• Aucun résultat trouvé

2. Cadre Théorique

2.4. La relation parents - professionnels

2.4.1 Partenariat et communication entre parents et professionnels

Dans leur article de 2003, Chatelanat et Pelgrims vont exposer une définition plus générale de ce concept : « […] pour le sens commun, un partenariat suppose une ou plusieurs personnes réunies autour d’un intérêt ou d’objectifs communs, chacun fournissant un apport particulier pour atteindre ces objectifs » (p.175). Ainsi, le partenariat suppose la réunion de plusieurs parties autour d’un sujet commun. Ces parties se doivent de travailler ensemble en partageant leurs compétences dans le but d’atteindre un objectif commun à tous. Ainsi, cet méthode de travail peut se retrouver dans de nombreux contextes, dans le milieu bancaire par exemple, dans sa structure et son fonctionnement pour atteindre des objectifs financiers, ou encore dans les milieux sociaux où le but va être le bien-être d’une personne, par exemple.

Selon Cantin (2010), le partenariat est la forme de relation qui va exiger le plus de tous les partenaires. En effet, il leur faudra présenter une grande ouverture par rapport aux autres pour travailler ensemble dans un dessein commun. Tous doivent alors s’engager pleinement dans une situation donnée en prenant en compte les observations de tous pour agir au mieux.

Cantin (2010), donne une défintion du concept de partenariat en s’appuyant sur des travaux menés par Bouchard, Pelchat et Bourdreault en 1996 ainsi que par Miron en 2004. Le partenariat se différencierait alors par son « caractère de réciprocité » (p.193). Ce concept, selon lui, exige que toutes les parties prenantes d’une situation reconnaissent les compétences de chacun. L’auteur

avance même l’idée d’une certaine réciprocité. C’est-à-dire que tous les individus doivent reconnaître et accepter les compétences des autres, mais également s’appuyer sur leurs connaissances, partager leurs informations et accepter un partage de pouvoir et de décision sur les mesures à prendre.

Favez et Métral (2002), agréent cette idée en ajoutant que le partenariat demande un « rapport d’égalité entre les acteurs » (p.6), ceci grâce à la reconnaissance de tous de l’expertise de chacun.

Pour atteindre un réel partenariat, ils préconisent le partage, tant des informations que des décisions, qui se traduit le plus souvent par un « consensus » (Pelchat & Sorel ; 1998) obtenu à la suite de discussions, d’échanges et de la prise en compte des remarques émises par d’autres. Les auteurs soulignent le fait qu’entre parents et intervenants externes, que ce soit des professionnels de la Santé ou des professionnels de la Petite Enfance, ce concept vise un rapport égalitaire. On remarque ici une évolution dans la prise en charge des situations. En effet, il était usuel de mettre les parents devant le fait accompli de décisions prises sans leur accord voire même sans les avoir impliqués dans le processus de questionnement, d’échanges et finalement de décision. Les professionnels doivent, comme l’écrivent les auteurs, « […] mettre à disposition des parents l’information nécessaire pour une décision concertée. » (p.6). Le rapport entre les parents et les professionnels s’équilibre donc. Les parents se retrouvent au même niveau que les professionnels et non plus en dessous. Notons que Boudreault et ses collègues (1998) soulignent cet effet dans leur article en parlant de « réciprocité » et de « complémentarité » contrairement au postulat des années précédentes qui classait les individus selon leur « statut » professionnel ou non. Ainsi, il y avait les « possesseurs institués du savoir », c’est-à-dire les professionnels et les « non-possédants », les parents (Bouchard, cité par Boudreault et al, 1998, p.316).

Chatelanat (2003) affirme que le concept de partenariat est encore difficilement et seulement périodiquement abordé dans des situations considérées comme problématiques pour le professionnel. L’auteure dit aussi qu’au moment d’annonce de difficultés, de déficience ou encore d’intégration de structures spécialisées, le partenariat est peu expliqué aux différents partenaires, ce qui ne leur permet pas de comprendre l’importance des échanges entre les parties et également l’impact que peuvent avoir toutes les informations que chacun apporte dans une situation. Ces échanges vont alors régir les décisions prises pour l’enfant. (p.52). Selon l’auteure et en s’appuyant sur les mots de Turnbull (1990), « le partenariat est réalisé quand la famille et les professionnels se respectent, se font confiance et communiquent ouvertement les uns avec les autres. » (p.43).

