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Chapitre I Problématique 5

1.1   Complexité de la langue française 6

1.1.2 Phrase 9

1.1.2.2 Phrase simple ou phrase complexe 13

Une phrase constituée d’une seule proposition est une phrase simple et une phrase constituée de plus d’une proposition est une phrase complexe.

Exemple :

Le chat paresseux mange le rat.

Il s’agit ici d’une phrase simple, puisqu’elle est constituée d’une seule proposition. À l’égard de la définition de Gardes-Tamine (2004), présentée à la section 1.1.2, la phrase simple est constituée d’un seul verbe accompagné de son sujet et parfois de son complément. Il s’agit donc d’une phrase généralement courte dont la syntaxe est peu complexe. Une brève lecture de manuels scolaires destinés aux lecteurs de 3e année (Bourque, 2003; Dulude, 2001; Frapet, 2003) permet de constater que les phrases ne sont que très rarement simples. En effet, les récits destinés à un jeune public et les écrits de la vie de tous les jours comportent bien souvent des phrases dites complexes. La phrase complexe suivante est tirée du manuel scolaire Signet (ERPI, 2002), 3e année.

Exemple :

D’autres [des maisons] ont été modifiées et agrandies surtout, par les colons qui ont su s’adapter à leur nouveau pays et à son climat.

Dans cet exemple, il y a trois verbes conjugués. Dans un premier temps, le lecteur doit comprendre que les mots ont été s’appliquent également aux participes passés modifiées et

agrandies. Les maisons ont été modifiées et ont été agrandies. Dans un deuxième temps, le

lecteur doit inférer (processus d’intégration : chapitre II) que les colons ont fait l’action de modifier et d’agrandir les maisons. Dans un troisième temps, le lecteur doit assimiler que les colons ont su s’adapter à leur nouveau pays. Il est possible de diviser cette phrase complexe en trois phrases simples, sans perdre pour autant de l’information.

Exemple :

Les colons ont modifié leur maison.

Les colons ont surtout agrandi leur maison.

Les colons se sont adaptés à leur nouveau pays et à son climat.

Il est évident que les phrases complexes sont plus denses en information et en possibilités d’inférences (processus d’intégration : chapitre II). Le lecteur doit comprendre la relation entre les propositions de la phrase. Il existe trois relations principales entre les propositions d’une même phrase, afin de former une phrase complexe. Chacune d’entre elles est décrite et accompagnée d’un exemple.

• Juxtaposition : Deux propositions sont posées côte à côte et séparées par une virgule.

Exemple :

Alexandra joue, Geneviève lit.

Le lecteur doit comprendre ici l’action que chacun des sujets fait. Geneviève ne joue pas et Alexandra ne lit pas.

• Coordination : Un marqueur de coordination (mais, ou, et, donc, car, ni, et or) met en relation deux propositions. Les deux propositions jouent le même rôle.

Exemple :

Alexandra joue et Geneviève lit.

Le lecteur doit comprendre ici l’action que chacun des sujets fait.

• Subordination : Deux propositions sont mises en relation. Une d’entre elles est dépendante de l’autre.

Exemple :

Alexandra joue quand Geneviève lit.

Le lecteur doit inférer ici que l’action d’Alexandra dépend de celle de Geneviève. Si Geneviève ne lit pas, Alexandra ne joue pas.

En résumé, le nombre de propositions dans une phrase est directement lié à la complexité et à l’intelligibilité de celle-ci (Gardes-Tamine, 2004). Généralement, plus une phrase comporte de propositions plus son intelligibilité est complexifiée. Le travail du lecteur ne s’arrête pas là, les trois relations entre les propositions peuvent se retrouver dans divers types de phrases. Afin, de continuer l’analyse de la complexité de la phrase française, une nouvelle typologie qui s’applique en plus de la première est présentée ici (Gardes-Tamine, 2004).

• La phrase elliptique : est une phrase dénuée de verbe dans laquelle le lecteur doit inférer la présence d’un verbe.

