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PREMIÈRE PARTIE Purification

SILENCE INTÉRIEUR ET DÉSTRUCTURATION DU FAUX SELF INTRODUCTION

3.1 La dynamique thérapeutique de la Centering Prayer selon Thomas Keating

Voyons maintenant comment se présente la dimension psychothérapeutique de la Cente- ring Prayer , en laissant temporairement et presque complètement de côté le vocabulaire théologique du discours spirituel keatingnien.

Nous avons précisé plus haut que notre auteur n’instrumentalise pas les sciences psycho- logiques, mais s’en fait des alliées, en ayant pris soins au préalable de s’informer suffi- samment afin de respecter le sens de leurs concepts. Keating écrit:

Here is another model that might be appropriate for our time, at least for the Western world, which has been so influenced by contemporary psychology. I call this paradigm for spiritual growth the "Divine Therapy." Therapy suggests a climate of friendship and the trust that a topnotch therapist is able to inspire, while at the same time emphasizing that we come to therapy with a variety of serious emotional or mental problems341.

Avec l’usage du mot « thérapie », Keating essaie ici de se rapprocher de la manière de penser de notre temps, très influencée par les sciences psychologiques et ses découvertes. Il est conscient que le modèle qu’il présente en est un parmi d’autres pour appréhender le cheminement spirituel, et il choisit d’adopter les connaissances scientifiques sur la théra- pie parce qu’il y voit une approche qui se prête très bien à la notion de guérison et à la croissance spirituelle. En effet, tant sur le plan spirituel que psychologique, la thérapie

340 T. KEATING. Open Mind, Open Heart […], p. 97. [p. 109.] 341 T. KEATING. Intimacy with God […], p. 37.

implique un climat d’amitié et de confiance que seul un excellent thérapeute est capable d’inspirer, et de plus, suppose que nous recourons à lui parce que nous sommes en diffi- culté.

Keating présente la pratique du silence intérieur en posant au départ qu’elle se concentre sur le détachement des pensées342, et que ce lâcher-prise favorise la guérison des bles-

sures. C’est en permettant, comme en psychanalyse, de reprendre contact avec des expé- riences traumatisantes du passé, qu’il devient possible de les intégrer dans un mode de vie plus sain343. Il s’agit, pour la durée de chaque séance de silence intérieur, de ne pas cher-

cher à réfléchir sur quoi que ce soit, ni même à méditer en profondeur sur soi-même, mais au contraire de lâcher prise, et d’abandonner temporairement toute volonté de contrôle ou de rationalisation344 pendant de courtes périodes de temps quotidiennes. Le silence inté-

rieur consiste donc à soustraire notre attention au courant habituel des pensées auxquelles nous sommes portés à nous identifier.

Selon notre auteur, il existe en nous un niveau de conscience plus profond, un niveau spi- rituel que la conscience ordinaire ne perçoit pas, mais dont l’accès est favorisé par la pra- tique du silence intérieur345. Après plusieurs années de pratique de la Centering Prayer,

Keating représente visuellement sa perception de différents niveaux de conscience à l’aide d’un schéma comportant quatre sphères concentriques. Ces sphères délimitent quatre zones différentes entre leurs frontières. La plus grande zone correspond à la conscience ordinaire sous laquelle existe la zone de conscience spirituelle. Plus profondément il y a la sphère du « vrai self », et finalement au centre de ce « vrai self » une zone représentant la Transcendance346.

Notre auteur se représente ensuite la dynamique psychologique, reliée à l’exercice du si- lence intérieur, en un cycle de quatre étapes347. Au cours d’une seule séance, par exemple

de vingt minutes de silence intérieur, ce cycle peut se répéter plusieurs fois. Il faut se rap-

342 Le mot « pensée », dans le contexte de la Centering Prayer, recouvre toutes les sortes de perceptions :

perceptions sensorielles, sentiments, images, souvenirs, réflexions, observations et perceptions spirituelles.