Krieger et al. (2013) apportent une vision plus actuelle au concept de partenariat entre les parents et les professionnels en mettant en évidence les intérêts de cette méthode. En effet, l’efficacité des prises en charge selon ce concept a été largement constaté sur le continent européen. Dans leur article, ils évoquent un double objectif aux institutions. En effet, des recommandations ont été proposées à ces dernières pour promouvoir le partenariat parents-professionnels. Les institutions

« doivent à la fois œuvrer auprès de l’enfant tout en apportant un soutien aux parents, reconnaissant leurs compétences et encourageant leur implication dans les soins proposés à leur enfant. Les professionnels quant à eux doivent adopter une attitude ouverte aux propositions, questions et inquiétudes des parents et être capables de proposer des objectifs tenant compte à la fois des demandes parentales et des capacités de l’enfant » (p.131).

De plus, le partenariat demande une compétence essentielle pour que ce concept fonctionne, c’est la « communication ». La communication entre les parents et les professionnels de la Petite Enfance est un sujet délicat mais important et il a été traité dans de nombreuses études au cours des dernières décennies.

En effet, l’apport de diverses informations de la part des parents à propos des comportements de leur enfant est primordial comme le soulignent Favez et Métral (2002). Ils ajoutent qu’actuellement les parents sont considérés comme une source « fiable » (p.7) lorsqu’ils évoquent des comportements qui sont généralement observés comme étant du domaine de la psychologie scientifique. Les auteurs mettent également en exergue le fait qu’il est parfois difficile pour les professionnels d’obtenir des informations sur des comportements se déroulant en dehors du milieu où ils côtoient l’enfant, il est donc difficile pour eux de pouvoir faire une comparaison entre l’attitude de l’enfant à la maison ou en milieu préscolaire.

La communication dans l’autre sens est également essentielle car, comme le souligne Tursz et ses collaborateurs en 1999, « l’équipe pédagogique confrontée quotidiennement aux troubles de l’enfant, sera un vecteur important dans la prise de conscience des parents de la nécessité d’une prise en charge pour leur enfant. » (p.53). Ainsi, les parents qui n’ont pas forcémement de moyen de comparaison entre le comportement de leur enfant et celui de la « norme », pourront s’appuyer sur les dires, les exemples et les explications des professionnels de la Petite Enfance. Les entretiens et les diverses dicussions entre les deux parties permettent de mettre l’accent sur les forces et les difficultés d’un enfant et de comparer ces points dans diverses situations et non plus uniquement dans le milieu d’accueil ou famillial. Un rapprochement entre les parents et les professionnels se crée dans les moments de disscusion où une communication dans les deux sens se met en place.

C’est, comme le souligne les auteurs, souvent ces échanges qui « […] permet aux parents de s’engager dans une démarche de diagnostic et de prise en charge ». (p.53).

L’utilisation d’outils de dépistage à remplir par les parents pour les professionnels, comme l’expliquent Squires, Potter, Bricker et Lamorey (1998), peut être un point de départ pour entrer dans la communication et le partenariat entre les acteurs. En effet, il n’est pas rare que les inquiétudes des professionnels concernant le développement d’un enfant, au préscolaire, soient difficile à communiquer aux parents. C’est parfois même un challenge pour les professionnels de se trouver en face des parents pour leur communiquer leurs observations. Ainsi, leur demander de compléter un questionnaire à la maison dans un environnement familial peut les alerter sur un problème et également donner un intermédiaire sur lequel les parents et le professionnel peuvent discuter. La relation n’est alors plus frontale, mais commune sur un objet d’étude. Les auteurs ajoutent que, pour les parents, remplir un questionnaire de dépistage peut leur permettre d’accroître leurs connaissances du développement « ordinaire » d’un enfant selon un âge précis.

Les discussions et échanges avec les professionnels favorisent également le partage des connaissances et les compétences de chacun.

Beauregard, Comeau et Poissant (2010) appuient cette vision de l’utilisation d’un outil de dépistage comme pont de communication entre les parents et les professionnels. En effet, les auteurs affirment qu’une telle utilisation permet de faciliter les échanges. Ils ajoutent que cela peut avoir un impact sur l’engagement des parents dans la démarche et dans la relation avec les

professionnels. Ainsi, les parents ont l’opportunité de connaître de manière plus précise leur enfant et seront capables de lui proposer des activités adaptées à son niveau de développement.

Suite à ces apports, un constat s’impose, l’utilisation d’outil de dépistage de manière conjointe permet aux parents de se sentir partie prenante de la démarche, cela renforce la relation entre les partenaires et cela leur permet également d’avoir un appui pour développer des repères quant au développement de l’enfant dans des domaines spécifiques et par rapport à un âge précis.