• Aucun résultat trouvé

Pertinence et implications sur notre travail de recherche 1 Pertinence du courant structurationniste

S ECTION II R EVUE CRITIQUE DU COURANT STRUCTURATIONNISTE ET PROPOSITION D ’ UN CADRE CONCEPTUEL D ’ ANALYSE

I. Le courant structurationniste comme cadre théorique de référence

I.2. Pertinence et implications sur notre travail de recherche 1 Pertinence du courant structurationniste

A travers la revue des principes et concepts clés de la théorie de la structuration, cette approche nous paraît proposer un cadre conceptuel pertinent pour la question de la contribution de l’usage des systèmes d’information à la performance de l’entreprise.

Cette pertinence se vérifie au niveau conceptuel, mais aussi méthodologique : I.2.1.1. Au niveau conceptuel

La théorie de la structuration est une théorie totale qui, à travers un système cohérent de concepts et de principes, permet aux scientifiques de maximiser la portée et la solidité de leur démarche explicative (Romelaer, 2000 in Autissier et Wacheux). Cette caractéristique lui procure en effet « l’énorme avantage additionnel de relier en un tout cohérent un certain nombre d’éléments théoriques épars, éclairants par eux-mêmes, mais qui le sont encore plus quand ils sont rassemblés et articulés » (Rojot, 2000 in Autissier et Wacheux, p.47).

Aussi, ce cadre nous semble particulièrement pertinent pour l’analyse de la contribution de l’usage des systèmes d’information à la performance de l’entreprise, dans la mesure où il nous invite à appréhender la question dans son ensemble. Il s’agit alors d’approfondir la portée et le rôle des concepts mobilisés (systèmes d’information, performance), tout en les considérant dans leur contexte d’action (usage des SI), prenant ainsi en compte les différentes interactions et synergies de la relation Usage des SI et Performance, avec les autres éléments de l’organisation. Une première lecture du cadre structurationniste nous incite alors à nous intérroger sur la définition et les contours des concepts mobilisés dans notre question de recherche :

- La décomposition du concept de structure en un ordre matériel et un ordre virtuel, tel qu’il a été proposé par Giddens (1984) nous incite à nous interroger sur la portée de la technologie : la technologie est-elle une source de structure avec seulement un ensemble de traits matériels ? Est-elle une propriété structurelle avec un ensemble de contraintes et de ressources virtuelles ? Est-elle un mix des deux ?

- Le principe de la dualité du structurel, dans sa description de la dynamique d’interaction des acteurs avec les propriétés structurelles pose la question du rôle de la technologie dans l’organisation, et plus particulièrement de la relation entre l’acteur et la technologie à travers l’action de l’usage : l’usage par les acteurs de la technologie se fait-il

selon le principe de la dualité du structurel ? Ou plutôt d’un dualisme où la technologie est un support et une contrainte à l’activité des utilisateurs ?

- La double intégration sociale et systémique des systèmes sociaux à travers le temps et l’espace permet d’analyser la dynamique du changement que l’adoption de la technologie suscite et/ou accompagne. La prise en compte de ce principe conceptuel implique la néccesité d’analyser la contribution de l’usage des SI à la performance de l’entreprise comme un processus dynamique, qu’il faut suivre dans le temps et dans l’espace.

I.2.1.2. Au niveau méthodologique

Au-delà de la pertinence conceptuelle de la théorie de la structuration pour notre question de recherche, le choix de ce cadre de référence au niveau méthodologique nous semble aussi pertinent, pour deux principales raisons :

- La description du processus de structuration en partant des interactions situées des acteurs à la production des systèmes sociaux (et donc des sociétés), est cohérent avec notre objectif d’expliquer la performance des organisations (caractéristique ou spécificité de l’organisation) à partir de l’usage des systèmes d’information (interactions situées des acteurs avec la technologie).

