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Deuxième objectif : évaluation des couts de conception et d’utilisation 70

Chapitre II Cadre théorique 44

2.2 Deuxième objectif : évaluation des couts de conception et d’utilisation 70

Le concept de couts est peu présent en sciences de l’éducation. Alors qu’il est utilisé dans plusieurs autres domaines de pointe : sciences de la santé, médecine, informatique, ingénierie, architecture, aérospatial, etc. La précision des couts est essentielle à tous les domaines, lors de la conception et d’évaluation de produits (Langevin et coll., 2007; Miles et Huberman, 1991). Cette démarche est la première étape vers la réduction de ceux-ci (Langevin et coll., 2007), ce que nous voulons accomplir dans cette recherche (réduire les couts de conception de matériel adapté artisanalement par l’enseignant en lui fournissant des manuels déjà adaptés, réduire la charge consentie par l’enseignant pour la différenciation pédagogique).

Il faut bien comprendre que le concept de cout est plus large que le concept de prix, puisqu’il couvre l’ensemble des investissements d’argent, de temps, d’énergie, de stress, de fatigue, d’effort, d’insatisfaction et de ressources qui sera consenti en échange du produit (Rocque et coll., 1998). Un cout est la « charge ou dépense supportée par un intervenant économique à la suite de la production ou de l’utilisation d’un produit ou de l’ensemble des deux. » (Association française de normalisation, 1990). Transposant cette définition à l’éducation, l’intervenant économique est remplacé par les utilisateurs (sujets, agents) ainsi que les institutions (Rocque et coll., 1998).

2.2.1 Charges

Se référant à la définition de l’AFNOR (1991), les couts correspondent à des charges. Les charges sont, en quelque sorte, les indicateurs des couts, puisqu’elles permettent leur évaluation en argent, en temps, en efforts, en stress, etc. Langevin et coll. (2007) distinguent trois types de charges supportées en éducation et proposent différents types de couts.

• Charges financières : L’évaluation des charges financières est objective, il s’agit d’argent. Par exemple, les couts d’impression des manuels scolaires adaptés sont des charges financières. Les couts d’impression peuvent donc s’évaluer objectivement.

• Charges en ressources humaines : Celles-ci ont trait aux efforts consentis par des personnes pour réaliser une tâche. L’évaluation des charges en ressources humaines est objective, il s’agit souvent de mesurer le temps. Par exemple, le temps des personnes adaptant des manuels scolaires originaux est une charge en ressources humaines. Ainsi en proposant à l’enseignant des manuels scolaires adaptés, les charges en ressources qu’il consentait auparavant pour l’adaptation artisanale de matériel pour l’élève en grandes difficultés en lecture devraient s’amoindrir considérablement. À une exception près, soit l’élève, ces charges en temps peuvent être traduites en argent, selon le taux horaire de chacune des ressources humaines.

• Charges psychologiques : Celles-ci correspondent au fardeau psychologique supporté par l’individu, lors de la réalisation d’une activité ou aux conséquences psychologiques de cette activité. Les charges psychologiques sont établies de façon plus subjective. Il faudra questionner les utilisateurs. Langevin et coll. (1998) proposent de recourir à une échelle de Likert pour évaluer ce type de couts. Par exemple, le sentiment d’ostracisme que l’élève peut ressentir, lorsqu’il utilise un outil adapté, est une charge psychologique.

2.2.2 Couts

Il importe maintenant de présenter les différents types de couts. Les couts correspondent tous à une ou à plusieurs des trois charges décrites ci-haut. Deux listes de types de couts sont présentées ici. La première liste de couts peut être associée à tout domaine, la seconde est propre à l’éducation.

a) Couts associés à tout domaine

• Couts de conception : Ce sont les charges supportées par les concepteurs, lors des phases de conception ou de reconception d’un produit (Petitdemange, 1987). Les trois types de charges présentées s’appliquent à ce type de couts. Il est important de mentionner que les couts de développement auront des impacts sur les utilisateurs, puisque le prix de vente du produit en sera influencé. Les manuels scolaires adaptés sont la résultante d’un travail de longues années du GDA. Les chercheurs évaluent à 15 000$ l’adaptation en texte simplifié de chaque manuel. Enfin, il y a les couts d’infographie en préparation à l’impression des manuels scolaires adaptés. Des travaux du GDA, en partenariat avec des chercheurs de l’École Polytechnique de Montréal et de l’École des technologies supérieures ont pour objectif de réduire de 40 %, d’ici trois ans, les couts de développement. Les couts de conception de l’adaptation sont généralement consentis par les enseignants, dans les écoles, qui doivent concevoir eux-mêmes le matériel adapté artisanalement pour leurs élèves.

