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Section III : Pouvoir et politique au sein de la société patriarcale

Paragraphe 2 La philosophie politique et la question des femmes au

Le système patriarcal dont nous venons d’exposer la domination, a la particularité de pouvoir s’inscrire au sein de n’importe quel dispositif politique, parce que le

« patriarcat est une organisation sociale discriminante héritée du passé et en constante mutation »198. Avec les représentations mentales de la féminité passive et de la virilité active qui ont participé de la mise en ordre du Genre, a été favorisée la dilution du rôle des femmes dans le torrent de l’histoire et l’élévation de types d’hommes en héros199

. Du totalitarisme à la démocratie, le patriarcat est capable de s’imposer et d’imposer dans le même temps ses prescriptions et un redoutable assujettissement dont sont surtout victimes les femmes et les minorités sexuelles (homosexuels, bisexuels et transsexuels). Bien qu’il ne soit pas dans notre objectif de réaliser un état des lieux des différents systèmes politiques qui ont eu cours dans l’histoire, il semble cependant nécessaire, pour comprendre la position des femmes au sein du dispositif politique, d’expliquer ce qu’est le système démocratique dans la philosophie politique. Ici, nous ancrerons le système démocratique dans la sphère publique et nous excluons l’idée du « privé » car, la sphère

196

Geneviève Fraisse, La controverse des sexes, Presses Universitaires de France, 2001.

197

Alain Bihr & Roland Pfefferkorn, Hommes/Femmes l’introuvable égalité, Les Editions de l’Atelier/Editions Ouvrières, 1996, p. 213.

198

Laurena Parini, op-cit, p. 65.

199

Pierre Centlivres, Daniel Favre, Françoise Zonabend (sous la direction de), La fabrique des héros, Editions de la Maison des sciences de l’homme, 1998.

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« privée » n’est pas une sphère existant dans la nature des choses, cette construction sociale repose sur une base conventionnelle et arbitraire.200

Les modernes marquent la fin de la violence de l’Etat arbitraire, par l’instauration de la démocratie. La constitution devient l’expression de la souveraineté du pouvoir politique, notamment avec la création des Etats-Unis d’Amérique et la révolution française. John Locke, auteur central de la démocratie populaire, observe dans son Traité

du gouvernement civil, que les hommes en sortant de l’état de nature et en entrant dans le

gouvernement des princes ne veulent pas souffrir de la puissance de leurs gouvernants. C’est pourquoi ceux-ci doivent être démis de leur fonction quand ils deviennent oppressants ou illégitimes. Dès lors, l’instrument qui délimitera leur fonctions sera la Constitution ; aussi comprend-t-on pourquoi Locke est l’un des penseurs fondateurs de la démocratie américaine. Mais, le philosophe anglais ne parle pas de la violence faite dans le droit lorsqu’il ne permet pas le vote des femmes. Les assignations de Genre sont en effet le principal obstacle au vote des femmes non seulement comme acte concret mais aussi en tant que notion abstraite201. De plus, dans les premiers exposés de la philosophie politique, l’appropriation des femmes apparaît comme une évidence qui ne devrait discuter d’aucune controverse puisque les rapports de pouvoir sous l’effet de l’idéologie instaurent l’idée de nature, les femmes étant réduites à l’état d’objet matériel202

.

Le discours des modernes permet de comprendre les mutations sociales qui seront introduites par le capitalisme et le socialisme. La philosophie politique n’est pas dissociable de l’approche Gender puisque le discours des modernes était lui-même genré, en accordant une totale place à l’homme en tant que citoyen et en assujettissant la femme. Leur discours place l’homme au centre de la société, libre de choisir son destin. Et, le pouvoir politique qui lui appartenait depuis « l’état de nature » par le droit qu’il avait sur les choses d’après la vision rousseauiste, se déploya désormais dans le contrat social à travers l’élaboration et l’acceptation des lois. Mais, ce discours qui cherche à placer l’homme au centre des interactions sociales, concerne principalement les hommes prestataires de la domination masculine. La classe des hommes dans son ensemble approprie la classe des femmes, dans sa totalité et dans leur individualité ; en effet

200

Christine Delphy, L’ennemi principal. 2/ Penser le Genre, Editions Syllepse, 2009, p. 219.

