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La barrière de la langue et les problèmes de vocabulaire étaient évidemment un frein à la communication.

H5 : ceux qui sont d'un milieu socioprofessionnel un peu défavorisé, où là il peut y avoir

vraiment des problèmes de compréhension simplement sur le vocabulaire [...].

H12 : je ne parle pas de la barrière de la langue hein [...] parce que c'est des sujets délicats à

aborder, si on a une communication de l'ordre... Un peu complexe, euh c'est pas facile.

Les médecins ont fait remarquer que la façon de parler avec les malades dépendait des origines socio-culturelles.

H15 : Il y a des gens dans des familles où ils ne parlent pas de la mort parce que c'est quelque

chose qui est banni [...].

H13 : on est plus par rapport à notre éducation [...] dans le sens large : religieuse, notre

entourage, notre éducation au niveau étatique, au niveau du pays. Parce que [...] les Belges ne raisonnent pas comme nous, les Pays-Bas non plus, les Suisses non plus, voilà. Et, donc, on raisonne différemment par rapport pourtant à un même fait, un fait universel.

F4 : les africains, [...] c'est une civilisation où la mort fait partie de la vie, et [...] où les gens

meurent entourés de leur famille, avec des petits-enfants qui sautent sur le lit.

Selon certains médecins, l'échange sur la mort ne dépendrait pas du niveau intellectuel, c'est-à-dire du niveau de formation et/ou de réflexion, du patient.

F11 : dans les bas niveaux socio-culturels [...] il y en a qui effectivement abordent beaucoup

plus facilement la question de la mort, et puis il y en a pour lesquels c'est vraiment tabou, et inversement dans les hauts niveaux socio-culturels c'est exactement pareil [...].

41 Certains pensaient que le niveau élevé facilitait la discussion alors que d'autres non.

H13 : les patients avec lesquels c'est plus facile, c'est pour moi, ceux qui ont un niveau

socioculturel plus élevé. [...] par l'éducation, ou par la culture probablement [...]. Enfin, j'ai beaucoup plus de mal à en discuter avec des gens on va dire de la classe ouvrière, voilà, d'un niveau un peu plus inférieur où là on est dans le soin, on est dans l'aigu [...]. On n'est pas dans la réflexion [...].

H14 : Sur le plan intellectuel, les gens très simples, je me souviens très bien d'un monsieur

ébéniste, qui était très conscient du problème, on en a discuté d'une manière très profonde [...]. C'était un monsieur qui n'était pas très diplômé, [...] il n'a pas passé de grandes études.

De même, les croyances et la spiritualité, la superstition, la religion, la philosophie, tout ce champ de l'irrationnel n'aurait aucune influence sur le vécu de la fin de vie.

H14 : quand on a une spiritualité développée c'est pas toujours bénéfique hein. Il y en a qui

sont très tourmentés par ça, et puis il y en a d'autres qui sont très sereins.

Certains médecins trouvaient quand même que cela facilitait la prise de parole.

H14 : Ceux qui sont très croyants, c'est très facile, parce que bon, pour eux, il y a une vie au-

delà de la mort, et que la mort fait partie de la vie et que... Voilà, c'est comme ça.

H10 : [j'ai côtoyé une] enfant [qui] parlait de sa maladie et de sa mort à venir avec une

incroyable facilité, mais je pense que ça, c'était lié à son entourage, elle était extrêmement croyante, elle souhaitait presque rejoindre les cieux quoi, d'une certaine manière.

F2 : les gens vraiment qui ont une intériorité, une spiritualité, on sent que quand même cette

question-là, ils se la sont posée [...].

Mais pas toujours.

H12 : quand des gens ont [...] une conception par exemple philosophique ou religieuse

complètement opposée au vôtre, [...] c'est quand même un frein quoi [...].

H14 : Il y a beaucoup de superstition chez certaines personnes qui ne veulent surtout pas en

parler. [...] Comme les gens qui ne veulent pas réserver leur place au cimetière parce qu'ils ont peur. S'il achète une place [...], ils vont mourir dans les heures qui viennent [...].

La majorité des médecins interviewés estimaient que la mort était taboue dans la société française.

F16 : il disait "mais c'est quelque chose dont je ne peux pas parler avec les amis, c'est

impossible, il y a une espèce de tabou, on ne peut pas parler de ça".

Selon eux, la mort aurait été médicalisée, cachée, invisible puis oubliée.

F4 : Non seulement, on ne parle pas de la mort, mais en plus, [la] première fois qu'on est

42 H13 : il y a un siècle, [...] on vivait tous sous le même toit. [Les] grands-parents mouraient

dans la même maison que les enfants, [et] c'était normal. [...] Aujourd'hui on a très peu d'enfants, donc c'est sacré, et puis c'est vrai qu'avec l'hôpital, probablement qu'on a créé comme une espèce de sentiment qu'il n'y avait plus de mort, que la médecine avait fait tellement de progrès qu'on pouvait faire reculer la mort en permanence. Et du coup, [...] ça a été médicalisé, [...] la société s'est mis à dire "bah il n'y a plus la mort à la maison, donc il n'y a plus de mort".

Tout ce qui se rapportait à la mort serait peu connu ou inconnu de la population.

H10 : c'est [un] aspect [qui] est un peu occulté, parce que, comme je le disais, probablement,

nous, aujourd'hui, on accompagne moins les gens en fin de vie, [...] parce que on est tous dépossédés de la mort, la famille, les patients, et nous aussi les médecins *…+.

F11 : comme beaucoup de gens ne meurent plus chez eux, beaucoup ne connaissent plus la

réalité de qu'est-ce que c'est que mourir en fait, à quoi ça ressemble quelqu'un qui meurt. Du coup, on ne peut plus se préparer soi-même à ce qui va se passer [...].

Les gens auraient peur de ce qu'ils ne connaissent pas, donc ils aurait peur de la mort. F17 : [Le patient] a pas toujours envie de nommer la mort non plus, et nous non plus. H13 : la société créé peut-être cette peur, on a peur de mourir à la maison.

Il y aurait, à la place, une culture du bien portant.

H13 : le mot mort, finalement, il est évité [...]. Fin de vie c'est mieux. On n'est pas aveugle, on

est malvoyant [sourire]. Enfin, c'est ce que veut notre société. On est dans notre temps hein.

F2 : la société, elle ne parle pas des vieux, elle ne parle pas des handicapés, elle ne parle pas

de tout ce qui peut déranger. [...] on reste toujours dans la culture du plus beau, plus jeune, plus vivifiant etc., donc tout ça c'est vraiment ce qui leur fait le plus peur.

Le tabou opèrerait également au sein des médecins généralistes.

H15 : je suis un peu sévère avec [les confrères qui ne parlent pas de la mort avec leurs

patients]. [...] ils se sont occupés de quelqu'un pendant vingt ans, mais ils sont pas là au moment où ils ont le plus besoin de vous, donc c'est quand même un tout petit peu dur.

H13 : je fais partie d'une association de médecins généralistes, [...] et une année j'avais

proposé de faire le thème [...] de la fin de vie, enfin voilà. Et, les collègues ont tous répondu non [...]. Alors, qu'est-ce que ça cache derrière tout ça? [rire].

L'influence socio-culturelle

Freins Facteurs facilitants Pas un critère

Problème de langue

Le tabou de la mort -

Origine culturelle Niveau intellectuel Croyances et spiritualité

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Facteurs liés à l'entourage