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entre les différents intervenants

B. Limites de l'étude

Biais de recrutement

Les premiers médecins recrutés faisaient partie du cercle professionnel de l'investigatrice. Les derniers médecins ont été recrutés sur une liste de maîtres de stage, d'où une sur- représentation de maîtres de stage.

L'étude a été réalisée sur la base du volontariat, par conséquent les médecins ayant accepté l'entretien étaient peut-être plus sensibilisés et plus enclins à vouloir parler de la mort.

95 Mais la question de la représentativité de l'échantillon ne se pose pas car il n'y avait pas d'intention de généralisation des résultats.

Biais de désirabilité sociale

De nouvelles thématiques apparaissant au fur et à mesure des entretiens, les derniers médecins interrogés pouvaient recevoir de la part de l'investigatrice, des propositions d'idées venant des entretiens précédents.

Par moments, le médecin se contredisait lui-même. Cela pouvait venir d'une ambivalence ou bien du fait qu'il orientait ses réponses en fonction de ce qu'il croyait que l'investigatrice aurait voulu entendre.

Biais d'interprétation

Les paroles recueillies ont été retranscrites intégralement, en notant leurs intonations, leurs gestes, leurs mimiques et le contexte. Mais l'analyse des données, probablement orientée par la lecture de l'investigatrice, aurait pu être à l'origine d'un biais d'interprétation, même si ceci était limité grâce à la double lecture par le directeur de thèse.

Ce dernier n'était pas présent lors des entretiens et ne s’est fié qu’à la lecture de la retranscription effectuée par l’investigatrice.

Biais d'influence

Tous les entretiens ont été menés par l'investigatrice seule, le biais est d'autant plus important qu'elle était partie prenante.

La qualité de l'investigatrice qui était médecin généraliste remplaçant sans expérience dans les techniques d'entretien, ni en sociologie, aurait pu nuire à la neutralité des entretiens et à la qualité de l'étude. L'acquisition d'expérience au fur et à mesure des entretiens permettait de diminuer ce biais.

L'investigatrice a effectivement ressenti davantage d'assurance et d'aisance tout au long des entretiens, avec notamment une meilleure gestion de ses émotions. Les questions n'étaient plus posées suivant l'ordre chronologique du guide d'entretien, mais plutôt aléatoirement selon les thèmes proposés par les médecins dans leurs réponses.

Il faut noter que l'étude qualitative était fondée sur les verbatim des médecins, donc soumise à la subjectivité et réserve de ces derniers.

De plus, la présence d'un appareil enregistreur aurait pu intimider certains médecins ou rendre leurs propos moins naturels et moins fluides.

96 La pertinence des données recueillies dépendait également des mécanismes de défense du médecin et de leur volonté ou non de s'impliquer dans la réflexion sur le sujet.

Les conditions des entretiens étaient susceptibles d'avoir eu un impact sur l'efficacité et la pertinence des interviews.

Le lieu des entretiens (domicile, cabinet) aurait pu influencer l'aisance du médecin ou de l'investigatrice durant l'entretien.

L'heure de l'entretien jouerait aussi un rôle car les médecins semblaient davantage pressés après les consultations du matin avant le déjeuner, et moins concentrés le soir. L'investigatrice était également plus fatiguée le soir et menait peut-être l'entretien de manière moins structurée et moins réfléchie.

Pour trois médecins, il y a eu un dépassement de la durée de l'entretien qui était prévue entre 45 et 60 minutes. Deux d'entre eux avaient du temps à consacrer à l'entrevue (F2 et H13), le troisième (H10) a pris sur son temps de consultation. Parmi les autres médecins, certains avaient précisé vouloir finir l'entretien dans un temps imparti qu'il n'a pas toujours été possible de respecter, ils pouvaient donc s'être impatientés et avoir répondu plus rapidement aux dernières questions. De même, l'investigatrice étant inquiète de leur prendre du temps, n'a pas toujours accordé de temps de silence, ce qui a probablement empêché l'émergence de discussions intéressantes à certains moments.

Les entretiens ont pu être réalisés de manière moins approfondie par les médecins et l'investigatrice en raison du stress supplémentaire engendré par la présence de patients dans la salle d'attente ou la nécessité de finir l'entretien dans le temps prévu. Il existe donc un biais notable dû à l'état d'esprit des deux interlocuteurs au moment de l'entretien.

Des situations d'inconfort auraient pu créer des réactions de défense de la part de l'investigatrice, ayant empêché l'approfondissement de certains sujets. L'investigatrice pouvait se sentir mal à l'aise devant l'attitude imposante de certains médecins, les longs silences des autres, ou encore devant leur tristesse et leurs pleurs. Lorsqu'elle en ressentait le besoin, elle amenait la question suivante plus précocement que prévu.

D'autre part, le guide d'entretien étant évolutif, les premiers entretiens se sont basés sur un guide différent des derniers.

Enfin, la limite majeure de l'étude était la question posée, qui était très voire trop large. Elle a donné lieu à des multitudes d'informations qui ne permettaient sans doute pas d'approfondir le sujet. On aurait pu préciser la question et s'interroger sur la façon dont les médecins généralistes abordaient la mort avec les patients en fin de vie, ou poser la question de savoir s'ils pensaient qu'il fallait aborder la mort, ou encore étudier les interactions entre le médecin et le malade en fin de vie au cours d'une discussion sur sa mort à venir.

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