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Perception des problèmes de l’intégration locale et nationale

Dans le document Cités cosmopolites (Page 151-158)

On vient de le voir, la question ouverte sur les sanctions est peu discriminante Mais son analyse donne un accès nuancé à la façon dont les élèves perçoivent collectivement l‟ordre

Code 9. Ce code est réservé aux énoncés inclassables dans la typologie précédente Parfois agressifs,

5. Argument de la variabilité des comportements individuels des musulmans

4.2. Perception des problèmes de l’intégration locale et nationale

Une autre série de questions portait plus directement sur les problèmes relatifs au vivre-ensemble, c‟est-à-dire sur la question de l‟intégration entendue au sens systémique : intégration de la société, cohésion sociale. Il s‟agissait en particulier d‟éclairer la façon dont le racisme est perçu dans notre population, et la façon dont le phénomène est interprété à l‟échelle locale et à l‟échelle nationale.

Une question était libellée : Personnellement, avez-vous déjà été victime ou témoin de racisme ? Un constat s‟impose : la grande majorité des élèves ne doutent pas que le racisme existe. On peut dire que pour eux/elles c‟est une dimension de l‟ordinaire de la vie sociale. L‟idée n‟est repoussée que par un(e) élève que cinq.

Quatre élèves sur cinq disent en avoir été témoins dans des lieux publics : la rue, les transports en commun en premier lieu. L‟école, en ses différents niveaux (quoiqu‟un peu moins au lycée), est également mentionnée comme un des lieux où le racisme s‟exprime assez couramment. Le quartier, lieu de la sociabilité juvénile, n‟est pas épargné bien qu‟il soit moins cité que la moyenne. Ce sont les pratiques sportives qui en sont le mieux protégées, semble-t-il.

La proportion d‟élèves qui disent avoir été victimes personnellement de racisme est bien inférieure, elle est inférieure aussi à la proportion de ceux et celles qui sont issus de parents immigrés originaires d‟Afrique.

La gradation des lieux selon leur exposition au racisme est à peu près la même dans les deux cas. On note que les élèves disent avoir été victimes de racisme à l‟école ou au collège plus souvent qu‟au lycée.

Tableau 131. Témoin / victime du racisme

Témoin (%) Victime (%)

Dans la rue 80

Dans les transports en commun 80

A l‟école, au collège 75

Dans un commerce 60

Au lycée 60

Dans votre quartier 50

A la police 50

En discothèque, ds un restaurant 40 Dans une administration 30

En sport 20

177

Moyenne témoins = 54,5 Moyenne victimes = 20

La question des groupes les plus victimes du racisme ne recèle pas de surprise. Elle fait apparaître l‟échelle

que les enquêtes de la Commission nationale consultative sur les droits de l‟homme ont mise à jour pour la France entière. Les Maghrébins sont cités parmi les groupes les plus victimes du racisme par trois élèves sur quatre (la question appelait deux réponses), les Noirs par deux élèves sur trois. Les autres groupes sont nettement décrochés. Les Comoriens avaient été distingués des Noirs pour tester l‟impact dans notre population du stéréotype marseillais qui les identifie comme un groupe particulier.

Tableau 132. Groupes les plus victimes du racisme

Effectifs Fréquence Non réponse 28 0,0% Maghrébins 818 72,5% Noirs 724 64,1% Juifs 211 18,7% Gitans 137 12,1% Comoriens 117 10,4% autres 38 3,4% Asiatiques 19 1,7%

originaires d'Europe de l'Est 11 1,0%

personne 9 0,8%

Italiens 6 0,5%

Portugais 4 0,4%

sans opinion 44 3,9%

Total/ interrogés 1129 Interrogés: 1129 / Répondants: 1101 / Réponses: 2138

Pourcentages calculés sur la base des interrogés

La variation sociale des attributions est faiblement marquée.

Il n‟y a pas de variation selon le sexe, ni selon le statut socio-économique. Seule l‟origine nationale des parents a une légère incidence, tout comme la religion déclarée.

