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2.4 Calcul d’une base du corps des constantes

2.4.1 Calcul d’une base de l’anneau des entiers

2.4.1.3 Passage du local au global

Reprenons les notations de la section 2.2. Nous allons montrer que la r´eunion finie de certaines familles g´en´eratrices enti`eres locales (i.e. de familles g´en´eratrices d’un nombre fini de modulesO) forme une famille g´en´eratrice deO. Cette assertion fait l’objet de la proposition 2.4.1, que nous prouverons apr`es avoir montr´e quelques r´esultats pr´eliminaires.

Une place finie de k(x) ´etant caract´eris´ee de fa¸con bijective par un polynˆome unitaire et irr´eductible P de k[x] , on notera dor´enavant oP l’anneau de valuation de place et OP sa clˆoture int´egrale dans R.

Nous ´ecrirons simplement base, famille g´en´eratrice ou famille libre deOP – respectivement O – pour base, famille g´en´eratrice ou famille libre suroP du moduleOP – respectivement surk[x] du moduleO –. Les r´esultats de cette section sont plus ou moins classiques, mais nous avons pr´ef´er´e les retranscrire et en redonner des preuves.

Lemme 2.4.1 Soit F = (ω1, . . . , ωn) une famille d’´el´ements de R. Si F est une base enti`ere en pour toute place diff´erente de , c’est une base enti`ere globale.

Preuve Nous allons montrer la proposition contrapos´ee. Supposons que F ne soit pas une base enti`ere globale. Ceci se traduit par l’un des trois cas suivants :

1. L’un des ´el´ements deF n’appartient pas `aO; il existe alors P tel que cet ´el´ement n’appartienne pas `a OP (corollaire 2.2.1).

2. F est incluse dans O, mais n’est pas libre sur k[x] ; elle ne l’est donc pas non plus sur oP et ce quel que soit P (proposition 2.2.5).

3. Supposons queF soit une famille deO, libre surk[x] . C’est alors une base dek(x, y) sur k(x) , d’apr`es la remarque suivant la proposition 2.2.5. Supposons maintenant que F ne soit pas g´en´eratrice de O. Il existe alors f dans O et i0 dans {1, . . . , n} tel que

f =

Xn i=1

aiwi avec ai ∈k(x) etai0 6∈k[x]

cette ´ecriture de f dans F ´etant unique. Or si ai0 n’appartient pas `a k[x] , il existe P tel que ai0 n’appartient pas `a oP (proposition 2.2.1), et F n’est pas g´en´eratrice deOP.

2 Soit F0 = (ω1, . . . , ωn) une famille libre d’´el´ements de O, et soit D son discriminant; D est un ´el´ement non nul dek[x] ([Sam] pg. 46 def. 1). Ecrivons D =δ2, o`u δ est sans carr´e et premier avec ∆ .

Lemme 2.4.2 Quel que soit P ne divisant pas, F0 est une base de OP sur oP . Preuve Quelque soit P , F0 est une famille de OP libre sur oP (proposition 2.2.5). D est un ´el´ement de oP , et c’est le discriminant de OP sur oP . (Revenir `a la d´efinition du discriminant et voir que dans le cas pr´esent,DO/k[x](F0) =DOP/oP(F0) =Dk(x,y)/k(x)(F0)).

Soit P ne divisant pas ∆ (dansk[x]), et soit B= (ν1, . . . , νn) une base de OP sur oP . Un

´

el´ementωi deF0 s’´ecrit

Xn j=1

aijνj avec aij ∈oP . Soit M la matrice (aij) et soitDB le discriminant de B. on a

D= (det(M))2DB ([Sam] pg 46 prop. 1) MaisDB appartient `a oP , donc (det(M))2 diviseD dans oP .

P2 ne divisant pasD dans k[x] , il ne le divise pas non plus dans oP , ce qui entraˆıne que P ne divise pas det(M) dans oP. la matrice M est donc inversible dans oP , prouvant

ainsi que F0 est aussi une base de OP sur oP . 2

Lemme 2.4.3 Quel que soit P , OP admet une famille g´en´eratrice incluse dans O. Preuve Soit F une famille g´en´eratrice quelconque de OP , et soit f un ´el´ement de F. Soit la place de k(x) associ´ee `a P, et soit P1, . . . ,Pr les places de R au-dessus de . Par d´efinition de OP, la fonction f n’a pas de pˆole en Pi pour tout i.

