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Ouverture sur les territorialités des jeunes le temps d’une classe

Hypothèse 3 : Un choix méthodologique sur la population visée

6. Analyse du travail de terrain

6.2 Ouverture sur les territorialités des jeunes le temps d’une classe

Le mardi 30 avril 2019 de 9h à 11h30 s’est conduit le premier atelier avec les R3 durant le cours de Géographie. Au début du cours, on a – avec l’enseignante – répartis des vingt-trois élèves en quatre groupes mixtes que voici :

Groupe 1 :

Nom d’emprunt Âge École primaire Rue d’habitation

Nora 13 ans École des Ouches Av. Henri-Golay

Maya 12 ans École des Ouches Av. Henri-Golay

Anh Tuân 13 ans École de Geisendorf Rue Lamartine

Kalijan 13 ans École de Cayla Rue Camille-Martin

Patrick 13 ans École de Geisendorf Av. d’Aïre

Groupe 2 :

Nom d’emprunt Âge École primaire Rue d’habitation

Viktor 12 ans École de Saint-Jean Rue du Vicaire-Savoyard

Joël 13 ans École de Saint-Jean Av. de Galatin

Nom d’emprunt Âge École primaire Rue d’habitation

Janina 13 ans École de l’Europe Rue de Lyon

Nom d’emprunt Âge École primaire Rue d’habitation

Talia 12 ans École de Geisendorf Rue de Lyon

Chloé 12 ans École des Charmilles Rue des Délices

Aziz 12 ans École de Cayla Prd. de l’Europe

Salim 12 ans École de Saint-Jean Rue de Saint-Jean

Amandine 13 ans École des Ouches Ch. des Ouches

Gabriella 13 ans École des Ouches Ch. des Ouches

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Le mardi 7 mai 2019 à 13h25, c’est avec la classe de R1 que le même atelier s’est déroulé.

Malheureusement, il y avait beaucoup d’absents faisant passer la classe de douze à sept élèves. Au vu du petit effectif présent le jour de l’atelier, l’enseignante a composé les deux groupes suivants :

Groupe 1 :

Nom d’emprunt Âge École primaire Rue d’habitation

Honoria 13 ans École de l’Europe Av. d’Aïre

Alban 13 ans École des Charmilles Rue de Lyon

Gonçalo 13 ans École de Saint-Jean Av. de Galatin

Groupe 2 :

Nom d’emprunt Âge École primaire Rue d’habitation

Samuel 14 ans École des Charmilles Rue du Grand Bay

Morgane 13 ans École des Avanchets-Salève Av. Louis-Casaï

Luis 14 ans École de Cayla Av. d’Aïre

Hesam 13 ans École de Cayla Av. d’Aïre

Ces données sont tirées du questionnaire du poste n°2. Ce sont donc les élèves qui ont rempli eux-mêmes les cases.

Beaucoup d’élèves de la classe de R3 viennent de l’école primaire de Geisendorf : sept au total sur trente. Six élèves toutes classes confondues viennent de celle de Saint-Jean, cinq de celle des Ouches, quatre de celle des Charmilles, quatre également de celle de Cayla et trois de celle de l’Europe. Seule une élève de la classe R1 vient de l’école d’Avanchets-Salève.

Morgane a fait la demande d’aller au Cycle de Cayla plutôt qu’à celui des Coudriers qui est plus proche de chez elle, parce qu’elle ne voulait pas rester avec ses camarades de primaire.

Elle n’a pas trop voulu s’étendre sur le sujet, mais a laissé transparaitre qu’elle ne s’entendait pas avec les jeunes de son quartier et qu’elle avait eu des problèmes avec eux. Un autre élève a fait la demande d’aller à Cayla au lieu des Coudriers, mais pour la raison inverse. Samuel a déménagé aux Avanchets sur Vernier entre le primaire et le cycle, mais il souhaitait rester avec ses amis de son quartier précédent.

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Encadré n°2 : Rapports des élèves à leur au trajet scolaire

« Moi j’ai des raccourcis » - Anh Tuân, 13 ans, rue Lamartine, classe R3.

« C’est ça le parc Hentsch ? Alors moi je passe là. [Salim : Pourquoi tu ne passes pas par là ?] Bah parce que ya un feu et parce que on perd du temps. [Salim : Elle a déjà tout compris ahah] » - Amandine, 13 ans, ch. des Ouches, classe R3.

« En fait avant ici, il y avait des travaux, maintenant ils ont carrément tout cassé. On passait par là. C’était plus facile pour passer, mais maintenant on doit faire des virages » - Maya, 12 ans, av. Henri-Golay, classe R3.

