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Partie I : Les jeux de rôle : un dispositif pour développer les capacités orales et sociales des

Chapitre 3 : Jeux de rôle et développement de capacités

3.1 Capacités visées en français oral

Dolz et Schneuwly (2009) distinguent 3 capacités langagières :

- Capacités d’action : elles « permettent d’adapter la production langagière aux contraintes des cadres d’interaction et aux caractéristiques des contenus » (p. 77). Par les jeux de rôle, il faut être capable de se représenter l’environnement physique, de comprendre le statut social de chaque personnage et de mobiliser des connaissances du monde.

- Capacités discursives : il faut savoir gérer et comprendre l’infrastructure du texte, c’est-à-dire faire la différence entre un discours théorique, un récit, un discours interactif et un discours narratif. Dans notre expérience, la composition et la structure de chacune des productions sera différente selon le rôle interprété par chacun des élèves. Il faudra également élaborer un contenu spécifique à chaque situation.

- Capacités linguistico-discursives : plusieurs opérations sont impliquées dans la production textuelle : la textualisation (connexion et segmentation des parties), la cohésion nominale (anaphores) et verbale (temps des verbes), la prise en charge énonciative, les items lexicaux.

La prise de rôle relève dès lors d’une tâche complexe puisque les élèves doivent mettre en œuvre des capacités sur plusieurs niveaux différents : comprendre le contexte de production, comprendre son rôle et mobiliser ses connaissances par rapport au contexte (s’il s’agit d’un débat sur l’actualité par exemple, l’élève doit avoir des connaissances « théoriques » de base pour pouvoir soutenir la discussion). La forme du discours sera aussi à adapter pour l’élève en fonction du genre textuel demandé par la situation. L’élève en situation d’entretien d’embauche n’aura pas les mêmes formules énonciatives qu’un élève en situation de « reporter dans les rues

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de Genève au sujet des dernières votations » par exemple. Un des avantages de partir de situations sociales de référence est que l’élève prend conscience de ce vers quoi il sera amené dans sa vie professionnelle ou quotidienne et ne sera donc pas pris au dépourvu lorsque celle-ci arrivera.

Listons quelques indicateurs de la progression des élèves dans les apprentissages de la communication :

- l’adaptation au contexte de prise de parole » (prendre conscience de ses capacités vocales et linguistiques, apprendre des techniques de respiration, d’articulation)

- l’acceptation de soi dans le regard des autres »

- la recherche du contact visuel (diriger, focaliser, soutenir le regard)

- l’adaptation de la gestuelle (savoir exprimer ses sentiments par la posture, les mimiques, l’occupation de l’espace)

- l’expression des cinq émotions de base (colère, tristesse, envie, joie, peur) dans le message verbal et gestuel

- la narration (savoir raconter des faits réels et de fiction en utilisant les organisateurs textuels, les temps)

(Gaussel, 2017, p. 5)

La mise en place d’activités autour du langage oral vise à développer des habiletés verbales que les élèves pourront transposer hors de la vie de la classe, dans la vie en société (Gaussel, 2017).

Laparra (2008, p. 120) liste ces habiletés, lesquelles sont en partie prescrites dans le Plan d’Études Romand (PER), L1 34 « Produire des textes oraux de genres différents adaptés aux situations d’énonciation… » :

- savoir attendre son tour de parole, demander la parole, marquer la fin de son tour de parole

- savoir écouter et mémoriser ce que dit autrui, savoir le répéter en mot à mot, le reformuler, le résumer

- savoir parler à propos et donner des informations en les organisant - savoir user du discours d’évocation

- savoir illustrer son discours d’exemples pertinents - savoir développer un point de vue, une argumentation

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- savoir respecter le point de vue d’autrui en reformulant son propos, savoir convaincre autrui

- savoir rendre compte d’un événement, exposer des connaissances - savoir expliquer à autrui un phénomène, le fonctionnement d’un objet - savoir vérifier auprès d’autrui si l’on a bien compris ce qu’il veut dire - savoir respecter les règles de politesse et savoir ménager les autres.

Les chercheurs relèvent trois dimensions des normes des productions orales : la fonction communicative, la cohérence interne, la cohérence linguistique. En effet, il s’agit d’abord de savoir si l’intervention de chaque élève est compréhensible et pertinente par rapport au contexte. Quant aux deux dernières normes citées, elles concernent les marqueurs de structuration, les reprises anaphoriques, la syntaxe, la morphologie et le lexique (Dolz et Schneuwly, 2009). L’élève utilise-t-il un niveau de langage approprié à la situation ? Ses phrases sont-elles structurées correctement ?

L’humain ne communique pas uniquement avec la parole, mais également avec son corps. Cela peut être par des gestes volontaires (saluer de la main, désigner un endroit où regarder, etc.), ou par des réactions physiques involontaires qui traduisent les émotions de la personne (rythme cardiaque qui accélère, sang qui afflue au visage et qui fait que la personne devient rouge, étranglement de la voix, etc.). Ces indices corporels ne sont pas visibles linguistiquement parlant, mais sont au service de la voix et de la communication orale. Ainsi :

« La communication ne s’épuise donc pas dans la seule utilisation des moyens linguistiques ou prosodiques ; elle va utiliser également des signes de systèmes sémiotiques non langagiers, pour autant qu’ils sonnent codés, c’est-à-dire conventionnellement reconnus en tant que signifiants ou signaux d’une attitude. » (Dolz et Schneuwly, 2009, p. 56).

Il serait donc malvenu d’ignorer ces caractéristiques de la communication. C’est pourquoi des grilles d’observation avec des entrées telles que « position du corps », « utilisation des mains »,

« regard », « mimiques faciales », « ton de la voix » sont prévues pour cette recherche. Une analyse plus fine pourrait être envisagée entre ce qui est dit et ce qui est montré. Est-ce que le non-verbal confirme le verbal ou est-ce qu’il l’infirme ?

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