surprise lorsqu’on prenait le jumeau et que, pourtant, elle ne bougeait pas. Son sens de ce qui était autre que soi ne s’était pas développé. Une autre psychotique décou- vrit en analyse que, la plupart du temps, elle vivait dans sa tête, derrière ses yeux. Elle pouvait voir par ses yeux uniquement comme on voit par la fenêtre; elle ne se rendait donc pas compte de ce que faisaient ses pieds, et elle avait une certaine propension à buter et à tomber dans des trous. Elle n’avait pas « d’yeux dans les pieds » selon son expres- sion. Elle ne sentait pas sa personnalité localisée dans son corps qui était analogue à une machine complexe qu’elle devait conduire avec un soin et une habileté toujours en éveil. Winnicott rapporte aussi le cas d’un malade qui se sentait vivre à vingt mètres de hauteur,

dans une boîte qui n’était reliée à son corps que par un petit fil250. Ces cas nous montrent

que l’intégration psyché-soma ne va pas de soi. La désintégration de la personnalité au cours de la régression est un syndrome psychiatrique bien connu, et l’examen des phéno- mènes complexes qui s’y rattachent au cours de l’analyse fait apparaître qu’un état pri- maire de non-intégration, au début de la vie de l’enfant, est à la base de cette désintégra- tion. Winnicott donne en exemple le cas très commun du patient qui raconte toute sa fin de semaine en détail, et se sent satisfait si tout a été dit. Cela indique le besoin d’être con- nu entièrement par quelqu’un d’autre, afin de se sentir intégré au moins dans la personne qui écoute. Ce comportement est habituel chez le jeune enfant qui a besoin de se raconter complètement à ses parents et de se sentir écouter, afin de relier ses morceaux les uns aux autres. Ces cas peuvent être reliés à des carences de soins ou à des empiètements de la part de l’environnement dès les tout débuts de la vie251, c’est-à-dire aux blessures ou

traumatismes dont parle Keating252.

À ce propos, d’autres observations viennent appuyer notre théologien. Considérons un troisième texte : « Mind and its relation to the psyche-soma » (1949). Winnicott réfère à un texte publié en 1946 par le psychanalyste Ernest Jones (1879-1958), selon lequel les éléments à la base du psychisme ont un équivalent somatique et neurologique. D’après Jones, la séparation de l’esprit et du corps est une illusion. L’esprit n’est pas une entité réelle mais un aspect particulier du fonctionnement de l’ensemble psyché-soma. Winni- cott reprend cette idée et pose que le psychisme est une élaboration « imaginative253» de

250 D. W. WINNICOTT. « Primitive emotional development […], p. 149. [p. 38.] 251 Ibid., p. 149-151. [p. 39-40.]

252 T. KEATING. Open Mind, Open Heart […], p. 2. [p. 10.] Voir aussi T. KEATING. Invitation to Love

[…], p. 59. Voir aussi T. KEATING, Crisis of Faith, Crisis of Love […], p. 95. Voir aussi T. KEATING.

The Human Condition […], p. 12-13.

253 Winnicott affirme: « Here is a body, and the psyche and the soma are not to be distinguished except according to the direction from which one is looking. One can look at the developing body or at the devel- oping psyche. I suppose the word psyche here means the imaginative elaboration of somatic parts, feelings, and functions, that is, of physical aliveness. We know that this imaginative elaboration is dependent on the existence and the healthy functioning of the brain, especially certain parts of it. The psyche is not, however, felt by the individual localised in the brain, or indeed to be localised anywhere. » Cf., D. W. WINNICOTT.

« Mind and its Relation to the Psyche-Soma » (1949), Through Paediatrics […], p. 244. [D’après l’auteur, on ne peut distinguer le psychisme du soma qu’en le considérant d’un point de vue ou d’un autre. Il suppose que le terme « psychisme » signifie l’élaboration imaginaire de parties de sensations ou de fonctions soma- tiques, soit d’une pleine vitalité physique; c’est-à-dire que le psychisme réfère à une somme d’expériences mémorisées, non seulement dans certaines parties du cerveau, mais aussi partiellement dans les parties du corps impliquées dans des fonctions physiologiques. Cf., D. W. WINNICOTT. « L’esprit et le psyché-soma », De la pédiatrie […], p. 67-68.]

parties, de sensations ou de fonctions somatiques, c’est-à-dire d’une pleine conscience physique. Il est scientifiquement établi que cette élaboration imaginaire dépend de l’existence du cerveau et de son bon fonctionnement, puisque certaines fonctions psy- chiques ont été reliées à des parties spécifiques du cerveau. Cependant, l’individu n’a pas le sentiment que le psychisme est localisé dans le cerveau ou toute autre partie du corps. Au cours du développement de la personne, les aspects psychiques et somatiques sont continuellement en interaction, et le corps, perçu avec un intérieur et un extérieur, est res- senti comme le noyau du self254. Dans l’état de santé, il n’y a donc pas de séparation psy-

ché-soma comme dans les cas pathologiques précédemment mentionnés.