Tableau 133. Groupes les plus victimes du racisme, selon l’origine des parents (%)

France Maghreb Afrique Europe & Monde Fr-Mag Total Non réponse ,8 1,2 ,3 ,9 1,3 Maghrébins 38,6 41,3 36,1 38,3 42,5 37,8 Noirs 31,1 35,8 40,6 33,8 29,2 33,4 Juifs 11,3 7,4 8,3 8,4 9,7 9,7 Gitans 7,1 2,9 9,8 8,0 6,2 6,3 Comoriens 3,3 8,6 4,5 3,9 6,2 5,4 autres 2,5 1,0 ,6 1,8 1,8 Asiatiques ,8 ,6 2,6 ,9 Italiens ,2 1,0 ,9 ,3

originaires d'Europe de l'Est ,9 ,2 ,8 ,5

personne ,6 1,0 ,4

Portugais ,2 ,2 ,3 ,2

sans opinion 2,7 ,6 1,9 2,7 2,0

Total 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0

Dans les transports en commun 20

Dans un commerce 20

A la police 20

Au lycée 17

En discothèque 15

Dans une administration 12 En sport, dans un restaurant 10

Tableau 134. Groupes les plus victimes du racisme, selon la religion déclarée (%) pas de religion musul man catholi- que juif boud- dhiste autre sans opinion Total Non réponse 1,2 ,7 ,4 ,7 1,3 Maghrébins 38,6 38,5 38,8 43,1 33,3 34,3 36,2 37,8 Noirs 29,4 37,3 32,3 19,0 33,3 25,7 34,8 33,4 Juifs 12,3 7,9 8,2 31,0 22,9 8,7 9,7 Gitans 7,0 4,5 8,4 3,4 8,3 11,4 7,2 6,3 Comoriens 2,9 8,2 3,3 1,7 2,9 4,3 5,4 autres 3,1 ,9 2,3 1,7 1,4 1,8 Asiatiques ,2 ,5 1,2 25,0 2,2 ,9 Italiens ,2 ,2 ,4 ,7 ,3 personne ,5 1,1 ,7 ,4

originaires d'Europe de l'Est ,7 ,4 ,7 ,5

Portugais ,5 ,1 ,2 ,2

sans opinion 3,4 ,7 2,8 2,9 2,9 2,0

Total 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0

Une autre question demandait aux élèves d‟attribuer à des catégories sociales un des pôles de l‟opposition plutôt tolérant/plutôt raciste. Ils avaient aussi la possibilité de refuser l‟alternative en choisissant Je suis sans opinion. Les catégories proposées relèvent de trois grands groupes :

- groupes de proximité : amis, famille, ego ; - groupes localisés : professeurs, Marseille ;

- groupes lointains : société française, hommes politiques. Les résultats sont les suivants :

Tableau 135. Jugement sur qui est tolérant ou pas

Effectifs Fréquence

Non réponse 25 0,0%

Vous-même êtes plutôt tolérant 923 81,8%

Vos amis sont plutôt tolérants 922 81,7%

Votre famille est plutôt tolérante 901 79,8%

Marseille est plutôt tolérante 872 77,2%

Vos professeurs sont plutôt tolérants 669 59,3% Les hommes politiques de gauche sont plutôt tolérants 597 52,9% la société française est plutôt tolérante 451 39,9% Les hommes politiques de droite sont plutôt tolérants 133 11,8% Les hommes politiques de droite sont plutôt racistes 624 55,3% la société française est plutôt raciste 391 34,6% Vos professeurs sont plutôt racistes 144 12,8%

Marseille est plutôt raciste 120 10,6%

Les hommes politiques de gauche sont plutôt racistes 104 9,2%

Votre famille est plutôt raciste 88 7,8%

Vos amis sont plutôt racistes 68 6,0%

Vous-même êtes plutôt raciste 36 3,2%

Total/ interrogés 1129 Interrogés: 1129 / Répondants: 1104 / Réponses: 8628

Pourcentages calculés sur la base des répondants

Dans notre population orientée majoritairement à gauche, les hommes politiques de droite sont estimés la catégorie la plus encline au racisme. A l‟autre bout de l‟échelle, ego est estimé le moins enclin au racisme. 36 élèves se disent plutôt racistes, 923 plutôt tolérants.

L‟échelonnement des réponses montre que les groupes proches sont très rarement caractérisés comme plutôt racistes, et très fréquemment comme plutôt tolérants (proportion de 1 à 8). La tolérance est fortement valorisée dans notre population.

