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Hypothèse 3 : Un choix méthodologique sur la population visée

5. Méthodologie de recherche

5.1 Le choix du terrain et de la population ciblée

Avant tout, il faut noter que « le « terrain » n’existe pas tant que le chercheur n’y est pas, et disparaît dès qu’il n’y est plus. Le terrain est un espace-temps défini par le chercheur lui-même (elle-lui-même), qui y transpose ses interlocuteurs, les fameux « acteurs locaux », dans le mouvement même de son propre déplacement » (COLLIGNON, 2010, p. 74). Pour construire ce terrain temporellement situé, il convient d’abord de le contextualiser dans sa spatialité.

Genève et son découpage

Le mot « Genève » est utilisé pour trois échelles différentes : Le canton, la commune et la ville. Les deux premières correspondent à des découpages clairement institutionnalisés, le troisième est légèrement plus flou dans son interprétation. Si l’on va sur le site internet de la ville de Genève, il s’agit de l’administration de la commune. Il en va de même pour la ville de Vernier. Donc ville et commune sont dans ce cas utilisées comme synonymes. Enfin – comme

19 Traduction personnelle : « […] have attempted to get to grip with the contexts and contents of different people’s everyday social, cultural, political and economic lives ».

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nous le verrons plus tard dans les discours des jeunes – la ville peut être réduite au centre-ville, les rues Basses qui entourent les quais et le Jet d’eau. Le canton de Genève est composé de 45 communes, dont celle de Genève qui est elle-même divisée en 36 secteurs et 128 sous-secteurs (voir plan n°1). Dans mon étude, ce sont les sous-secteurs n°35 et n°36 de ce découpage qui vont m’intéresser, soit respectivement ceux de « Charmilles – Châtelaine » et de « Saint-Jean – Aïre ».

Plan n°1 : OCSTAT20, « Sous-secteurs statistiques de la Ville de Genève », in République et canton de Genève, [en ligne], URL : https://www.ge.ch/statistique/cartes/affichage.asp?filtreCarto=00_01

Dans l’aménagement du territoire genevois – ici à l’échelle du canton – les projets ont leurs propres délimitations, ne coïncidant pas forcément avec les secteurs vus précédemment. Celui qui va intéresser cette étude est celui du Grand Projet Châtelaine. « Ce grand projet permettant un renouvellement urbain du périmètre est découpé en quatre secteurs : Châtelaine, Franchises, Concorde, Lignon-Libellules. Il est articulé autour des thématiques urbanisme, paysage, mobilité et environnement » (Direction du développement urbain)21. Le

20 Office cantonale de la statistique.

21 Direction du développement urbain, « Nouveaux quartiers. Châtelaine », in République et canton de Genève, [en ligne], URL : https://www.ge.ch/dossier/nouveaux-quartiers/chatelaine

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Grand projet Châtelaine touche donc, entre autres, le secteur « Charmilles – Châtelaine » de la ville de Genève, mais déborde aussi sur la commune de Vernier. Dans ce Grand projet, le périmètre de la Concorde retient spécialement mon attention, car celui-ci tend à se transformer en écoquartier, donc détient un potentiel d’inclusion de la participation des jeunes.

L’écoquartier de la Concorde

Plan n°2 : Forum 1203 (2017), « Plan de situation de la Concorde », in Situation, [en ligne], URL : https://www.forum1203.ch/Situation.html

Sur le plan n°1, le périmètre de la Concorde est sans le secteur 36 « Saint-Jean – Aïre », et plus spécifiquement aux sous-secteurs 259 « Camille-MARTIN » et 260 « Concorde ». Cet écoquartier est régi par un plan directeur de quartier (PDQ) qui décrit les lignes directrices des différents projets et chantiers à réaliser dans le secteur. Ce PDQ déborde aussi sur le territoire de la commune de Vernier, à la continuité du triangle, comme on le voit représenté sur le plan n°2. Non seulement la Concorde s’inscrit dans un Grand projet, mais elle est également

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incluse à l’échelle plus large du Grand Genève (Office de l'urbanisme, Département du territoire, 2013, p. 70). Il y a donc une véritable imbrication d’échelles. Le quartier de la Concorde est un lieu très particulier pour un écoquartier. Dans mon travail de bachelor en 2017, j’ai expliqué comment – contrairement à de nombreux écoquartiers florissants en Europe – la Concorde ne crée pas un quartier nouveau, mais un renouvellement partiel de sa structure et de son organisation. De nouveaux bâtiments émergent selon des normes écologiques et les anciens – n’étant pas aux normes environnementales – jouent notamment un rôle dans le concept d’écoquartier en offrant des loyers abordables à une population plus modeste. Il détient également une facette patrimoniale et éducationnelle : « La Confédération (Office fédéral du développement territorial- ARE) a choisi La Concorde comme nouveau projet modèle pour un développement territorial durable et l’UNESCO a reconnu le processus et son volet « de la cité-jardin à l’écoquartier », comme activité de la décennie en vue de l’éducation au développement durable » (Office de l'urbanisme, Département du territoire, 2013, p. 66). Le plan ci-dessous22 est tiré du journal Info chantier Concorde. Il a le mérite de bien situer le secteur du quartier et de mettre en valeur les secteurs en mutations.