« Moi c’est trop simple madame regardez. Je vais à l’école de l’Europe, j’passe ici, hop, hop, hop, et la je passe le passage piéton » - Janina, 13 ans, rue de Lyon, classe R3.

« Moi je passe, ici comme ça, ensuite j’ai rendez-vous avec Joël, du coup on continue par là » - Ezzine, 13 ans, rue de Saint-Jean, classe R3.

« Moi je viens en trottinette. Ça fait euuh 3 minutes. […] Moi je passe par… attendez…j’passe par là, par là… Je passe par Planète Charmilles, par là. [L : Tu passes dans Planète Charmilles tous les matins ?].

Oui ! C’est plus rapide » - Alban, 13 ans, rue de Lyon, classe R1.

L’itinéraire scolaire des élèves de 9e à Cayla

L’itinéraire scolaire est ici constructif des habitudes spatiales des élèves. Il est le chemin emprunté presque tous les jours de la semaine entre deux et quatre fois du lundi au vendredi.

Globalement, la plupart des élèves mettent une dizaine de minutes pour arriver au Cycle de Cayla depuis chez eux. Trois élèves prennent le bus, Samuel, Morgane et Salim. Les deux premiers parce qu’ils habitent loin, le dernier seulement si le bus est là quand il arrive à l’arrêt pour le pousser un peu, mais il va plus souvent à l’école à pied. La majorité des élèves viennent au cycle à pied et quelques uns prennent le vélo. L’objectif est clair : trouver l’itinéraire le plus rapide pour arriver à l’heure en classe. Dans l’encadré, les élèves marquent bien l’importance d’un trajet le plus rapide possible. Sauf s’il s’agit de faire un détour pour retrouver un ami. Plusieurs élèves ont mentionné faire le trajet avec un de leurs pairs, comme l’explique Ezzine dans l’encadré n°2. Les travaux d’un des secteurs du plan directeur de la Concorde dérangent l’itinéraire de Maya, parce qu’ils la forcent à faire un détour non-désiré, ce qui rallonge légèrement son trajet. Cependant, elle n’est pas la seule à habiter vers ce chantier, mais uniquement elle exprime une gêne face à cette modification de l’espace qu’elle a l’habitude de traverser. Cela fait adopter des stratégies d’itinéraires et donc, accroît la connaissance et la maitrise du quartier d’habitation des élèves. On peut voir sur le plan ci-dessous que les trajets sont plutôt courts.

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Plan n°5 : Exemple d’itinéraires – Photo du plan au format A1 utilisé avec le groupe n°3 de la classe de R3 (Plan vierge voir annexe n°1). Sur le plan, les lignes représentent le trajet de la maison jusqu’au Cycle de Cayla (entouré sur le plan), les croix au bout des lignes sont les lieux d’habitations, et celles ailleurs sont les lieux qu’ils aiment fréquenter.

Dans cet exemple, les trajets les plus longs sont ceux de Larissa et Chirine qui prenne toutes deux le bus entre l’arrêt Dôle et Guy afin de gagner du temps. Ce qui est très parlant sur ce plan est la multitude de lieux dans lesquels les jeunes se rendent. On remarque que les parcs sont des lieux très côtoyés par les jeunes. En particulier le parc Hentsch, le parc de Geisendorf et le parc Trembley. Ce dernier étant pourtant plus éloigné que celui des Franchises, qui est lui consciencieusement évité par chacun des six élèves que l’on peut voir ici, mais c’est également le cas pour l’ensemble des jeunes interrogés. Les points les plus éloignés du quartier sont ceux de la plaine de Plainpalais, du centre sportif de Varembé, de la gare Cornavin, du centre commercial de Balexert et de l’école des Avanchets-Salève. Cela atteste d’une large spatialité des jeunes, au-delà de leur quartier. Cependant, comme nous allons le voir, les pratiques spatiales des jeunes restent quotidiennement proches de leur lieu d’habitation.

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Encadré n°3 : Les pratiques des jeunes – les lieux d’attrait

« Alors là, ya l’école de l’Europe. Moi j’habite juste là, au dessus de Planète Charmilles. Je descends. Avec mes amis c’est un rituel, on va à Planète Charmilles, on prend des ice tea, on sort de Planète Charmilles, on va au nouveau parc. Alors je sais pas il est où ? [L : Le parc Hentsch ?] Oui voilà, là. Et après on reste lalala. On reste, on revient jusqu’aux Charmilles et puis voilà… Et des fois on va au Burger King » - Janina, 13 ans, classe R3

« Je vais partout. Avec ma cousine, on aime bien marcher, on se promène. On va à vélo à Balexert [L : Pourquoi tu vas à Balexert ?] Pour acheter des choses. De la nourriture, des habits… » - Honoria, 13 ans, classe R1.