Les groupes locaux, professeurs et Marseille, sont rarement estimés racistes, et très fréquemment plutôt tolérants : les échanges quotidiens en tant qu‟élèves ou en tant qu‟habitants de Marseille ne sont pas perçus comme caractérisés par le racisme, – nettement moins souvent en tout cas qu‟on aurait pu

l‟attendre à la lecture des résultats précédents sur l‟expérience personnelle du racisme. Si l‟on prend les réponses au sérieux, on dira que les élèves ont l‟expérience du racisme, ils/elles reconnaissent qu‟il fait partie de leur quotidien, qu‟ils/elles en soient victimes ou bien plus souvent témoins, mais ils/elles ne considèrent pas que la qualité de leur quotidien se réduit à cela. Au contraire, sollicité(e)s pour produire un jugement global sur la société locale et l‟école, ils/elles les caractérisent très majoritairement par la tendance à la tolérance.

Marseille est estimée plutôt raciste aussi rarement que les professeurs. Mais ceux-ci sont moins fréquemment estimés plutôt tolérants (près de 20 points d‟écart), dans leur cas il est plus facile d‟écarter le jugement global de racisme que de porter un jugement global de tolérance. Comme si la distance des échanges fonctionnels entre élèves et professeurs faisait un halo sur leurs dispositions intérieures.

Les groupes lointains apparaissent hiérarchisés. Les hommes politiques de droite font figure de repoussoirs dans la distribution. Ils sont jugés plutôt racistes 5 fois plus souvent que plutôt tolérants. Rien n‟indique dans l‟enquête que les élèves aient une défiance particulière à l‟égard de l‟équipe municipale en place à Marseille. Il vaut mieux, nous semble-t-il, interpréter ce jugement tranché comme un rejet idéologique de la droite. A l‟inverse, les hommes politiques de gauche se voient attribuer des dispositions tolérantes 5 fois plus souvent que des dispositions racistes. Quant à la société française, elle fait l‟objet de jugements balancés : elle est jugée plutôt raciste par un tiers de notre population, et plutôt tolérante par 40%.

Ces jugements sont-ils tributaires de critères sociaux ou scolaires ? La variation sociale apparaît en réalité peu marquée.

L‟idée que Marseille est plutôt tolérante est près de 8 fois plus fréquente en moyenne que l‟idée selon laquelle Marseille est plutôt raciste.

Cette différence ne varie ni selon l‟origine nationale de la famille, ni selon la voie d‟études suivies (LP vs LGT), ni selon l‟expérience des sanctions.

Elle varie un peu selon le sexe : les garçons jugent Marseille plutôt tolérante 6 fois (seulement) plus souvent que le contraire.

Et surtout elle varie selon le statut socio-économique de la famille : dans les milieux aisés on juge plus fréquemment que Marseille est plutôt raciste, tout en pensant encore dans une très nette majorité (3,5 fois plus souvent) que Marseille est plutôt tolérante.

La variation sociale est moins marquée encore – mais aussi moins positive – en ce qui concerne le jugement porté sur la tolérance ou le racisme de la société française. Dans l‟ensemble, on l‟a dit, la société française est jugée un peu plus souvent plutôt tolérante que plutôt raciste. Il n‟y a pas de variation significative selon le statut socio-économique de la famille, ni selon le genre, ni l‟expérience scolaire (lycée d‟affectation, voie d‟études, expérience des sanctions).

Seule la variable Origine nationale de la famille a une incidence légère : on juge un peu plus fréquemment que la société française est plutôt tolérante dans les familles d‟origine française que dans les autres cas : la société française est alors jugée plus tolérante 1,5 fois plus souvent que raciste. La variation a un caractère scolaire dans le cas du jugement porté sur les professeurs. En moyenne, ils sont jugés plutôt tolérants 4 fois plus souvent environ que le contraire.

Cette proportion s‟élève jusqu‟à 6 dans les lycées généraux et technologiques, contre 2,5 seulement dans les lycées professionnels.