SoitP0 un polynˆome irr´eductible dek[x] diff´erent deP , soit 0 la place dek(x) qui lui est associ´ee, et soit P10, . . . ,Ps0 les places de R au-dessus de0. Soit ei, ide 1 `a s les indices de ramification de ces places par rapport `a0, et soit νi les valuations def en Pi0 pour i de 1 `a s.

Soit m = min{d ZZ : ∀i , d ≥ −νi

ei} . Alors P0m·f n’a pas de pˆole au-dessus de 0 (i.e. en toute place Pi0). En effet

valP0

i(P0m·f) =m·valP0

i(P0) +valP0

i(f) =m·ei+νi (section 2.2.2)

Or par d´efinition de m, m·ei +νi 0 . Le polynˆome P0 ´etant inversible dans oP , on peut remplacer f par P0m ·f dans F sans changer sa qualit´e de famille g´en´eratrice de OP . En faisant cette op´eration pour chaque polynˆome P0 au-dessus duquel f a un pˆole et pour chaque ´el´ement de F, on obtient une famille g´en´eratrice de OP incluse dans O. 2

Proposition 2.4.1 Soit F0 une famille libre de dimension n d’´el´ements de O, et soit D son discriminant sur k[x]. Soittel que D = δ2, o`u δ est sans carr´e et premier avec. Soit P1. . . Pr la d´ecomposition en facteurs irr´eductibles de la partie sans carr´e de, et soit F1, . . . ,Fr des familles g´en´eratrices des modulesOP1, . . . ,OPr incluses dans O. Alors,

La r´eunion des Fi, i de 0 `a r, forme une famille g´en´eratrice de O.

Preuve Comme on l’a vu auparavant, F0 est une base de tous les OP pour P n’ap-partenant pas `a {P1, . . . , Pr} (lemme 2.4.2). Les Fi appartenant `a O pour tout i, elles appartiennent aussi `aOP pour tout P. Ainsi, leur r´eunion forme une famille g´en´eratrice deOP pour tout P.

SoitB une base deO sur k[x] et soitF la r´eunion desFi. Les ´el´ements deF appartenant

`

a O, ils s’´ecrivent dans B. Soit M la matrice de F dans B, chacune de ses lignes repr´esentant un ´el´ement de F. La matriceM est une matrice rectangulaire `a n colonnes et l lignes, avecl sup´erieur ou ´egal `an, et `a coefficients dansk[x] .

Soit U une matrice carr´ee de dimensionl `a coefficients dans k[x] et inversible. Une telle matrice est dite unimodulaire. Le d´eterminant de U est une unit´e de k[x] , c’est-`a-dire un

´

el´ement de k. La matrice U est donc inversible sur tous les oP. Ainsi, en multipliant `a gauche M par U, on ne change pas le module engendr´e par les lignes de M sur oP quel que soit P .

L’anneauk[x] ´etant principal, il existe une matrice unimodulaireU dek[x] telle queU×M soit la concat´enation verticale d’une matrice triangulaire sup´erieure T et d’une matrice rectangulaire nulle. La matrice T est une matrice carr´ee de dimension n, et ses lignes repr´esentent les ´el´ements d’une famille g´en´eratrice deOP sur oP pour toutP . Le module OP ´etant de dimensionn, les lignes de T repr´esentent en fait les ´el´ements d’une base de OP sur oP pour tout P. D’apr`es le lemme 2.4.1, ce sont donc les coordonn´ees d’une base de O, ce qui signifie que les lignes de la matrice M, qui s’obtient par multiplication `a gauche de T par U1, repr´esentent les ´el´ements d’une famille g´en´eratrice de O sur k[x] . 2 Dans cet esprit, on peut aussi transformer une base enti`ere en presque toute place en une base enti`ere globale. Partant d’une base B d’un sous-k[x]-module de rang n deO – donc enti`ere presque partout (lemme 2.4.2) – et d’une place dek(x) en laquelleB n’est pas une base enti`ere, on transforme B de fa¸con `a la rendre enti`ere en sans changer ses propri´et´es ailleurs. On pourra consulter [Ryb2], dans lequel Marc Rybowicz montre que l’on peut calculer les entiers locaux `a partir des d´eveloppements de Hamburger-Noether.

L’it´eration de cette op´eration pour chaque placeen laquelleBn’est pas une base enti`ere conduit `a rendre B enti`ere globalement.