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Demande d’euthanasie

G. Pistes d'améliorations proposées par les médecins

3. Chercher du soutien

Les médecins ont insisté sur le fait de ne pas rester isolé, et de s'entourer de bonnes structures de soins et de personnes compétentes.

H12 : il y a plein d'associations, plein de réseaux, plein de choses [...]. Après, ça peut être

d'autres confrères avec qui on discute, [...] les groupes de pairs, les Balint etc. [...]. Même s'ils n'apportent pas forcément des solutions, il faut en parler, il ne faut pas être tout seul.

85 H12 : dans les bonnes HAD, il y a les bonnes infirmières qui réfléchissent sur [...] des tas de

trucs *…+. Et puis, il y a des réseaux de soins palliatifs à domicile qui viennent se greffer dessus, [...] là, on peut discuter, c'est vachement utile.

Les médecins de réseaux de soins palliatifs ont tous ressenti l’utilité du soutien psychologique dont ils bénéficiaient au sein de groupes de supervision menés par des psychologues-psychanalystes.

H3 : c'est quand même pesant émotionnellement et psychologiquement hein, d'être

confronté tous les jours à la fin de vie en permanence... Mais c'est l'intérêt aussi des groupes de supervision avec les psy et un psy extérieur quoi. Là, ça permet d'évacuer. [...] ça me paraît obligatoire en travaillant en soins palliatifs [...], ce qui permet justement de revenir sur ce qui a été difficile [...], ça aide [...] à éviter des boulettes [...].

Les médecins généralistes de ville n’en avaient pas, et pensaient pourtant qu’ils auraient besoin d'un système de soutien.

H15 : je pense que il faut quand même avoir un soutien psychothérapique qui n'est jamais

fait. [...] je trouve ça dommage qu'on peut pas en avoir. Parce que c'est parfois difficile, dans l'action c'est difficile.

Ils pourraient se tourner vers les groupes Balint, fondés sur le travail sur la relation. H15 : il faut aller faire des groupes Balint, [...] c'est très intéressant.

Ou partager leurs doutes et leurs questionnements avec des confrères, au sein des groupes de pairs, ou tout simplement autour d’une discussion téléphonique par exemple.

F16 : je parlais de ce copain là du quartier qui était décédé, et ça s'est très mal passé avec sa

conjointe, et j'ai pu tout de suite en parler avec les gens du réseau [...] c'est génial quoi de pouvoir parler de ça, bah oui j'étais hyper mal quoi hein. [...] donc ne pas être tout seul hein.

F6 : J'ai la chance de travailler dans un cabinet où on fait des staffs tous les mois, [...] on

échange énormément sur ce genre de cas, et on essaie de savoir que fait l'un l'autre, voilà, comment l'autre aurait fait et ce qu'on peut changer, ce qu'on peut améliorer.

F8 : au téléphone, le médecin [du réseau de soins palliatifs], il m'a bien aidée quand même.

[...] en fait, je me suis sentie pas seule.

Chercher du soutien

Médical et paramédical Psychologique

Réseaux HAD Infirmier(ère)s Confrères médecins Psychologues / psychanalystes Groupes Balint Groupes de pairs

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4. Relayer les débats publics

La mort serait taboue dans notre société, et les médecins de l'étude affirmaient qu'il était primordial d'y remédier.

H15 : le monde est différent, mais je pense qu'il ne faut pas galvauder la mort et la mettre, la

ranger au rang d'activité subalterne ou d'activité qu'on fait qui déplaît à tout le monde *…+ il faut réintroduire la mort dans la vie.

F11 : du coup il faudrait déjà que dans la population générale, on en parle plus pour que ça

puisse revenir dans le débat médical et que du coup on puisse organiser peut-être les choses différemment. [...] avec toute la médecine moderne, on a un peu exclu la mort de la vie, et du coup, il faudrait réintégrer une place, mais comment?

Ils ont proposé de diffuser de l'information sur les directives anticipées auprès du grand public.

Les médias auraient ce pouvoir de faire parler des sujets qu'ils auraient décidé de faire circuler. Les médecins pensaient qu'ils pourraient partiellement aider à faire avancer les idées.

F11 : c'est difficile, parce que comme c'est des sujets sensibles, tout de suite on part dans des

débats [...] sur l'euthanasie, sur des choses qui sont pas le gros du débat dont on est en train de parler là [...]. Donc c'est vrai que l'information de masse, ça ne marche pas très bien, parce que du coup c'est parasité par des débats autres [...].