• Couts de production : Ce sont les charges associées à la phase d’industrialisation, à la fabrication du produit (Petitdemange, 1987). Dans le cas de la production des manuels scolaires adaptés, les couts de développement se traduisent essentiellement par des couts d’impression.

• Couts d’acquisition : Ce sont les charges financières associées à l’achat d’un produit (Petitdemange, 1987). Ces charges surviennent à la phase de commercialisation. Pour cette recherche, les exemplaires des manuels scolaires adaptés seront remis gratuitement aux élèves et aux enseignants. Par contre, dans une étape subséquente à cette recherche, il faudra éventuellement savoir quel serait le cout d’acquisition d’un manuel scolaire adapté, s’il était commercialisé. • Couts d’utilisation : Ce sont les charges financières, les charges en ressources

humaines ou les charges psychologiques, induites par l’utilisation du produit (Petitdemange, 1987). Il s’agit de mesures objectives (temps) ou subjectives (effort, stress ou fatigue). Dans le cas des manuels scolaires adaptés, il faudra évaluer les charges en ressources humaines (dans certains cas, la mesure de

temps pourra se traduire en argent selon le taux horaire des personnes impliquées) et les charges psychologiques (stress, ostracisme, anxiété, fatigue vécus par l’élève, stress vécu par chaque utilisateur (élève, enseignant, parents). Les couts d’utilisation des manuels scolaires adaptés pourront ainsi être comparés aux couts d’utilisation de matériel adapté artisanalement par les enseignants. Il importe de mentionner que les couts d’utilisation des manuels scolaires adaptés peuvent être regroupés dans les différentes catégories de couts propres à l’éducation présentés au point b.

b) Couts propres à l’éducation

Chaque secteur d’activité a des couts qui lui sont propres, les activités pédagogiques engendrent des couts particuliers à notre domaine. Langevin et coll. (2007) proposent ici une liste de couts supportés plus spécifiquement en éducation (Langevin et coll., 2007) :

• Couts d’apprentissage : Ce sont l’ensemble des charges supportées par le sujet pour s’approprier un objet (temps, énergie, etc.), ici l’élève HDAA utilisateur d’un manuel scolaire adapté.

• Couts didactiques : Ce sont l’ensemble des charges supportées par l’agent pour l’ensemble des processus qu’il met en place pour la planification, le contrôle et la régulation d’une situation pédagogique. Dans notre projet, un agent supporte de tels couts, soit l’enseignant.

• Couts d’enseignement : Ce sont les charges supportées par l’agent pour l’ensemble des processus, dans le but de soutenir les apprentissages chez le sujet. L’enseignant supporte ici ces couts d’enseignement.

• Couts pédagogiques : Ce sont l’ensemble des charges d’une situation pédagogique. Couts pédagogiques = couts d’apprentissage + couts didactiques + couts d’enseignement.

• Couts d’opportunité : Les charges liées à un choix, plutôt qu’un autre (Wholey, Hatry, et Newcomer, 2004). Par exemple, si l’enseignant adapte de manière artisanale du matériel pour l’élève ayant acquis deux ans de retard en lecture, il ne planifie pas

une autre leçon, il ne fait pas d’aide aux devoirs et ne participe pas à une activité parascolaire.

D’autres types de couts peuvent être pris en compte (couts d’opportunité, couts palliatifs, notamment).

Pour répondre au deuxième objectif de cette recherche, les couts de conceptions réel des manuels scolaires adaptés sont comparés aux couts budgétés dans un calcul d’efficience (calcul détaillé au chapitre III). En résumé, les couts propres à l’éducation (présentés au point b) seront utilisés pour calculer le calcul de la productivité de l’utilisation des manuels scolaires adaptés. Ce calcul est plus amplement détaillé au chapitre III, mais il importe de dire qu’il permettra la comparaison entre les couts d’utilisation/(apprentissage de la lecture, motivation et situation d’inclusion) de l’utilisation d’un matériel adapté artisanalement par les enseignants et les couts d’utilisation/(apprentissage de la lecture, motivation et situation d’inclusion) des manuels scolaires adaptés.