Cf., T. KEATING. Open Mind, Open Heart […], p. 190. [p. 206.] 343 Ibid., p. 97-98. [p. 110.]

344 Ibid., p. 99. [p. 111.] 345 Ibid., p. 20. [p. 29.]

346 T. KEATING. Intimacy with God […], p. 30. 347 Ibid., p. 43-48.

peler aussi que, pour mieux préciser sa pensée, Keating rassemble en un seul cycle des effets observés parfois sur plusieurs années.

Il s’agit donc, dans la première étape du cycle, d’abandonner toute activité348 mentale face

à tout ce qui entre dans le champ de la conscience349. Précisons d’abord que le priant n’a

pas à résister aux pensées en essayant de les chasser rapidement, mais qu’il a plutôt à ac- cepter de ressentir les émotions qui s’y rattachent, sans toutefois entrer dans une réaction qui conduit à les retenir et à les amplifier350. Il s’agit plutôt, face à une pensée spécifique,

d’attendre calmement qu’elle s’estompe sans chercher à réactiver quoi que ce soit, et cela tout en retournant très doucement à un mot particulier351 propre à chaque priant et choisi

par chacun d’eux au préalable. En fait, aucune émotion n’est en elle-même réellement affligeante, ce n’est que le faux self qui l’interprète comme telle. Et c’est en acceptant les fluctuations émotionnelles qu’elles disparaissent peu à peu352. Keating affirme qu’après

quelques années de pratique353, il est plus facile de laisser les pensées s’estomper douce-

ment et d’entrer dans l’étape suivante354.

Un état de repos et de paix marque cette seconde étape. Après une année ou deux de pra- tique régulière, une sensation cumulative de détente et de bien-être, plus reposante que le sommeil, s’est instaurée et peut évoquer comme un retour chez soi. La sensation de repos

348 L’objectif est plutôt de rester fidèle à l’intention de se détacher des pensées.

349 Keating identifie cinq types de pensées. Il y a d’abord le vagabondage de l’imagination qui se rapporte à

nos activités de la vie courante. Un second type se rapporte à des pensées ayant une charge émotionnelle plus attrayantes et auxquelles nous nous identifions plus facilement. Un troisième type concerne les idées ou les inspirations qui nous semblent merveilleuses, et qui ont la propriété de survenir plus particulièrement au cours d’une séance de Centering Prayer, comme si notre cerveau ne voulait pas cesser ses activités. Keating recommande évidemment de ne pas se laisser distraire et de s’en détacher quel que soit l’attrait. Il explique que le silence intérieur a pour effet d’épurer la psyché et de donner à notre conscience une plus grande im- médiateté qui rappelle la simplicité de l’enfance. Il compare cela avec la découverte que fait le nouveau-né de son environnement. C’est plus l’acte de voir qui l’excite que ce qu’il voit en tant que tel. Cf., T. KEA- TING. Open Mind, Open Heart […], p. 82. [p. 93-95.]

Un quatrième type de pensée survient lorsque nous sommes dans une plénitude mystérieuse, que Keating décrit comme un état de non-pensée et d’union ineffable, et que l’idée d’essayer de comprendre comment revenir à cet état ultérieurement surgit. Alors cette pensée nous sort de l’état d’union. Et finalement, le cin- quième type de pensée se rapporte au déchargement de l’inconscient, c’est-à-dire l’accès à la conscience des expériences émotionnelles traumatisantes vécues dans la petite enfance. Ibid., p. 43-101. [p. 53-113.]

350 Ibid., p. 102-104. [p. 115-117.]

351 Aucune propriété spéciale n’est accordée à ce mot dit « sacré ». Ce n’est pas un mantra puisque l’orant

l’utilise seulement lorsqu’il réalise qu’il est en train de réagir émotivement à une pensée, afin de lâcher prise et de revenir à une attitude d’écoute et de détachement.

