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entre les différents intervenants

H. Les conclusions des médecins interviewés

1. Pour quelles raisons les médecins ont-ils

accepté de participer à l'entretien ?

Beaucoup par confraternité et compagnonnage.

H5 : Parce que, moi j'ai eu ma thèse depuis pas longtemps, et ça a été très laborieux, et donc

j'aurais bien aimé qu'on me soutienne un peu plus [...].

H10 : Parce qu'on a du mal à trouver des interviewers [rire] [...]. Donc, j'apporte ma pierre. F17 : j'accepte de répondre à toutes les thèses, parce que la thèse c'est un truc super casse-

pied à faire et la vôtre elle n'est pas facile j'imagine [rire]. [...] ça fait partie du boulot [rire].

Certains parce qu'ils avaient une activité d'enseignement dont faisaient partie les thèses de médecine.

H3 : dans les soins palliatifs, nous on a trois missions : on a clinique, l'enseignement et la

recherche. Donc, nous, on est toujours intéressés à participer à des entretiens [...] surtout quand ça concerne des sujets...

F7 : ça fait partie de mes activités de participer aux thèses.

D'autres médecins disaient porter un intérêt pour le sujet de la mort. F4 : c'est des intérêts croisés, puisque c'est au centre de mon métier [...]. F8 : Le sujet m'intéresse [...]. Parce qu'il est tabou.

F16 : parce que c'est un sujet qui m'intéresse. Voilà. C'est un sujet qui me touche beaucoup

[...] il y a que nous qui pouvons faire ce métier là, d'accompagnement de fins de vie à domicile. [...] Voilà, ça fait partie de notre mission.

91 Certains entendaient favoriser une réflexion autour de la mort.

F2 : Je trouve le sujet super intéressant [...]. Je trouve qu'il faut qu'on en parle, et du coup je

me dis c'est super intéressant que il y ait des thèses là-dessus, il faut que les gens en parlent, qu'on n'ait pas peur de parler de la mort [...]. Mais je pense que si on est au clair avec sa propre mort, c'est beaucoup plus simple.

Le médecin H1 aimerait notamment que cette étude puisse participer au développement global de la culture palliative et des réseaux.

H1 : Moi je suis généraliste dans l'âme [...] de toutes manières c'est incontournable les

réseaux, donc on doit amener la culture réseau et soins palliatifs [...] ça nous intéresse aussi pour les regards extérieurs. [...] ça fait partie du prosélytisme qu'on doit faire pour développer ça. [...] Et ça nous rend service aussi, puisque plus notre réseau est efficace, moins l'administration pensera à le supprimer, parce qu'elle pense que ça coûte cher.

Enfin, les autres trouvaient que cela permettait de réfléchir à leur propre pratique. H5 : Parce que [...] parler de ça, ça me permet aussi de me voir un peu en miroir, d'avoir un

recul un peu sur mes pratiques, et sur comment je suis face à ça quoi.

F6 : c'est intéressant la mort, on n'en parle jamais assez, c'est angoissant hein, mais c'est un

sujet qui est important, [ça] permet de réfléchir en fait, une réflexion même pour soi-même.

H11 : je trouve que ça amène des questionnements, sur sa propre pratique, et ça amène du

recul, et que c'est toujours une bonne chose de se requestionner.

H15 : Parce que c'est quelque chose, en plus d'être très agréable, et parce que bon, je pense

que discuter de ça je pense que ça me fait avancer aussi, ça me fait progresser aussi, ça me force à verbaliser des choses que j'ai pas toujours pris le temps de verbaliser, [...] je pense que c'est très important, et c'est très bien de faire une thèse là-dessus, je vous félicite.

2. Que pensent-ils de l'abord de la mort en

médecine générale, avec les patients en fin de

vie ?

La synthèse que les médecins ont fait en fin d'entretien était cohérente avec ce qui avait été dit durant l'entretien. Les principaux messages de l'étude apparaissaient dans leurs conclusions :

92 La place de la "vie" et des projets dans la prise en charge de fin de vie.

H15 : C'est bien [d'aborder la mort avec les patients en fin de vie] ! On met la mort dans la

maladie, mais dans la vie aussi.

H1 : C'est l'abord de la vie, c'est pas autre chose hein. C'est la vie du patient [...]. C'est pour

cela aussi que je voulais vous recevoir, quand on nous dit vous côtoyez la mort, non, on côtoie la vie, c'est une chose qui est frappante tous les jours.

L'importance d'anticiper.

H10 : Et puis également, le mot anticipation, que je disais tout à l'heure, est un mot

important, par rapport à ça oui, anticiper.

