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L’ENVIRONNEMENT BIOCLIMATIQUE DU COTON

2.2. Le coton et son environnement « naturel »

2.2.1. Les paysages cotonniers

Dans le Mouhoun, les paysages caractéristiques de la saison sèche sont marqués par une dénudation, par le dessèchement et la raréfaction des végétaux (Photo n°4, Planche 2) ainsi que par des champs qui se distinguent à peine par la subsistance de quelques résidus de culture sur pieds pour le coton ou couchés dans le cas des tiges de sorgho ou de mil (Photo n°5, Planche n°2), d’après ce que nous avons constaté en avril 2004. Il subsiste néanmoins,

Liste des sols représentés dans le périmètre d’étude

Les numéros et les intitulés des sols sont ceux de la carte pédologique (ORSTOM, 1969) fournie en Annexe III

Sols à sesquioxydes et à matière organique rapidement minéralisée

1/ Sols ferrugineux tropicaux lessivés sans concrétion (associés à des sols peu évolués d’érosion sur matériaux gravillonnaires et à des lithosols sur cuirasse n°23)

2/ Sols ferrugineux tropicaux lessivés hydromorphes :

- sur matériau argileux à sablo-argileux (associés à des sols ferrallitiques peu ou moyennement désaturés, n°24, et associés à des sols hydromorphes à pseudogley sur matériau limono-argileux à argileux, n°25)

- sur matériau limono-argileux à argileux (associés à des sols hydromorphes à pseudogley, avec concrétion, sur matériau limono-argileux à argileux, n°26)

3/ Sols ferrugineux tropicaux remaniés :

- appauvris (associés à des sols ferrugineux indurés sur matériau gravillonnaire et à des lithosols sur cuirasse schisteuse, n°27), appauvris (associés à des sols régiques sur matériau gravillonnaire et à des lithosols sur cuirasse, n°28) et appauvris (associés à des sols ferrugineux indurés sur matériau gravillonnaire et à des lithosols sur cuirasse en kaolinite, n°29)

- indurés sur matériau sableux à argilo-sableux et associés à des sols ferrugineux lessivés, n°30 Sols hydromorphes minéraux peu humifères à pseudogley (à taches et concrétions)

1/ Sols à faciès structural :

- sur matériau alluvionnaire de texture variable, souvent argileuse, n°31

- associés à des sols hydromorphes vertiques sur alluvions argileuses et argilo-sableuses, n°34

- associés à des sols ferrugineux lessivés, à taches et à concrétions, sur matériau argilo-sableux, n°37 2/ Sols à faciès modal :

- associés à des sols peu évolués d’érosion, sur matériau gravillonnaire, n°39

- associés à des sols hydromorphes peu humifères, à redistribution de calcaire et à nodules, sur alluvions argileuses, n°40

Sols minéraux bruts, d’origine non climatique, comme les lithosols sur cuirasse ferrugineuse, n°1

Sols peu évolués, d’origine non climatique :

- sur matériau gravillonnaire et associés à des lithosols sur cuirasse ferrugineuse, n°4

- sur grès et associés à des lithosols sur grès, n°7 Sols à mull des pays tropicaux ou sols bruns eutrophes :

- sols modaux sur matériau caillouteux issu de roches basiques et associés à des sols bruns eutrophes hydromorphes, sur matériau riche en éléments grossiers, ou associés à des vertisols topomorphes grumosoliques, n°13

- sols hydromorphes sur matériau issu de roches basiques et associés à des vertisols topomorphes grumosoliques, n°14

dans ce triste paysage, des notes de verdure dues à quelques arbres en feuilles comme les karités ou les manguiers.

En revanche, au cours de la saison des pluies, le paysage est étonnamment vert, d’un vert intense et nuancé qui contraste avec le ciel bleu et la terre rouge (Photo n°6, Planche n°2). Les champs de coton se mêlent à ceux d’autres cultures céréalières, comme le maïs ou le sorgho, ou encore à des jachères (Photo n°7, Planche n°3). Ce mélange donne une impression de désordre, aspect amplifié par les formations végétales buissonnantes ou arborées dans lesquelles s’insèrent les parcelles de culture, principalement celles dites « de brousse », éloignées parfois du village de plusieurs kilomètres, comme nous l’avons étudié dans le finage de Fankuy (Fig. n°6 p88-89). Par ailleurs, le croquis d’interprétation des photographies aériennes4 démontre cette dispersion des champs et leur imbrication au milieu de terres qui ne sont plus ou qui n’ont encore jamais été cultivées. Ce phénomène de dispersion semble être une constante puisqu’il est visible, non seulement sur les clichés des missions de 1981, mais aussi sur ceux de 2000. Néanmoins, l’étude diachronique met en évidence une extension des surfaces cultivées avec, parfois, l’apparition de groupes de champs contigus.

