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Chapitre 2. L’éducation publique lancastérienne face à l’éducation privée jusqu’au moment

2.3. La métamorphose postrévolutionnaire

Durant la décennie de 1920, qui marqua le début des institutions de gouvernement de l’Etat révolutionnaire, s’amorce un processus de transformation sociale. L’explosion démographique s’enclenche et l’école commence à s’établir tout au long de la nation. Les individus habitant dans les régions les plus éloignées des zones urbaines commencent à migrer dans des zones plus développées. Parallèlement, certaines régions rurales s’urbanisent. Ce processus a été assez rapide sous le gouvernement postrévolutionnaire comme le montre la graphique 3 qui permet de montrer l’explosion démographique du pays après le début de l’Etat postrévolutionnaire.

        

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Graphique 3

Population totale par sexe et décennie : 1910-2010

Source : « Censos de Población 1910-2000 », CONAPO, « Indicadores demográficos », INEGI, Estadísticas Históricas, 2005.

Graphique 4

Répartition de la population selon le lieu de résidence : 1910-2010

Source : « Proyecciones de la población en México », 2005-2050. INEGI, Estadísticas Históricas, 2005.

Fidèle à l’idée d’une société plus égalitaire, l’idéologie révolutionnaire impose un système libéral d’ordre populaire en unifiant dans son discours le modèle économique de libre-

échange et les demandes de terre et liberté (donc de justice sociale) des paysans et des Indiens. Le graphique 4 montre que la génération des années 1960 (une génération après celle de notre étude 1921-1940), inverse la tendance en termes d’occupation résidentielle. Ceci atteste de la tendance des populations issues des régions rurales à migrer vers les zones urbaines tout comme la progressive urbanisation de certaines régions jadis rurales (Loyo, 1934)103. Indépendamment des politiques de développement s’adressant aux paysans, l’attraction des villes a aussi été alimentée par l’école.

La demande de scolarisation augmente considérablement au moment où José Vasconcelos démarre sa politique éducative à la tête de la SEP. La conception de l’élève comme un élément potentiel de capital humain commence à s’instaurer dans la pédagogie postrévolutionnaire afin de répondre aux besoins de la nation comme le montre bien la graphique 5.

Graphique 5

in : Bluhum Rodríguez, 2015, http://es.slideshare.net/MAYGUADALUPE/ideologias-y-filosofia-del- sistema-educativo-mexicano

Le graphique 3 suggère aussi l’existence d’un certain degré de sécurité sociale, qui a permis la croissance de la population étudiée suite à la fin des années 1940 (Cf. Loyo, G., 1932 : 39). L’école, dans ce dernier cas précis, et notamment dans les zones rurales, a joué un rôle       

 

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Pour plus d’information sur la transition démographique au Mexique à l’époque postrévolutionnaire voir :

Evolution de la scolarisation élémentaire par millions d’habitants au Mexique : 1921-1940

fondamental par sa capacité à transmettre des principes de santé dans ses programmes pédagogiques et d’hygiène. Les inspecteurs éducatifs lors de leurs visites aux écoles rurales émettaient un rapport sur une des zones scolaires dédiées pour cet effet. Dans le rapport « l’état général de l’enseignement dans les écoles » (exposé ci-dessus), les inspecteurs éducatifs s’attèlent alors à retracer le panorama de l’école suite aux réformes scolaires d’après la Révolution. Ainsi, dans l’exemple exposé ci-dessous, l’inspecteur comptabilise dans la zone 15 de la SEP (zone d’Oaxaca) une école semi-urbaine et 24 écoles rurales. De même il signale l’état de programmes qui cherchaient à promouvoir : la campagne antialcoolique, la campagne pour la langue national, la campagne pour le calcul, la campagne pour l’hygiène, et anti fanatique (qui voulait réduire l’influence de l’église) que la SEP pilotait avec ses programmes pédagogiques :

RAPPORT GENERAL que l’inspection de la 15a.zc présente à la Direction de l’Education Fédérale de l’Etat, correspondant à l’année 1935.

