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3. Durer ou tirer sa révérence ?

3.2. La parenthèse enchantée

Rien de tel ne marque le parcours des jeunes qui ont transité par l’hôtellerie-restauration sans s’y attarder.

Bien que la question d’y durer ait pu se poser à eux, ils ont avant tout vécu cette expérience comme une forme provisoire d’insertion dans la vie active, leur procurant un « travail à côté » dans lequel leur investissement était vécu intensément, mais dans le cadre d’un rapport flou à l’avenir. Travail d’entre-deux, mode de différement d’une entrée durable et stable dans la vie active, l’hôtellerie-restauration est vécue dans l’ici et maintenant. Quel que soit le plaisir qu’ils prennent à leur activité, les jeunes concernés ne se montrent pas prêts à s’aligner sur les contraintes et opportunités d’une carrière dans ce secteur. L’apparition d’un moment critique les conduit à stopper net leur engagement. Vécue sur le mode provisoire, cette parenthèse se referme alors brutalement et nos jeunes actifs ne cherchent en aucun cas à valoriser leur expérience acquise auprès d’un autre employeur du secteur, dans de meilleurs conditions par exemple. Tout se passe alors comme s’ils repartaient de rien. Contrairement aux jeunes engagés dans un registre vocationnel, dont les réseaux présentent une certaine continuité, à l’échelon local ou professionnel, les réseaux mobilisés ici pour l’accès à l’emploi sont marqués par des ruptures. D’ailleurs, à titre d’illustration, aucun d’entre eux n’est propriétaire de son logement, alors que nos professionnels stabilisés le sont. Ces ruptures ont donc nécessité un travail de reconstruction plus ou moins aisé. Nous distinguerons ici ceux pour qui la parenthèse a été enchantée et qui ont pris un nouveau départ en remobilisant d’autres réseaux situés à portée de main en vue de leur stabilisation dans l’emploi (1), de ceux pour qui la parenthèse a été une solution transitoire salutaire, à la suite d’une panne de perspectives professionnelles (2), moins ludique et plus laborieuse car synonyme de nécessité. Nous terminerons par le cas où l’hôtellerie-restauration a été vécue comme une transition parmi d’autres expériences provisoires, dans le cadre d’une quête de réalisation personnelle qui peine à se réaliser dans le travail (3).

3.2.1. Sept ans de réflexion…

C’est le temps qui s’est écoulé entre la sortie de l’école et la résolution d’entrée dans la vie adulte qui a été prise par Marc et Claire. Ils ont vécu l’hôtellerie-restauration comme une parenthèse enchantée, dont le souvenir est d’autant plus vivace qu’elle s’est achevée sur une résolution « raisonnable » de stabilisation pour fonder une famille. Pour tous les deux, l’expérience de l’hôtellerie-restauration est venue après une formation professionnelle n’ayant pas débouché sur une insertion satisfaisante. Marc avec son CAP de maçon n’a pas trouvé satisfaction dans l’offre de travail locale, centrée majoritairement sur « le montage d’agglos » avec des salaires trop bas à son goût, quand lui avait été formé au second œuvre traditionnel.

Claire est sortie de LEP avec un bac pro Comptabilité mais s’est ennuyée ferme lors d’une première expérience de bureau en intérim. L’hôtellerie-restauration a été une opportunité locale de travail en

« attendant ». Claire s’est présentée pour cet emploi de serveuse « sans y croire », Marc a profité d’une période de creux dans son activité pour faire une saison dans le bar du père d’un ami.

