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L’effet d’établissement de la pédagogie lancasterienne aux écoles ridumentaires et la

Chapitre 2. L’éducation publique lancastérienne face à l’éducation privée jusqu’au moment

2.1. L’effet d’établissement de la pédagogie lancasterienne aux écoles ridumentaires et la

Du fait des inégalités encore perceptibles dans l’ensemble de la nation, notamment avec les Indiens et paysans mais aussi des migrants de ces régions dans les zones urbaines, des mouvements philanthropiques sont nés favorisant des initiatives particulières, principalement celles des nouveaux intellectuels et philanthropes qui ont fondé des écoles reconnues comme les premières écoles lancastériennes. Dès 1822, cinq philanthropes : Manuel Codorniu (1788-1857), Augustin Buenrostro (sd), Eulogio Villarutis (sd), Manuel Fernández Aguado (sd) et Eduardo Turreau de Linieres (1826- ?) de la ville de Mexico fondent la Compañía Lancasteriana (compagnie de Lancaster) (Lafragua, 1853 : 2) qui permettait par ses méthodes l’accélération de l’instruction de la petite enfance. Le principe consistait à ce que les élèves plus âgés et mieux instruits transmettent leurs connaissances aux jeunes apprentis. Étant donné l’efficacité de ce système d’enseignement et les économies que cela impliquerait pour le gouvernement, la Compañía Lancasteriana acquiert une forte reconnaissance de la population. Grâce à son succès, entre 1842 et 1845, la Compagnie se positionnait à la tête du Ministère d’instruction publique et d’industrie (SIPEI) fédérant ainsi l’enseignement des premières lettres. À la fin de sa gestion, la ville de Mexico comptait 106 écoles primaires et 5 847 élèves utilisant cette méthode (Archive 6 : AGN, Justicia e

Instrucción Pública, Vol. 31, le 28 février 1845, ff. 184-187, cité in Tank Estrada, 1992). Les

premiers établissements furent les chapelles, couvents et églises qui avaient été désignés pour enseigner, comme on l’a vu précédemment, de manière gratuite. Les groupes d’élèves étaient organisés en cercles concentriques de dix personnes (les moins instruits au centre et les plus instruits aux périphéries) dirigés par un moniteur particulier qui apprenait aux enfants la lecture, l’arithmétique et la doctrine catholique. Parmi les moniteurs étaient distingués les moniteurs généraux et ceux dédiés à l’ordre. Les premiers faisaient l’appel, vérifiaient les raisons de l’absence des élèves et s’occupaient des matériaux scolaires et les seconds, eux, veillaient au respect de la discipline (Tank E., op. cit. : 54). Le mérite dans ce système d’enseignement était basé sur un système de récompenses et de punitions. Les élèves qui montraient de la progression portaient un carton autour du cou indiquant le mot : « studieux » ou « poste de mérite », ceux qui montraient de l’indiscipline ou bien un retard dans leurs études, le mot : « porc », « prétentieux », « faignant », « conflictuel » (Archive 7 : AGN,

Estado que manifiesta…, AA Mex, Instrucción Pública en General, Vol. 2478, exp. 326, 4

d’octobre 1835, en Tank, op.cit. 61). Les moniteurs et maîtres de ces écoles recevaient comme instruction :

L’enfant doit savoir qu’à chaque faute correspond un châtiment, qu’il soit assuré qu’il sera puni dès lors qu’il commettra la faute… On exigera le respect, l’obéissance et la subordination des enfants envers les directeurs, les instituteurs et les précepteurs : sans ces bases, il ne peut y avoir de progrès dans l’enseignement. (Archive 8 : AGN-SEP, Adicciones a la Cartilla...Ibid, Vol. 2478, exp. 330, 1835) .

La plupart des élèves des écoles lancastériennes étaient d’origine populaire, principalement de la Ville de Mexico. D’après les archives, c’étaient en majorité des enfants de femmes de ménage, de couturières, leurs pères étaient cordonniers, charpentiers, couturiers, soldats ou commerçants, ce qui à l’époque signifiait « vendeur dans la rue » (Tank, E., op. cit. 63). Les groupes sociaux présents dans ces établissements étaient exclus des écoles privées du fait de leur pauvreté ou de leur origine sociale. Les horaires de la plupart des écoles étaient souvent les mêmes, de 8h à midi et de 14h à 17h de lundi à vendredi. Les moniteurs y venaient à partir de 6h afin de recevoir les instructions du directeur de l’établissement et que leur soient dispensés des cours préparatoires en lecture, écriture et arithmétique. Avant de commencer les cours, ils recevaient une demi-heure d’enseignement sur la doctrine chrétienne.