201

Anne-Sarah Bouglé-Moalic, Le vote des Françaises. Cent ans de débats 1848-1944, PUR, 2012, p. 316.

202

Colette Guillaulin, Sexe, race et pratique du pouvoir. L’idée de nature, Indigo & côté-femmes éditions, 1992, p. 17.

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chacune des femmes est l’objet de l’appropriation privée par un individu de la classe des hommes203.

Pour Emmanuel Kant, la politique tient un rôle majeur dans la société civile, puisqu’elle décide de la guerre et de la paix. L’auteur de l’œuvre Essai philosophique sur

la paix perpétuelle, place le concept du devoir au cœur de la vie politique. D’après lui, le

devoir humain réside dans l’association avec les autres hommes dans une « société civile », car dans « l’état de nature » il existe un désordre apparent qui ne saurait être productif pour l’émergence d’une civilisation ; à ce niveau il rejoint Aristote et Hobbes. Mais, la hiérarchisation des sexes ne se pose pas pour le philosophe allemand, or déjà à cette époque-là et encore aujourd’hui, les rapports variables et constamment hiérarchiques entre hommes et femmes en tant que catégories socialement et culturellement construites, sont déterminées par des manières par lesquelles ce qui est chaque fois perçu comme différence sexuelle constitue et symbolise des rapports de pouvoir204.

Quant à Alexis de Tocqueville, il voit dans la démocratie naissante des Etats-Unis, une véritable chance pour les peuples d’acquérir la liberté et l’indépendance dans la société civile. Il perçoit dans la nation américaine, l’émergence d’une « démocratie », faisant ainsi réapparaître le concept jadis oublié dans les méandres de la Grèce antique. Et ceci n’est pas une vue de l’esprit, puisque le dix-sept septembre 1787 à Philadelphie, les américains élaborent et adoptent une constitution avec l’élection d’un président élu au suffrage universel. Georges Washington sera alors le premier à entrer en fonction le 4 mars 1789. Ce qui fait que cet auteur soit encore très actuel, c’est sa recherche de l’égalité pour tous les citoyens. Pour lui, c’est cette égalité qui les libérera de « l’aveuglement ». Ce qui différencie Alexis de Tocqueville et Hegel, c’est la vision divine de l’Etat qui peut encore surprendre beaucoup de lecteurs contemporains. En effet, le philosophe allemand, bien que reconnaissant la liberté comme fondamentale, pose une réflexion assez équivoque sur le rationalisme étatique. Il écrit dans Principes de la

philosophie du droit : « Il faut donc révérer l’Etat comme quelque chose de divin et à partir du principe que si la nature est difficile à penser, l’Etat l’est encore plus : on ne peut le concevoir à l’aide de quelques abstractions. L’Etat est la totalité éthique, la

203

Op-cit, p. 45.

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réalisation effective de la liberté. Et c’est le but absolu de la raison que la liberté soit effective (…) c’est le cours divin du monde qui fait qu’il y a l’Etat. »205

Il est évident que l’histoire de la philosophie politique s’est en grande partie préoccupée de la liberté de l’homme dès le XVIIIème

siècle, que ce soit dans « l’état de nature » ou dans les questions liées au fonctionnement de la société civile. Le véritable pouvoir politique serait-il alors celui de la liberté ? Paradoxalement, on ne pourrait y répondre par l’affirmative, puisque les modernes déduisirent que c’était le droit qui constituait du pouvoir politique. Cependant, le droit émerge de la liberté de « l’état de nature ». Le libéralisme politique s’était appuyé sur la notion centrale de liberté de l’individu, puisque dans le mot « libéralisme », il y a le préfixe « libér » qui évoque la notion de liberté. Les modernes s’attelèrent essentiellement à montrer que « Le pouvoir