H13 : c'est grâce aux médias qu'on avance [...]. C'est pas grâce à nous, pas grâce à la

profession, c'est grâce aux médias qui un jour vont parler des antibiotiques que tout d'un coup on va pouvoir prescrire moins d'antibiotiques. Comme les génériques, [tu] as beau leur dire "vous savez, les génériques c'est pareil", ça marchera pas. C'est une campagne publicitaire qui le dit, "ah!". [...] C'est la société, voilà [...]. Faut vivre avec, faut l'accepter.

Les campagnes d’information pourraient être utiles et aider les personnes intéressées à renforcer leur volonté d’en parler au médecin.

F7 : je pense que les campagnes grand public, c'est quand ils veulent hein, pour les directives

anticipées. [...] Parce que ça aide quand même pas mal quand on sait que au niveau de l'Etat, ça a été expliqué aux gens, après du coup les gens ils viennent nous en parler quand ils veulent. [...] Parce que là on ciblerait large, puis il n'y aurait pas de difficultés particulières.

Les affiches et prospectus pourraient permettre aux personnes intéressées d'aller chercher des réponses.

F11 : [Pour faire circuler les informations, c'est vrai que] mettre un petit dépliant dans la salle

d'attente sur les directives anticipées, je sais pas si ça marcherait très bien, je ne sais pas si les gens liraient, je ne sais pas s'ils comprendraient, peut-être un peu... Et du coup, est-ce qu'ils nous en parleraient?

87 En pratique, cette méthode ne fonctionnerait que pour une minorité, la plupart des gens préférant éviter d'en parler.

H14 : j'avais dans ma salle d'attente des brochures de l'ADMD, [rire] mais les gens faisaient

la gueule, donc j'ai enlevé les brochures.

H13 : dans la salle d'attente, j'ai une affichette sur la personne de confiance et sur les

directives anticipées [...], il n'y a que celle-là [...]. Certains ont dit "bah je ne vois pas l'intérêt". D'autres ont dit qu'ils étaient intéressés, qu'ils me donneraient un papier. [...] j'ai deux ou trois personnes qui l'ont fait, et qui à mon avis l'auraient fait même sans. [...] il y a aussi une pression sociétale [...] on n'est pas prêts de façon globale.

Les médecins souhaiteraient un changement des mentalités.

Pour le médecin H13, la société française évoluerait en fonction des événements marquants du territoire national, il semblerait que seuls le temps et l’histoire pourront changer la manière de penser des Français.

H13 : on est plus par rapport à notre éducation socioculturelle [...] je pense que les Belges ne

raisonnent pas comme nous, les Pays-Bas non plus, les Suisses non plus, voilà. Et, donc, on raisonne différemment par rapport pourtant à un même fait, un fait universel.

H13 : Pour l'instant, c'est compliqué d'en parler parce que t'en n'entends pas parler, ou

t'entends des affaires qui justement sont entre deux os *…+. [En] France, on raisonne un peu comme des révolutionnaires hein. *…+ On manifeste et ça évolue. *…+ Il faut qu'il y ait une espèce de scandale médiatique *…+. C'est : on voit le truc, on se dit "ah putain mais c'est pas possible", et là on dit "ah bah il faut faire quelque chose".

D’autres médecins pensaient qu’ils pourraient agir sur les mœurs et les mentalités en n'ayant pas peur eux-mêmes de parler de la mort.

H10 : ça dépend *…+ quand même beaucoup de nous. Il y a d'autres sujets qui sont tabous,

enfin tout le travail qu'on fait sur la sexualité ou même l'alcool, ce sont des sujets qui progressent. Bizarrement, il y a 15 ans, c'était pas facile de demander à un patient combien il consommait d'alcool. Aujourd'hui, c'est devenu une évidence quoi. Et donc, ça c'est pareil, je crois qu'il faut, nous médecins, on a peut-être un rôle à jouer par rapport à ça. Par rapport à nos patients, en tant que patient [et] en tant que proche de patients qui [...] un jour ou l'autre évidemment vont se retrouver en difficulté en fin de vie.

Comment relayer les débats publics autour de la mort ? Information sur les DA Une problème de société

Médias

Campagnes d’information Affiches et prospectus

Avancée grâce à un scandale médiatique Apport du médecin généraliste

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5. Améliorer le système de soins et les relations