Simultanément, le modèle économique libéral introduit par la dictature a impulsé une croissance de l’éducation publique et de l’éducation privée. À cette époque, le secteur d’éducation tend à croître et s’installe une concurrence entre l’éducation privée et l’éducation publique. D’après Torres Septien (2002), l’éducation privée résulte d’un effort de l’église catholique et de la bourgeoisie mexicaine pour garder un rôle clé dans les changements politiques. Vera Estañol précise qu’en 1910 étaient inscrits dans les écoles publiques 733 247 élèves contre 167 756 dans les écoles privées (parmi les écoles privées celles manifestement catholiques avec un 4,8%). De même, il signale les nombres de 2 230 écoles privées (18% de la totalité) et de 9 710 écoles publiques (81,3%) (Vera Estañol, s/d : 9). La seule ville de Mexico comptait 238 écoles privées avec 12 287 élèves, contre 51 555 élèves inscrits dans 390 écoles publiques (au totale 0.7%) (Ibid. :10). Vaughan signale que le faible nombre d’écoles privées catholiques est le résultat du fait que parmi les écoles registrées uniquement comme « privées » menaient aussi un enseignement religieux. C’est-à-dire, indépendamment du fait que les écoles catholiques étaient moindres comparées au nombre des écoles privées et les écoles publiques ; en réalité, la plupart des écoles privées opéraient religieusement de

manière clandestine étant donné que l’Etat mobilisait des idéaux politiques tendant à réduire le pouvoir de l’église catholique99 (Vaughan, 1982 : 101). En effet, comme nous le montrons plus bas (Archive 3), le gouvernement de Porfirio Díaz tolérait assez bien cette intromission de l’église dans le monde rural.

En ce qui concerne l’éducation en milieu rurale, de donnés sur la situation scolaire sont très faibles pour saisir une représentation quantitative nous permettant creuser entre l’éducation publique et l’éducation privée. Nonobstant, dans les archives, nous avons trouvé une lettre rédigé au président de la République Lázaro Cárdenas qui nous permet d’exposer qualitativement la situation vécue à cette époque. La lettre est signée en décembre 1934 par Juan Monreal, un migrant100, habitant en Kansas, Etats-Unis qui a connu la période de Díaz et nous montre que l’apprentissage de l’espagnol était la seule forme éducation que les habitants recevaient. Dans cette lettre s’expose aussi le rôle de l’église catholique dans cette instruction, je cite un extrait qui a été traduit en français, pourtant en espagnol, la rhétorique tout comme l’usage grammaire permettent d’illustrer le « sentiment » du milieu rural à l’époque :

« En priant votre aimable personne de pardonner ces simples et humbles mots avec lesquels je m’exprime mais si je l’ai fait c’est parce que je suis entièrement d’accord avec les grandes et sublimes idée de mon actuel gouvernement M. Lazaro Cardenas. Et j’en parlerai avec plaisir et enthousiasme ici à mes compatriotes parcequ’il y a encore beaucoup d’ignorants comme moi qui ne peuvent pas comprendre les idéaux sublimes de notre gouvernement actuel. Pour vous dire, beaucoup veulent le gouvernement injuste de M. Porfirio Diaz. Mais c’est de l’ignorance qui nous vient de lui. Tout le peuple mexicain sait ça, que la seule chose que M. Porfirio dias a appris aux pauvres c’est d’aller à la messe matin et soir et de travailler ce maudit espagnol 14 et 15 heures par jour.

Et il ya encore beaucoup d’ingrats qui sont contre les sublimes et grandes idées de notre gouvernement actuel. C’est à cause de l’ignorance.

Je demande à mon gouvernement deux livres, l’histoire de notre pays et un de ces livres modernes que les enfants mexicains étudient maintenant. Je fais savoir à mon gouvernement que si je m’adresse à lui personnellement c’est rapport que les services qu’un ouvrier mexicain peut lui demander, n’intéresse pas beaucoup notre représentant consulaire de cette juridiction. Quand on doit lui demander un service . La première chose qu'il demande c'est si ça va lui rapporter de l'argent alors que le consul en question sait bien que la plupart des mexicains qui résidons aux Etats-Unis, nous dépendons de la charité nationale que le gouvernement fait maintenant à tous les chômeurs. Mais voilà, si on a besoin de sa signature pour qu'elle nous serve de recommandation, il a le culot de nous demander 5 pesos pour sa signature, c'est pas une injustice?

Et en général même si le service qu'on demande au consul en question est tout simple, si il y a de l'argent il aide sinon rien. » (Archive 9 : AGN-SEP, Presidencia de la

República, 06920.15 ; Dc. 15, 888 : 1934)101.       

 

99

Cette concurrence entre l’éducation privée et l’éducation publique est le fruit du débat idéologique continu entre les idéaux des conservateurs et des libéraux depuis la fin du 19ème siècle.

100

Le processus migratoire vers les Etats Unis de la part des habitants de zones rurales était comme le montre l’archive, déjà une pratique à l’époque.

101

Version originale : « Rogando a su amable persona se cirva (sic) ud perdonar las sencillas umildes (sic) palabras con que me expreso pero si acaso lo e (sic) echo es porque vivamente concuerdo con las sublimes y grandes ideas de mi gobierno actual Sr. Lazaro Cardenas. Las cuales yo con gusto y animo las propagaré aquí con mis conciudadanos porque todavía ay (sic) muchos ignorantes iguales a mí que no pueden comprender los sublimes ideales de nuestro gobierno actual. Con desir a ud que muchos desean el gobierno injusto de Don

2.2. Une scolarisation dynamique pour l’urbanisation et le modèle économique