L’aspect qui nous intéresse ici est celui de la facette participative d’un écoquartier. À la Concorde, l’initiative est venue directement de la population : « Les habitants se sont réunis pour constituer un groupe de travail « écoquartier ». Ils ont organisé des ateliers et effectué un diagnostic de quartier qui a servi à l’élaboration des hypothèses de travail destinées aux urbanistes pour l’élaboration de l’image directrice, et qui sert de base pour le suivi du PDQ Concorde » (Ibid., p. 66). Il est donc possible d’envisager une véritable inclusion des jeunes dans le processus participatif.

22 Ce plan n’est pas le plan de synthèse du PDQ Concorde, car ce dernier est trop chargé en informations pour être lisible dans ce travail. Il est trouvable ici : Office de l'urbanisme, Département du territoire (2013), « Plan directeur de quartier Concorde n°29'816 », in République et Canton de Genève, [en ligne], Aménagement du territoire et urbanisme, URL : https://www.ge.ch/document/plan-directeur-quartier-concorde-geneve-petit-saconnex-vernier.

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Plan n°3 : Forum 1203 (été 2019), « Ecoquartier la Concorde - Plan chantiers / études espaces publics », in Info chantiers Concorde, n°7, pp. 4-5, [en ligne], URL : https://www.forum1203.ch/-Journal-info-chantier-Concorde-.html

Cycle d’orientation comme nouvelle dimension du quartier

À Genève, le cycle d’orientation dans lequel le jeune va se retrouver à sa rentrée en 9e est défini en fonction de son lieu d’habitation, par proximité géographique. Cependant, la répartition des élèves dans les établissements peut varier d’année en année. On peut voir sur le site internet de la République et canton de Genève que « [l]a répartition des élèves dans les 19 établissements du cycle d'orientation est définie chaque année par la direction générale de l'enseignement obligatoire, mais la décision finale pour chaque élève appartient au directeur du cycle » (DGEO, a)23. Par rapport à mon cas d’étude autour du quartier de la Concorde, le Cycle d’orientation de Cayla est géographiquement le plus proche, et donc celui dans lequel une majorité des jeunes de 12 ans de ce secteur se retrouvent pour poursuivre leur éducation après l’école primaire. C’est donc l’établissement qui a été choisi pour mener le travail de

23 DGEO, « Inscrire mon enfant au cycle d'orientation. 2. Elève scolarisé à Genève en 8P », in République et canton de Genève, [en ligne], URL : https://www.ge.ch/inscrire-mon-enfant-au-cycle-orientation/eleve-scolarise-geneve-8p

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Plan n°4 : DGEO (2018-2019), « Les 19 établissements », in Information générales 2018-2019 cycle d’orientation, enseignement secondaire genevois : 9CO/10CO/11CO, Genève : Direction générale de l’enseignement obligatoire, p. 5.

Choisir de travailler avec des élèves de 9e du Cycle d’orientation de Cayla vient de deux pôles de réflexion distincts. Premièrement, comme je l’ai exposé plus haut, l’entrée à l’école secondaire – ici le cycle d’orientation – est une étape importante dans la vie d’un jeune. C’est un moment qui voit l’élargissement de la spatialité et donc d’une modification de la territorialité individuelle. Étudier les pratiques des jeunes et leur appropriation de leur quartier à ce moment charnière de leur développement est par conséquent tout à fait pertinent.

Secondement, ce travail de terrain a une visée pédagogique puisqu’elle s’insère au sein même du programme scolaire auquel les jeunes sont soumis. En 9e année – première année au cycle d’orientation – les élèves étudient la thématique de la ville dans leur programme de Géographie selon le plan d’étude roman :

24 DGEO (b), « Bienvenue à l'école primaire », in République et canton de Genève, [en ligne], URL : https://www.ge.ch/bienvenue-ecole-primaire

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Figure 1 : CIIP25 (2010), « Relation Homme-espace. Géographie », in Plan d’étude Roman, p. 68, [en ligne], URL : https://www.plandetudes.ch/documents/10273/36327/PER_print_SHS_31.pdf

Comme on peut le voir à la figure 1, « Vivre en ville ici et ailleurs » est le sujet d’étude d’un des trois trimestres. Le sujet que je leur propose est donc la ville d’ici, et encore plus proche : le quartier d’habitation des élèves. Ma recherche vient donc s’imbriquer dans le programme scolaire, ne perturbant pas le déroulement de la classe et permettant d’apporter des éléments intéressants qui concorderaient avec leurs potentielles futures évaluations.