Les déplacements que nous avons effectués, pendant la période pluvieuse, dans le Mouhoun nous ont fourni l’occasion de découvrir des formations végétales de différente nature et à l’aspect varié. Dans notre périmètre d’étude, comme dans tout l’Ouest du Burkina Faso, la formation la plus répandue est la savane, appartenant à la catégorie des brousses (Fig. n°7 p90). Celles-ci sont définies comme des formations forestières basses, xérophytiques, peu denses (Demangeot, 1976) et surtout composées par des espèces annuelles, mieux appropriées au climat sahélo-soudanien (Casenave et Valentin, 1989). Les savanes sont, en effet, les formations qui s’adaptent le plus facilement aux conditions climatiques du Mouhoun, à savoir à une moyenne pluviométrique annuelle de 758,6 mm et à une saison sèche de sept mois.

Les brousses que nous avons vues se présentent généralement comme des fouillis de verdure, aux formes et aux hauteurs multiples selon qu’il s’agit de formations arborées, arbustives ou parcs. La composition floristique de ces formations est pauvre mais les faciès sont nombreux.

Planche n°2 : L’environnement du Mouhoun (1)

4 Il s’agit des clichés IGB 00175-B Dédougou FEV 00 L20 2648 et IGB 81029-HV Dédougou DEC 81 L11 1002.

Photo n°4 : Paysage de savane en saison sèche, au mois d’avril (Hauchart, 2004)

Photo n°5 : Résidus de culture en saison sèche constituant une forme de paillage (Hauchart, 2004)

Photo n°6 : Paysage caratéris-tique du Mouhoun au cours de la saison des pluies (Hauchart, 2003)

Fig. n°7 : Carte des formations végétales du Mouhoun (Hauchart, 2005) Carte générale de localisation

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Végétation du Mouhoun Source : BNDT

Ils dépendent de la hauteur des différentes strates, du sol et des espèces emblématiques (Casenave et Valentin, 1989). Les principales espèces sont les ligneux tels qu’Acacia senegal ou gommier, Zizyphus mauritiana ou jujubier, Bombax costatum ou kapokier, Lannea microcarpa, Ximenia americana (Tiquet, 1985) dont les fruits délicieux sont à la fois sucrés et acidulés, les lianes comme Saba senegalensis aux fruits très désaltérants mais aussi des graminées comme Penicetum pedicillatum, Dactyloctenium aegyptum, Eragrostis tremula, Schaenefeldia gracilis ou Loudetia simplex (Riou, 1990).

Nous avons pu observer un type de brousse semblable à la brousse tigrée (Photo n°8, Planche n°3) caractérisée par la juxtaposition de plages de sol nu et encroûté avec des aires de fourrés denses dont le taux de recouvrement de la surface du sol est de 100 %, ce qui constitue une très bonne couverture de protection. Il ne s’agit toutefois pas de brousse tigrée car les aires dénudées ne s’organisent pas en bandes et s’apparentent davantage à des zipellés (Photo n°9, Planche n°3), définis comme des sols encroûtés, tassés, blanchis par la battance des pluies et décapés par le ruissellement (Roose et al.,1999). Ils résultent souvent d’une mise en culture malheureuse qui s’est soldée par la perte de l’horizon humifère et par la stérilisation du sol.

Comme les zipellés localisés surtout en position topographique basse (Da, 2004) constituent les plus vastes surfaces d’érosion que nous avons pu observer, ils ne seront abordés qu’ensuite (cf. infra 4.2.). La végétation contractée et les formations réticulées de la brousse « tigrée » sont adaptées à la double contrainte des conditions édaphiques et des nappes d’eau qui ruissellent lors des épisodes pluvieux. De fait, cette formation est fréquente sur les plateaux gréseux à surfaces cuirassées, sur les sols ferrugineux dégradés ou sur les sols gravillonnaires.

