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Carte des liens entre variables

Dans le document Cités cosmopolites (Page 168-172)

On vient de le voir, la question ouverte sur les sanctions est peu discriminante Mais son analyse donne un accès nuancé à la façon dont les élèves perçoivent collectivement l‟ordre

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3. Carte des liens entre variables

Pour finir, tentons de repérer globalement la variation identitaire, et notamment la diversité des positions adoptées dans notre population face à l‟immigration et à l‟intégration. Nous recourrons encore une fois à une carte factorielle des liens entre variables.

Comme précédemment, nous avons construit l‟espace factoriel en prenant en compte des variables de statuts sociologiques divers :

- des variables „objectives‟ non scolaires : statut social des parents, genre, origine des parents - une variable de position scolaire : type d‟établissement fréquenté ;

- une variable d‟expérience sociale relativement brute : témoin/victime du racisme ;

- deux variables déclaratives relatives à l‟identité sociale, dont l‟une est plus liée à la position des parents : la religion déclarée ; et l‟autre pleinement subjective : la définition catégorielle de soi ;

- deux variables cognitives, l‟une engageant les théories ordinaires du lien civique : la définition de la citoyenneté ; et l‟autre relative à la connaissance des institutions : connaissance du droit de la nationalité ;

- enfin, des variables d‟attitude idéologique : avis sur l‟islam, avis sur l‟immigration, avis sur le racisme.

Diagramme 21.

Carte factorielle des liens entre variables ‘objectives’ et ‘subjectives’ ayant une incidence identitaire

Jugement général lycée

Droit de la nationalité

Avis sur l'immigration

Avis sur l'islam

Avis général sur le racisme Témoin /victime du racisme

Auto-définition

Religion déclarée LP ou LGT

Sexe

Origine des parents

Jugement sur qui est tolérant ou pas

CSP parents

Df Citoyenneté

Deux paquets de variables apparaissent : les unes libres, donc peu déterminées socialement, les autres prises dans un réseau plus ou moins dense de liens statistiques.

Celles qui sont libres sont de surcroît proches de l‟origine des axes, elles sont donc peu discriminantes, au moins dans l‟espace sémantique créé par les variables choisies. Elles constituent, peut-on penser, le noyau de la culture sociale commune des lycéen(ne)s marseillais(es), telle que nous la captons dans cette enquête. On y trouve le jugement sur la tolérance respective de leurs proches, de Marseille, de leurs professeurs, de la société française et des hommes politiques. Cette variable est ici la plus proche du centre, la moins discriminante. Nous avons vu que Marseille est unanimement célébrée pour sa tolérance, tandis que la société française et les hommes politiques font l‟objet d‟attributions globalement moins positives. Cette variable n‟est pas éloignée de la connaissance du droit de la nationalité, dont on vient de voir qu‟elle n‟est socialement marquée que pour ses modalités les plus rares. Les théories des élèves sur la citoyenneté font aussi partie de ce groupement. Complémentaires les unes des autres plutôt qu‟opposées entre elles, elles avancent une approche complexe et consistante du lien citoyen, comme mixte de contrat, de droits et obligations politiques, et de communauté. Apparaît dans ce sous-espace également l’expérience directe du racisme, que les élèves déclarent

massivement connaître comme témoins, les élèves d‟origines non européennes s‟en disant aussi davantage des victimes. Il se pourrait – nous l‟avons suggéré en commentant la question sur l‟existence des communautés à Marseille – que l‟attribution d‟unité et de tolérance à Marseille soit dès lors pour les jeunes qui se trouvent en position de minorités stigmatisées, une façon de revendiquer leur appartenance à la communauté locale, l‟expression d‟une quête de reconnaissance, voire une façon de construire au plan imaginaire la communauté locale, bien plutôt que l‟attestation plate d‟un fait. Ce qui impliquerait que la communauté socio-urbaine a plus d‟importance à leurs yeux, est investie de plus d‟attentes que les communautés d‟origine auxquelles ils/elles sont régulièrement renvoyé(e)s – et qu‟ils/elles assument ou revendiquent par ailleurs : la subjectivité ne se soumet pas toujours à la loi de non-contradiction.

