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Partie II : Questions de recherche et méthodologie

Chapitre 4 : Une démarche pour analyser l’impact des jeux de rôle sur l’expression orale et sur

4. Planification pour les trois séances

Il est important de noter que cette version présentée est la dernière de la planification sur trois séances, au sens qu’après chacune de celles-ci, des modifications sont apportées en fonction de ce qui a fonctionné ou pas.

Pour chaque séance, nous procédons d’abord à un échauffement qui consiste en différents exercices d’expression orale et de mise en action physique des joueurs. Pendant le jeu, des régulations de l’animateur sont apportées, en intervenant dans le jeu et en proposant des alternatives. Finalement, des discussions entre les acteurs et les observateurs sont programmées après chaque mise en scène.

4.1 Planification de la séance 1

- Installation de la classe en cercle afin de prévoir une scène centrale.

- Présentation.

- Donner le programme du jour, en annonçant notamment que le thème des jeux de rôle sera « la différence ». Rappeler qu’il faut ignorer la caméra et que l’étudiant chercheur sera le seul à voir les vidéos.

- Annoncer que pour mieux réussir un jeu de rôle, il faut s’échauffer.

- Échauffements :

o A tour de rôle, chacun dit son prénom et un mot en lien avec celui qui vient d’être dit. Exemple : Albert - ciel, Pierre - soleil, Charlotte - lumière, John - ampoule, Julie - pieds, Sarah - chaussures, …

o Un mot un geste : le premier élève choisit un mot et lui associe un geste. Le deuxième élève répète le mot et le geste du premier et ajoute un mot et un geste.

Le troisième élève répète le mot et le geste du premier et du deuxième et ajoute un mot et un geste. Etc.

o Demander aux élèves des exemples de différences (exemple : taille, poids, manière de parler, riche-pauvre, sportif – « geek », etc.)

- Règles des jeux de rôle (elles seront affichées en A3) :

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o Respecter le lieu que l’on définit au début du jeu.

o Respecter le personnage qui nous est attribué.

o De plus, les acteurs ne peuvent pas refuser l’initiative de l’autre et sont censés commencer par suivre l’idée émise par le/la camarade. Par exemple, si un joueur dit « Ecoutez-moi j’ai une idée… », les autres acteurs doivent écouter l’idée. Ils ne peuvent l’ignorer ou refuser d’écouter, même si les personnages ne s’apprécient pas.

o Pas de violence physique, pas de violence verbale (insultes).

o Si l’animateur dit STOP, le jeu doit s’arrêter immédiatement

.

o empathie (respecter ce que l'autre peut dire ou ressentir, se mettre à sa place même au niveau émotionnel),

o congruence (respecter ce que je ressens/pense) o non jugement (bienveillance)

- Situation problématique : Un élève est nouvellement arrivé dans l’école. Il est plutôt sympathique et souhaite s’intégrer, mais il a un gros souci de bégaiement. Lors d’une pause, il tente d’approcher un groupe de garçons dans la cour. L’un le rejette en se moquant, un autre ne sait pas trop comment réagir et un troisième prend sa défense. (4 élèves)

- Prise de connaissance de la situation. Attribution des rôles. Phase de discussion et de préparation. Rappeler qu’un rôle est l’ensemble des conduites prescrites et attendues des personnes qui occupent une position sociale donnée. C’est-à-dire qu’ils doivent agir et réagir en fonction du personnage qu’ils jouent et pas en fonction de ce qu’ils pensent eux de la situation, pas en fonction de leurs valeurs. Si la personne qui prend la défense du bégayeur a tendance à se moquer dans la vraie vie, ici elle devrait réagir de manière empathique avec ce dernier, l’aider, le protéger, etc. – tout ce qui caractérise quelqu’un qui protège une personne.

- Explication de la feuille que doivent remplir les observateurs.

- Jeu.

- Rétroaction sur le jeu/analyse. Noter les remarques pour chaque personnage au tableau.

- Résolution de la situation problématique : rejouer la scène depuis le début avec les solutions amenées lors de la rétroaction.

