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Hypothèse 3 : Un choix méthodologique sur la population visée

5. Méthodologie de recherche

5.2 Entrer sur le terrain par les politiques publiques

Avant de travailler concrètement avec les élèves de 9e pour véritablement entrer dans les territorialités des jeunes, il convient d’analyser le terrain à leur disposition. Ce que j’entends ici par « politiques publiques » est l’ensemble des dispositions mises en œuvre par l’état afin de gérer la société26. Voir comment la jeunesse est pensée à travers les équipements socioculturels, les espaces qui lui sont dédiés et l’espace de parole – dans une démarche participative – qui lui est octroyée. Pour ce faire, je vais passer par le site internet du Forum

25 Conférence intercantonale de l'Instruction publique de la Suisse romande et du Tessin.

26 Pour donner quelques exemples de politiques publiques que l’on retrouve sur le site de la République et canton de Genève : « Finances et ressources humaines » ; « Instruction publique, formation et jeunesse » ; « Sécurité » ;

« Territoire » ; « Infrastructures » ; « Cohésion sociale », etc. Source : https://www.ge.ch/document/politiques-publiques/annexe/1.

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120327 – plateforme permettant de faire le lien entre la population locale, les associations et les acteurs publics –, par une urbaniste responsable des différents projets d’aménagement au sein du Grand Projet Châtelaine, et d’un animateur de la Maison de Quartier de la Concorde.

Autrement dit, comment le quartier est présenté, construit et animé ; et quelles perspectives pour les jeunes dans tout cela.

Analyse documentaire…

Pour mieux cerner le terrain auquel on a à faire ici, il est important de passer par l’analyse de quelques documents cibles. « Une des règles d’or de l’analyse ethnographique, comme de l’analyse historique, consiste à rapporter les documents étudiés (objets, textes) à leur production et aux univers de référence de leur producteurs » (BEAUD & WEBER, 2010, p.

218). Le contexte de production d’un document est donc spécialement important. Il faut donc resituer qui a produit ce document, où il a été produit et/ou diffusé, quand et comment il a été produit et de quel type il s’agit. L’analyse se poursuit ensuite sur deux facettes : « la combinaison d’une analyse interne (ce qu’on peut tirer du document lui-même) et d’une analyse externe (ce qu’on peut savoir par ailleurs à son sujet) » (Ibid., p. 218). Ce recours au modèle d’analyse historique pour une étude de type ethnographique est très pertinent, car toute recherche est située et il est important de la replacer dans son contexte pour lui donner du sens. Les deux types de documents qui vont être analysés dans cette étude sont de natures et de contexte différents, mais ils impliquent tous deux les habitants du quartier de la Concorde et des alentours. Le plan directeur du quartier de la Concorde, dans son projet participatif, a deux pôles venant soutenir cette démarche (Office de l'urbanisme, Département du territoire, 2013, p. 66). Le premier est le Forum 1203 qui est l’acteur principal de la participation habitante. Le second est davantage un outil de la participation. Il s’agit des mini-chantiers, un dispositif imaginé dans cette perspective participative de l’écoquartier de la Concorde. Mais avant de rapidement présenter ces deux facettes de la participation, c’est directement sur le PDQ Concorde qu’il convient de s’arrêter, ici dans la méthodologie de recherche présentant les différents acteurs interrogés, et plus tard dans l’analyse.

27 Forum 1203, Saint-Jean Charmilles Concorde, [en ligne], URL : https://www.forum1203.ch/

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… du Plan directeur du quartier de la Concorde

Le plan directeur du quartier de la Concorde, daté de 2013, étant le document retraçant les engagements pour l’aménagement du quartier, il est intéressant de voir ce qu’il propose en rapport avec la jeunesse. Analyser le discours, avec ses récurrences, de ce plan directeur va permettre de mieux comprendre les implications prises en amont par rapport aux jeunes par les politiques publiques. Cela va aussi permettre de poser le cadre de l’historique de la conception de la jeunesse dans le quartier depuis les prémisses de sa mutation. Le PDQ prévoit notamment de : « Mettre en place des mini–chantiers sous forme de projets culturels, et/ou avec des objectifs de formation à l’urbanisme et au développement urbain durable (conscientisation et mobilisation) » (Office de l'urbanisme, Département du territoire, 2013, p.

66). En 2016 parait une brochure, retraçant l’historique de ces mini-chantiers entre 2011 et 2015. Cependant, pour des raisons de faisabilité temporelle, ce document ne sera pas analysé dans la présente recherche.