Le réseau des variables liées est en tension entre des pôles statutaires bien différenciés : l’origine nationale des parents, dont la religion déclarée est très proche, et le statut socio-économique des parents, à quoi s‟ajoutent les variables de contexte scolaire : type d’établissement fréquenté et surtout jugement porté sur le lycée, dont l‟échelle fonctionne ici comme un indicateur de la gradation des contextes scolaires. Nous avions noté précédemment que les données scolaires agissaient de façon relativement autonome dans l‟enquête (diagramme 19). Ce point se confirme ici. Le jugement sur le lycée structure apparemment l‟axe 2. Par rapport à la sélection de variables ici présentées, il est aussi discriminant que la classe sociale mais différemment, et fort éloigné du gros des variables identitaires, qui, elles, structurent l‟axe 1. La classe sociale est quant à elle à mi-distance des deux axes. Elle assure le relais entre les variables scolaires et les variables identitaires, tout comme la variable institutionnelle (mais le lien entre les deux variables n‟est pas très fort). On note que la distinction des types d‟établissement est moins discriminante dans cette enquête que la classe sociale ou le jugement sur le lycée. De fait, cette variable occulte la variation intra- et inter-établissement, qui est importante. Nous avons peu fouillé ce point faute d‟effectifs suffisants, mais il est régulièrement apparu dans l‟analyse. Les variables décrivant l‟identité sociale des lycéen(ne)s se trouvent relativement massées autour de l‟axe 1. Elles ont des liens bien établis avec les variables de statut social, mais elles sont plus proches de l‟origine des axes, donc moins discriminantes.

La définition catégorielle de soi, notamment, est la variable la moins discriminante de toutes ces variables. Nous avions signalé au passage l‟effet de centralité qui s‟en dégageait (v. par exemple tableau 47 et commentaire). A Marseille, parmi les lycéen(ne)s, les subjectivités sont plus unifiées que les conditions sociales et scolaires. Et plus unifiées aussi que les positions idéologiques. La conclusion est sans doute abrupte, mais elle ressort assez clairement de l‟enquête. La variable auto-définition n‟en est pas moins liée à chacune des autres : à la classe sociale et à l‟origine, à la religion déclarée, à l‟établissement fréquenté, d‟une part, et d‟autre part aux attitudes idéologiques dans le domaine étudié. Les variables décrivant des attitudes idéologiques liées aux questions d‟intégration sociale et d‟immigration sont moins marquées par l‟effet de centralité, et de plus elles montrent ici des distributions sensiblement différenciées entre elles. L’avis sur l’islam est celle de ces variables qui a la distribution la plus nettement marquée socialement : elle est proche des variables origine et religion, tout en étant plus centrale ; elle est moins fortement liée à la classe sociale que ne le sont religion et origine, mais elle l‟est tout de même, de même qu‟aux autres variables de ce réseau. L’avis sur le racisme apparaît plus autonome que les autres variables identitaires étudiées, elle s‟éloigne nettement de l‟axe 1. Elle est moins fortement liée à la variable origine, ses liens les plus forts sont avec la religion déclarée et l‟avis sur l‟immigration (cf supra). A la différence des autres, elle n‟a pas de lien marqué avec l‟auto-définition. La variable Avis sur l’immigration, enfin, apparaît comme la plus centrale des variables d‟attitude idéologique sur les questions étudiées. Sa distribution n‟est pas plus homogène, au contraire elle est plus dispersée que les avis sur l‟islam ou sur le racisme, tout en étant liée aux autres variables du sous-espace, notamment à l‟avis sur le racisme et à l‟origine.

Enfin, la place surprenante de la variable Genre dans l‟espace factoriel confirme le commentaire que nous faisions devant la carte du diagramme 19. Complètement isolée des variables identitaires, cette variable n‟apparaît liée de façon significative qu‟à l‟organisation scolaire. C‟est la traduction dans l‟espace factoriel de la forte spécialisation des filières par genre ainsi que du biais de construction de notre échantillon. Ce constat domine la variation observée entre garçons et filles dans cette enquête.

ANNEXE 1

MARSEILLE :DONNEES SOCIO-DEMOGRAPHIQUES

Dans le document Cités cosmopolites (Page 168-172)