60 Rétroaction :

- Partage : comment c’était pour toi ? 1. Au niveau du rôle

2. Au niveau de soi-même, l’élève - Mise en perspective :

1. Qu’est-ce que vous avez vu ? Qu’est-ce que vous avez entendu ? PAS DE JUGEMENTS NI D’OPINIONS. DES FAITS.

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Documents pour les « observateurs »

Au début de chaque mise en scène, il sera distribué aux observateurs une feuille concernant un des acteurs. Sur chaque feuille figurent les mêmes catégories d’observations à remplir pour chaque personnage. Un observateur remplira la feuille que concerne le bégayeur, un autre celle de l’agresseur, un troisième celle du témoin et un dernier celle du défenseur. Ci-dessous, un exemple dans sa version condensée (les élèves ont plus de place pour écrire, en réalité) pour la mise en scène de la séance 1 :

Le bégayeur

Gestes (différentes parties du corps, les mains, le regard, déplacement sur la scène, posture, attitude, etc.)

Voix - ton - débit (ton méprisant, ton doux, articulation, hésitations etc.) Termes utilisés et contenu (ce que dit le personnage)

L’agresseur

Gestes (différentes parties du corps, les mains, le regard, déplacement sur la scène, posture, attitude, etc.)

Voix - ton - débit (ton méprisant, ton doux, articulation, hésitations etc.) Termes utilisés et contenu (ce que dit le personnage)

Le témoin / Celui qui ne sait pas trop comment réagir

Gestes (différentes parties du corps, les mains, le regard, déplacement sur la scène, posture, attitude, etc.)

Voix - ton - débit (ton méprisant, ton doux, articulation, hésitations etc.) Termes utilisés et contenu (ce que dit le personnage)

Celui qui défend le bégayeur

Gestes (différentes parties du corps, les mains, le regard, déplacement sur la scène, posture, attitude, etc.)

Voix - ton - débit (ton méprisant, ton doux, articulation, hésitations etc.) Termes utilisés et contenu (ce que dit le personnage)

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4.2 Planification de la séance 2

Échauffement :

- Mot qui fait penser au mot précédent

- Dire une phrase sur un ton différent : « Oui je vais ranger ma chambre. » : intention agressive, douce, triste, honteuse, gênée/timide, arrogance, joie, colère, peur. Les autres devinent l’émotion manifestée par le ton.

- Sentiment : dire le nom d’un sentiment et le mimer.

- Deux par deux. L’un est aveugle (yeux fermés ou bandés), l’autre est le guide protecteur.

Sans le toucher, le guide fait suivre un parcours à l’aveugle en lui indiquant les obstacles à contourner. Après quelques minutes, inverser les rôles.

- Situation :

Un élève est nouvellement arrivé dans l’école. Il est plutôt sympathique et souhaite s’intégrer, mais il a un handicap physique : il est partiellement paralysé d’un côté du corps.

Il boite, se déplace avec la tête penchée de côté et n’articule pas très bien (mais on arrive à le comprendre). Lors d’une pause, il tente d’approcher un groupe d’élèves dans la cour.

Celui-ci est en train de jouer au football. L’un des élèves du groupe rejette ce camarade en se moquant, un autre ne sait pas trop comment réagir et un autre prend sa défense. (4 élèves)

Au départ, celui qui ne sait pas comment réagir peut être « indifférent », mais peut évoluer en fonction de ce que le personnage ressent.

Le handicapé peut aussi dire à celui qui ne sait pas : « qu’est-ce que t’en penses toi ? ».

- Action. 2 fois chaque groupe. L’animateur stoppe à des moments où il veut qu’un observateur prenne la place d’un des acteurs pour « agir autrement ».

Scénario classique : la personne handicapée dit bonjour, l’agresseur répond : « dégage »,

« non on ne veut pas de toi », la personne hémiplégique est surprise, le protecteur dit :

« arrête laisse-le », l’agresseur dit « non il est bizarre ce mec », etc.