352 Ibid., p. 103. [p. 116.]

353 Il propose deux périodes par jour (idéalement, une le matin et l’autre en fin d’après-midi) de silence

intérieur d’une durée de vingt minutes chacune. Ibid., p. 179. [p. 196.]

permet à la psyché de guérir du manque de confiance et d’amour ressenti dans le passé en lien avec des proches ou des parents. Keating écrit:

The feeling of deep rest especially when it involves a deep sense of the divine presence, leads to a kind of psychological transference with God. That is to say, God becomes the therapist in the psychoanalytic sense in which we look to a therapist for the trust and love that we did not feel we received as a child from an important other, such a parent. The pain of rejection, which the emo- tions have stored in the unconscious and which is reactivated by every new re- jection in life, is projected onto the therapist, who reflects back the ac- ceptance that we did not adequately experience in childhood. This heals the emotional wounds in a way that no amount of theological reflection can do. The emotions do not obey reason. They need reassurance in the area and in the measure in which they felt deprived. Almost everyone has a residue of emotional pain for the affection and security that as infants we needed and felt deprived of355.

Notre auteur compare la seconde étape à une sorte de transfert psychologique avec Dieu, c’est-à-dire que Dieu devient pour le priant un thérapeute dans un sens psychanalytique, comme lorsque nous nous confions à un thérapeute et que nous recevons l’affection qui nous a manqué étant enfant. Cette sorte de transfert guérit les blessures émotives d’une manière que la réflexion théologique ne peut faire. Chaque personne a besoin, selon Kea- ting, d’être rassurée dans le même domaine affectif et dans la même mesure que ce qui a fait défaut.

En effet, conséquemment à la blessure d’un rejet possiblement vécu pendant l’enfance, des émotions pénibles ressenties et refoulées dans l’inconscient sont réactivées ensuite à chaque nouveau rejet au cours de la vie. Des doutes, à propos de notre valeur propre, s’imprègnent alors en nous suite à ces moments où nous ne nous sentons pas aimés, par exemple, lors de compétitions excessives avec les frères et sœurs356; et de cette manière,

le corps au complet devient un lieu de mémorisation des souffrances émotives ressenties depuis le commencement de notre vie. Nous en subissons les conséquences qui se mani- festent ensuite sous la forme de processus d’adaptation, tels que le refoulement et la com- pensation. Grâce au silence intérieur, cette peine du rejet s’évacue peu à peu et en retour

355 Ibid., p. 44. 356 Ibid., p. 44.

une acceptation de soi, qui n’a pas été expérimentée adéquatement durant l’enfance, appa- raît. Il s’ensuit que le repos devient de plus en plus profond à mesure que la confiance dans le processus s’approfondit. Sous l’effet répétitif des séances de silence intérieur, ces émotions pénibles commencent à perdre doucement leur intensité, et le corps entre alors dans un repos d’une profondeur inconnue. Keating écrit: « As a result, the hardpan of defense mechanisms around the emotional weeds of a lifetime begins to soften, the body's extraordinary capacity for health revives, and the psyche begins to release its waste materials357. » La carapace protectrice, établie par des mécanismes de défense du

moi résultant des programmes émotionnels construits depuis l’enfance par nos fonctions défensives, commence alors à s’amollir et la psyché peut alors relâcher plus aisément ses déchets. En effet, les premières blessures affectives n’ont jamais été digérées, intégrées ou évacuées, parce qu’au cours de la petite enfance nous ne pouvions pas parler encore ou si nous le pouvions nous n’avions pas le langage adéquat ou le courage nécessaire pour ex- primer la peine ressentie. Alors, les expériences émotionnelles traumatisantes ont été re- foulées et l’énergie de ces émotions ne peut se dissiper à moins que les blessures soient reconnues ou exprimées. Une guérison peut donc s’effectuer, d’après Keating, grâce à une attitude appropriée au cours des étapes suivantes du cycle358.