est le moyen par lequel la socialisation négative, guerrière, de l’état de nature est convertie en socialisation positive, pacifique »206 . Le XXème siècle et le début du XXIème siècle apportent une nouvelle donne à la notion de pouvoir politique. D’abord, il y a la vision de Max Weber qui replace le consentement, comme les modernes, au centre du pouvoir politique. Il établit trois principaux types de pouvoirs : le traditionnel qui dérive des coutumes : l’exemple des monarques d’anciens royaumes européens comme la Grande-Bretagne ; le charismatique que l’on pouvait distinguer chez le Général de Gaulle, et « Le troisième s’impose en vertu de la légalité, c’est-à-dire la croyance à la

validité d’un statut, à une compétence fondée sur des règles établies rationnellement »207

. Ces pouvoirs ne peuvent s’exercer qu’avec l’adhésion des citoyens.

Et à côté de cette perception wébérienne, il y a la vision de Michel Foucault, qui perçoit le pouvoir comme une relation stratégique. Pour lui, il ne faut pas seulement y voir de la violence. Ce qui marque la pensée de Foucault, c’est l’affirmation d’un pouvoir moins visible que par le passé, à travers la notion d’empowerment. Parce que ce qui marque le pouvoir moderne, c’est son côté impersonnel, sa fonction d’assujettissement. D’ailleurs, Judith Butler disait que : « L’assujettissement semble aboutir à un cercle

vicieux : l’action du sujet semble être un effet de sa subordination »208. Le pouvoir est insidieux. La phénoménologie de la politique montre que le pouvoir dérivé de l’ensemble des droits naturels tel que défini par Locke, Hobbes et Rousseau, a toujours été dans les

205

Texte original rapporté par Le Point Hors-série n°19, extrait de Principes de la philosophie du droit (1820) de Georg Wilhelm Friedrich Hegel, traduction originale.

206

Pierre Manent, Naissances de la politique moderne, Gallimard, 2007.

207

Coll. Universités de tous les savoirs, Le pouvoir, l’Etat, la Politique, Odile Jacob, 2002.

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mains d’un prince (d’un mâle) comme dans la perception de Machiavel. C’est pourquoi les femmes se sont souvent senties étrangères à l’univers politique ; et celles qui y réussissent, ne sont plus tout à fait perçues comme des femmes. Car, en faisant de la politique, la femme politique va remettre en cause son état de subordination. La position subordonnée des femmes est due à des contraintes biologiques pesant sur elles, notamment leur « rôle » dans la procréation ; tout désir d’y échapper remet en quelque sorte en cause son statut, puisque tout ce passe comme si la fonction reproductrice était une donnée d’évidence première, constante dans l’espace et constante dans le temps depuis des milliers d’années209

.

Il est vrai que le pouvoir politique « … a fortiori, s’origine, se construit, se

maintient, s’exerce à partir d’une appréciation sur la puissance génitale de l’homme, sa pénétration active dans l’organe béant et vide de la femme, qui l’autorise à s’octroyer le monopole de la création de la vie ou celui du plaisir ou, au minimum, une prépondérance» comme l’a écrit Armelle Le Bras-Chopard210. Comment donc laisser ce pouvoir politique originellement masculin aux mains des femmes, alors que celles-ci sont perçues dans les représentations, à travers les préjugés et les stéréotypes, comme des êtres illégitimes ? L’expérience sociale montre que certains hommes luttent violemment qu’ils le peuvent pour ne pas changer les cartes mentales (en effet : « une femme en plus, c’est un homme en moins », de ce fait les hommes perdront progressivement leur monopole). Ainsi, doit-on observer que « la prévalence de l’opinion » enracine l’idée selon laquelle l’intérêt des publics demeure dans le respect des rôles masculin et féminin. Les hommes affirmeront alors que leur force est naturelle et que le pouvoir leur revient de droit : bien sûr cela est beaucoup plus subtil dans les médias, et certains chercheurs comme Jean- Marie Seca observe que : « Les hommes appartiennent plus souvent au pôle dominant et

forme une collection. Les femmes se référent, quant à elles, jusqu’à aujourd’hui et tendanciellement, à une situation dominée et à la forme “d’agrégat” »211

.