De même les élèves qui ont une expérience minimale des sanctions jugent que leurs professeurs sont plutôt tolérants 7 fois plus souvent que le contraire, tandis que ceux et celles qui ont une expérience maximale des sanctions les jugent plutôt tolérants 2,5 fois plus souvent que le contraire. C‟est l‟écart le plus grand que nous ayons trouvé dans la distribution.

La variable Origine nationale de la famille a une incidence légère (mais significative). Les originaires du Maghreb jugent un peu moins fréquemment que leurs professeurs sont plutôt tolérants : la différence qu‟ils font entre professeurs plutôt tolérants et professeurs plutôt racistes est de 1 à 3,3. Le jugement porté sur les professeurs est indépendant du statut social de la famille, ou du genre. Une recherche systématique sur les modalités montre que seule l‟attribution de dispositions racistes aux catégories proches (famille/amis plutôt racistes) est socialement bien marquée. L‟attribution du

racisme aux proches concerne une minorité d‟élèves (effectif = 131, 12% de l‟échantillon) de position sociale moyenne ou moyenne inférieure, d‟origine française, significativement orientée plutôt à droite ou à l‟extrême droite, ayant un vécu typiquement plutôt négatif de la sociabilité scolaire, et encline à marquer sa distance avec l‟objectif d‟égalité symbolique entre les membres de la société.

Les liaisons très significatives sont les suivantes :

Tableau 136. Famille, amis plutôt racistes. Attractions significatives à p <1%

Origine nationale des parents française (effectif : 75)

Relations entre élèves rivalités/haine/indifférence (72)

Statut socio-économique des parents intermédiaire (70)

Avis sur le racisme contre lequel on ne peut rien faire (49)

Opinion politique des parents droite (26)

Petits boulots régulièrement (24)

Objectifs prioritaires des hommes politiques : limitation de l’immigration (24) Affinités politiques de l‟élève extrême droite (17)

En complément, une autre question demandait de se prononcer sur l‟existence d‟une pluralité de communautés à Marseille. Il s‟agissait de tester l‟impact dans notre population d‟une sensibilité ou d‟une inquiétude par rapport au „communautarisme‟, très présent dans les médias et les discours politiques.

Tableau 137. Y a-t-il des communautés à Marseille ? Tri à plat Effectifs %

Non réponse 21 1,86% Tout à fait d’accord 318 28,17%

Assez d’accord 137 12,13% Pas d’accord 172 15,23% Sans opinion 481 42,60% Total 1129 100,00%

La question, apparemment, ne concerne guère les élèves. Plus de 40% d‟entre eux/elles se déclarent sans opinion.

A l‟analyse, pourtant, la question est une de celles qui sont le mieux corrélées à des variables sociales et scolaires. Les 4 modalités de réponses sont en réalité socialement marquées, y compris sans opinion, qui apparaît ici comme une façon de prendre position sur la question.

La réponse tout à fait d’accord (près de 30% des élèves) apparaît plus fréquente en milieu favorisé d‟origine française, féminin et en fin de scolarité, et surtout plus généralement dans les établissements des quartiers Sud de Marseille. Le rapport à la scolarité est bon. On y note une propension à relativiser les tendances centrales dans la population d‟enquête : les hommes politiques de droite sont jugés plus souvent tolérants, Marseille ou les professeurs plus souvent racistes. L‟orientation politique n‟entre pas en ligne de compte, mais l‟identification nationale est significativement plus marquée que dans les autres modalités de réponse : qu‟il s‟agisse de l‟auto-identification par la catégorie « français », ou de la production d‟une définition de la citoyenneté par l‟appartenance nationale. La défiance à l‟égard de l‟immigration est plus marquée également, mais pas spécialement à l‟égard de l‟islam.

La réponse pas d’accord (15% des élèves) apparaît à l‟opposé comme une réponse typique de lycéen(ne)s des LGT des quartiers Nord, de milieu plutôt défavorisé, masculin, en début de scolarité au lycée et portant sur leur lycée un jugement global plus souvent mauvais ou très mauvais. Ils/elles manifestent semble-t-il une certaine pugnacité dans la scolarité. Ainsi, ils/elles ont fait grève significativement plus souvent que dans les autres modalités de réponse, et ils/elles considèrent plus souvent que le délégué les défend. Par ailleurs, ils/elles sont sensibles à l‟inégalité Nord-Sud. Ils/elles se déclarent à 45% de religion musulmane et sont un peu plus nombreux que l‟ensemble, 50%, à vouloir laver l‟islam de tout soupçon d‟entraver l‟intégration.

