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Parties argumentatives de l’analyse de la thèse

La deuxième partie de la thèse Scolariser les élèves : rendre acceptables les inégalités

inhérentes à la méritocratie des sociétés modernes répond à la nécessité de comprendre la

conception d’une politique éducative à travers certaines conditions historiques : le contexte politique, la situation scolaire, les réformes législatives et les problèmes philosophiques et sociaux d’une « nouvelle » éducation33. Elle permet de dévoiler au lecteur l’art de la problématique de l’objet d’étude depuis la conception de l’éducation indigène. Ainsi, nous présentons un première analyse sur la vision éducative envers les indigènes à partir de la conception de la Nouvelle Espagne afin de retracer historiquement cette scission scolaire au milieu rurale et de donner à l’étude un point de départ. L’analyse comprenne de la même manière le passage de cette époque jusqu’au le Porfiriato (Porfiriat)34 afin d’avoir une vision large de l’objet d’étude.

Par la suite, chaque chapitre englobe l’époque d’analyse (1921-1940) avec des axes d’étude différents afin de rendre compréhensible les conditions socio-historiques du sujet de départ. Scolariser les élèves au Mexique après la Révolution consistait à scolariser et rendre justice au 80% de la population, notamment les classes sociales défavorisées, principalement, les habitants des zones rurales et des communautés indigènes. Les objectifs du gouvernement révolutionnaire visaient à constituer la démocratie. Pour y parvenir, l’école a été l’un des organismes d’Etat consacrés à cette tâche. J’aborde cette période à travers l’analyse de discours des archives historiques visant la conception d’une politique éducative. En comparant les archives avec le contexte éducatif de l’histoire écrite sur le sujet avec des données statistiques de l’époque35, il est mise en exergue l’appareil idéologique d’Etat cherchant à construire le dispositif discursif sur la démocratie qui a été introduit pour rendre acceptables les inégalités économiques et scolaires. La politique éducative est étudiée dans cette partie de la thèse dans ses axes d’action : le contexte social et politique concernant l’éducation bien avant et après la Révolution ; les réformes législatives permettant de repenser les modifications de la structure sociale de base, à savoir, la Constitution politique ; l’état socio-éducatif de la population scolaire ; les conflits idéologiques, religieux et philosophiques qui s’opposaient aux actions de l’Etat ; et les profils socio-économique et culturel de la       

 

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Cette partie vise une explication de l’éducation au Mexique « assez large » afin de rendre compréhensible l’analyse pour le public français.

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Le Porfiriato (Porfiriat en français) renvoie à une période de l’histoire du Mexique marquée par le régime autoritaire de Porfirio Díaz. Il débute en 1877 lorsque Porfirio Díaz devient président constitutionnel et prend fin avec la Révolution de 1910.

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Données statistiques officiels susceptibles d’êtres contestés voire perfectionnés, pourtant l’approche, au niveau des outilles de la compréhension, est correcte.

population scolaire. Dans la conclusion de cette partie est amorcée une réflexion sur la capacité de la politique éducative à s’accorder, voire à s’adapter, aux besoins sociaux de la population, ceux qui sont idéologiquement et ontologiquement nés durant la Révolution. Cette action publique a été mise en place afin de faire valoir l’éducation de l’Etat comme une valeur absolue parmi la quasi-totalité de la population. En résumé, comment un ensemble de conditions sociales a-t-il été réfléchi par le gouvernement postrévolutionnaire afin de construire une politique éducative inégalitaire sous une dimension « juste » à travers une autorité légitime accordée au principe de l’éducation ?

La troisième partie de la thèse, La SEP et l’integration des citoyens a la societe democratique

: imposer pedagogiquement l’idee de nation aux populations dominees est bien la mise en

œuvre de cette conception. Pour autant, cette mise en œuvre, parallèle à la conception (expliquée dans la deuxième partie), fait partie d’un engrenage et pas d’une hiérarchie. En effet, reprenant la conception de la « boîte noire » d’un système, cette partie de la thèse obéit à une nécessité de deuxième ordre, c’est-à-dire, exposer dans les grandes lignes, l’information éducative, pédagogique et la philosophie qui découle de la conception du système scolaire. Dans cette partie, l’argumentation se focalise sur les actions entreprises par la SEP. Les dispositifs mis en place afin d’intégrer l’ensemble de la population à une même idée nationale, c’est-à-dire le libéralisme populaire naissant du conflit armé de la Révolution, sont étudiés afin de comprendre les mécanismes politiques employés dans le but d’intégrer les citoyens à la nouvelle idée de nation et de mettre en place un idéal scolaire visant à réduire les inégalités sociales, voire le sentiment inégalitaire « injuste ». Ces mécanismes essentiellement idéologiques ont été le moyen pour l’Etat d’administrer les ressources destinées à l’éducation dans le but de construire symboliquement le modèle du citoyen. Cette partie expose les défis socio-économiques, culturels et politiques auxquels le ministère devait faire face. Le système éducatif à travers sa logistique est expliqué dans cette partie. Ainsi en m’appuyant sur les notions de la sociologie des organisations, il est décrit le fonctionnement de la SEP à partir de la philosophie pédagogique qui s’ancre dans la conception du style éducatif ainsi que les instruments employés pour structurer le système à travers ses départements (scolaire, de bibliothèques, des beaux-arts et de la culture indienne) dans l’ensemble de la population. Cette technologie du pouvoir (Cf. Foucault, 1988) – dont le savoir/idéologique rationnel –, incarnée dans le système éducatif a permis, par la voie de trois postures pédagogiques, l’établissement du modèle démocratique et la construction d’une idée de nation (révolutionnaire, institutionnelle et moderne) dans la société mexicaine. Est ainsi mis en lumière le rôle des hommes politiques face à la scolarisation, le discours politique et les intérêts de l’Etat à constituer « un » modèle démocratique permettant d’un côté la continuité