Winnicott pose l’hypothèse qu’une mère très désordonnée dans l’exécution des soins à son enfant provoque une hyperactivité du fonctionnement mental de celui-ci; ce qui est symptomatique des blessures relativement aux besoins mentionnés par Keating. En effet, conséquemment à des difficultés plus grandes que la normale, la fonction intellectuelle de l’enfant est forcée, d’après Winnicott, de prendre la relève et d’organiser les soins du psy- ché-soma; ce qui est à l’opposé de la santé où l’esprit n’usurpe pas la fonction de l’environnement, mais facilite la compréhension et même l’utilisation de certaines ca- rences dans les soins pour son développement. Une hyper croissance de la fonction psy- chique peut faire apparaître une opposition entre l’esprit et le psyché-soma en formation. Et même à l’extrême, si l’environnement est très tôt persécuteur, on observe que le fonc- tionnement mental devient une chose en soi qui remplace pratiquement la mère et ne la rend plus nécessaire. Winnicott avance même avoir observé que cet état peut aller de pair avec une dépendance vis-à-vis de cette mère non suffisamment bonne, et un faux déve- loppement personnel fondé sur l’obéissance. « Clinically, this can go along with depend- ence on the actual mother and a false personal growth on a compliance basis. This is the most uncomfortable state of affairs, especially because the psyche of the individual gets " seduced " away into this mind from the intimate relationship which the psyche originally had with the soma. The result is a mind psyche, which is pathological255. » L’obéissance à

cette mère et l’hyperactivité de l’esprit, pour pallier aux soins désordonnés de cette même mère, provoquent un comportement contradictoire explicable par une scission dans le

254 Ibid., p. 243-245. [p. 66-68.] 255 Ibid., p. 247. [p. 70.]

psyché-soma. Cette distorsion rend la vie très inconfortable, parce que la psyché rompt sa relation avec le soma suite à une séduction par l’esprit. La personne dans cet état patholo- gique verra son développement affecté dans tous les stades ultérieurs. Elle sera portée à s’identifier beaucoup plus facilement aux personnes de l’environnement qui donnent des soins défaillants et à l’origine de la relation de dépendance, qu’à des personnes dépen- dantes ayant subi la distorsion. Malheureusement, la personne qui a subi la distorsion, n’ayant pas été encouragée à maintenir un lien avec le corps, sera portée à prendre en mo- dèle la ou les personnes défaillantes de son environnement et à perpétuer, inconsciemment sur ses propres enfants plus tard, cette distorsion opposant l’esprit au psyché-soma. Win- nicott a observé que des personnes, dont le développement s’est effectué selon ce schéma, manifestent une aptitude extrême à pourvoir aux besoins primitifs des enfants ou peut-être d’adultes, mais qu’en pratique ces modes d’expression de la personnalité se révèlent faux. La dépression guette ces personnes parce qu’elles ont toujours besoin de trouver quelqu’un qui nécessite leur attention, afin qu’elles puissent exercer pour les autres le rôle de la mère merveilleuse – celle qui leur a manqué –, et ainsi reprendre contact avec leur psyché-soma dépendant qui constituent le seul point à partir duquel elles peuvent vivre256.

Et, dans de tels cas, le patient, par des souhaits comme « ne plus avoir d’esprit », trahit son désir de se soulager de cette opposition entre l’esprit et le psyché-soma. En effet, cette activité mentale, qui mémorise et catalogue continuellement, représente un fardeau pour le psyché-soma ou pour cette continuité d’existence qui constitue le self, parce que cet esprit hyperactif agit comme un corps étranger suite à la carence des soins qui l’a provo- qué257. On peut voir ici le lien avec le faux self keatingnien qui cherche par une pro-

grammation émotionnelle à compenser des carences relativement aux besoins de sécurité, d’estime et de contrôle.

En parlant des blessures à l’origine du développement du faux self, Keating réfère à la majorité des individus qui ne présentent qu’une faible part de faux self dans leur person- nalité, et non pas à des cas extrêmes qui s’approchent de la psychose. Nous relaterons quand même seulement un cas pathologique étonnant, avec quelques détails, afin de bien faire ressortir le lien de l’hyperactivité de l’esprit, avec le faux self keatingnien et ses ha-

256 En effet, la coupure avec leur vrai self est telle que c’est en s’occupant des autres qu’elles peuvent com-

penser.