- Le cadre structurationniste permet de dépasser la difficulté de passer d’un niveau d’analyse micro de l’individu, au niveau macro de l’organisation, à travers l’intégration dans l’analyse du processus d’interaction de la dimension spatio-temporelle et sa formulation selon une double intégration systémique (réciprocité de l’interaction située) et sociale (réciprocité des interactions spatio-temporellement étendues). Pour Giddens (1987, p.36) « opposer le caractère soi-disant éphèmère de l’interaction qui se déroule dans des contextes de co- présence à la solidité des institutions dont l’étendue spatio-temporelle est vaste ne rime à rien, bien au contraire ». Ces deux types d’interactions sont complémentaires. Leur complémentarité contribue à étendre les caractéristiques des systèmes sociaux qui émergent dans des contextes d’interactions en coprésence, et qui s’institutionnalisent grâce à l’extension de ces interactions dans des contextes spatio-temporels étendus.

I.2.2. Implications du choix du courant structurationniste sur notre cadre conceptuel

Au vu de notre lecture de la théorie de la structuration et de notre appréciation de sa pertinence pour notre question de recherche, nous proposons d’analyser notre question de recherche selon une perspective systémique et processuelle : l’analyse de l’usage des

systèmes d’information se fera à travers l’étude des interactions des acteurs avec l’ensemble des caractéristiques de leur contexte, y compris la technologie. L’appréciation de la contribution de l’usage des systèmes d’information à la performance de l’organisation passera alors par l’étude de la dynamique du changement dans le temps et dans l’espace. Cette dynamique décrit l’étendue spatio-temporelle des interactions des acteurs avec l’ensemble des propriétés de l’organisation, y compris la technologie.

Trois axes d’analyse sont alors identifiés :

- Définition du concept de techologie à travers la portée (comment définir la technologie) et le rôle de la technologie dans l’organisation (quelle est la nature de la relation entre l’acteur et la technologie ?).

- Description et explication de la dynamique du changement que l’intégration de la technologie suscite et/ou accompagne. Une attention particulière sera portée à la place jouée par la technologie dans ce processus.

- Analyse de la contribution du processus de changement, dans lequel la technologie est impliquée, à la performance de l’organisation. Cette analyse est tributaire de la manière dont la dimension spatio-temporelle a été mobilisée.

Tableau 2. Grille d’analyse structurationniste

Axe d’analyse Niveaux d’analyse

Place de la technologie dans

l’organisation Portée de la technologie : traits matériels ? Caractéristiques virtuelles ? Les deux ? Ensembles de règles et contraintes ? Propriétés structurelles ? Sources de structure ?

Rôle de la technologie : supporte et facilite l’action (dualisme) ? Interagit avec l’acteur d’une manière récursive (dualité) ?

Dynamique du changement Processus d’interaction des acteurs avec l’organisation dans le temps et dans l’espace : la dimension spatio-temporelle est- elle intégrée dans l’analyse ? Comment cette intégration s’est manifestée ?

Place de la technologie dans ce processus : la technologie est- elle appréhendée comme seule source de structure ? Quelles sont les autres sources de structures éventuellement identifiées ? Comment elles ont été prises en compte dans le processus d’interaction ?

Contribution de la dynamique du changement à la performance

Comment analyser l’effet de ce processus d’interaction sur la performance ? Comment la performance est-elle appréhendée dans cette dynamique du changement ?

Toutefois, malgré la pertinence apparente de la théorie de la structuration pour notre question de recherche, la tentative d’appliquer directement ses principes et concepts à l’étude de l’intégration des technologies en contexte organisationnel, se heurte rapidement au risque de mauvaises interprétations ou à une éventuelle déformation de leur sens. Cette difficulté, liée à l’absence dans la théorie de la structuration de Giddens (1986) de toutes références liées à la technologie ou à la performance, peut être atténuée par une lecture critique des travaux structurationnistes.

Aussi, nous proposons dans ce qui suit de procéder à une revue critique de la littérature structurationniste, en adoptant comme grille de lecture, les axes d’analyse identifiés par notre première lecture de la théorie de la structuration de Giddens.

Outline

Documents relatifs