La qualité du deuil de l'entourage.

H1 : il y a autre chose qui est importante, c'est la qualité du deuil des gens qui restent.

Le respect des mécanismes de défense.

H1 : [J'aborde la mort si le patient le fait]. Et en lui laissant surtout, un espace de liberté pour

qu'il puisse aborder le sujet qu'il veut. [...] S'il n'en a pas parlé, c'est lui qui a choisi. [...] Faut faire confiance au patient. C'est un truc qui marche bien.

H3 : pour résumer, il faut l'aborder avec ceux qui ont envie d'en parler, et pas assommer les

patients avec des choses dont ils n'ont pas envie de parler [...]. C'est vraiment respecter leurs défenses, et voilà.

F9 : Bah je pense que c'est important, mais il ne faut pas que ça soit une obsession non plus.

Voilà, il y a des tas de patients avec qui ça ne se pose même pas. Et, après, c'est leur choix, il y a des gens qui aiment en parler, il y a des gens qui n'aiment pas en parler, il y a des gens qui en parlent beaucoup et qui ne sont pas prêts, et inversement, il y a des gens qui n'en parlent pas et qui dans leur tête ont déjà des idées très précises.

Le fait que c'était le rôle du médecin généraliste.

F2 : Et si on a la confiance, je pense que c'est au médecin généraliste d'en parler quand il sent

que les choses sont là.

H12 : en médecine générale, on a l'avantage de connaître les patients, la plupart du temps

depuis longtemps, de connaître leur famille, de connaître leur environnement social [...] ça aide à rentrer en relation avec les gens, donc ça aide à en parler [...]. Ça fait partie du métier.

H13 : je pense que ça fait partie du métier [...]. On voit des bébés, on voit des adultes, on voit

des jeunes, on voit des vieux, on voit des fins de vie, on voit des morts. [...] nous en médecine générale, on fait tout, on est général [...].

93 F17 : On passe la plupart de notre temps à essayer [d'éloigner la mort], en faisant de la

prévention, en essayant de soigner les gens du mieux que possible, donc ça c'est notre principal objectif. Mais quand elle est là, et bah il faut gérer du mieux que possible aussi.

L'intérêt de la formation à l'abord de la mort avec les patients.

F16 : Moi je pense qu'on n'est pas, non, non on n'est pas du tout formés en médecine

générale.

H5 : Bah je pense qu'on y est quand même pas mal confrontés, que malgré tout, on a quand

même, en sortant des études, une petite formation et une petite expérience, et que [...] on a un rôle important face à la mort de nos patients, on fait partie des professionnels de santé qui sommes parmi les plus concernés, et donc on gagne à continuer à se former là-dessus.

D'autres se désolaient du tabou qui existerait encore autour de la mort en France. F4 : C'est vrai que la mort n'est pas abordée en médecine générale. Moi, mes études

remontent à il y a très longtemps, la mort était toujours pathologique, donc on mourait... La mort était taboue, on était là pour soigner et pas pour accompagner, et pas pour... Oui, et puis quand on voit d'autres civilisations où on parle de la mort, je pense qu'il y a beaucoup de choses à faire en France où la mort est encore taboue, sur plein de niveaux, et mal vécue.

F11 : c'est un sujet sous-abordé [rires], alors probablement par moi, c'est sûr, mais je pense

quand même globalement, et que il faudrait ré-aborder ce sujet.

F16 : le médecin, il peut être comme tout le monde hein et avoir... Enfin, voilà, occulter cette

partie de la vie.

H10 : c'est [...] un aspect essentiel de notre activité... Qui est un peu occulté, parce que, [...]

aujourd'hui, on accompagne moins les gens en fin de vie, [...] parce que on est tous dépossédés de la mort, la famille, les patients, et nous aussi les médecins, et comme on me l'a entendu dire depuis [...] une heure, on voit que ça apporte quand même beaucoup de choses. Par rapport aux hommes et aux femmes que nous sommes, par rapport aux soignants aussi, et puis, en particulier dans la relation médecin malade [...].

Mais il s'agirait d'un sujet dont on parlerait quand même en médecine générale, plus souvent auprès de patient hors contexte de fin de vie.

F8 : là tu parles de l'approche du patient mourant, [...] et on n'en parle sûrement pas assez,

mais par contre, on en parle beaucoup avec nos patients quand ils perdent des proches. C'est pour ça que je dis qu'en médecine générale, j'ai l'impression qu'on parle souvent de la mort [...].

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IV. DISCUSSION