La réponse sans opinion (42,5% des élèves) réunit quant à elle le gros des élèves des quartiers Nord. Tous les établissements des quartiers Nord et eux seuls y sont typiquement représentés, LP comme

LGT. Ceux/celles qui choisissent cette modalité de réponse sont à 49% issus de milieu défavorisé, ils/elles sont plus souvent (mais en minorité) d‟origine algérienne ou comorienne. Ils/elles se déclarent musulman(e)s à 46%, et défendent l‟islam contre toute imputation de nuire à l‟intégration à 51%, soit des taux analogues à la catégorie précédente. S‟ils/elles sont sensibles à la racisation (plus nombreux sont ceux/celles qui s‟identifient plutôt par la couleur de leur peau, et qui se déclarent victimes du racisme des commerçants ou de la police), ils/elles n‟ont pas sur le racisme et la tolérance à Marseille, dans la société, ou chez les professeurs une position qui les particulariserait. Plus que dans la catégorie précédente, ils/elles mettent en avant une vision morale du lien citoyen, insistant sur la solidarité et le respect mutuel. Ils/elles sont aussi très majoritairement sensibles aux déséquilibres Nord-Sud et souhaiteraient que l‟action politique les corrige.

Au total, donc, l‟idée de pluralité des communautés, autour de laquelle était construite la question, a activé dans notre population le grand partage du territoire marseillais entre quartiers Nord et quartiers Sud. Les élèves des quartiers Sud ont typiquement répondu plus souvent qu‟ils/elles étaient d’accord ou assez d’accord avec l‟affirmation proposée, tandis que ceux/celles des quartiers Nord ont été typiquement réticents à le faire. Ils/elles ont pris position contre l‟idée (pour une minorité d‟entre eux/elles), ou ont adopté une position de retrait en choisissant la modalité sans opinion.

Tableau 138. Y a-t-il des communautés à Marseille ? Attractions selon les modalités

Liaisons conservées pour PEM ≥10, effectif ≥10% de la catégorie. En gras, p <1%

variables tout à fait d’accord assez d’accord pas d’accord sans opinion

Statut socio- économique des parents favorisé (46) favorisé (34) intermédiaire + (17) Défavorisé (88) Défavorisé (236) Formation des parents mère : études supérieures (89) père : études supérieures (88) père : études supérieures (44) mère : études secondaires père : études secondaires (227)

origine nationale des parents

française (133) française (83) algérienne (77)

opinion politique des parents

gaullistes (17)

fratrie 1

genre féminin (216) féminin (97) masculin (226)

religion catholique musulman (77) musulman (222)

langues parlées français comorien (61)

lycées LG Dumas, LG Foch LP Rocher LG Dumas, LG Foch LP Rocher LGT Villon LGT Montaigne enseignement général LGT Montaigne LP Montaigne LP Molière LG Villon enseignement général

jugement général sur le lycée bon (56) très bon (27), bon-moyen (32) très mauvais (50) mauvais (55) très mauvais (106), mauvais expérience des sanctions minimale (95)

grèves non (110) non (57) oui (136)

jugement sur délégué

défend les élèves

(94)

QO sanctions non réponse (106)

connaissance des dates

1958,1954,1870,1936

niveau terminale (152) terminale (64) seconde (72) seconde (180)

auto-identification français (64) couleur de peau (83)

questions contre la

régularisation des sans papiers (81) pour l‟annulation de la dette de PTM (115) pour la régularisation des sans-papiers (112) pour la régularisation des sans papiers (297)

df citoyenneté nation, patrie (46) communauté morale,

solidarité (84) devise républicaine liberté (59)

jugement sur qui est tolérant ou pas

Marseille plutôt raciste (47)

Professeurs plutôt racistes (54)

hommes politiques de droite plutôt tolérants

(59) témoin/victime du

racisme

témoin jamais (23) victime du racisme

dans un commerce (67), à la police (63) Priorités des hommes politiques justice (45) islam obstacle à

l‟intégration plutôt d’accord (37) pas d‟accord du tout (87)

pas d’accord du tout

(244)

intentions de vote Lionel Jospin (167)