bitudes pour atténuer la souffrance. Ce cas nous semble très pertinent258 afin de décrire

comment le faux self, développé suite à une séduction par l’esprit, pourrait dans des situa- tions moins sévères, devenir tout de même un obstacle sérieux au « lâcher-prise ». Une certaine capitulation, à propos d’un contrôle rationnel excessif dans le champ de la spiri- tualité, est en effet nécessaire afin d’entrer dans une étape de purification essentielle au cheminement spirituel, et dont il est question dans toute l’œuvre de Keating. Winnicott s’appuie sur ses observations cliniques pour illustrer la situation, et rapporte que, en tant que psychanalyste, il observe quelquefois des régressions pleinement contrôlées, qui re- montent jusqu’à la vie prénatale. Des patients régressés d’une manière ordonnée revien- nent constamment sur le processus de la naissance, et l’auteur est stupéfait de constater, par des preuves évidentes, qu’un nourrisson au cours de ce processus ne mémorise pas seulement toutes les réactions qui perturbent la continuité d’existence, mais paraît aussi les mémoriser dans l’ordre correct259.

Winnicott relate donc le cas réel d’une patiente et choisit, parmi une quantité énorme de matériel recueillie au cours de plusieurs années, d’interpréter un seul fragment de ce qu’elle raconte au cours de sa régression, afin d’illustrer comment on peut essayer de dé- couvrir les traces de cette hyperactivité de l’esprit qui remonte jusqu’au début de la vie. Cette femme, âgée de 47 ans au moment où l’auteur rapporte les faits, n’avait pas le sen- timent d’avoir réussi sa vie, malgré les apparences. Elle avait pourtant fait de bonnes études, entretenait des relations sociales, et n’avait jamais suscité d’antipathie marquée.

258 En effet, Winnicott rapporte qu’il s’agit d’une situation concernant le développement affectif primaire

alors que la mère se doit d’assurer vraiment le maintien du petit enfant. Le cas révèle un développement très précoce de faux self, et montre l’efficacité de la régression dans la recherche du self véritable. L’auteur précise n’avoir rien tenté pour intervenir dans le processus régressif qui, selon sa conviction, devait suivre librement son cours, puisque les efforts d’autres psychanalystes avec la même patiente n’avaient pas donné de résultats satisfaisants. Il fallut quelque trois ou quatre ans avant que ne soit atteint le fond de la régres- sion. À partir de là, un progrès s’est amorcé dans le développement affectif et il n’y eu pas de nouvelle ré- gression. Winnicott mentionne que ce fut une expérience unique, même pour un analyste, et ajoute que la somme de connaissances apportée par une expérience de cet ordre, chez un seul malade, met la psychana- lyse à l’épreuve sur un mode particulier; ce qui l’a rendu lui-même différent dans son approche. Il affirme, en effet dans un texte de 1954, avoir tout le temps ce cas à l’esprit, et que le traitement et le maniement de cette patiente ont fait appel à tout ce qu’il possédait en tant qu’être humain, psychanalyste et pédiatre. Il a dû lui-même, au cours de ce traitement pénible qu’il aurait préféré éviter, assumer un développement per- sonnel en raison d’une douzaine de périodes de résistance provenant d’un phénomène de contre-transfert qui l’a amené à examiner sa propre technique. ». Cf., D. W. WINNICOTT. « Metapsychological and Clinical Aspects […], p. 279-281. [p. 133-134.]

259 D. W. WINNICOTT. « Mind and its Relation to the Psyche-Soma […], p. 248. [Winnicott précise ne pas

avoir utilisé l’hypnose qui permet des découvertes comparables, mais qui lui semblent moins convaincantes. p. 72.]

Elle n’était cependant jamais contente d’elle, comme si elle cherchait toujours à se trouver sans jamais y parvenir. Elle gardait espoir, malgré, fort probablement, des idées suici- daires qu’elle tenait en échec, de découvrir un jour qui elle était vraiment. Winnicott men- tionne, qu’au cours de deux années d’analyse, la patiente avait régressé plus d’une dou- zaine de fois à un stade primitif qui devait être relié à la naissance. Pour l’auteur, ce pro- cessus de la naissance devait nécessairement être revécu et le stade atteint par la patiente était certainement prénatal selon ses observations. En effet, elle s’était jetée par terre de son divan260 sur un mode hystérique et cela plusieurs fois avant qu’il parvienne enfin à

faire le lien avec sa naissance.

Par l’intermédiaire d’une mise en acte au cours de ses régressions, la patiente s’informait inconsciemment sur la parcelle de réalité psychique que l’analyste ne pouvait lui faire découvrir, mais de laquelle elle avait un intense besoin de prendre conscience. Winnicott précise les schèmes de la mise en acte correspondant au processus de la naissance, en mentionnant à regret qu’il ne peut donner, dans le cas de cette patiente, la séquence exacte de leur déroulement qui a aussi une signification. Voici très sommairement une descrip- tion de son comportement.

La patiente voit d’abord sa respiration changer et elle l’examine minutieusement. Elle revit des contractions de haut en bas du corps qui se remémorent en elle. Le fantasme à l’intérieur du corps de sa mère est suffisamment exprimé pour que l’analyste y recon-