ETAT GENERAL DE L’ENSEIGNEMENT DANS LES ECOLES.

Le 10 mai de cette année, j’ai pris en charge la zone, qui comptait une école semi-urbaine et 26 de type rural. Après réorganisation de la zone, il restait l’école semi-urbaine et 24 rurales.

Le total des élèves inscrits de jour est passé de 734 garçons et 529 filles, soit un total de 1263.

Les élèves inscrits au cours du soir sont passés à 278 élèves des deux sexes. 413 élèves des deux sexes se sont inscrits en niveau Préparatoire *. Le total de ces inscriptions étant de 1954 élèves.

Cette année, cette même inspection a rendu visite aux écoles avec la fréquence suivante : Une seule visite --- 4 écoles.

Deux visites --- 15. Plus de deux visites --- 6.

Toutes les écoles de la zone ont des Associations de Parents d’élèves. De même, chaque école possède son Conseil de la Vie Scolaire des élèves.

COOPERATIVES INFANTILES – Elles fonctionnent normalement dans 7 écoles.

Dans chaque école une caisse d’épargne scolaire a été établie. Elle fonctionne normalement dans chacune.

L’état général de l’enseignement dans les écoles de cette zone est moyen. BILAN DES CAMPAGNES DU MINISTERE

La campagne anti-fanatique104 s’est déroulée de façon intense, et avec un succès satisfaisant puisque seuls quelques instituteurs ont rencontré des difficultés ; le problème a cependant été réglé avec l’intervention de l’inspection.

Les Campagnes en faveur de la Langue Nationale, du Calcul, de la Propreté et contre l’alcoolisme, etc. suivent leur cours, faisant régulièrement l’objet de concours sur ces thèmes, locaux, inter-scolaires ou régionaux ; les résultats s’avèrent satisfaisants.

2532 individus des communautés de cette zone ont été vaccinés. L’eau potable a été introduite dans 7 écoles.

20 écoles ont entrepris de construire, d’améliorer ou de conserver les chemins.

La Campagne en faveur du Registre Civil a permis d’enregistrer 112 mariages civils et de déclarer 372 naissances.

CONSTRUCTIONI D’EDIFICES, DE DEPENDANCES ET D’ANNEXES

        

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La construction du local destiné à l’école de Michiape et Ste Maria Natividad de l’ex Académie de Silacayoápam est terminée.

Le local de Huaxtepec, Silac est en voie d’achèvement.

Les locaux destinés à l’école dans les communautés suivantes ont été aménagés : Yucunicoco, S. Francisco Higos, S. Gerónimo Fontaña, Ixpantepec Nieves, Silacayoápam, S. Martín del Estado, Paxtlahuaca, Trujano et Zooquiápam.

Les locaux de Asunción, San Antonio et Sabinillo sont sur le point de démarrer. (Informe general de la 15ª zona, rinde a la Dirección de Educación Federal en el Estado de 1935. »

(Archive 10 : AGN-SEP, DER, Dc. 21-22, B. 3651 : 1935/635-636 : 1935).105

L’idée que l’école permettrait d’améliorer le niveau de vie à travers ses formes de socialisation, a été assez répandu par les maîtres ruraux formés principalement par les

misiones culturales tout au début de la mise en place de la pédagogie postrévolutionnaire du

fait de leur interaction avec les habitants des zones rurales. Les symboles de modernité de leur représentation et le discours qu’ils menaient promouvait un développement plus avancé. La SEP, entre 1921 et 1925 à travers les Casas del Pueblo, cherchait sans cesse une amélioration du monde rural à travers ses pratiques pédagogiques afin de consolider le sens de coopération avec les populations rurales et cette volonté perdure pendant toute la mise en œuvre de la pédagogie postrévolutionniare.