Comment faire changer le scénario en demandant à un élève de prendre la place d’un autre et en lui proposant d’agir différemment, ce qui va amener une réaction différente

? Renversement de rôle ou un observateur prend la place d’un des acteurs et propose

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une autre solution. Sortir l’agresseur du jeu et un observateur refait ce que faisait l’agresseur par exemple. L’ancien agresseur décrit ce qui se passe. Qu’est-ce qui se passe pour toi ? Qu’est-ce que tu ressens ? Comment se sent l’agressé ? Comment se sent l’agresseur ? Alors qu’est-ce qu’il faudrait changer ?

• Faut être « gentil » → ok, qui veut jouer le harceleur gentil ?

• Faire venir un expert (quelqu’un en qui tu as très confiance), la personne qui pourrait te dire comment faire : quel âge l’expert ? Faire s’exprimer ou jouer l’expert (prise de rôle) ; celui-ci montre comment il pourrait changer.

Renversement des rôles quand l’action tourne en rond. Comment c’est pour toi si tu es dans le rôle du harceleur ? Comment c’est pour toi d’être dans le rôle de la personne en situation de handicap ?

Faire jouer les rôles différemment (rôle training) et travail sur la personne hémiplégique : si besoin, un ton plus affirmé : « vous savez pourquoi je suis handicapé ? Je suis peut-être handicapé mais je sais faire telle chose ! ». Éventuellement le faire aller vers le témoin.

4.3 Planification de la séance 3

Échauffements :

- « Oui, oui je vais faire les courses » : tons de voix différents - Guider à l’aveugle

- Mimer un sentiment : colère, joie, tristesse, peur, choqué, indifférent, fier - Liste des possibilités d’action pour chaque personnage :

o Agresseur

▪ change de méchant à gentil d’un claquement de doigt → puissance devient empathie ?

▪ ne veut pas finir seul, donc s’il voit que tout le monde se retourne contre lui, devient plus « gentil »

▪ quand on s’énerve contre lui, il s’énerve aussi

▪ quand on s’énerve contre lui, il se remet en question et change d’attitude

▪ change de ton = plus doux

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▪ pose une question à la personne « nulle en sport » et discute un petit peu avec elle pour en apprendre plus sur la personne

o Agressé

▪ s’affirme plus = voix forte, torse bombé, dos droit → comment il se sent ? de « en colère » à quel autre sentiment ?

▪ propose un autre jeu au témoin et au défenseur

▪ montre ses capacités dans d’autres domaines

▪ montre qu’il peut renvoyer quelques balles sans être très très bon non plus

▪ va voir un adulte pour lui demander de l’aide o Témoin

▪ intervient → comment se sent-il au début ? Et à la fin ?

▪ trouve un entre-deux qui va pour tous

▪ s’affirme plus = voix forte, torse bombé, dos droit → comment il se sent ? De indifférent à quel autre sentiment ?

▪ décide de discuter avec le défenseur et de s’éloigner avec lui et l’agressé o Le défenseur

▪ propose un « deal » avec l’agresseur du style : « laisse-le jouer et après on fait ton jeu » ou autre ; questionne l’agresseur : « pourquoi t’es comme ça ? T’aimerais qu’on te fasse ça à toi ? »

▪ discute avec le témoin pour se mettre contre l’agresseur, argumentation entre lui, le témoin et l’agresseur

▪ accepte l’autre jeu que la personne discriminée propose

▪ s’énerve contre l’agresseur

▪ va voir un adulte pour lui demander de l’aide

Situation :

Un élève est dans l’école depuis longtemps. Il est sympathique et « n’embête » personne.

Il est très doué à l’école : il a de bonnes notes, comprend vite. Cet élève n’est par contre pas très bon en sport. Lors d’une pause, il s’approche d’un groupe d’élèves qui joue au tennis de table dans la cour. Il demande à jouer avec eux. L’un des élèves du groupe rejette ce camarade en se moquant, en lui disant que « de toute façon t’es nul en sport », un autre élève ne sait pas trop comment réagir et un autre prend sa défense. (4 élèves)

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