Conséquemment au repos profond ressenti et au relâchement des mécanismes de défense, un contenu émotif refoulé émerge plus facilement à la conscience ordinaire, au cours de la troisième étape du cycle que l’auteur appelle : « the unloading of the unconscious ». Keat- ing écrit: In psychoanalysis the patient relives traumatic experience of the past and in doing so, integrates them into a healthy pattern of life. If you are faithful to the daily practice of Centering Prayer, these psychic wounds will be healed without your being retraumatized359.

L’auteur mentionne que c’est en revivant des expériences traumatiques de son passé que le patient en psychanalyse réussit à les intégrer dans un mode de vie sain, et de plus, il affirme que nos blessures psychiques seront guéries par une pratique quotidienne et conti- nue de la Centering Prayer sans que nous soyons à nouveau blessés.

357 Ibid., p. 45. 358 Ibid., p. 44-45.

Ce déchargement de l’inconscient ne se produit qu’occasionnellement, après un certain temps de pratique du silence intérieur, et pas nécessairement pendant une séance. Il surgit dans la conscience comme un bombardement de pensées ou de sentiments, sans lien au- cun avec le passé immédiat. Cette absence de connections avec un vécu récent est juste- ment le signe que ces émotions proviennent de l’inconscient360. Tout comme le corps re-

jette des déchets, la psyché évacue de l’inconscient un fatras émotionnel mauvais pour sa santé sous forme de pensées affectivement chargées, et qui produisent une impression vague et aiguë de malaise. Keating nous conseille de ne pas chercher à trouver l’origine de ces pensées, mais plutôt de les tolérer sans s’y opposer ni réagir, ce qui serait la meil- leure façon de les évacuer. Il est inutile de chercher à relier un sentiment très fort, une démangeaison, un fou rire ou une douleur à une période antérieure de notre vie. D’après l’auteur, le processus thérapeutique, de par sa nature, n’est axé sur aucun évènement par- ticulier. Le déchargement décompose en bloc tout le contenu émotionnel et expulse un mélange361.

Après quelques mois de pratique, les débutants constatent habituellement l’émergence de certaines pensées, à la fois intenses et chargées émotionnellement. Elles ne sont pas né- cessairement toutes reliées à des traumatismes d’enfance ni à des problèmes de la vie pré- sente, mais elles s’imposent et produisent chez le priant une humeur déprimée pendant quelques heures, voire des jours. Ces pensées ont cependant une grande valeur sur le plan de la progression personnelle362, même si elles sont obsédantes. Ensuite, quand le déchar-

gement de l’inconscient s’intensifie, plusieurs priants ont l’impression que ce surgisse- ment continuel de pensées est inopportun et signifie que cette forme d’intériorisation ne leur convient pas. Ils pensent que cela les fait même reculer spirituellement, et qu’ils de- vraient l’abandonner. Keating écrit:

Emotionally charged thoughts are the chief way that the unconscious has of expelling chunks of emotional junk. In this way, without your perceiving it, a great many emotional conflicts that are hidden in your unconscious and affect- ing your decisions more than you realize are being resolved. As a conse-

360 T. KEATING Intimacy with God […], p. 45-47.

361 T. KEATING. Open Mind, Open Heart […], p. 100. [p. 113.]

362 « By resisting thoughts or by treating them as distractions, we are also resisting the unloading process and thus delaying our healing. If we don't resist, the process goes on. Thus the primary practice is just do- ing it. » Cf., T. KEATING Intimacy with God […], p. 73.

quence, over a period of time you will feel a greater sense of well-being and inner freedom. The very thoughts that you lament while in prayer are freeing the psyche from the damage that has accumulated in yours nervous system over a lifetime363.