Ces expériences transitoires, imprévues et improbables, se sont en réalité avérées importantes pour leur vie ultérieure. Claire a rencontré son mari dans l’hôtel-restaurant de chaîne où elle a travaillé pendant près de 7 ans. Elle y a été nommée adjointe de direction au bout de 4 ans, ses compétences en comptabilité ayant été reconnues et mises à profit. Un premier enfant est né en 1997, sans que cela ne perturbe l’engagement professionnel du couple. En effet, les parents de Claire habitent à proximité, et ce sont eux qui gardaient l’enfant lorsque tous deux travaillaient : « Elle dormait souvent chez eux. Ils la gardaient énormément. » La naissance de leur deuxième fille va changer la donne : « Là, j'ai pris un congé parental et j'en ai profité pour passer des concours. » Pour autant, ce n’est pas uniquement à cause de l’arrivée de ce deuxième enfant que Claire a mis fin à la transition. Un autre facteur a joué pour beaucoup dans cette décision : le directeur de l’hôtel avait changé, le nouveau est arrivé avec sa femme qu’il a nommée adjointe de direction… en plus de Claire : « Donc on était deux adjointes de direction. Enfin bon, j’ai compris que si je pouvais partir, ça serait pas mal. »

La parenthèse a donc pris fin avec ses deux ans de congés parental et sa décision de passer des concours. La recherche de stabilité était alors sa priorité : « Enfin moi, au début, je voulais pas être fonctionnaire du tout.

Je suis pas fonctionnaire [mais assimilée], mais je voulais pas être dans ce système-là du tout, mais bon la vie… C'est un emploi stable quoi, je ne voulais pas travailler dans une petite boîte, après, pour être au chômage s'ils fermaient, machin. J'ai tapé tout de suite haut pour être tranquille ». Claire semble pourtant avoir été aspirée par une force de rappel puisqu’elle est fille de fonctionnaires territoriaux, avec un père

« cantonnier » et une mère « pervenche ». Elle a passé plusieurs concours : Poste, Impôts et caisse de retraite, a échoué aux deux premiers, et pour le troisième: « J'ai failli pas y aller, parce que j'ai dit "j'ai déjà essayé plusieurs, j'y suis pas arrivée. On va être encore 3 000 et je vais pas y arriver". Et puis j'ai dit "Allez, si, vas-y quand même !"Donc j’y suis allée et puis j'ai réussi. » Neuf ans après sa sortie de l’école, elle a donc débuté dans cette caisse de retraite comme technicienne de paiement.

Cette bifurcation vers la stabilité est un choix de couple. Son mari également a changé de voie : « Avec deux enfants, c'est pas évident. Mon mari était cuisinier aussi, il a arrêté. Il est rentré aussi à X, en fonction publique, donc on a changé pour nos enfants. » Le mari de Claire est maintenant éboueur (« cantonnier »), après avoir été coopté dans le milieu par le père de Claire. Il dispose de tous ses après-midi de libre. Mais il ne se remet pas vraiment de ce changement : « Oui, oui j'ai quitté, comme ma femme, parce qu'il a fallu faire un choix. Il y a un moment dans une vie, c'est toujours vers la trentaine, pour beaucoup de monde je pense, où on a des décisions à prendre. Et moi, j'ai pris... On a pris la même décision en même temps. Mais moi, je suis malheureux, parce que moi, je sais que [cuisinier] c'est ma vocation, c'est mon métier, c'est ma vie. »

Pour Claire également, la caisse de retraite correspond à un changement complet d’univers : « C'est un monde à part. C'est vrai que quand on arrive de la restauration, qu'on arrive dans un bureau où les lois, c'est comme ça, comme ça, comme ça... Moi, je me rappelle au début, quand je suis rentrée à la CRAM, je disais "tiens, j’ai mon week-end", je disais "tiens, j’ai deux jours", je comptais les week-end, je comptais les jours fériés. Et les premiers jours où j'y étais, on a des horaires variables donc on peut arriver jusqu'à neuf heures le matin, partir à onze heures et demie, revenir à une heure et demie et le maximum, c'est dix-huit heures. Après, les premiers temps, j'osais pas partir à dix-huit heures. Je me disais "on va voir que je fais mes horaires pile poil", et il fallait surtout pas faire ça ! Enfin, le jour et la nuit ! Tout ce que tu faisais en restauration, tu le fais plus là. La mentalité, tout. Ça n'avait rien à voir. »

Ni Claire ni son mari ne s’épanouissent dans leur nouvel emploi. Claire regrette le temps de l’hôtellerie où contrairement à l’administration, elle était totalement impliquée et responsabilisée dans son travail :

« Quand le directeur partait en vacances, c'était moi la responsable, je dormais sur place, je gérais le truc.