La savane correspond à une formation végétale couvrant uniformément le sol bien que les touffes de végétation ne soient pas jointives. Son faciès dépend de la proportion des végétaux ligneux et des espèces herbacées ce qui permet de définir des savanes boisées, arborées, arbustives ou herbeuses. La savane boisée, à strate arborée fermée, est peu représentée dans la boucle du Mouhoun, contrairement à la savane arborée qui comporte, en plus de la strate herbacée, des ligneux peu élevés mais assez rapprochés, parfois même groupés en bouquets, formant, dans ce cas, une savane parc (Demangeot, 1976). La formation arborée qui atteint 10 à 15 mètres et qui est parsemée par quelques Adansonia digitata (Da, 2004) peut laisser la place à une savane arbustive plus ou moins dense lorsque les ligneux ont un port arbustif et buissonnant. La savane herbeuse se caractérise par une strate herbacée continue faisant au minimum 80 cm de haut et pouvant atteindre quelques mètres de haut selon les espèces

Planche n°3 : L’environnement du Mouhoun (2) (Hauchart, 2001)

Photo n°7 : Parcelle de jeune jachère

Photo n°8 : Plage de sol nu incluse dans une brousse « tigrée »

Photo n°9 : Zipellé sur glacis, recouvert de blocs de cuirasse

végétales représentées5 (Riou, 1995). Cette strate herbacée influence la nature et la disposition des autres strates, constituées par les espèces ligneuses. D’après Mietton (1988), les savanes herbeuses résultent souvent de l’abandon de parcelles de culture et de leur reconquête par la végétation naturelle. Cela serait d’autant plus vrai lorsque la savane herbeuse se trouve à proximité de champs de brousse. Ainsi, nous pouvons étendre la définition de la savane pour en faire un espace sociétal construit dès lors que les villageois ont défriché ou brûlé au moins une fois la brousse, lui faisant perdre de ce fait son faciès initial. Pourtier (2003) précise, par ailleurs, que la perception de la savane dépend de l’organisation des villages qui l’occupent, de la présence de greniers et des réseaux de chemins.

D’après la définition retenue par les géographes, lorsque le couvert végétal est discontinu, le pourcentage de sols nus excédant celui de sols couverts, la formation est de nature steppique.

La steppe, comme la savane, peut avoir des faciès variés en fonction de l’étagement et de la nature des végétaux. Dans sa forme arborée, elle se localise principalement sur les sols minéraux bruts ou dans les zones anté-birimiennes tandis que sa forme arbustive est caractéristique des sols ferrugineux qui se développent sur cuirasses affleurantes ou subaffleurantes (Da, 2004) comme nous l’avons observé dans les finages de Sodien et Nounou. Il s’agit d’une formation soit herbacée avec des espèces vivaces, comme Andropogon gayanus, Crotalaria retusa, Heliotropum indicum (Terrible, 1988) soit ligneuse, épineuse ou non, avec Vitellaria pardoxa, Ziziphus mucronata ou encore Combretum nigricans (Da, 2004). Elle se caractérise par un faible taux de couverture, notamment pour les espèces ligneuses dont le taux est inférieur à 5 %, et par un espacement des végétaux, d’où une faible sensibilité vis à vis du brûlis, ce qui n’est pas le cas des savanes (Demangeot, 1976) mais aussi par une plus grande sensibilité à l’érosion pluviale due à l’alternance de touffes herbacées et de plages de sol dénudé. Les steppes arbustives comptent de 150 à 200 individus par hectare ; les steppes arborées en comptent moins de 150. La strate arbustive est généralement plus développée le long des ramifications du réseau hydrographique que prolongent les ravines (Da, 2004).

Ainsi, quelque soit son type, la savane constitue un milieu affecté par les feux accidentels ou intentionnels comme le brûlis ou ceux allumés pour chasser. Lorsque la savane est défrichée, les arbres considérés comme utiles qu’elle contient sont préservés par les moyens mis en œuvre pour nettoyer le champ puis, par le feu. Dans l’Ouest du Burkina Faso, les arbres utiles

5 Les graminées Euclasta condilotricha ou Beckeropsis unisera atteignent de 3 à 5 mètres (Riou, 1995).

sont Butyrospermum parkii, également appelé Vitellaria paradoxa, ou karité6, Tamarindus indica ou tamarinier, Parkia biglobosa ou néré7, Mangifera indica ou manguier et Adansonia digitata ou baobab. Ceux-ci peuvent alors être exploités et leur régénérescence, au moment de l’abandon de la parcelle, semble assurée même si certaines espèces, comme le tamarinier, se reproduisent plus facilement que d’autres (Tiquet, 1985). Lors du brûlis, la strate herbacée disparaît totalement et la strate arbustive presque totalement (Neboit, 1991). Les champs de culture sous parc qui en résultent et que nous avons vus (Photo n°10, Planche n°4) sont indifféremment emblavés en coton ou en céréales.