L’auteur nous affirme que ce surgissement de pensées chargées émotivement est la prin- cipale façon qu’utilise notre psyché pour expulser des gros blocs de déchets émotionnels. Ainsi, sans que nous nous en rendions compte, se résolvent un grand nombre de conflits cachés dans notre inconscient et qui affectent nos décisions plus que nous le percevons. Conséquemment, après un certain temps nous ressentons davantage un bien-être et une liberté intérieure. Il se produit donc, grâce à ces remontées de l’inconscient, une purifica- tion psychologique des dommages accumulés dans notre système nerveux au cours de notre vie. Loin d’être nocif, le processus déclenché grâce au silence intérieur est au con- traire thérapeutique364, puisqu’il évacue une énergie émotionnelle refoulée depuis long-

temps.365 Mais le déchargement psychologique de l’inconscient ne fait pas que purifier.

Keating écrit:

The unconscious can unload in two ways. One is the unloading of the re- pressed emotional material of our personal history. This is the world of the dark nights, which bring the false self to an end. One is led to the truth about oneself: to the recognition of the dark side of one's personality, one's mixed motivation, and the emotional damage of a lifetime. The unloading of the un- conscious also refers to the divine energy that dwells within us but has been repressed in the course of the development of the false self366.

Les remontées de l’inconscient peuvent se produire de deux façons. Il y a d’abord le dé- chargement des émotions refoulées qui s’effectue au cours des nuits obscures, – périodes

363 T. KEATING. Open Mind, Open Heart […], p. 98-99. [p. 111.]

364 Keating affirme que les signes de danger sont rares. Les risques proviennent à son avis d’une fragilité

émotionnelle sous-jacente ou d’un entêtement motivée par un faux self s’appropriant le processus et pous- sant trop fort (la performance). La psyché dispose d’un très grand potentiel de guérison et normalement ne produira pas un déchargement au-delà des capacités de la personne. « Only very occasionally are there

danger signs, and almost always these are the result of an underlying emotional fragility or of a willfulness motivated by the false self coopting the process and pushing too hard. The psyche has a tremendous capaci- ty for health and normally will not unload more than a person is psychologically ready to face. »Cf., T.

KEATING. Intimacy with God […], p. 87.

365 T. KEATING. Open Mind, Open Heart […], p. 98-99. [p. 110-111.] 366 T. KEATING. The Thomas Keating Reader […], p. 26.

du cheminement spirituel sur lesquelles nous reviendrons un peu plus bas – alors que le faux self se fait déstructurer. Mais cette purification psychique a aussi pour conséquence de libérer le vrai self des entraves accumulées depuis l’enfance sous forme de motivations ambivalentes, et qui bloquaient notre développement affectif en empêchant tout le poten- tiel énergétique du vrai self, qui participe d’une nature transcendante, de se manifester pleinement.

La quatrième étape du cycle de la dynamique psychique associée à la Centering Prayer, comporte l’évacuation des émotions qui ont émergé à l’étape précédente. Cette éjection pourrait être dans certains cas très pénible, parce qu’elle comporte parfois des ressentis qui ont été refoulés pendant de longues périodes, comme vingt ou trente ans et même da- vantage; mais lorsque la confiance en la capacité innée d’autoguérison de la psyché a été renforcée par une pratique régulière du silence intérieur, et une méditation des textes de ceux qui nous ont précédés dans la recherche de Dieu et l’expression de la relation au di- vin367, il est plus facile d’affronter ces moments plus rudes du cycle, où il s’agit

d’accepter de revivre à nouveaux les émotions, au lieu de les refouler une fois de plus368.

Il peut arriver, parfois au cours d’une séance de prière, que le souvenir d’une blessure contienne une charge émotive particulièrement intense, de telle sorte qu’il est très difficile de ne pas le refouler à nouveau. Il est conseillé, dans ce cas, afin que l’angoisse diminue, de prendre le temps nécessaire pour accueillir cette blessure. Cet accueil implique de dé- roger temporairement de la méthode formelle qui consiste à se détacher de toutes pensées. Il s’agit d’abord de fixer l’attention sur toute sensation corporelle, et de s’y immerger en