Bon, j'avais quand même le liquide dans les mains, ils me faisaient confiance […]. Moi, c'est vrai que...

C'est un défaut, enfin pour les patrons, c'est une qualité, je fais pas tellement gaffe au salaire, mais si on vous fait confiance. Tandis qu’à la CRAM, c’est "tu fais ça", que tu le fasses bien ou pas, c'est pareil. Que tu travailles ou pas, c'est pareil. Moi, je veux dire à l’époque, pour être payée pareil à la CRAM, je reviendrais dans la restauration, pour le même prix. » Depuis 3 ans qu’elle y travaille, elle se sent décalée par rapport à ses collègues de travail : elle affirme ne pas avoir « l’esprit syndicat », ni cette culture « d’opposition » :

« Dans l'administration, c'est ça, du moment que le patron demande quelque chose, forcément, il faut s’opposer. Même s'il propose 2 000 francs de plus, je crois qu'ils s'opposeraient quand même parce que c'est le patron. Moi, c'est cette mentalité que j'ai du mal, alors je dis pas qu’ils proposent que des trucs bien, mais il y a des choses, c’est quand même pas la mort ! » Elle a décidé de rester uniquement pour ses enfants. Sans eux, elle serait repartie en restauration : « C'est comme dans toute administration, il y a le chef, le petit chef, le moyen chef… C'est vrai que c'est un monde que je ne connaissais pas. Et c'est vrai que bon, j'y vais parce que j'ai mes enfants. Si je n'avais pas d'enfant, je serais partie, je serais rentrée dans la restauration, j’en suis sûre. Oui, oui. J'y vais parce que chez des avantages et puis voilà. » Entre autres avantages : onze jours de congés enfant malade, un comité d’entreprise, un centre aéré, pour le même salaire que dans la restauration (950 euros par mois), mais sur quatorze mois « donc, je suis gagnante ».

En dépit de la force de rappel familiale qui s’est ici manifestée, Claire a vécu comme une rupture son passage de la restauration à l’administration. Le système impersonnel des concours n’a rien à voir avec les réseaux locaux (le bouche-à-oreille) qu’elle avait mobilisés jusqu’ici pour travailler. De plus, la rupture a été importante au niveau des compétences mobilisées. Elle a dû se familiariser avec des nouvelles épreuves de type scolaire : « Donc y avait un test de culture générale, il y avait un test de logique. La logique en fait quand vous achetez des bouquins pour préparer les concours, on a beaucoup de tests de logique. Mais après, dès que vous commencez à connaître le système, après, c'est facile. Et il y avait une lettre à faire aussi, donc du français, enfin je sais pas comme ils appellent ça. » Pour autant, elle ne se voit pas évoluer dans cet univers administratif, qui supposent de suivre des cours (pour passer liquidateur) ou de passer des concours pour devenir cadre : « Ça demande beaucoup d'investissement chez soi, ça demande des cours. Il y a des fois ça me dit, et puis des fois, ça ne me dit pas. C'est vrai que travailler à la maison avec les deux enfants, c’est pas… Et puis j'ai plus envie. Parce que là, quand on est rentré à la CRAM, on a eu une formation de six mois, et ça les formations, c'est pas mon truc du tout. Moi, j'aime bien être formée sur le tas, alors s'il faut apprendre de la théorie… Après, on avait un examen pour passer technicien, ça a bien suffi ! »

Pour Marc, la rupture atteste également de l’activation d’une force de rappel familiale. Mais bien que sa bifurcation apparaisse radicale en termes d’activité, elle s’est effectuée dans une plus grande continuité.