Exemple :

Du poulet, est la phrase elliptique. Le lecteur doit inférer que le sujet veut manger du

poulet. Il doit compléter la phrase. Si le verbe mange avait été repris, il n’y aurait pas eu nécessité d’inférence, il s’agirait d’une phrase verbale simple.

Exemple :

Que veux-tu manger pour le souper? Je veux manger du poulet.

La phrase elliptique complexifie le discours.

• La phrase négative : Les phrases négatives peuvent se diviser en deux sous- catégories selon la portée totale ou partielle de la négation.

Exemple :

Je suis sortie tous les jours, sauf trois fois. Je ne suis pas sortie, même pas trois fois.

Dans le premier exemple, il s’agit d’une négation partielle. Le lecteur doit comprendre qu’à trois reprises le sujet n’est pas sorti. Lors de la lecture du second exemple, le lecteur doit saisir que le sujet n’est jamais sorti. Ici, les mots même pas trois fois ne doivent pas être pris en compte, il ne donne pas plus d’information.

La présence des mots ne et pas sont typiques de la forme négative. Par contre, certaines formes peuvent poser des pièges. Comme dans l’exemple ci-dessous, ici le mot ne, ne marque pas la négation.

Exemple :

Il est moins grand qu’il ne parait à la télévision.

• Phrase interrogative4 : Elles peuvent sembler bien simples à détecter, mais leur formulation et leur mode de présentation diffèrent beaucoup. Parfois le point d’interrogation facilite leur détection, dans d’autres cas, il est complètement inexistant.

Exemple :

A- Je me demande où nous irons. B- Quand finiras-tu ton travail?

C- Geneviève mangera-t-elle à la maison? D- Finira-t-il?

E- Alexandra finit-elle son devoir?

Dans l’exemple A, le lecteur n’a aucun indice visuel pour s’assurer qu’il s’agisse bien d’une question, puisqu’il n’y a pas de point d’interrogation et aucune particule interrogative. Pour l’exemple B, la particule interrogative est présente en début de phrase, ce qui situe le lecteur sur la nature de cette dernière. Par contre, lorsque la particule interrogative est utilisée, dans plusieurs cas, il y a une inversion entre le sujet et le verbe. Si en français le sujet est généralement placé avant le verbe, il n’en va pas de même pour la syntaxe interrogative, il y a une instabilité de position (Langevin, Robichaud, et Rocque, 2008). Souvent le sujet, lorsqu’il est pronom personnel, tout comme l’exemple D, suit le verbe. Lorsque le sujet n’est pas un pronom personnel, comme les exemples C et E, il est conservé en début de question et le pronom personnel correspondant est ajouté à la suite du verbe. Le lecteur doit donc inférer (processus d’intégration : chapitre II) que le pronom elle renvoie à Geneviève à l’exemple C et à Alexandra à l’exemple E. Un t est ajouté entre deux traits d’union lorsque la dernière lettre du verbe n’est pas un t (exemples C et D).

En résumé, cette analyse non exhaustive a montré que la langue française comporte des facteurs de complexité qui touchent les processus d’identification des mots

(microprocessus : chapitre II), de nombreuses inférences (processus d’intégration : chapitre II) et montre bien que ces possibles sources de difficultés peuvent induire des limites dans l’accès au sens d’un texte par le lecteur (macroprocessus : chapitre II).

Il n’est donc pas surprenant qu’en 2001, 32 % des élèves de 9 ou 10 ans ne répondaient pas aux exigences minimales de compétence en lecture requises à la fin du premier cycle (MELS, 2001). Dans une perspective d’interaction entre l’élève et son milieu on peut supposer que certaines caractéristiques propres à l’individu, en interaction avec la complexité de la langue française, induisent des difficultés en lecture. La prochaine partie est consacrée aux élèves particulièrement à risque d’avoir de telles difficultés.

1.2 Caractéristiques cognitives des élèves qui ont de faibles