Nous n’aborderons ici les arbres utiles que pour leur aspect paysager car il nous semble que la justification du choix des espèces préservées et les usages qui sont faits des fruits, ou autres, s’intègrent davantage aux systèmes de culture qui seront traités ultérieurement (cf. infra 5.1.2.). Ainsi, les champs contenant des arbres utiles se distinguent dans le paysage par leur couvert arboré lâche mais entretenu voire planté. Par ailleurs, ce sont souvent des parcelles dans lesquelles subsistent des souches calcinées. Les arbres utiles apparaissent d’autant plus intéressants s’ils perdent leur feuillage, au cours de la saison des pluies, comme c’est le cas pour Acacia albida car ainsi ils ne gênent pas le développement des cultures sous-jacentes par leur ombrage et enrichissent le sol d’un tapis de feuilles. De fait, cette pratique culturale, consistant à préserver les arbres dans les champs cultivés, engendre non seulement une diminution du couvert arboré mais aussi une sélection au profit des seules espèces jugées utiles par les populations locales.

La nature des formations végétales est un indicateur du sol sur lequel elles se développent.

Ainsi, la savane herbeuse, dominée par les graminées, se retrouve surtout à l’aval des glacis sur les sols ferrallitiques peu désaturés et sur les sols ferrugineux lessivés. Ce sont des sols que Duchaufour classe dans la catégorie des sols à altération géochimique dominante. D’après la carte pédologique du Burkina Faso établie par l’ORSTOM en 1969, les sols de notre périmètre d’étude qui entrent dans cette catégorie sont des sols à sesquioxydes de type ferrugineux (Annexe III), numérotés de 23 à 30 inclus. Les sols ferrugineux, à minéralisation rapide de la matière organique, sont caractéristiques des régions intertropicales chaudes et humides mais possédant une saison sèche. Ils marquent une étape intermédiaire de l’altération

6 Les karités sont parfois appelés sii en dioula par les populations locales, notamment lorsqu’elles évoquent les fruits comestibles, dont la chair crémeuse et parfumée est très appréciée.

7 Le néré aurait été une espèce dominante des anciennes forêts sèches guinéennes, avant que les défrichements ne les fassent disparaître (Tiquet, 1985).

entre les sols fersiallitiques et les sols ferrallitiques. Les sols fersiallitiques impliquent une pluviométrie supérieure à 500 mm/an, des matériaux bien drainés et une grande concentration en alcalino-terreux. La fersiallitisation est caractéristique des climats tropicaux à saison sèche marquée. Elle implique une dominance d’argiles 2/1, comportant des feuillets à trois couches, et la présence d’oxydes de fer plus ou moins rubéfiés. Le complexe absorbant, défini comme l’ensemble des colloïdes humiques ou argileux négatifs capables de retenir des cations échangeables, est souvent saturé par les remontées biologiques ou physico-chimiques du calcium car le lessivage reste modéré. Ces sols évoluent ensuite vers des sols ferrugineux puis, lors d’une ultime étape, vers des sols ferrallitiques. Ces derniers constituent la phase terminale de l’évolution qui peut se produire dès lors que la pluviométrie dépasse 500 mm/an.

D’après Demangeot (1976), ils correspondent aux sols latéritiques et se caractérisent par : - une altération biochimique des horizons de surface à cause de la matière organique, - un processus de durcissement en masse avec formation de cuirasse,

- et une dégradation hydromorphe de l’ensemble du profil.

Leur profil est profond de plusieurs mètres, présentant un horizon A lessivé, sableux ou limoneux surmonté d’une très mince couche d’humus, un horizon B fortement enrichi en argiles et un horizon C très épais résultant de l’altération de la roche-mère par la présence permanente de la nappe phréatique.

Les sols ferrugineux sont profonds, peu rubéfiés mais possédant une forte concentration d’oxydes de fer cristallisé qui peut donner, dans les cas extrêmes, un concrétionnement ou une cuirasse telle que nous en avons vues près du village de Bombouéla. C’est pour ces sols tropicaux ferrugineux, qu’il est le plus fréquent de rencontrer des cuirasses car celles-ci se forment, dans les stations hydromorphes, par remontée de fer ferreux à partir de la nappe phréatique. Or, la cuirasse qui constitue un horizon à perméabilité réduite crée une discontinuité pédologique à l’origine d’une infiltration limitée et d’un engorgement des horizons superficiels (Casenave et Valentin, 1989). L’horizon A2 repose sur un horizon B argileux comme l’illustre le sol n°23 sur la carte de l’ORSTOM. Lorsqu’ils sont hydromorphes, à l’exemple des sols n°24, 25 et 26, ils comportent des taches de rouille et des concrétions au contact des horizons A2 et B.