des élites et de l’autre l’établissement d’un ordre social parmi les classes sociales les plus défavorisées. De même, le rôle des départements éducatifs qui constituent la SEP est décortiqué afin de comprendre la construction d’une institution qui cherche à institutionnaliser les citoyens par la voie de la reproduction idéologique de l’école.

La quatrième partie Institutionnalisation et reproduction : paradoxes du programme

pédagogique national de justice sociale décrit à travers l’information qualitative des archives

une approche sur les effets ou les impacts que la politique éducative a eus sur les populations concernées. Cette partie est focalisée sur le processus d’institutionnalisation du programme éducatif et sa reproduction sociale. Une fois rendues acceptables les inégalités inhérentes à la méritocratie des sociétés modernes, les habitants des communautés rurales et indiennes adoptent une série de pratiques sociales issues du modèle de civilisation recherché par l’Etat. Pourtant, les traditions tout comme la culture de ces communautés intégrant le modèle scolaire reconfigurent une série de pratiques de sociabilité différentes du modèle politique de la nation qui légitime de nos jours le principe de la libre détermination des peuples indigènes à partir de la réforme constitutionnelle de 2001. La mise en vogue de la conception d’« altérité » est validée. On retrouve au sein de ce processus une forme de solidarité hybride (organique/mécanique de deuxième ordre) ancrée sur deux conceptions culturelles du « temps » (Zerubavel, 1992). Les inégalités injustes du fait du décalage entre la culture locale et celle des institutions modernes du gouvernement postrévolutionnaire se transposent à deux notions de « richesse ». Au Mexique, il existe une confusion manifeste de la logique des capitaux (social, culturel et économique). La notion du capital culturel est divisée en deux pôles à cause de la scission scolaire opérée durant la période de cette analyse. Le premier, le capital culturel traditionnellement défini par la sociologie bourdieusienne, c’est-à-dire, l’habitus culturel établi par la connaissance en vertu du diplôme ; et le second, qui découle de la culture mexicaine, dans lequel l’Etat se veut culturellement « riche » en s’appuyant sur la multiculturalité des peuples indigènes. De cette réflexion découle une critique : car, au cœur de l’idéal moderne de la pédagogie postrévolutionnaire, il ne s’agit pas d’arriver à respecter les us et coutumes des traditions locales pour qu’un peuple soit « riche », mais aussi de mettre en place les dispositifs socio-politiques pour que la liberté négative (Berlin, 1969 ; Rawls, 1971) de ces habitants soit appliquée et que le rétablissement d’une égalité de chances puisse se mettre en place. Cette thèse s’achève sur un retour temporel dans lequel nous analysons brièvement les faibles modifications de la politique de la SEP jusqu’à aujourd’hui en nous appuyant sur des contextes factuels. Par exemple, en 2015, un appel a été lancé par le Instituto

Mexicano de la Juventud – IMJUVE – (Institut mexicain de la jeunesse) soutenu par la SEP,

l’éducation des adultes) et la Secretaría de Desarrollo Social – SEDESOL – (Ministère pour le développement social) pour que la jeunesse mexicaine lettrée, âgée de 15 et 29 ans, participe à une campagne d’alphabétisation dans les communautés rurales au Mexique36. Campagne qui avait déjà été établie il y a quatre-vingt-quatorze ans par Vasconcelos et qui prouve bien le peu d’efficacité du programme scolaire au Mexique dans la réduction des inégalités scolaires, lequel continue à reproduire des pratiques pédagogiques inopérables pour le rétablissement de l’égalité sociale. Des autres exemples trouveront écho à la conclusion de cette réflexion.

Voici la démarche synergique qui est appuyée sur la validité des règles de la logique :

Carte Heuristique 1

Structure Générale de la Démarche Epistemologique

Conception : Castro Reyes, 2015.

 

        

PREMIERE PARTIE

CADRE THEORICO-METHODOLOGIQUE DES ARCHIVES

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I. A la recherche des savoirs idéologiques/rationnels de justice sociale dans le