Rappelons les faits : Marc avait suivi son amie lorsqu’elle avait trouvé un emploi dans la grande distribution dans un autre département. Grâce à son expérience dans la restauration, il avait trouvé facilement un emploi dans une brasserie. Mais il a de nouveau suivi son amie pour rentrer au pays, lorsqu’elle a décidé de démissionner à la suite du rachat de son entreprise par un concurrent. Il a donc lui même quitté sa brasserie : « Ça, c'est quand même... J'ai arrêté avec regret, j'ai surtout arrêté pour mon amie. J'ai arrêté avec regret. »

Le retour au pays en 2000 a débuté par une période de recherche d’emploi. Son amie a connu trois mois de chômage avant de trouver à s’employer dans une mairie. Marc est resté un mois « sans rien faire », puis est entré comme représentant dans une entreprise de vente d’accessoires d’entraînement et de compétition pour le sport, pour le compte de clubs, mairies, associations, etc., dans laquelle il travaille toujours. Marc a trouvé cet emploi par son beau-père qui en était client : « Et en parlant avec le directeur, le directeur lui a dit "ils cherchent un représentant". Il a dit "il y a mon gendre, il cherche…", […] et il lui a dit "bon écoute, je le prends trois mois, s'il fait l'affaire, je le garde". Donc voilà, je suis resté et depuis, je suis représentant. » En douze ans de vie active, Marc est ainsi passé de maçon, à barman et représentant.

Curieusement, son expérience de barman est précisément ce qui a permis à Marc d’être embauché comme représentant : « […] je travaille avec des gens qui ont eu un bar, et le mec, il m'a bien dit "quand tu as travaillé derrière un bar, tu peux tout faire normalement". On travaille qu’avec des gens, donc on est... Lui il m'as pris, il m'a dit "tu es barman, pas de problème tu rentres, plus que si tu étais un représentant diplômé". » Le relationnel étant jugé primordial dans la vente, l’expérience acquise de barman a été jugée idoine. Il s’agit dans notre échantillon du seul cas où l’expérience hôtelière passée a représenté une ressource lors d’une bifurcation. Il demeure que c’est moins l’expérience en soi (et la qualification hôtelière qui va avec) qui a compté que le processus d’identification qui a permis à la confiance de s’établir entre le candidat et son recruteur lors du recrutement.

Preuve que la qualification objective était faible, Marc parle longuement de son emploi actuel, de sa dimension relationnelle qu’il juge primordiale, en insistant sur ses débuts qui ont été particulièrement difficiles. Huit ans après sa sortie de l’école, Marc a vraiment connu un nouveau départ. Il a dû bâtir sa réputation et construire sa clientèle : « Au départ, les deux premières années, j'ai galéré. Au départ, ça a été dur, dur, dur. Au départ, la clientèle, il a fallu se la faire. Moi, j'avais des connaissances dans le milieu des boules parce que j'ai beaucoup joué à la pétanque, j'avais un peu des connaissances... Oui, le milieu des boules, c'est tout ce que j'avais. Et je connaissais deux, trois personnes dans des mairies, mais bon... Les premières années, les mairies, j'ai pas travaillé. Ils me prenaient des petits coups pour me faire plaisir. Après, au fur et à mesure, ça vient… »