Les autres types de savane peuvent se développer sur des sols à pseudogley. Ils se laissent deviner par la présence de termitières-champignon, comme nous en avons vues dans la Boucle du Mouhoun, entre le Mouhoun et le Voun-hou (Photo n°11, Planche n°4).

Duchaufour (1991) évoque ces sols comme des sols liés aux conditions physico-chimiques de la station, en particulier à l’hydromorphie. Ils sont reconnaissables par leurs taches de rouille, bleutées ou verdâtres. Les sols hydromorphes sont caractérisés par la présence d’une nappe d’eau permanente ou non qui entraîne une diminution de l’oxygène et une réduction du fer.

Ceux représentés dans le périmètre étudié sont des sols minéraux peu humifères à pseudogley.

Les pseudogley sont des sols possédant une nappe perchée stagnante et temporaire qui repose sur un horizon imperméable. Par ailleurs, ils sont souvent indurés à faible profondeur. Les sols à pseudogley évoluent, eux aussi, selon l’alternance saisonnière : la nappe perchée temporaire se forme en saison des pluies dans des stations mal drainées. Cette nappe entraîne un engorgement de l’horizon de surface et une réduction du fer. Celui-ci passe alors à l’état ferreux avant d’être lessivé. L’hydromorphie influence fortement l’infiltration et se manifeste par la présence de petites taches de rouille qui apparaissent en saison sèche, lors de la précipitation du fer (Casenave et Valentin, 1989). Toutefois, pour évaluer le rôle de l’alternance saisonnière sur l’évolution de ces sols, il convient de déterminer la profondeur de l’hydromorphie et de distinguer ainsi l’évolution des horizons profonds, imperméables et peu réducteurs, de celle des horizons superficiels qui sont imbibés par la nappe.

La savane inondable qui se développe sur les berges des cours d’eau atteste de la présence de vertisols sur terrasses fluviatiles alors que la savane arborée à Acacia seyal colonise les versants moins humides (Riou, 1990). L’excès d’eau des espaces inondables se traduit par l’occurrence de « savanes monospécifiques » (Mietton, 1988). Ces formations ripicoles, essentiellement composées de Berlinia grandifloria ou Mitragyna inermis, assurent la stabilité des berges grâce au développement de leur système racinaire. Les vertisols sont classés par Duchaufour (1991) comme des sols à pédoclimat contrasté. Ce sont, en effet, des sols qui évoluent avec l’alternance saisonnière. De couleur noire, ils contiennent de 40 à 70 % d’argiles gonflantes alors que la fraction organique, de l’ordre de 1 à 2 %, est faible. Le processus de vertisolisation qui caractérise les sols subtropicaux et tropicaux intervient sur les matériaux riches en bases, dans des milieux riches en eau (Demangeot, 1976). L’alternance des phénomènes d’humectation et de dessiccation des argiles engendre des mouvements vertiques qui provoquent l’homogénéisation du profil et en expliquent les caractéristiques physiques telles que les fentes de dessiccation ou les surfaces de friction obliques (Duchaufour, 1991). Les fentes de retrait qui apparaissent au cours de la saison sèche peuvent atteindre l’horizon B (Photo n°12, Planche n°4). En saison des pluies, elles permettent l’infiltration de l’eau ce qui occasionne un gonflement des argiles.

La steppe à épineux, quant à elle, indique la présence de sols bruns subdésertiques. Ces sols entrent eux aussi dans la catégorie des sols à pédoclimat contrasté. Dans le cas de la steppe, le recouvrement graminéen varie selon la nature du sol avec un faible taux sur les sols squelettiques ou argileux et un taux élevé sur les sols sableux ou dans les aires de collecte des eaux de ruissellement. La colonisation est d’ailleurs maximale sur les plaines alluviales tandis qu’elle est réduite sur les plateaux cuirassés, ce qui explique que la steppe soit plus répandue dans la partie occidentale de notre périmètre d’étude.

Enfin, le dernier type de sol représenté dans notre périmètre d’étude concerne les sols peu évolués ou minéraux bruts sur matériau gravillonnaire. Ces sols d’érosion peuvent comporter en surface une petite couche de matière organique reposant directement sur la roche mère

Enfin, le dernier type de sol représenté dans notre périmètre d’étude concerne les sols peu évolués ou minéraux bruts sur matériau gravillonnaire. Ces sols d’érosion peuvent comporter en surface une petite couche de matière organique reposant directement sur la roche mère