Comment interpréter cette régularité ? Pourquoi les élèves des quartiers Nord se défendent-ils de l‟idée de pluralité des communautés à Marseille, alors qu‟ils reconnaissent autant que les autres l‟existence du racisme à Marseille, qu‟ils s‟en disent plus souvent victimes, qu‟ils se réclament parfois d‟appartenances communautaires, qu‟ils valorisent la solidarité ? A défaut d‟un complément d‟enquête sur ce point, nous voyons deux hypothèses. Toutes les deux ont à voir avec la charge symbolique du mot communauté, mais l‟interprètent différemment.

- Il se pourrait que la reconnaissance d‟une pluralité de communautés à Marseille soit ressentie comme une caution donnée au clivage entre quartiers Nord et quartiers Sud, comme une atténuation ou une mise en cause de l‟unité de principe de Marseille, unité que les élèves des quartiers Nord ressentent comme une protection (voir leurs réponses à la question sur Marseille plutôt raciste ou plutôt tolérante) au point que l‟identification par l‟appartenance marseillaise est leur identification dominante ;

- ou encore, il se pourrait qu‟ils/elles perçoivent un danger à donner leur aval au mot communauté mis au pluriel. Peut-être sentent-ils/elles que cet usage prête le flanc dans l‟espace français à une imputation de communautarisme, qu‟il désigne „les immigrés‟.

Les données recueillies à l‟enquête ne permettent ni d‟infirmer ni d‟appuyer la seconde interprétation, mais elles appuient la première.

La réponse à la question sur la pluralité des communautés à Marseille confirmerait alors le constat que nous avons fait de la pluralité des significations psycho-sociales que recèle l‟identification dominante à Marseille. Pour les jeunes des quartiers Nord, cette identification recèle une dimension revendicative et compensatrice des stigmates sociaux qu‟elle n‟a pas forcément pour les jeunes des quartiers Sud.

Terminons cette section consacrée à la perception de l‟intégration de la société par l‟examen des réponses apportées à la question sur les réactions au phénomène du racisme

Les réponses se concentrent sur l‟idée qu‟il faut combattre le racisme (plus des deux tiers des élèves adhèrent à cette idée). Une forte minorité, plus d‟1 élève sur 5, affirme à l‟inverse la vanité d‟une telle action, en adhérant à la position pessimiste : on ne peut rien faire contre le racisme.

Tableau 139. Avis général sur le racisme

Effectifs Fréquence

Non réponse 30 2,7%

qui n'existe pas vraiment 32 2,8%

sans opinion 42 3,7%

contre lequel on ne peut rien faire 255 22,6%

qu'il faut combattre 770 68,2%

Total 1129

La variation sociale est peu marquée. Il n‟y a pas de corrélation avec le statut socio-économique de la famille, ni avec le genre, sauf sur une modalité rarement choisie : l‟idée que le racisme est un phénomène qui n’existe pas vraiment. 4,3% des garçons se positionnent sur cette modalité, contre 1,7% des filles. Comme pour d‟autres questions de cette section, le type d‟établissement (LP / LGT),

et surtout les contextes scolaires singuliers et l‟origine des parents, ont une incidence, quoique modeste.

Tableau 140. Avis général sur le racisme, selon l’origine des parents (%)

France Maghreb Afrique Europe & Monde

Fr-Mag Total

Non réponse 1,4 4,4 1,5 ,6 2,7

qui n'existe pas vraiment 3,4 2,4 3,0 3,1 1,7 2,8 sans opinion 6,1 ,4 1,5 4,% 3,4 3,7 contre lequel on ne peut rien faire 28,5 16,1 20,9 24,8 16,9 22,6

qu'il faut combattre 60,6 76,7 73,1 67,1 78,0 68,2 Total 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 Khi2=56,2 ddl=20 p=0,001

Les Maghrébins d‟origine et les Franco-maghrébins sont les plus nombreux à adhérer à l‟idée qu‟il faut combattre le racisme. L‟écart est de 16 points avec les Français d‟origine, catégorie la moins

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