Pour autant, si la rupture a été professionnelle, Marc demeure dans le réseau local et familial qui a jusque là commandé son mode d’entrée dans la vie active. C’est par le réseau de son père maçon qu’il s’était inséré au moment de son CAP. C’est par le réseau local et amical qu’il avait été formé à la restauration. C’est à nouveau par le réseau familial qu’il est devenu représentant et les liens sont très forts avec ses nouveaux employeurs. Vie professionnelle et vie personnelle ont toujours chez lui été fortement intriquées : « Oui, elle [la patronne] a fait un cadeau pour ma fille. À Noël, je fais des cadeaux chaque année à mes patrons, je veux dire qu'on est vraiment dans une relation de… On se fait confiance, ils me laissent la caisse un jour, ils savent qu’il va pas manquer un franc… […] Donc c'est vrai qu'on a une relation même amicale je veux dire. Nous, on a quelque chose à fêter, on amène le champagne, chacun amène une bouteille. C'est l'anniversaire a un, il amène le gâteau, la bouteille de champagne, nous c'est comme ça. C'est un cocon. » Le retour du couple au pays s’accompagne d’un rythme de travail moins soutenu, en tout cas pour son amie : « Je veux dire même mon amie à la mairie, elle est plus tranquille, parce que quand même, quand elle travaillait aux ressources humaines, s'il fallait finir la paye à vingt heures le soir, comme c'est elle qui faisait la paye, il fallait la bloquer, bon elle rentrait à neuf heures. […] Moi, elle me voit arriver des fois, je rentre tôt, ça lui fait tout drôle. Parce que moi, comme mes journées, je les gère comme je veux, si ça se passe bien, des fois, à cinq heures et demie, j’ai fini ou quatre heures et demie, je peux aller chercher ma fille chez la nounou. En fait, c'est un autre mode de vie. » Mais Marc a la bougeotte. Il aimerait refaire des extras le week-end en restauration, mais son amie (ils sont « concubins ») ne le souhaite pas. Ils ont maintenant une petite fille et elle aspire à un rythme de vie meilleur. Ils font actuellement construire une maison. Marc espère qu’il pourra évoluer au sein de son entreprise familiale dans laquelle il travaille. Pour l’instant, il est représentant et son avenir va selon lui dépendre de trois choses : « Voilà, ou je reste comme ça, ou je monte quelque chose ou alors vraiment je trouve une place extraordinaire ailleurs. » Autrement dit, soit ses patrons lui font une proposition satisfaisante, soit il monte un restaurant avec un ami à lui, soit il intègre une grande entreprise pour prendre des fonctions de responsable. Il estime se situer à un moment charnière de son parcours.

3.2.2. Bonjour galère

Si la parenthèse enchantée peut conduire à un happy end en forme de stabilisation dans l’emploi, elle peut à l’inverse conduire à des parcours de précarité dont l’issue demeure incertaine. Dans les trajectoires étudiées ici, la précarité succède à l’hôtellerie-restauration, après avoir été vécue comme un moyen d’y échapper. À l’instar des deux exemples précédents de Claire et de Marc, l’entrée dans la vie active a été marquée par une difficulté d’insertion dans les filières correspondant à la formation professionnelle suivie.

L’hôtellerie-restauration est ici vécue moins comme une parenthèse, ludique et transitoire, que comme un refuge, plus ou moins accueillant, qui aurait pu devenir un « vrai travail » si les aléas de l’activité et de la vie n’avaient pas contraint ces jeunes femmes à y renoncer. De plus, contrairement aux deux exemples précédents, leur environnement local ne leur a pas procuré de véritables opportunités, et ceci d’autant moins qu’elles étaient insérées dans des réseaux, sinon inexistants, du moins fragiles et inopérants. Enfin, détenant une « qualification » trouvant difficilement preneur dans le marché local du travail, elles ont davantage investi leur vie familiale que professionnelle. Fidèles à une « culture du pauvre » déjà évoquée précédemment, elles cultivent plus que tout l’amour du foyer32. La conjonction de l’ensemble de ces facteurs les a exposées à traverser de graves moments critiques.

32 Pour R. Hoggart (1970, p. 117), les groupes sociaux doivent leur cohésion au sentiment de différence qu’ils cultivent entre eux et « les autres ». Dans les classes populaires, le « nous » se manifeste particulièrement au sein du foyer et des groupes de

32 Pour R. Hoggart (1970, p. 117), les groupes sociaux doivent leur cohésion au sentiment de différence qu’ils cultivent entre eux et « les autres ». Dans les classes populaires, le « nous » se manifeste particulièrement au sein du foyer et des groupes de