« Souvent moi je vais au parc de Geisendorf. Je retrouve mes amis là-bas » - Anh Tuân, 13 ans, classe R3.

« Moi je ne sors pas, je reste chez moi. [L : Qu’est-ce que tu aimes chez toi ?] Ma chambre… et aussi la cuisine ! » - Morgane, 13 ans, classe R1.

« Notre quartier il est bien ! Nous on accueille les gens. On a un Burger King pour les gens » Hesam, 13 ans, classe R1.

« Là c’est un peu le quartier. On traine un peu ici ! [L : Genre où dans le quartier ?] Genre de Jean-Treina ici, à ici [le parc Hentsch] » - Maya, 12 ans, classe R3.

« Quand je sors, moi je vais loin. [L : C’est où loin ?] Vers Thônex. [L : Tu as des copains là-bas ? Ya quoi à Thônex qui est intéressant ?] Ya rien… C’est bien… Je me balade dans la ville juste comme ça avec des potes ! Des fois j’achète deux-trois trucs, mais sinon… » - Salim, 12 ans, classe R3.

« Soit je joue aux jeux-vidéos, soit je lis, soit je vais au waterpolo, soit je vais au parc des Délices… Ou à Devin du Village avec des copains » - Viktor, 12 ans, classe R3.

Les pratiques extrascolaires des jeunes

Ce qui est appelé « pratiques extrascolaires », inclut l’ensemble des activités – encadrées ou libres – que pratiquent les jeunes en dehors du temps passé à l’école et où se juxtaposent les lieux dans lesquelles ils aiment rester passer du temps.

Dans leurs pratiques habituelles, les jeunes ont une grande tendance à consommer. Les lieux les plus cités parmi ceux qu’ils aiment le plus sont Balexert et Planète Charmilles qui sont tous les deux des centres commerciaux, ou encore des fast-foods tels que le « McDo » de la Servette, le Burger King de Planète Charmilles, le Kebab de la Jonction et le Tacos (non-situé). La plupart des élèves disent aussi aller plus occasionnellement « en ville », ce qui correspond pour eux majoritairement aux rues Basses – rue de la Confédération, rue du

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Marché, rue de la Croix-d’Or et rue de Rive46 – où il y a notamment des boutiques de prêt-à-porter et des magasins d’électronique.

Il est souvent question de lieux précis dans lesquels les jeunes aiment rester. C’est le cas de Janina, Anh Tuân et Maya dans l’encadré ci-dessus. Le parc Hentsch ressort beaucoup comme étant un lieu apprécié, une fois qualifié de joli par Alban, qui pourtant n’aime plus trop cet endroit pour des raisons personnelles. Les jeunes ont de la peine à qualifier les lieux qu’ils fréquentent, ou même à expliquer pourquoi ils aiment y passer du temps. Pour eux, c’est

« j’aime, j’y reste – je n’aime pas, je n’y vais pas », sans expliciter pourquoi, ou très rarement.

Probablement qu’ils n’ont pas conscience des raisons de ces attraits. Globalement, les équipements socioculturels sont très peu mentionnés. Personne ne fréquente de maison de quartier à part Ajla et Serena qui vont encore parfois à l’espace de quartier 99 qu’elles définissent « comme une maison de quartier ». Sinon, quand il en est question, il s’agit d’une pratique du passé quand les jeunes étaient « petits », mais avec de bons souvenirs. Le quartier de Saint-Jean est facilement rattaché à la Maison de quartier de Saint-Jean, qui devient alors un point de repère dans l’espace. Les équipements urbains sont peu mentionnés, mais encore utilisés. En particulier les terrains de foot, où les garçons, tels que Luis, Aziz, Kalijan et Salim, disent se retrouver entre copains de temps en temps. Joël lui, parle d’aller faire du basket dans le préau de l’école du Devin du Village avec des amis.