En outre, Michelle Coquillat affirme : « Notre société, nos modes de vie ont été

rêvés par les hommes : Platon, Aristote, Hobbes, Montesquieu, Locke, Rousseau, Marx (…) des hommes qui ont eu le pouvoir non seulement de faire surgir des théories et des mondes, mais qui ont façonné, par la force de leur création, le regard que nous nous

209

Paola Tabet, La construction sociale de l’inégalité des sexes. Des outils et des corps, L’Harmattan, 1998, pp. 77-78.

210

Armelle Le Bras Chopard, Le masculin, le sexuel et le politique, Plon, 2004.

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portons les uns sur les autres, celui que nous portons sur nous-mêmes. »212. Aussi conviendrait-il peut-être plus à la femme politique d’appréhender le caractère viril de ses homologues masculins. Cependant en désirant ou en exerçant le pouvoir par la pantomime de la figure masculine perpétuellement virilisante, celle-ci prouverait que les représentations sociales de la virilité auront eu gain de cause contre les femmes, car les représentations à travers les siècles ont été construites et véhiculées par les hommes, et ce dans de nombreuses sociétés. La structure des rapports entre les hommes et les femmes est déterminée par la domination masculine ayant formulée des injonctions dès leurs plus tendres enfances, comme le pensent Ilana Löwy et Catherine Marry. En fait, ces injonctions consistent aussi à respecter les normes de Genre ; par exemple, les femmes doivent en toutes circonstances rester féminines, belles, séduisantes et avant tout physiquement très différentes d’un homme. Cette injonction de la féminité recouvre la responsabilité du bien-être physique et psychologique des membres de leur famille, y compris de leurs compagnons mâles, mais aussi leurs collèges de travail et supérieurs hiérarchiques213. Les femmes doivent donc obéir au processus d’effacement pour se conformer à la perpétuation du système de domination. En définitive, la démocratie elle- même, bien que le mot soit le même depuis des siècles, comporte un sens qui lui n’a pas cessé d’évoluer, en gardant caché le postulat de départ, à savoir que les femmes n’ont pas de place dans l’espace public214

.

La principale question qu’on peut se poser ici est de savoir : pourquoi les femmes doivent-elles aussi prendre le pouvoir ? Même si « Vouloir faire de la politique reste,

pour les femmes encore plus que pour les hommes, une entreprise hasardeuse »215. En effet, toute la pensée politique de Platon à Foucault, montre que la politique et le pouvoir politique sont au cœur de la vie sociale, et qu’il ne peut en être autrement, parce que le concept de Genre structure la perception et l’organisation autant concrète que symbolique de toute la vie sociale216. Le Genre est impliqué dans la conception du pouvoir avec ses relations inégalitaires et tous les champs de force sociaux217.

212

Michelle Coquillat, op-cit.

213

Ilana Löwy et Catherine Marry, Pour en finir avec la domination masculine. De A à Z, Les Empêcheurs de penser en rond/Le Seuil, 2007.

214 Michèle Riot-Sarcey, « La démocratie à l’épreuve du Genre ou « le vertige de l’un », in Catherine Achin et Laure

Bereni (sous la direction de), Dictionnaire Genre et science politique. Concepts, objets, problèmes, SciencesPo Les Presses, 2013, p. 149.

215

Léa Sgier, « Les quotas de femmes en politique : quels enjeux ? Une comparaison France/Suisse » in Manon Tremblay, Thanh-Huyen Ballmer Cao, Bérengère Marques-Pereira, Mariette Sineau (sous la direction de), Genre, citoyenneté et représentation, Les Presses de l’université Laval, 2007, p. 171.

216

Michel Foucault, Le Sens pratique, Les Editions de minuit Collection « Le sens commun », 1980.

