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Selon les médecins, certains patients parleraient plus facilement de la mort. Déjà, ceux qui en parlent spontanément.

H10 : C'est sûrement plus facile s'il me dit "[...] je suis fichu [...]". Ça peut être même [...]"ah

vous voyez, je suis pas encore mort", des choses comme ça, quand ils arrivent.

Ceux qui planifient leur fin de vie et partagent leurs problèmes quotidiens.

F17 : des gens un peu plus pragmatiques qui disent "bon, j'en ai plus pour longtemps, mes

enfants n'ont pas fini leurs études, etc., faut que je vois - je sais pas - l'assurance vie", ils parlent de choses plus concrètes.

F4 : il y a des gens qui l'abordent tout de suite en disant "j'ai fait don de mon corps [...]", *…+

pour qui les démarches c'est évident [...]. Il y a des gens qui d'emblée disent "je sais que je vais mourir, voilà ce que je veux", il y a des gens qui abordent d'eux-mêmes les choses *…+.

Les personnes qui demandent une aide à mourir n'hésiteraient pas à en parler.

H5 : elle me demandait une euthanasie active le jour où il y en aurait besoin. [...] j'ai un peu

botté en touche en disant [...] que d'abord on soulageait les douleurs, et que ensuite il y avait les directives anticipées [...].

De même pour les patients rassurés qui s'en remettent totalement au médecin.

F6 : parfois ils me disent hein "j'ai pas peur Docteur, vous êtes là". [...] Et c'est vrai que le fait

d'en discuter, [...] c'est rassurant pour eux [...]. Puis il faut pouvoir avoir confiance en son médecin [...].

Ou encore les patients qui se préoccupent de leurs proches.

H3 : Il y a des gens [...] qui disent "bah non, moi, si je suis moins bien, je n'ai pas envie que ma

femme ait à porter ça, j'ai envie d'aller en unité de soins palliatifs".

H5 : Rarement les gens souhaitent mourir à l'hôpital mais ça arrive : des gens qui n'ont pas

envie de faire subir ça à leur famille, la veillée mortuaire pendant des jours et des jours, empêcher les uns de bosser, faire venir les petits-enfants, l'idée de ne pas déranger [...] ils s'inquiètent pas mal aussi pour l'entourage en général, et savoir qu'ils ne vont pas être un poids pour les autres, [...] ça c'est déjà énorme.

37 A l'inverse des cas précédents, il y en aurait avec qui il serait plus difficile d'en parler. Par exemple, les patients qui ne parlent pas ou qui ne souhaitent pas en parler.

H12 : Le bon vieux breton dans son coin qui ne parle à personne, c'est compliqué. Euh, ou

alors, comme l'adolescent qui ne parle pas, enfin, etc. [...].

H5 : sinon, c'est le côté "foutez-moi la paix quoi [...]. Je sais que je vais mourir, ça sert à rien

d'en parler", [...] c'est les gens [qui] pensent à tort ou à raison que ça ne leur apportera rien de plus.

Les patients qui veulent protéger les proches de leurs problèmes.

H13 : Il y a aussi ce sentiment de ne pas vouloir inquiéter l'autre, angoisser l'autre, [...] et

donc d'entraîner dans son malheur, un malheur des autres, comme si c'était contagieux. [...] j'ai eu aussi un cas [...] où c'est l'aidant qui n'est pas du tout dans la phase de "c'est la fin", et c'est impossible d'en parler après au malade [parce] que le malade veut protéger son aidant.

Ou ceux qui protègent leurs médecins et qui n'osent pas les déranger.

F11 : ceux qu'on connaît bien, je pense [qu'ils n'en parlent pas] en partie pour nous protéger

[rires]. [...] je pense qu'il y en a [qui] se retiennent pour ne pas faire de peine à leur Docteur.

H1 : Quand on aborde ces sujets, les médecins hospitaliers, ils ont jamais le temps [...]. Les

patients osent pas poser des questions qui font perdre du temps aux docteurs. Et puis ils pensent qu'ils les dérangent, ils protègent aussi leur professionnel de santé, et puis [...] ils sont attachés à eux.

Les patients dans le déni empêcheraient toute discussion sur le sujet.

F11 : là où c'est encore plus difficile, on va dire que ce sont les patients qui sont dans le déni

[...] les patients qui ne sont pas eux-mêmes dans le processus d'en parler, oui ça va être compliqué pour moi du coup de le faire.

H13 : dans la pratique, on a beau leur dire, souvent ils ne l'entendent pas. [...] ils sont stressés

en permanence, ils sont très anxieux de chaque [...] symptôme. [...] il y a aussi une forme je pense d'autodéfense [...] [un instinct] de survie : si j'entends pas, ça ne va pas arriver.

Il serait difficile de parler de la mort aux patients qui ont trouvé refuge dans la colère.

F4 : c'était une jeune femme de 30 ans qui avait [...] un glioblastome, et qui était dans la

colère, elle ne pouvait pas décolérer, [...] il y avait une espèce de rapport au handicap, en disant "moi je suis handicapée, c'est de la faute de mes parents", [...] une espèce de chantage [...]. Donc, elle était extrêmement exigeante avec sa famille, extrêmement dure. On avait du mal à l'aider et la famille était en grande détresse.

De même que les patients qui refusent tous les soins et les discussions avec le médecin. F4 : elle était quasiment aveugle, [...] en conflit avec toute sa famille, et en refus de soin. [...]

38 H15 : on est projeté soi-même dans cette relation avec la mort, et chacun peut avoir des

relations de fuite, il faut tolérer les fuites [...], les malades ils ont le droit de refuser [...].

Enfin, les troubles psychosomatiques ne faciliteraient pas la discussion sur le fond du sujet. H10 : il y a des patients qui viennent pour un problème, n'importe lequel, [...] douleurs, des

vertiges, de l'anxiété, et qui ne vont pas de prime abord lâcher le morceau [...]. Bah il a quelqu'un de proche qui est décédé, et du coup, ça [...] entraîne ses troubles. Mais je suis obligé d'aller le chercher. Donc, ça je me dis, ces gens-là, quand ils vont être dans la même situation, ça risque de ne pas être facile.

Les patients

Qui en parlent Qui n'en parlent pas

Abord spontané du sujet Planifier la fin de vie

Pro-euthanasie Patient rassuré Protéger les proches

Patient silencieux Préserver les proches Protéger les médecins Patient dans le déni

Patient en colère Refus de soins Troubles psychosomatiques