Étonnamment, plusieurs jeunes font référence à l’errance quand on leur demande ce qu’ils font sur leur temps libre. Cela va de déplacements relativement proches de leur quartier d’habitation, comme c’est le cas pour Honoria qui va jusqu’à Balexert avec sa cousine, au long trajet de l’autre côté de la ville, comme pour Salim qui va à Thônex avec ses amis pour ne rien faire de particulier. Ce qui est intéressant dans ces cas, c’est qu’ils insistent sur le fait de ne pas avoir de raison particulière d’aller à tel ou tel endroit. L’idée étant juste d’être dehors, avec ses pairs.

La majorité des élèves, toutes classes confondues, pratiquent une activité extrascolaire sportive, musicale, artistique ou de langue. Cela représente cinq élèves sur sept dans la classe de R1 et seize sur vingt-trois dans la classe de R3, donc un total de vingt-et-un sur trente pour les deux classes, soit 70% des élèves ayant participé à l’atelier. À noter que dans la classe de

46 Les quarte rues se suivent et ne pourraient n’en former qu’une seule. C’est pourquoi elles sont données ici ensemble.

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R3, de nombreux élèves pratiquent souvent plusieurs activités différentes, le maximum s’élevant à trois activités. Dans ces conditions, il est difficile d’avoir du temps libre pour autre chose. Cependant, ceux qui ont l’emploi du temps le plus chargé ne se privent pas de sortir.

Tableau des activités extrascolaires encadrées :

Gonçalo (R1) Natation Ezzine (R3) Tchuckball Chirine (R3) Danse

Alban (R1) Boxe Salim (R3) Foot Marija (R3) Tenis

Hesam (R1) Rugby Aziz (R3) Foot Tristan (R3) Tchuckball

Luis (R1) Foot Amandine (R3) Théâtre, danse,

guitare Talia (R3) Théâtre,

chant, danse Morgane (R1) Flûte traversière Chloé (R3) Équitation Gabriella

(R3)

Scouts Olivia (R3) Portugais Viktor (R3) Waterpolo

Dans les questionnaires, les jeunes donnent plus de détails à ce sujet : Talia dit sortir

« presque tous les weekend » approximativement entre 14h-18h avec ses amis, faire les magasins et aller au cinéma. Amandine dit sortir avec ses amis et regarder la télé, mais quand il lui est demandé « Est-ce que tu sors souvent ? », elle répond « moyen, l’après-midi ».

Camille quant à elle dit sortir après les cours dés 16h30-17h : « Je joue dehors, je lis des romans, je joue sur mon téléphone, je fais mes devoirs ». En revanche, Gabriella – qui a le même nombre d’activités extrascolaires que Talia, Amandine ou Camille – à la question

« Que fais-tu pendant ton temps libre ? », elle répond « mes activités extrascolaires », mais dit quand même sortir « moyen » le mercredi à 15h. Des jeunes avec moins ou carrément pas du tout d’activités sortent moins que ces quatre filles aux activités multiples. Kalijan qui n’a pas d’activités dit ne pas sortir beaucoup, à part de temps en temps pour jouer au foot et Viktor qui fait du waterpolo deux fois par semaine souligne qu’il sort « mais de manière générale » et qu’il lit beaucoup pendant son temps libre : « Je lis le Capital, le Manifeste du parti Communiste et le Livre rouge de Mao ». Comme dernier exemple, Gonçalo dit sortir

« de temps en temps », mais surtout sur son temps libre : « Je joue a des jeux vidéos et je regarde des animes ». Globalement, les réponses vont de « pas trop » en passant par

« moyen », jusqu’à « oui tout le temps ». Le ratio étant approximativement de dix-huit sur trente à affirmer sortir plutôt souvent voire très souvent et de douze sur trente à sortir moyennement ou de temps en temps. Qu’importe la fréquence à laquelle ils sortent, les jeunes mentionnent presque tous un couvre-feu, qui tendent à tourner autour des 17h30 au plus tôt et

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Encadré n°4 : Les pratiques des jeunes – les lieux à éviter

« J’aime pas aller au parc [Hentsch]. Non mais elle y va tout le temps ma mère, parce que il y a mon petit frère [de 3ans] qui s’amuse bien là-bas. Moi je déteste parce qu’on est toujours là-bas. Avant j’aimais bien, mais après on y va toujours » - Alban, 13 ans, classe R1.

« [L : Il y a des endroits que tu n’aimes pas du tout ?] Ouai ! Les Franchises j’aime pas ! [L : Pourquoi t’aimes pas les Franchises ?] C’est nul. Ya rien à faire… Ya juste la pataugeoire, des trucs de sports… La pataugeoire c’est plutôt pour les bébés » - Honoria, 13 ans, classe R1.

