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PREMIÈRE APPROCHE DE L’EROSION DANS LE MOUHOUN

3.1. Des indicateurs de l’érosion

3.1.3. Les supports cartographiques

La mise en évidence de la variation spatiale de la dégradation à l’échelle de la province et surtout en fonction des sous-ensembles topographiques et morphologiques impliquait de localiser les manifestations de l’érosion observées. Les seules cartes disponibles à l’IGB, Institut de géographie du Burkina, sont des cartes topographiques au 1 : 200 000. Celles qui couvrent notre périmètre d’étude sont :

- au nord, la planche de Dédougou, feuille ND-30-III, - et au sud, la planche de Houndé, feuille NC-30-XXI.

L’IGN France a produit ces cartes en 1954-55 puis les a rééditées en 1971. Elles sont donc anciennes et leur échelle, avec une marge d’erreur de 20 mètres, est peu précise dans le cadre d’une étude sur les phénomènes érosifs5. Néanmoins, ces cartes topographiques nous ont servi de repères lorsque nous sommes allés dans les villages pour les besoins des enquêtes. Après presque cinquante ans, la réalité des pistes et de leur état ne correspondait généralement plus aux indications consignées sur les cartes. Il en était de même pour les villages dont l’orthographe et la prononciation ont parfois changé, comme c’est le cas de Waranko devenu Ouarkoye ou qui portaient, sur la carte, un nom différent de celui employé par les populations.

A titre d’exemple, le village de Lékui s’est développé à tel point qu’un de ses quartiers s’est transformé en un village indépendant, le village de Tourouba. Ce dernier par extension est devenu plus grand que Lékui et a donné son nom à l’ensemble des deux villages. Nous avons donc eu quelques difficultés pour trouver le chemin de Lékui.

4 Le nom de ce village peut parfois être écrit de la façon suivante : Bondoukui ou encore Bondokui mais il s’agit du même village, situé sur l’axe de circulation Dédougou/Bobo-Dioulasso.

5 Les cartes actuellement utilisées dans l’analyse des mécanismes de dégradation des sols sont fréquemment au 1 : 10 000 et quelquefois même, au 1 : 5 000.

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Les deux planches géologiques des formations superficielles correspondantes aux cartes topographiques étaient disponibles au BUMIGEB, bureau des mines et de la géologie du Burkina, qui les a éditées en 1970. Enfin, nous avons réussi à obtenir une photocopie de la Carte pédologique de reconnaissance de la République de Haute-Volta auprès du BUNASOLS, bureau national des sols. Cette carte au 1 : 500 000, publiée par le centre ORSTOM de Dakar en 1969, s’accompagne d’une notice explicative consultable à la bibliothèque de l’IRD de Ouagadougou. Son ancienneté et son échelle en font un support difficilement exploitable.

Nous avons mis à profit les cartographies et les outils informatiques que nous nous sommes procurés pour concevoir des cartes synthétiques, comme la carte des potentialités agronomiques du Mouhoun (cf. supra 2.2.2., Fig. n°9 p102) ou comme celle des soins à apporter aux divers sols locaux pour les optimiser et les préserver (cf. supra 2.2.2., Fig. n°10 p103). Ils nous ont également servi pour la réalisation des cartes de localisation des villages enquêtés, des prélèvements effectués et des parcelles mesurées. Par corrélation entre elles ou avec d’autres données de terrain issues des enquêtes, les cartes ont, d’une part, apporté des explications aux mécanismes d’érosion en jeu localement, et variables selon les conditions stationnelles, d’autre part, mis en évidence la nécessité de prendre en compte les phénomènes d’érosion dans la mise en valeur de l’espace et enfin, donné un éclairage sur les actions préventives adaptées aux conditions micro-locales.

Par ailleurs, il existe une base nationale de données du terroir établie, en 2000, par le PNGT, c’est-à-dire le programme national de gestion des terroirs, et modifiée par l’Institut géographique du Burkina. H.T. nous a fourni cette base de données, utilisable avec le logiciel Arcview. Celle-ci contient des répertoires représentant chaque feuille topographique du pays, au 1 : 200 000, ainsi que des données superposables concernant l’occupation des terres, la végétation, les points d’eau mais aussi des indicateurs humains comme l’appartenance ethnique ou le découpage administratif. L’utilisation de cette base a permis la réalisation des cartes thématiques à l’échelle de notre périmètre d’étude et à l’échelle nationale mais également le recadrage de la province par rapport à l’actuelle grande région de culture cotonnière du Burkina Faso, dont le Mouhoun est un exemple représentatif (cf. supra 1.2.1., Fig. n°3 p45).

Il ne nous a pas non plus toujours été facile d’accéder aux informations dont nous avions besoin. Ainsi, nous espérions pouvoir disposer d’une carte des risques d’érosion et de fertilité des sols dont la réalisation était prévue par le BUNASOLS, pour le printemps 2002. Mais, au

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Fig. n°15 : Localisation des photos aériennes interprétées (Hauchart, 2005)

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0 10 20 km

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Source : BNDT

moment où nous avons achevé notre travail, elle n’était toujours pas disponible. En outre, une carte morpho-pédologique du Mouhoun est actuellement en cours mais les analyses ne sont pas terminées. De même, la couverture photographique aérienne au 1 : 20 000 de notre périmètre d’étude fait défaut, à l’exception du SE de notre terrain. En revanche, elles existent au 1 : 50 000 sur l’ensemble du périmètre, avec une mission 1980-1981 et une 1999-2000, dont nous nous sommes procuré quelques clichés (Fig. n°15 p133).

Malgré cela, nous avons fait un travail manuel d’interprétation et de cartographie. Les cartes sont plus utiles pour mettre en évidence les conséquences socio-spatiales de l’érosion sur l’organisation du finage que pour localiser les manifestations directes de la dégradation. Il est toutefois possible, sur les photographies au 1 : 20 000, de repérer les cordons pierreux, témoins de champs érodés nécessitant des aménagements. De plus, en dépit de la qualité assez moyenne des clichés de 1980-1981, nous avons utilisé les photographies aériennes dont nous disposions pour la réalisation d’une étude diachronique destinée à préciser les évolutions intervenues à l’échelle des finages en vingt ans, mais aussi à observer les variations spatiales de ces finages selon leur localisation près du fleuve, sur le glacis intermédiaire ou dans la région de collines. Ces aspects intervenant pour établir des liens entre les facteurs humains et la dégradation des sols, les croquis de photographies aériennes seront utilisés lorsque nous aborderons non seulement les causes possibles de l’érosion mais également les conséquences qu’elles engendrent sur le comportement des agriculteurs.