… sur le site du Forum 1203

Le site du Forum 1203, Saint-Jean Charmilles Concorde, ou Forum démocratie participative offre aux habitants de ce secteur des informations sur les activités, les réunions, les conférences, l’évolution des chantiers, etc. Les documents et articles présents sur ce site sont très nombreux et divers. Je vais donc m’arrêter sur deux qui vont intéresser cette recherche.

Le premier est un article de 2008 qui a pour titre « Démocratie participative à l’échelle d’un quartier : Enfants, ados, adultes ... Comment vivre et décider ensemble ? » et donc qui questionne directement l’implication des jeunes dans le quartier. Le second est celui du numéro 7 du journal Info chantiers Concorde – numéro daté de l’été 2019, période du temps du terrain – pouvant donner une vision de l’état des lieux d’un quartier en mutation et d’une potentielle implication de la jeunesse.

Entretien semi-directif…

Pour analyser le point de vue des politiques publiques en mises en place dans le quartier, deux entrées m’ont semblé pertinentes. La première est d’interroger la responsable du Grand Projet

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Châtelaine. La seconde est de m’entretenir avec un animateur de la Maison de quartier de la Concorde. Pour ce faire, j’ai recours à la méthode de l’entretien approfondi semi-directif. Un entretien approfondi est un entretien long et enregistré qui « est une situation somme toute inédite de la vie sociale : deux inconnus (ou presque) se rencontrent, se parlent (longuement), puis se séparent, le plus fréquemment sans se revoir » (BEAUD & WEBER, 2010, p. 158).

Les sociologues Stéphane Beaud et Florence Weber (2010) insistent sur le fait que ces types d’entretiens n’ont pas besoin d’être nombreux, car ils ne servent pas des besoins statistiques, et aussi que cette « situation inédite de la vie sociale » permet le plus souvent de retirer un maximum d’informations à traiter qualitativement en profondeur. Pour les géographes britanniques Mike Crang et Ian Cook (2007), il existe 3 types d’entretiens : « [ils] peuvent aller du très structuré (semblable à une enquête par questionnaire dans laquelle le chercheur pose des questions prédéterminées dans un ordre spécifique), en passant par le semi-directif (où le chercheur et le(s) participant(s) définissent des paramètres généraux pour une discussion), au relativement peu structuré (ce qui s'apparente à une conversation amicale sans orientation prédéterminée) »28 (p. 60). L’entretien semi-directif permet donc d’explorer l’expérience de l’interviewé, mais dirigé par un guide d’entretien (Ibid., p. 66), celui-ci délimitant la direction dans laquelle s’oriente l’entretien, tout en laissant la liberté de parole à l’interlocuteur. Si la discussion est plutôt libre, elle n’est pas sans buts prédéfinis. Dans les deux cas, l’entretien semi-directif est enregistré et retranscrit – première étape de l’analyse – pour être approfondi dans l’analyse de discours. Celle-ci se fait en réécoutant et relisant les transcriptions d’entretiens : « Analyser la dynamique de l’entretien, c’est aussi prêter attention aux modifications du registre de langage de l’interviewé » (BAUD & WEBER, 2010, p. 224). Enfin Baud et Weber préconisent de bien contextualiser l’analyse de discours (p. 217), tout comme c’est le cas pour celle de documents.

… avec un animateur de maison de quartier

M’entretenir avec un animateur de la Maison de quartier de la Concorde permet de m’immerger dans le terrain par le biais de quelqu'un qui côtoie journellement les jeunes du

28 Traduction personnelle : « […] interviews can range from highly structured (akin to questionnaire survey in whith the researcher asks predetermined questions in a specific order), through the semi-structured (where the researcher and participant(s) set some broad parameters to a discussion), to the relatively unstructured (akin to a friendly conversation with no predetermined focus) »

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quartier. Cependant, tous les jeunes ne fréquentent pas une maison de quartier. Les questions tournent donc autour de : qui sont les jeunes intéressés par la maison de quartier, quelles sont les prestations offertes par cet établissement, mais aussi l’occasion d’avoir la perspective d’un professionnel de la jeunesse sur les pratiques des jeunes du quartier.

… avec la responsable du Grand Projet Châtelaine

Conduire un entretien avec la responsable du Grand Projet Châtelaine a du sens pour approfondir l’espace (symbolique et physique) octroyé aux jeunes dans ce contexte d’aménagement. C’était donc l’occasion de poser les questions qui ne transparaissaient pas de prime abord dans le PDQ Concorde, orienté sur la place de la jeunesse, et plus spécifiquement celle de ceux entrant dans l’adolescence.