« Samuel : Ouai, j’aime pas où j’habite [les Avanchets]. Morgane : Moi non plus… [L : Pourquoi ?] C’est les gens du quartier… [L : C’est quoi les gens du quartier ?] Les gens les plus connus… Ils harcellent…

Hesam : Je sais pas… des jeunes, genre 15 ans – 20 ans. Morgane : Après ceux-là de 20 ans sont plus discrets » - Samuel, 14 ans ; Hesam, 13 ans et Morgane, 13 ans, classe R1.

21h au plus tard, dépendant de s’il s’agit d’un jour de semaine. La nuit n’est donc absolument pas le domaine de ces adolescents à cette période de leur vie.

Pour ce qui est des lieux évités ou « pas aimés » par les élèves, il n’y a eu que très peu de réponses, parmi lesquelles les trois présentes dans l’encadré n°4. Ce sont d’ailleurs les trois seules réponses qui m’ont été données à l’oral et toutes proviennent de la classe de R1.

Les élèves de la classe de R3 répondaient au poste n°1 qu’il n’y avait pas de lieux qu’ils n’aimaient pas. Cependant, dans les questionnaires individuels, plus de réponses ont été fournies, ce qui montre que le cumul des deux méthodes permet, dans un sens comme dans l’autre, de récolter des discours différents ou complémentaires. Par exemple si un élève est timide à l’oral ou s’il a peur d’être jugé par le groupe, le questionnaire lui offre la liberté de s’exprimer plus clairement. Ils sont donc treize à avoir trouvé à l’écrit un ou plusieurs lieux qu’ils n’aiment pas (voir encadré n°5). Les grandes lignes des lieux évités ici par les jeunes sont en rapport avec :

 Le manque d’esthétisme ;

 l’inhospitalité ;

 l’enfermement ;

 le manque d’intérêt ;

 la dangerosité.

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Encadré n°5 : réponses de la classe R3 à la question du questionnaire : « Quels sont les endroits que tu aimes le moins (dans la ville, ton quartier ou même chez toi) ? »

Larissa : La classe (travail).

Marija : Liotard car c’est ennuyant.

Salim : Lignon, Pâquis, gare parce que c’est sale.

Aziz : Lignon, Pâquis car c’est moche.

Amandine : Le cimetière.

Chloé : le quartier de l’Europe car je trouve que c’est fermé et il n’y a rien à faire.

Talia : Pâquis, dangereux. École énervant.

Gabriella : Le tunnel piéton/cycliste sous l’avenue de l’Ain vers l’arrêt de bus.

Anh Tuân : La vieille ville car je me perds toujours dedans.

Maya : Charmille les travaux.

Nora : les travaux.

Camille : Le carrefour de Charmilles car il y a trop de voitures.

Joël : Hors de Genève.

* L’orthographe a été corrigée ici pour des raisons de lisibilité. Pour une version plus authentique : demandez-moi les rendus du poste 2 ou consultez les exemples en annexe n°7.

** La liste est exhaustive.

Tous ces points étant des éléments repoussant dans le paysage urbain que les élèves côtoient tous les jours. Cependant, comme ils ne sont que peu nombreux à mentionner les lieux négatifs de leur quotidien, on peut parler de territoire en plein et en vide. Ces espaces de leur quartier sont existants dans leur esprit seulement quand ils sont obligés de les pratiquer, ou quand ils en retiennent une mauvaise expérience. Par exemple, il est difficile de savoir si Talia a vécu une mauvaise expérience aux Pâquis ou si elle a juste entendu qu’il valait mieux ne pas y aller. Cependant, l’impression de Gabriella sur le passage sous-voie de l’avenue de l’Ain tient probablement de l’expérience, puisqu’elle habite à proximité de celui-ci, tout comme Morgane qui n’aime pas les Avanchets où elle habite, en raison d’une expérience – soit vécue personnellement, soit dont elle a été témoin – liée aux agissements des jeunes qui occupent cet espace.

Le quartier idéal dans la tête des jeunes

De manière générale, les élèves ayant participé à cette étude sont très satisfaits de leur quartier. Sur les trente jeunes interrogés, vingt-cinq disent aimer leur quartier, quatre ne l’aime pas, dont seulement une qui le déteste, et un garçon est indécis. De plus, dix-huit

De manière générale, les élèves ayant participé à cette étude sont très satisfaits de leur quartier. Sur les trente jeunes interrogés, vingt-cinq disent aimer leur quartier, quatre ne l’aime pas, dont seulement une qui le déteste, et un garçon est indécis. De plus, dix-huit