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Le pouvoir politique est le seul phénomène qui permet d’apporter des mutations majeures dans un Etat. Nous disons « phénomène » parce qu’au-delà des définitions pléthoriques, des raccourcis théoriques, le pouvoir apparaît comme une métaphysique des mœurs, comme une notion qu’on ne peut appréhender en dehors de la réalisation de l’action directe ou indirecte dans un groupe social donné. De plus, la sous-représentation féminine est présentée la plupart du temps comme un principe « normal » pour la société, et jamais comme un problème pour les hommes218.

La désaffection du politique qui semble parfois palpable lors d’élections importantes dans les Etats occidentaux, s’exprime dans le virage qu’est en train de prendre le pouvoir, c’est-à-dire le retour d’une certaine caste, qui s’attribue le pouvoir politique en passant par de grandes écoles élitistes, certes au service de l’Etat, mais devenues des écuries formatrices de hauts fonctionnaires et de futurs élus bourgeois qui illustrent la reproduction sociale décrite par Pierre Bourdieu. Cette classe de leaders (et de futurs leaders) majoritairement masculins instaure des régimes spécifiques souvent proches de ceux que décriaient les modernes dans la représentation d’un gouvernement civil fort contraignant, contre les libertés, pour l’exclusion, et qui devient ce que l’on peut qualifier de « néolibérale ». Les femmes, elles-mêmes qui se sont battues pendant des décennies pour l’obtention du droit de vote, expriment un comportement ambigu. Il y a chez certaines d’entre-elles, soit un désintérêt du pouvoir politique, soit une désaffection de la politique due à une résignation à l’égard de l’exercice de celui-ci par les hommes ou pis encore, parce que la politique leur apparaît vraisemblablement comme un lieu de conflit, comme lieu de guerre219improductif. Cependant, cette vision n’est pas valable dans le monde entier, puisque dans les pays scandinaves, on a vu plusieurs fois des femmes exercer de hautes fonctions politiques et changer les représentations de leurs sociétés en instituant des changements révolutionnaires, à l’instar de l’égalité dans l’octroi des congés parentaux. Mais pour ce qui est de la France, on peut aisément constater que lors de l’élection présidentielle de 2007, la majorité des femmes a voté pour le candidat masculin au deuxième tour qui opposait le leader de la droite, Nicolas Sarkozy à la candidate de la gauche, Ségolène Royal. Peut-être la candidate n’était-elle pas à la hauteur de la fonction ? Mais, qu’est-ce qu’être à la hauteur de la fonction ? C’est la question qui se pose souvent quand on voit des femmes briguer des postes ayant

218

Léa Sgier, « Les quotas de femmes en politique : quels enjeux ? Une comparaison France/Suisse, op-cit. p. 178.

219

Janine Mossuz-Lavau et Mariette Sineau, Enquête sur les femmes et la politique en France, PUF Recherches politiques, 1983, p. 38.

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longtemps été occupés par des hommes. D’où la problématique de l’influence du Genre et des représentations sociales, car il y a un problème central dans la perception du pouvoir, il faut que ceux qui donnent le pouvoir au (à la) souverain (e) aient une représentation spécifique du pouvoir, ainsi que de celui ou de celle qui l’exercera. Or, nous pouvons constater à travers toute la philosophie politique, que les femmes ont souvent été absentes dans la construction de la pensée politique, comme l’expriment Grégory Derville et Sylvie Pionchon dans un article paru en 2005, lorsqu’ils écrivent : « Les règles du jeu politique, sa culture, sa langue, ont été fondées et institutionnalisées

par et pour des hommes. »220 De plus, l’histoire de France autour de la loi salique explicitée dans les travaux d’Eliane Viennot221

révèle la difficulté pour une femme de représenter le pouvoir suprême en politique. Toutefois, avec le mouvement féministe, on a assisté à des mutations essentielles pour l’évolution des représentations sociales genrées des femmes dans la société. L’influence des féministes s’est traduite non seulement par de nouvelles mesures gouvernementales comme la loi sur la parité, mais également par une redéfinition des institutions étatiques ; de même, le mouvement féministe a contribué au renouvellement des problématiques de recherche222.

L’inclusion des femmes en politique reste encore davantage une émanation des